Gigas Queen with emerald grief

Quête: "Alura Une"

Ce fut avec cette étrange pensée que je m'étais levé.
Même si ma condition actuelle avait drastiquement changé et même si je continuai d'estimer ce retournement de situation dont Ayura et moi étions victimes injuste, je ne ressentais pourtant pas vraiment ces mots. Je m'étais probablement parfaitement identifié à eux pourtant, quand je me levai tous les matins dans le monde réel en allant même jusqu'à regretter d'être né dans le mauvais monde, puisque depuis quelques années, le mien ne me satisfaisait que lorsque je me connectais.
Mais qu'en était-il de ma partenaire au regard si triste et distant, qui avait perdu le sourire depuis quelques jours? On l'avait privée elle aussi de son toit, son quotidien, ses habitudes jusqu'à lui faire perdre le goût de se battre. Regrettait-elle d'être l'amie de quelqu'un qui avait mal tourné dans cet endroit? Je m'étais privé de lui poser la question, et quittai la porte de la chaume NPC du palier 18 où nous nous réfugiions pour gagner le septième étage où le Boss m'attendait. On prétendait qu'une créature lui ressemblant étrangement rôdait dès l'aube...

Mais alors que j'avais en ligne de mire le villageois qui délivrait la quête, une agitation inhabituelle attira l'attention des habitants alentours, car les joueurs étaient désormais rares dans le secteur.

- Viens je te dis!

Mes pas s'arrêtèrent et je tournai la tête en direction de la sortie ouest de la ville, d'où débutait l'échange à une centaine de mètres dans le champ floral qu'il fallait parcourir pour approcher au plus près du village qu'on ne peut atteindre. Aussitôt, mes sourcils se froncèrent.

- Attendez-moi ici.

Bien entendu, l'habitant du système avait parfaitement ignoré ma remarque qui relevait purement d'un acte de politesse tandis que je lui faussais compagnie pour approcher. Face à deux joueurs d'au moins mon âge se tenait une silhouette frêle, drapée de sombre, bien plus petite et qui semblait maintenir fermement ses appuis.
Je me serais peut-être alerté plus tardivement si cet écart de taille ne m'avait pas semblé être une conséquence d'un plus jeune âge, mais peut-être était-ce une bonne chose de ne pas l'avoir ignorée cette fois.
Il m'avait été inutile de demander les raisons de la discorde: peu avant mon arrivée, j'avais entendu "Tu serais plus en sécurité!", "C'est dangereux par ici!", ponctués du mécontentement de la jeune fille. Même si je devais faire preuve de méfiance, quelque chose m'intimait que j'étais dans le vrai - alors mieux valait risquer le coup tant que j'étais seul, que regretter de ne pas avoir aidé cette fille. Après tout, ce même instinct m'avait dit de faire confiance à Crocell la veille.

Je m'arrêtai à moins de trois mètres de la scène, le visage tourné vers les deux joueurs, en laissant transparaître autant que possible l'intention de me mêler de la conversation.
Puis je me tournai vers la petite stature en cherchant un prétexte valable.


Je remarquai alors un détail à son - mon, ou peut-être 'notre'? - avantage.


- Dis-moi... Ce que tu portes, c'est le [Manteau du chasseur], n'est-ce pas?

Je réalisais combien ma question, au milieu du tumulte, avait du sonner étrange - et à l'expression des deux hommes un peu plus grands que moi que je tentais d'intimider, je n'étais pas le seul à m'en être alarmé. Interrompu par de simples injonctions de surprise, sur mon identité ou ce que je venais de dire, je reprenais calmement.

- Il a de meilleures stats que la [Veste de cuir brun] ou du [Katana d'apprenti] que vous portez.

A ma remarque, chacun regarda le stuff mentionné. Voyant que les choses tournaient en notre faveur, j'esquissai un sourire qui se voulait médisant, sans savoir si j'y étais parvenu, tout en croisant les bras.

- C'est plutôt à elle de vous protéger.


Les deux types râlèrent, rappelèrent son jeune âge, que SAO était mortel, et retournèrent vers la Safe Zone en grommelant, sans doute un peu vexés. Une fois seuls, je soupirai et me tournai vers la jeune fille jusqu'ici mutique.

- Mais... Ca ne veut pas dire que ton stuff est au niveau. Voyons voir...

Ma main droite glissa pour invoquer mon interface, et je sélectionnai quelques pièces dont je ne me servais plus et qui pouvaient être à portée du manteau qui couvrait les épaules de l'inconnue. Après tout, rien ne me garantissait qu'elle pouvait équiper des stats très importantes.
Et... Je préférais ne pas la dévisager longuement pour voir tout ce qui lui avait manqué au risque de passer pour quelqu'un de déplacé. Mieux valait me rappeler de tête ce qu'elle portait - comme une dague, inutile de l'embarrasser d'une hache ou d'une épée - au risque d'envoyer du superflu qu'elle pouvait revendre. Avec mon rythme de croisière actuel, je ne m'en laissai pas le temps.

