Le mercredi 02/08/2023
11h


En discutant avec un joueur, il m’avait raconté qu’une légende planait au sein du huitième étage. Il semblait qu’un Oiseau géant tetra'aile shiny apparaissait de façon très aléatoire dans l’immense forêt touffue. Ses quatre ailes orangé flamme semblaient rapporter beaucoup d’or, et il s’avérait que j’en manquais cruellement. Enfin, c’était l’excuse que j’avais trouvée pour fausser compagnie au joueur bavard. Dans la réalité, c’était généralement les mercredis que je commençais à péter les plombs, socialement parlant. Habitué à ressentir la jouissance transmise par mes bras taillés à coups de lames et d’ongles ce jour-ci, mon cerveau me frustrait chaque milieu de semaine depuis que le système l’empêchait de synthétiser de la dopamine.

« Allez, partons à la recherche du shiny ! »

Le poing levé, je me forçai à prendre un ton enjoué pour parler tout seul et oubliai quasiment mon impression de vide. Je sortis du village en bondissant d’arbre en arbre et en chantonnant avec entrain. J’avais réussi à ne pas me suicider jusque-là, et je comptais sur mon escalade de l’engagement bien avancée pour me maintenir en vie malgré le mal-être qui m’accablait. Pour ça, j’avais trouvé une stratégie très efficace à court terme : l’exploration.

La nouveauté avait l’avantage de me faire m’oublier. Et elle pouvait venir de n’importe où : un nouveau monstre, un nouvel endroit, un nouveau PNJ, un nouveau joueur rencontré,… Malheureusement, ma curiosité retombait vite après analyses des données. Et je n’avais pas le niveau nécessaire pour visiter en profondeur tous les lieux découverts par les libérateurs du front. Il me fallait donc compter sur les histoires, les rumeurs, les légendes et la diversité des joueurs pour renouveler mon plaisir dans les premiers étages.

Le destin voulût que le deuxième jour d'août, une légende et un joueur illuminassent ma journée. Pour le dernier, je ne le sus que plus tard : la petite tête blonde n’était, à cette heure-ci, que trop bien dissimulée par les arbres. Pour l'heure, seuls les monstres à quatre ailes m'intéressaient. Et je ne mis pas longtemps à les trouver pour limer leurs serres au katar.

Aide à la modération :

Resté à l'étage huit pour te reposer après l'une de tes petites escapades, tu rodais dans les rues d'une ville de l'étage quand tu avais vu un joueur se diriger vers la porte. Il semblait déterminé mais quelque chose t'avais gêné dans son apparence, un je ne sais quoi que tu avais mis sur le compte de la lame qui pendait à sa ceinture. Une épée mais pas tout à fait...

Sans trop savoir pourquoi, tu avais laissé derrière toi l'objet que tu avais examiné avec tant d'attention pendant quelques minutes et tu avais suivi ce joueur hors de la ville. La forêt n'avait pas tardé à vous engloutir tout les deux.

A une dizaine de pas derrière lui, tu contemplais ce joueur qui t'avais attiré. Il regardait tellement autour de lui que tu dus te plaquer contre un arbre en activant ta compétence de dissimulation. L'attitude de se joueur te fis croire que tu avais été repéré alors tu retins un maximum ton souffle.

Soudain, ce joueur inconnu se figea et activant ta compétence d'écoute tu entendis le bruit d'une lame qu'on dégaine ainsi qu'un doux froufroutement. Craignant d'être tombé dans une embuscade, tu cherchas une solution. Ta mémoire te donna la solution sous la forme d'une maxime entendue à plusieurs reprises dans le jeu. "On ne pense que rarement à lever les yeux."

Si tes souvenirs étaient bons, tu avais acquis il y a quelques temps un skill d’acrobatie. Levant les yeux, tu vis une grosse branche à environ deux mètres de hauteur. Même si tu n'avais pas beaucoup travaillé cette compétence, ce saut devait être réalisable. Activant ta compétence d'acrobatie, tu fléchis les genoux et sautas de toutes tes forces. Un peu court malheureusement. Tu manquas de déraper et ta réception fut hasardeuse. Tu eus le plus grand mal à te stabiliser sur la branche et si ce joueur que tu suivais avait une compétence d'écoute, tu étais maintenant sûr d'être repéré. Mais une question restait. Qu'est ce qui l'avait poussé à dégainer?