Codage par Libella sur Graphiorum, image par Yuxiang Chen sur ArtStation

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Quête: "Alura Une"

Je ne pus m'empêcher de sentir quelque chose me vriller le coeur, lorsque cette voix paradoxalement jeune et caverneuse aligna quelques remerciements, et je fronçai un instant les sourcils, les lèvres entrouvertes. Je l'avais soupçonnée d'être timide, taciturne peut-être, mais pas ce timbre si particulier que malheureusement je pouvais reconnaître depuis peu, lorsque ma partenaire, éteinte, avait raréfié ses mots. Qu'avait traversé cette fille pour en arriver là?
Les questions s'enchaînèrent dans ma tête, et même si elles ne trouvèrent aucune réponse, un sentiment finit de se conforter: j'avais bien fait de ne pas la laisser seule face à ces types voulant probablement bien faire, mais pas de la bonne manière.

Basculant la tête de droite à gauche en étirant un fin sourire, je m'empressai de détourner les yeux pour la laisser équiper les pièces que je venais de lui envoyer - même si l'équipement de newbie était en fait simplement remplacé par le nouveau stuff sans laisser entrevoir davantage de sa silhouette, et passai nerveusement une main dans ma nuque.

Ai-je vraiment bien fait en fin de compte?

Quelque chose dans la manoeuvre sembla la faire souffrir, et elle hésita quelques secondes.
Puis elle sursauta, moi avec, et je fis un bond en arrière en agitant les mains devant moi face à des excuses aussi confuses.

- N-Non, tu n'es pas obligée! E-Et puis... Selon ton build, celui que tu possèdes est peut-être meilleur.

Mais qui est cette fille?

Beaucoup de players avaient été traumatisés par l'annonce du Game Master - et c'était parfaitement légitime. Le cas contraire, la communauté n'aurait pas eu à déplorer un tel nombre de suicides dès les premières semaines; mais les survivants qui demeuraient désormais étaient parvenus à surmonter l'épreuve, d'une façon ou d'une autre. Le temps y avait également joué son rôle: au bout de près d'un an de connexion, les gens avaient trouvé des habitudes et des repères dans ce monde qui leur avait d'abord tout fait perdre, à commencer par leur liberté.
Pourtant cette fille, bien que très jeune, semblait avoir un vécu plus lourd à supporter que nombre d'adultes autour de nous. Je ne l'avais jamais vue dans les premières lignes, et l'équipement qu'elle portait prouvait qu'elle ne s'y était sans doute pas encore aventurée. Mais il aurait été naïf de ma part de penser que le danger ne se trouvait que là-bas après tout.

Pendant un instant, je songeais à sa réaction extrême, tandis qu'elle enlaçait son manteau comme si sa vie en dépendait d'une manière déchirante. Arquant les sourcils en comprenant qu'il y avait sans doute derrière ce geste quelque chose de semblable à ce que j'éprouvais à l'égard de mon épée, j'en déduisais qu'elle n'était peut-être pas si différente de moi - ou de ma coéquipière.

Non... L'attachement est plus fort.

Je déviai quelque peu le regard pour briser le silence inconfortable en premier. Il fallait que je chasse le moindre malentendu - et surtout, qu'elle perde cet air si profondément triste, ne fut-ce qu'un peu. Même si je n'étais personne à ses yeux, je devais au moins essayer.

- Ecoute... Ne va pas croire que c'est par pitié que je t'ai aidée.

Mon regard remonta d'abord vers les environs, puis vers le curseur qui couronnait ses cheveux argentés.

- Il n'y a personne avec toi et tu n'es pas dans une guilde... Tu es une Solo Player toi aussi, non?

Je tentai d'esquisser un sourire confiant tout en me désignant du pouce dans une fausse fierté. En réalité, si Ayura avait eu la volonté de m'accompagner, je n'aurais pas été seul.

- C'est normal de s'entraider. D'ailleurs... J'ai l'intention d'aller affronter le Boss de cet étage. Si tu n'as rien de mieux à faire... Ce serait l'occasion de tester ce nouvel équipement.

Espérant ne pas lui forcer la main dans cette proposition que je lui faisais sans me départir de mon sourire, je songeais qu'elle pouvait prendre ma remarque comme une demande implicite de me remercier de cette manière.
Pourtant, je voyais les choses bien différemment: dans tout ce tumulte, aller battre des monstres me permettait de replacer mes idées et penser à autre chose jusqu'au soir. Nous n'étions certes pas tous des combattants dans l'âme, mais quelques fois, quand les mots ne suffisaient pas...
On laissait parler le métal.

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En fin de compte, j'avais déjà croisé bien plus de players plus jeunes que moi que je n'aurais pu le présager - ceux qu'on appelait des 'enfants'. Malgré sa stature miniature, la première d'entre elles se battait courageusement au front aux côtés du petit renard qu'elle avait apprivoisé, puis vint le tour de cette fillette à la crainte acerbe de mourir, et celle qui se tenait devant moi. Certains regards inquisiteurs qu'on leur adressait s'expliquaient par le fait qu'ils n'avaient normalement pas l'âge requis pour se connecter aux serveurs de SAO; pour autant ils demeuraient des victimes comme tous les autres.

Peut-être était-ce précisément parce que j'avais été comme eux autrefois; moi-même, j'avais tout juste atteint l'âge recommandé lors de la bêta-test, mais surtout j'avais souhaité, derrière un avatar aussi classe que mature, vouloir effacer ces barrières que j'avais perçues comme une entrave depuis que je m'étais plongé dans les jeux vidéo. Je ne me connectais presque jamais aux conversations vocales lors d'un raid, partait faire des recherches online quand des connaissances me manquaient plutôt que les demander directement à mes coéquipiers - n'importe quoi pour ne pas être considéré différemment. Ou peut-être... Pour ne pas être pris en pitié.

Mais peu à peu, cette considération s'estompait ici car après tout, enfants comme vieillards, aussi rares l'un que l'autre dans l'Aincrad, se retrouvaient dans la même prison qui n'épargnait personne. Et surtout, ce que ces deux joueurs avaient semblé oublié, c'était que l'apparence ne valait pas grand chose - et de fait, l'âge non plus.
Les statistiques, en revanche...
Je m'étais retenu de hausser les épaules en pensant à la petite Beast Tamer du front, chef et fondatrice de guilde qui avait décidé d'ignorer ces dernières bribes de mépris autour d'elle, et sans me départir de mon sourire je hochai brièvement la tête.

- C'est entendu alors. Suis-moi, le NPC qui délivre la quête est par là-bas.

Je désignai d'un doigt l'homme que j'avais abandonné dans le village avant de commencer à m'y diriger, avant de m'arrêter net en frappant mon poing droit contre ma paume gauche.

- Oh!

Mon bras bascula aussi vite pour parcourir les options, et très vite devant chacun de nous s'afficha une fenêtre holographique.



Dès qu'elle accepta la proposition, je levai rapidement les yeux vers ma jauge de vie avant de les baisser pour lui adresser un bref sourire.

- Je compte sur toi aujourd'hui, Shirayuki.

Une fois devant le villageois, je me retournais vers ma partenaire de la journée: à son expression hésitante, il n'était pas difficile de voir que c'était le premier Boss qu'elle allait confronter; en outre, peut-être même que les quests étaient rares dans son quotidien.
Cherchant à trigger le dialogue pré-conçu, je pris une expression concernée.

- Bonjour. Est-ce que tout va bien?

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Tout en écoutant le trentenaire déblatérer des informations que j'avais déjà entendues, je roulai discrètement des yeux vers Shirayuki, qui prêtait plus attention que moi à ses explications. Une pression constante semblait accabler ses frêles épaules depuis que ces types l'avaient abordée; mais là, à l'instant, cette aura sombre de doutes semblait s'être quelque peu atténuée. Comme si son âge semblait à nouveau concorder davantage avec son état d'esprit.


Gardant cette pensée cachée, je déportai à nouveau mon attention sur le villageois et mon doigt appuya sur l'icône pour valider sa quête avant de récupérer l'insigne de ses mains.
Je me tournai alors vers la jeune fille, qui garda les yeux dans le vague quelques instants. Les lèvres entrouvertes, je l'écoutais former la phrase la plus longue depuis notre rencontre. Et quelque chose dans ses mots m'interpella dès que mes pensées s'alignèrent, comme si elle venait de constituer un faux raccord.


La forêt était réputée pour ses rumeurs lugubres, et n'aurait rien eu à envier aux sombres histoires de yūrei plus effrayantes les unes que les autres. En fait, ce bois était le théâtre de multiples décès aussi mystérieux qu'avérés depuis plus d'un demi-siècle - et bon nombre d'entre eux... Des suicides. Sans surprise, beaucoup la croyaient alors 'maudite', hantées par des esprits mauvais qui chercheraient à abréger la vie des égarés. Alors pourquoi l'évocation d'un lieu aussi macabre pouvait adoucir sa fausse tranquillité?
Fixant son visage pensif quelques instants, je comprenais enfin l'information sous-jacente; si d'ordinaire elle m'avait mis mal à l'aise, je m'étais cette fois surpris d'y être imperméable.

- Oh, tu es de la campagne alors?

Ma voix me sembla étonnamment légère, mais laisser le constat en suspens ne me dérangeait pas vraiment. Il y avait des lois et des codes implicites parmi les joueurs, et ne pas parler de notre vie avant l'immersion en faisait partie. Pour beaucoup, c'était probablement pour ne pas souffrir de ne pouvoir rentrer; d'autres, parce qu'ils ne souhaitaient plus être ceux qu'ils avaient été. Préférant ne pas la confronter à ce malaise, j'accrochai l'insigne à la poche pectorale de mon manteau de cuir avant de redresser la tête.