Aide à la modération:

Le bout pointu de ma lame pénétra sans effort la chair de l’ennemi géant, colorant en rouge la zone attaquée. Aidé par le système, j’avais sauté de ma branche pour atteindre l’oiseau qui volait imprudemment en rasant le haut des arbres de la forêt. Son ombre l’avait trahi en me protégeant des quelques rayons du soleil qui perçaient les nombreuses feuilles du coin. Averti de sa présence, je m’étais figé avant d’escalader rapidement les troncs et de bondir.

Riant comme un fou et m’accrochant aux pattes dynamiques de la bête, je profitais du vent provoqué par ses loopings désordonnés qui ébouriffait agréablement mes cheveux. Énervé, l’oiseau aux quatre ailes s’épuisait à bouger dans tous les sens pour m’éjecter de son corps, sans succès. Ses serres déchiraient mes vêtements protecteurs et griffaient mes membres. Quelques fissures rouges persistaient par endroit mais aucun des coups ne menaçaient ma vie.

« Breeeeef ! »

Les sensations et la lutte de mon ennemi m’avaient finalement rapidement lassé. Je mémorisai le peu de statistiques et de drops que je pouvais Analyser avec mon niveau puis je repérai une branche sur laquelle me réceptionner. Je poignardai le monstre banal avec le sourire, le transformant rapidement en pluie de pixels bleus. En théorie, je devais par la suite retomber avec classe sur la dernière ramification de l’arbre. En pratique, cela se passa autrement.

A dire vrai, dans la réalité, j’aurais perdu mes attributs masculins ainsi qu’un nombre impressionnant de neurones et d’os en dégringolant progressivement jusqu’au sol. J’eus le temps d’apercevoir des mèches blondes brillantes et hirsutes avant de finir ma descente, catastrophique mais graduée, sur les fesses. Je suis sûr que la douleur que j'aurais ressentie si le système ne l'avait pas effacé aurait vidé et fait travailler mes valseuses. Je gommai ma frustration en pensant à la personnalité et aux secrets intéressants que pouvait cacher l'humain que j'avais repéré.

« Salut illustre inconnu ! Ça te dit de manger du poulet à midi ?! »

J’avais déjà mangé des pattes de poulet et trouvé le goût passable lors des nombreux voyages organisés par mes parents. Je me demandais si ça existait ici aussi. Me relevant doucement après avoir fermé la fenêtre des drops, je regardai dans la direction où j’avais vu le joueur, un grand sourire bienveillant aux lèvres et le katar baissé.

Aide à la modération :

Tu aurais presque pu rire des actions de cet inconnu si quelque chose en lui ne t'avais pas donné la chair de poule. Mais il devait avoir quelque chose de spécial pour t'avoir repéré. Ou alors ta compétence de dissimulation avait cédé ce qui était possible aussi.

Cependant tu t'étais juré d'être très prudent dans tes contacts avec les autres. Et, jusqu'à présent, tu n'avais jamais rencontré quelqu'un qui soit digne de ta confiance. Un plan se forma dans ton esprit alors que l'image d'un funambule remontait à ta mémoire. Tu allais marcher jusqu'au bout de la branche, sauter puis courir. Tu t'étais très vite rendu compte que dans ce monde tu n'avais pas à rougir de ta vitesse.


Mais, tu eus à peine fait un pas que tu dus te stopper. En effet, tu te rendis compte que tu n'étais pas seul sur ta branche vu que tu la partageais avec un oiseau géant à quatre ailes. L'image d'un héros jurant dans un film que tu avais vu il y a quelques années te vint à l'esprit. Mais tu n'étais pas un héros.


T'accroupissant, tu activas ta compétence d'analyse et une fois que tu eus analysé les informations, tu fermas les yeux. Puis tu dégainas ta dague et tu te mis à courir. Tu fus sur l'oiseau avant qu'il n'ait le temps de bouger. Tu lui assénas deux coups à la jointure entre son corps et deux de ses ailes.


Malheureusement tu ne fus pas assez rapide et son bec te laboura l'épaule à deux reprises. Tu esquivas le troisième coup en t'accroupissant, activant ta compétence d'acrobatie pour garder ton équilibre. Puis tu te hâtas d'achever l'oiseau avec trois coups rapides, le dernier en plein dans le coup de l'oiseau. Celui-ci disparut dans une pluie de pixel.


La branche oscilla violement et, déséquilibré, tu ne pus garder tes appuis sur la branche. Tu fis une chute de deux mètres et heurtas violement le sol. Tu avais du perdre quelques pv dans cette histoire. Puis une informations atteignis ta mémoire, tu n'étais pas seul. Te relevant d'un bon, tu le vis à quelques pas de toi, son arme baissée et un grand sourire aux lèvres. Reculant d'un pas, puis de deux, tu te préparas à fuir, rabattant les pans de ton manteau autour de ton corps.

Aide à la modération:

La tête levée, j’avais regardé le combat du petit humain contre l’oiseau géant et ma seule pensée fut :

« Qu’est-ce qu’il est dégueulasse son manteau. »

Ample et trop long, il donnait au gamin l’allure d’un sac gros sac poubelle sans patte. Avec ma compétence Couture, je pensai directement à l’ajuster à sa taille en ajoutant en plus des bonus de Vitesse, d’Esquive ou de Précision. Déjà qu’il était pas mal rapide, ça le rendrait carrément plus stylé. Et ce serait aussi plus sécuritaire. Je voyais bien le pan du vêtement s’accrocher aux pattes d’un monstre et faire chuter d’une façon idiote son porteur. M’enfin. Je n’avais pas encore assez d’ingrédients de Couture pour rajouter un bonus de +21 à un vêtement. J’avais liquidé gratuitement toutes mes réserves pour que d’autres personnes comblassent pendant deux jours mon terrible sentiment de vide.

La chute de l’enfant me sortit de ce flashback frustrant. Au sol le temps de quelques secondes, il ressemblait à une méduse sauvage sur laquelle une pieuvre avait craché son encre. La mine effrayée, il jouait à l’animal sur le point d’aller se cacher. J’agrandis encore plus mon sourire, rangeai mon arme d'un geste souple et levai les bras en signe de bienveillance.

« Haha, tu peux bien faire ce que tu veux. Je propose c’est tout. A ce qui paraît, il y aurait une sorte de phénix à quatre ailes dans cet étage qui rapporterait gros. Si tu as envie de découvrir une nouvelle façon de se battre avec une arme plus du tout utilisée depuis le 19ème siècle et manger gratos à midi, tu peux me suivre ! »

Je m’étais souvent fait des amis comme ça ici. Peu de gens savaient ce qu’était un katar, et beaucoup de joueurs adoraient être invités à manger. Pour la plupart, c’était parce qu’ils ne risquaient pas leur vie pour récolter des sous en masse sur les monstres. Aah, dire que j’allais régulièrement dans les bas-fonds de la ville de départ pour apporter un soutien financier à des crétins et des crétines apeurés. Mais qu’est-ce qu’ils me remerciaient… Qu’est-ce qu’ils m’attendaient… Sans moi, que pouvaient-ils faire ? Aah, je leur étais tellement utile…

Hum. Bref.

Sans attendre la réponse du garçon mais en lui faisant un signe de tête amical, je m'armai et continuai ma recherche de l’oiseau particulier en sautillant. Je me demandais ce que l’autre joueur allait faire. Il avait piqué ma curiosité, et je savais déjà comment lui rendre service. Personne ne cracherait sur un vêtement gratuit, surtout lorsqu’il augmentait les statistiques. Mais le suspense écartait mes pulsions et je préférai ne pas faire ma proposition maintenant : avec un peu de chance, on se reverrait !

« Le shiny le shiny ! »

Les quelques paroles du garçon te confirmèrent qu'il y avait bien quelque chose de bizarre chez lui. Mais bizarrement, il ne te semblait pas agressif. Il n'avait pas cherché à attaquer, n'avait pas tenté de te contraindre et semblait curieusement détendu.

Alors qu'il se détournait, tu voulus ouvrir la bouche, mais sans savoir quoi dire. Deux possibilités s'offraient à toi: la curiosité ou la prudence... Que faire? Voyant cet inconnu disparaitre entre les arbres, tu pris ta décision. Inspirant profondément, tu rengainas ta dague dans le fourreau autour de ta cuisse gauche et tu rabattis ta capuche sur ta tête, puis tu te lança à la poursuite de l'inconnu.

Pourtant, tu n'essayas pas de nouer le contact. Tu suivais, tu observais mais tu ne sociabilisais pas petit bout. Alors, tu te contentas de suivre cet inconnu, serpentant entre les arbres comme l'ombre que tu étais sensé être. Tu n'avais pas essayé de te dissimuler autant que d'habitude et tu étais facilement repérable. Mais tu ne semblais pas être la priorité de ce joueur qui semblait chantonner une petite ritournelle parlant de... Shiny?

Tu n'avais aucune idée de ce qu'était un shiny. A vrai dire tu t'en fichais un peu. Tout ce qui t'importais était ce petit frisson qui parcourait ta colonne vertébrale à chaque fois que tu suivait un joueur. Pourtant, quelque chose dans cette scène te mettait mal à l'aise. Tu cherchas pourquoi pendant de longues minutes avant de comprendre. Puis tu saisis.