- Bon... Désolé, je n'avais pas l'intention de te révéler tout de suite où nous devons aller. Qu'est-ce que tu préfères? Enquêter dans la ville pour en apprendre plus sur ces rumeurs, ou aller droit au but pour confronter la séductrice?

Je tournai naturellement les yeux vers les alentours, avant d'arrêter mon regard un instant vers la direction de la tour labyrinthique, au loin, puis sur les yeux verts de ma coéquipière.

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Sans surprise, la quête délivrée par le villageois menait au Boss de cet étage. On ne trouvait pas cette jeune femme dans les champs comme nous l'avait vendu l'homme inquiet, mais au sommet de son donjon, patientant jusqu'à la venue de nouveaux challengers pour l'affronter. Si j'avais été seul, j'aurais choisi l'itinéraire le plus court pour m'y rendre directement, accélérant ma route grâce à mon skill de [Sprint], grimpé les marches des vingts étages de la tour, abattu la gardienne, et rapporté la preuve de sa défaite au même NPC. Puis après l'avoir salué, j'aurais emprunté le portail de téléportation pour poursuivre mon ascension vers le palier supérieur: et cette routine se serait répétée d'une manière identique.
Grâce à ma vitesse éhontée, ce rythme effréné aurait duré entre quatre et six heures par étage - bien que la résistance faible des monstres et notre écart effroyable de level me permettait de revoir ce calcul à la baisse. Par conséquent, j'étais parvenu à explorer trois étages en ligne droite l'avant-veille comme la veille. Même si Crocell m'avait accompagné au quatrième étage, notre équipe ne s'était formée qu'à l'entrée du donjon, préservant mon temps précieux de ce genre de futilités triviales dans mon ascension d'Aincrad.

Cependant, et malgré le timing qui me semblait toujours trop court pour collecter des informations à celui que je devais également voir comme mon patron désormais, Shirayuki était là pour me rappeler que SAO ne se résumait pas qu'à un simple château flottant vertical, mais que son horizontalité avait un charme que je prenais des heures à contempler - et ce quelques jours plus tôt à peine. Si ces Player Killers ne s'étaient immiscés dans ce quotidien aussi dangereux que paisible, je n'en serais pas là, à me reconvertir en agent de terrain là où je me préparerais déjà à la bataille du quarantième étage, ma coéquipière à mes côtés. J'aurais pris le temps de découvrir tous les étages récemment débloqués pour m'extasier de la splendeur de ce monde.


Alors si je pouvais au moins prendre le temps de profiter d'Aincrad sans craindre l'angoisse, une fois encore...

- Hum, bonne idée.

Les villageois ne nous apportaient aucun loot supplémentaire, car les récompenses contre les Bosses étaient déjà plus que généreuses. Mais on pouvait voir cette pseudo-enquête comme un moyen différent de percevoir notre environnement, comme si on le regardait à travers une autre face d'un même prisme. Opinant avant de tourner la tête pour chercher le passant le plus proche, je roulai les yeux vers la jeune fille.
Si d'habitude le temps m'était compté, et que cette fois j'avais accepté de l'étendre sur une durée indéterminée, il n'était pas nécessaire de se séparer pour poursuivre notre quête d'informations.
Et puis... Repenser à l'air songeur de la porteuse de dague face au discours de cet homme me fit relever un détail.

- Dis-moi, Shirayuki... Tu n'as pas accompli beaucoup de quests, je me trompe? On dirait qu'il ne t'arrive pas souvent d'accoster les NPC.

Espérant ne pas la brusquer avec ma question, je lui adressai un sourire pour essayer de rendre transparente mon absence de jugement. Même si certains changeaient radicalement de tempérament face à ces gens agissant selon un programme prédéfini, d'autres, plus timides, le demeuraient même face à ces visages semblables aux nôtres.
Conforté par cette pensée, j'interpellai le premier qui passa près de nous en murmurant à ma partenaire que je comptais sur elle pour interroger le suivant que nous croiserions.

- Excusez-moi, madame. On nous a parlé de disparitions inquiétantes dans les environs... Que pouvez-vous nous dire à ce sujet?

Tel un inspecteur de police dans les films, je tapotai de l'index mon insigne, comme si c'était une nécessité pour trigger le dialogue.

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Marquant un bref silence avant d'intercepter la villageoise, mes yeux avaient commencé par s'écarquiller un instant. J'étais un combattant, mon rôle dans ce monde était par conséquent de battre des monstres pour progresser, et aider comme je le pouvais dans l'ascension. C'était ce que Shirayuki venait de qualifier comme 'massacre', un terme qui me sembla très fort pour une si jeune fille, et pour décrire le but premier de Sword Art Online.
Afin d'abattre les gardiens, il fallait progresser. Pour ce faire, il fallait prendre de l'expérience, donnée par ces mêmes monstres.
En confiant son manque d'intérêt pour les quêtes - et tout d'abord, pour ce monde, je compris que poursuivre allait m'aventurer sur une route sinueuse.

Une route qu'elle ne voulait pas non plus emprunter.

A moitié concentré sur le discours de la NPC, je grimaçai un sourire qui avait du s'atténuer au fur et à mesure qu'elle nous révélait les informations.


Une pensée pour le badge accroché à mon équipement, je voyais malheureusement déjà l'enquête approcher de sa fin. Avais-je eu une chance insolente en questionnant la bonne personne, ou ce résultat aurait été le même quel que fût la victime de l'interrogatoire?

- ... Eh ben, plutôt direct! Même si on ne savait pas quoi faire, c'est limpide, sifflais-je pensivement dès qu'elle s'éloigna pour reprendre sa route.

Appuyant un poing sur la taille quand ma partenaire du jour me questionna, je baissai la tête en plissant les sourcils. Dans son monologue précieux, beaucoup de choses étaient imagées - le reste, des révélations plus pertinentes.

- Hum... Il ne faut pas attacher trop d'importance aux détails, c'est pour le lore seulem- euh, je veux dire, le contexte de la quête.

Shirayuki n'était apparemment pas une joueuse régulière, et à l'instar de ma coéquipière, je devais reconsidérer les termes différemment pour ne pas l'égarer davantage.

- Si on ne savait pas déjà que cette quête est celle qui mène au Boss de l'étage, on a désormais son nom, une brève apparence - et surtout, notre destination.

Je relevai la tête vers la jeune fille, attendant de voir si elle voulait interroger quelqu'un d'autre à son tour ou partir en direction de la tour lointaine. Au moins je savais déjà par ses dires que se battre ne lui poserait aucun problème, et son équipement, désormais complété par ce que je lui avais donné, prouvait qu'elle avait un niveau suffisant pour s'en sortir ici.
Mais malgré toute leur bonne volonté, je n'aurais pas vraiment su ce que les autres passants auraient pu nous révéler d'aussi intéressant; d'un autre côté, c'était sans doute le bon moment pour espérer tomber sur quelqu'un apte à nous parler des bonuses de la quête, comme des pièces annexes dans le labyrinthe ou des coffres cachés - que ma [Détection] pourrait confirmer, si Shirayuki ne possédait pas la compétence.
Mais j'étais peut-être là un peu trop gourmand.

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Quête: "Alura Une"

"Un monde où on peut mourir n'est pas un jeu."

Le plus cruel de ces mots étaient qu'ils avaient été prononcés par une aussi jeune fille, qui avait arboré une expression presque mélancolique. Elle avait raison, beaucoup pensaient comme elles; les seuls qui dérogeaient à la règle tuaient des gens pour le plaisir car leurs actes étaient sans conséquence. Enfin... Certains. Je continuais de penser que parmi ceux qu'on appelait Player Killers, la majorité n'était que des joueurs réguliers réfutant les mots de Kayaba. D'autres s'étaient donnés la mort pour rentrer plus vite chez eux en suivant cette même logique sinistre. A moins d'être capables de se déconnecter, nous ne pourrions rien savoir du fin mot de l'histoire - même si je n'arrivais pas à admettre qu'on puisse faire une blague d'un si mauvais goût à tant de gens. Après tout et sous ses nombreux aspects relevant du génie, Kayaba Akihiko n'était pas connu pour son humour, même douteux.

L'Aincrad s'incarnait sous des ciels ouverts et des étendues infinies, il n'en demeurait pas moins une prison que nous devions quitter un jour. Mais... Quitte à y être enfermés, pourquoi s'empêcher d'y vivre, tant que nous y étions? C'était pour cette raison que j'avais considéré ce monde comme une nouvelle réalité depuis lors; en somme, je n'étais jamais parvenu à log out du monde réel, quel que fût mon souhait d'y parvenir. Jusqu'à la beta-test.
Appuyant son avis par un murmure que j'étais parvenu à entendre grâce à mon [Ecoute], je tentais de ne pas me départir de mon sourire pour encourager ma partenaire.

- Ha ha ha ha ha... Elles ne sont pas toutes comme ça. Tiens, l'une d'elles au premier palier consiste à rassembler des vaches pour obtenir de la crème.

Un index tendu pour essayer de reprendre sur une note plus légère, un voile obstrua momentanément mon fil de pensée.
'Cruel', avait-elle dit?
Mon esprit s'arrêta un instant sur ce pauvre chevalier du trentième étage à la mort épouvantable. Consumé par les flammes, il s'était fait dévorer vivant par des oiseaux de feu. Bien que nous ne pouvions ressentir la douleur, l'effroi devait être là; même s'il était un habitant du système, et que son concepteur n'était manifestement pas parvenu à la prouesse de lui greffer ressentis et sentiments, le motif de faire souffrir sa création n'était à mon sens pas plus viable qu'au jour où je m'étais trouvé là, impuissant devant cet horrible dénouement, à cacher les yeux de ma coéquipière qui se contenta des craquèlement sonores.