Cette forêt, cette marche, cela te rappelais les promenades que tu faisais avec ta mère. Sans que tu puisses rien y faire, le souvenir te saisis. Tu revis l'une de ses longues marches où tu tenais la main de ta maman. Elle portait un joli gilet avec un pantalon et des ballerines au pied. Toi tu avais une petite salopette et des baskets. Tu tenais sa main gauche et vous vous promeniez sur le sentier du parc de Shinjuku. Son sourire... L'odeur des fleurs... Les arbres...

Trop, c'était trop. Tes émotions que tu avais mis du temps à refouler semblaient vouloir refaire surface. Était-ce cette rencontre et ce combat imprévu? La fatigue? Ou autre chose?

Tu t'appuyas contre un arbre pour reprendre ton souffle, perdant ce joueur de vue. Fermant les yeux, tu inspiras profondément. C'est pour cela que tu ne vis pas venir le coup et tu ne pus esquiver l'attaque des deux oiseaux dont les serres tracèrent des sillons rouges vifs sur ta peau.

Aide à la modération:

En train d'entrer mes Analyses dans le Carnet d'Informations Communes, je m’étais retourné soudainement, alerté par les cris des oiseaux géants derrière moi. Soit ils se battaient entre eux pour de la bouffe, soit je pouvais placer le gamin dans la catégorie des Stalkers. Enfin, un autre joueur pouvait avoir décidé de se promener dans la forêt aussi.

Je rebroussai chemin en courant puis bondis et enfonçai ma lame dans le dos du premier monstre à ma portée. Ils n’étaient pas orange : ils n’avaient pas le droit de vivre aujourd’hui. Le katar étant toujours dans le corps du monstre, je pivotai mon poignet armé et achevai mon ennemi avant d’attaquer le second.

Me criant dessus, il tenta de m’entailler l’épaule. Je me reculai à temps et grimpai d’un saut dans un arbre. Géant, l’oiseau avait du mal à passer entre les branches et peinait à battre des ailes : pourquoi avait-il décidé de se battre sur terre, c’était idiot vu sa taille !

En hauteur, je pouvais constater que c’était bel et bien le blondinet qui avait été attaqué. Peut-être avait-il un faible niveau pour être ainsi agressé par un monstre aussi banal si gratuitement. Je ne voyais pas ce qu’il avait pu faire pour l'énerver. Je ne décelais aucun nid à proximité, mais peut-être avait-il marché sur un brin d’herbe sacré ? Dans tous les cas, le petit joueur était protégé car j'avais maintenant l'aggro. Ignorant les attaques de l’animal, inefficaces car lointaines, je ris en m’asseyant en tailleur.

« Qu’est-ce que t’as fait pour l’exciter comme ça, mini-stalker ? »

Sans cesser de piailler, l’oiseau griffait et refermait brutalement son bec sur les branches qui me protégeaient de ses attaques. J’eus presque envie de me déhancher façon ver pour rendre encore plus comique la scène. Malheureusement, j’étais persuadé que mes branches protectrices céderaient bientôt.

Mais avant de tenter un salto doublé d’un coup de katar sur une des quatre ailes de mon ennemi, je fus projeté sur une autre branche par un violent coup de queue.

Des hommes lézards étaient venus protéger la créature malmenée de la forêt.

Aide à la modération :

C'est l'intervention de ce garçon qui te fis sortir de ta transe dans laquelle le souvenir t'avait plongé. Pétrifié par le pétrin dans lequel tu t'étais mis, tu réussis à remettre en sourdine tes émotions sans pour autant comprendre tout ce qui se passais autour de toi. Levant les yeux vers la cime des arbres où était perché le joueur qui l'avait secouru, tu le vis rire des tentatives maladroites de l'oiseau pour l'atteindre.


Désolé.

Tu détestas ta faiblesse. Dans ce monde tu étais une ombre et une ombre n'étais pas faible. Mais on est toujours faible par rapport à quelque chose, à quelqu'un. C'est pour ça que la solitude étais une bénédiction. Tes souvenirs te rendaient faibles, ta petite taille te rendait faible, ton manque de force te rendais faible… Mais être faible n'étais pas une tare, le rester, si. Tu refusais de rester faible et cet oiseau allait faire les frais de cette résolution.