Balayant les images d'un mouvement de tête, je me dirigeai le premier vers la sortie la plus proche du labyrinthe.

- As-tu déjà franchi une tour, Shirayuki? Car tu verras qu'à l'instar des donjons, les trésors là-bas sont plus nombreux.

Si je n'avais une idée approximative - ou du moins minimale - du niveau de la manieuse de dague grâce à son équipement, j'aurais probablement été bien moins détendu. Mais elle avait déjà prouvé son calme hors Safe Zone, là où je l'avais d'abord croisée. Restait à voir ses facultés au combat pour endormir mes dernières inquiétudes à son égard.

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Quête: "Alura Une"

Avançant sans détour pour quitter la ville, je m'arrêtai au bout de quelques mètres après l'enceinte quand ma coéquipière se stoppa la première, et me retournai pour la voir près du sol, une main sur l'herbe fleurie. J'arquai un sourcil en gardant le silence en essayant de comprendre la raison de cet arrêt. Ma première hypothèse avait été le recours à un skill que je ne connaissais pas et qui permettait d'analyser en détails son environnement, comme le faisaient les chasseurs dans les manga. Puis son attitude statique me laissa craindre un instant qu'elle avait subi un lag, et je fis un pas vers elle.
La voix dissonante qui émana de ses lèvres me sortit de mes théories. Je cillai bêtement avant d'acquiescer.

- Hein? ... A-Ah, d'accord. Passe devant, je te suis.

Faisant fi de ce roleplay un peu étrange, je la laissai ouvrir la voie et tapai le sol du pied gauche quand elle me dépassa de presque dix mètres: l'élan donné au pas suivant, puis celui d'après, me permirent de calibrer ma course assistée de [Sprint] sur celle de ma partenaire. En quelques foulées, je la rattrapai et relevai les yeux vers le labyrinthe, ignorant les monstres qui nous prenaient en chasse, puis se laissaient distancer pour retourner à leur patrouille dans le périmètre octroyé.

- C'est que son niveau doit être décent, tu as quand même réussi à arriver jusqu'ici sans t'arrêter.

Immobiles devant l'entrée de la tour, je croisai les bras et levai la tête vers les étages supérieurs. Contrairement à ma partenaire, mon souffle était à peine troublé par l'effort malgré les centaines de mètres qui avaient défilé à toute vitesse en quelques minutes; probablement parce que cette fatigue était essentiellement psychologique.
Perdue au milieu des champs de fleurs, la tour claire s'étendait verticalement depuis l'ouest de la ville principale de l'étage jusqu'au palier supérieur, comme si son sommet se perdait dans les cieux couverts de quelques cumulus cotonneux. Soudain un peu désolé de priver la jeune fille d'une promenade dans les environs pour profiter de l'été avant son déclin, je tournai la tête vers elle avant de dégainer et entrer le premier.

Dès le rez-de-chaussée, c'était un groupe de trois Little Nepenthes et un couple de Giant Bees qui nous accueillit de l'autre côté des murs. Préférant adapter mon comportement sur celui de Shirayuki - à savoir ouvrir l'offensive, la fermer ou la protéger - je plaçai mon épée en garde. Et ignorant si la jeune fille était coutumière de l'endroit, je préférais la mettre au courant du bestiaire alentour.

- La Little Nepenthes jaune que tu vois là-bas est la plus dangereuse du party. Son suc peut altérer ton état, fais attention à elle.

Désignant d'un doigt la paria accompagnant ses deux voisines, l'une des abeilles vrilla vers nous, attirant avec elle tout le cortège de monstres.

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Quête: "Alura Une"

- Hein?

Sur ces mots mystiques, le corps frêle de la manieuse de dague bondit en avant et en deux coups, sa lame faucha l'une des abeilles qui explosa. Je tournai la tête vers la joueuse, puis vers la comparse de la disparue qui la prit pour cible et m'élançai à mon tour. Aidé de [Sprint] pour rivaliser avec la vitesse de vol et la proximité de la Giant Bee, déjà lancée vers ma partenaire pour la journée, mon épée sombre passa au travers du corps d'insecte sans rencontrer de résistance.
S'il ne m'était pas nécessaire d'avoir recours à un Sword Skill, je pouvais aisément gagner du temps puisque le cooldown ne m'impacterait pas.

Roulant des yeux en direction des monstres restants, je fis tourner la fusée dans ma main pour orienter mon épée différemment, et un nouveau bond en avant sans assistance transperça l'une des plantes avec la pointe. L'autre, alertée par Shirayuki, préféra s'en prendre à elle en claquant son corps à l'aide de ses lianes, préférant la faire reculer. Le coup encaissé ne fit pas chuter la HP gauge de la jeune fille de manière préoccupante, alors je préférais ne pas me mêler à son combat en risquant de la gêner ou de la frustrer.
Et puis... Il restait un dernier monstre végétal qui attendait patiemment qu'on approche de lui pour tenter de nous piéger.

Je me tournai pour faire face à la Little Nepenthes restante, qui agitait ses feuilles comme pour manifester son impatience. La distance qui nous séparait me mettait en sécurité, mais dès que j'approcherais, elle ne manquerait pas de cracher un paralysant qui ne devenait plus vraiment dangereux, maintenant qu'il ne restait qu'elle et sa camarade déjà occupée avec Shirayuki.
J'inclinais faiblement la tête alors que les yeux de la créature tournaient de façon un peu inquiétante.
Mes pieds ripèrent le sol; en moins d'une seconde je l'avais rejointe, mon épée fendant l'air d'un coup descendant qui finit diagonalement sa course dans le corps du monstre. Les épaules placées à sa droite, je me redressai calmement pour rengainer et pivotai pour observer le dénouement de l'affrontement de ma coéquipière, sans prêter attention aux polygones qui dansaient ostensiblement jusqu'à s'éteindre.

- C'est quand même bien plus rapide à deux.

J'ignorais si la manieuse de dague m'avait entendu, mais malgré mon sourire je regrettai immédiatement ces mots. Je n'en voulais pas à ma partenaire de tous les jours d'avoir délaissé sa rapière et ne plus se battre à mes côtés. Tout ce que j'éprouvais était... Du regret. Et du ressentiment. J'en voulais à ces hommes qui avaient créé en elle cette frayeur - et plus encore, à avoir fait naître chez elle ce sentiment coupable.
J'avais froncé les sourcils sans m'en apercevoir, et en le réalisant, je fermai les yeux pour expirer avant de me remettre en marche.

- Continuons comme ça aux paliers supérieurs. Je ne sais pas si tu as déjà combattu des monstres à cet étage, mais c'était un beau combat.

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Quête: "Alura Une"

- Eh bien, voilà un comité plutôt inhabituel.

Je sentis la vision du cortège improbable qui s'offrit à nous détendre mes pensées, et j'esquissai un sourire en récupérant mon épée sombre. Sans vraiment m'adresser directement à ma coéquipière, le constat était implacable: les Little Nepenthes statiques étaient plus rares que leurs homologues mobiles, et pourtant leur nombre l'emportait ici. Si j'avais été seul contre le groupe de monstres, le paralysant contenu dans leur suc aurait été une menace dès que je me serais retrouvé à portée - si je n'avais pas abattu les Giant Bees et la plante rouge en priorité. Et encore, ce déroulé s'appliquait si mon niveau n'avait pas creusé un tel écart entre nous: bien que mes gestes stoppés, les quatre bêtes offensives m'auraient lacéré sans relâche pendant deux heures avant de parvenir à bout de ma jauge totale largement supérieure aux leurs réunies. En outre, quel était le plus déloyal? L'effectif supérieur ou la différence de force flagrante avec l'unité individuelle?
Fort heureusement aujourd'hui je n'étais pas seul, compensant sur le nombre de têtes lancées en combat. La manieuse de dague se débrouillait suffisamment bien à cet étage pour que je n'ai pas à veiller sur elle, mais simplement couvrir ses arrières en cas d'incident.
Mon objectif premier en revenant ici étant la récupération d'informations concernant le gardien de l'étage, j'allais pouvoir en toute quiétude la laisser attaquer pendant que je sondais les statistiques adverses.

Appréhendant le combat sans inquiétude, je finis par tourner le regard vers elle.

- Trois chacun?

Je levai le bras gauche et un [Pic de lancer] partit se ficher dans une feuille latérale de la Little Nepenthes rouge, alors que je me déportai vers la gauche et tranchai une Giant Bee droit devant moi. Ayant attiré l'attention du végétal quand je me stoppai pour faire volte-face, je roulai des yeux jusqu'à la guêpe dont j'avais entendu le bourdonnement dans mon dos. Un peu plus près que je ne l'aurais calculé et manquant de temps pour me mettre en garde, je me décalai vers la droite pour éviter sa charge et son grondement sonna près de mon oreille quand elle me dépassa. Momentanément éloignée du combat le temps de freiner, se retourner et charger à nouveau, j'activai un simple Slant qui faucha la plante aux lianes dévoilées pour se jeter dans ma direction. Mais bloqué par le contre-coup de l'activation, la Giant Bee revint à toute vitesse pour planter son dard dans mon omoplate. Si j'avais décidé de la prioriser, alors le végétal dans mon dos aurait eu tout le loisir de capturer mon bras, ma jambe ou mon pied avec une tige pour essayer de m'attirer à elle, et en situation de combat, accepter d'encaisser des dégâts modérés me semblait toujours préférable à perdre ses appuis - car la contre-offensive était grandement impactée par ce choix. Mais contre cette créature, les damages étaient tout simplement dérisoires.
Dès que j'en fus capable, je levai de concert la tête et mon épée vers l'insecte qui convulsa quelque peu avant d'exploser.

Sans prendre le temps de rengainer, je déportai mon attention vers la jeune fille dont j'avais parfois observé la jauge pendant mon propre assaut. Choisissant de lui laisser une guêpe et deux plantes fixes à appréhender, j'avais égoïstement opté pour la sécurité pour elle: les deux monstres étant loin l'un de l'autre, Shirayuki n'aurait pas pu subir les courroux paralysant simultanément. En outre, quel que fût son choix, seul l'insecte aurait été capable de la suivre vers l'une ou l'autre - et donc, selon moi, il valait donc mieux commencer par lui, pour ensuite réduire à néant les plantes immobiles en toute quiétude.

Codage par Libella sur Graphiorum, image par Yuxiang Chen sur ArtStation

Gigas Queen with emerald grief

Quête: "Alura Une"

- Qu'est-ce que-

J'étouffais le reste de ma question derrière mes dents pour observer en silence. Les mâchoires crispées, les sourcils froncés, Shirayuki s'était élancée avec une détermination qui semblait avoir été refoulée jusqu'ici - mais pouvais-je en être certain? Elle n'avait pourtant pas semblé se ménager jusqu'ici. Alors qu'elle s'était isolée pour attaquer les Little Nepenthes à tour de rôle, sa dague fusait avec rage, scindait impitoyablement l'atmosphère et tranchait sans ménagement les pixels. Ne connaissant la jeune fille depuis quelques heures, je ne pouvais baser mes raisonnements que sur de l'observation: et à en juger par l'attitude d'Ayura quand elle prenait les devants - seule, d'Asuna qui me sermonnait pour avoir tenté de la charrier, ou encore de ma petite soeur quand j'avais occupé la salle de bain en premier...
Shirayuki était contrariée.

J'inclinais doucement la tête en essayant de rassembler les pièces et voir ce que j'avais pu manquer mais en vain. Misant ces piètres déductions sur un besoin de se défouler, comme il ne m'était pas rare de faire parler l'épée pour déchaîner des sentiments retenus, je roulais des yeux pour estimer mon espace et reculais d'un pas. Si j'avais pu m'éclipser pour la laisser vider son sac en toute impunité, j'aurais activé [Sprint], rejoint le palier suivant seul, et l'aurais attendue en haut des marches. Cependant même ce plan m'aurait davantage fait remarquer qu'oublier: alors je choisis d'attendre, de la laisser faire le premier pas lorsque lui passerait ces intentions vengeresses.
Quand elle se retourna de nouveau vers moi, je décroisais les bras et tentais de lui adresser un sourire, mais ses mots le dissipèrent plus rapidement que dans mon schéma mental.

- Je... Excuse-moi.

Shirayuki était dans le vrai et moi dans le tort. Être le plus fort de l'équipe, ou avoir fait voeu de ne perdre aucun allié dans mon équipe étaient des considérations qui me concernaient: en aucun cas elles ne devaient interférer avec les intentions de la manieuse de dague même si le désir sous-jacent là-dedans était purement protecteur.
En aucun cas, sauf si les choses venaient à dégénérer, ce qui n'était - heureusement - pas le cas.


Acceptant comme je les méritais les remontrances sans rien ajouter de plus, je lui adressai un signe de tête en direction de l'escalier supérieur.

Le prochain groupe de monstres qui nous barra la route était un party de cinq membres et - grande première! - la présence d'arbres dispersés çà et là dans le couloir prouvaient que parmi eux se cachaient des Carnivorous Fruits. Les monstres, sortes de mimiques de poires, guettaient les players approchant trop près des cimes pour sortir au grand jour, toutes dents dehors. Observant la pièce minutieusement, ma compétence de [Détection] m'en révéla trois; les deux autres têtes de l'équipe adverses étaient un autre couple de Giant Bees volant près des troncs.
J'entrouvris les lèvres pour dévoiler à la jeune fille la cachette des trois compères, mais songeant à cette surprotection qu'elle m'avait précédemment reproché, je retins mon air.


Un bref regard à sa jauge me confirma qu'elle n'était pas en danger immédiat.
Je dégainais et me plaçai en garde, tranchant le doute dans ma tête.

- Yosh. Tu veux que j'arrête de prendre les devants? Je te laisse le lead. Mais je ne t'écouterai qu'à une condition...

Malgré le ton sévère de ma voix que je ne décelais que maintenant, j'étirais un sourire en roulant des yeux vers elle.

- Arrête de me vouvoyer, d'accord? Je ne dois pas être beaucoup plus âgé.

Cette touche d'humour - pourtant sincère - placée pour détendre l'ambiance et la sortir de son mal, je me concentrais sur les directives de Shirayuki.

Codage par Libella sur Graphiorum, image par Yuxiang Chen sur ArtStation