Le regard dur, tu dégainas de nouveau ton poignard et fléchis les jambes. Puis tu sautas plus haut que tu ne l'avais jamais fait. Prenant appuis sur le tronc de l'arbre pour rebondir, ton poignard frappa l'oiseau en plein dans l'aile. Sentant la gravité faire son effet tu lui assena un dernier coup, le faisant voler en éclats.


Mais tu n'eus pas le temps de savourer ta victoire, des bruits suspects te faisant dire que tu ferais mieux de trouver un abri. Faute de mieux, tu bondis une nouvelle fois et réussi à te hisser sans trop de mal sur la même branche que l'autre joueur. Même si avoir de la compagnie te mettait mal à l'aise, tu étais conscient que tu ne survivras pas longtemps seul. Et tu refuses de mourir.



Un homme lézard apparut bientôt juste en dessous de l'arbre où vous étiez perchés. Tu activas ta compétence d'analyse pour recueillir un maximum de données. Mais quelque chose te chiffonnais. Il y avait un truc par normal. Alors, pour en avoir le cœur net, tu activas ta compétence d'écoute. Et en entendant des grognements, tu compris. Sans t'en rendre compte, tu te mis à chuchoter.

Il y en a trois.

Aide à la modération:

« Oh mon Dieu, il parle ! »

En plus d’avoir réduit l’écart physique entre nous, le gamin m’avait fait découvrir sa voix morne. Aah, nous avions progressé dans notre relation, nous étions devenus plus intimes lui et moi ! Petit à petit, nous allions devenir amis, il me raconterait ses secrets, son histoire, ses envies, sa vision du futur et de la politique… Enfin, ce ne serait pas demain la veille car au final, il n’avait répondu à aucune de mes questions. Mais je n’étais pas peu fier de cette avancée.

Je me demandai ce qu’il avait bien pu vivre pour me donner l’impression d’être mort à l’intérieur. Selon sa morphologie, il devait être à peine au collège. Sans parent, peut-être sans ami, il avait dû affronter les débuts dans ce jeu mortel tout seul. Ou en tout cas, il n’était pas accompagné aujourd’hui. Sans compter qu’il jouait au Stalker. Je pensai aux rumeurs concernant les Player Killers. Mais bon, avec sa tenue de sac poubelle, je le voyais bien solitaire : une personne ayant un minimum de gentillesse pour lui, lui aurait donné un minimum de conseils vestimentaires. Pis, d’après les films, c’était la moindre des choses de se soigner quand on était malveillant. Il fallait avoir de la classe jusque dans les manches quand on tuait des gens.

Même les Hommes Lézards étaient mieux sapés que lui, c’était pour dire ! Enfin… Pourquoi je faisais autant une fixette sur ses habits ? Fallait que j’arrête. Le voyant Analyser le monstre sur la branche juste en-dessous, je fis rapidement de même et décidai d'envoyer directement les informations au Carnet d’Informations Communes : il ne me volerait pas la vedette. C’était sur moi que les gens compteraient, pas sur lui. Je gardai l'attention du lézard en descendant de l'arbre et en le narguant. Tout en tapotant sur mon menu, je riais et esquivai le cimeterre nerveux en faisant des petits sauts en arrière.

« Toi qui sembles tout savoir, ils sont où les autres ? »

Je n’eus pas à attendre la réponse du joueur : je me cognai l’occipital sur le torse bien habillé d’un des trois assaillants avant de me retourner soudainement et de le transpercer de ma lame. Malheureusement, il eut le temps de rougir ma peau avant de mourir, tout comme mon premier ennemi. Je fis disparaître mon menu après avoir reçu un coup de sa part dans le dos. Je me concentrai sur lui, et le fis voler en éclat après lui avoir crevé les deux yeux de deux coups de katar successifs.

Je me rapprochai de l’enfant et, voyant que la voie était libre, conclus qu’il s’était occupé du dernier monstre.

« Comment tu as su qu’il y en avait trois ? »

Ecoute, Odorat, Vision Accrue, une autre compétence inconnue des joueurs ? Ou peut-être qu’Analyse permettait, à un certain niveau, de déceler des monstres sans même avoir besoin d’être situé juste devant eux ? Dans tous les cas, sa compétence semblait très pratique pour anticiper les attaques. Mais bon, nous n’étions qu’au huitième étage. Toujours intrigué par l'attaque soudaine des oiseaux, j'inspectai l'endroit où se trouvait le joueur avant la bagarre. Rien. Sans doute avait-il fait disparaître un ver de ce monde en l'écrasant ? Hou le vilain !

Aide à la modération :

Tu restas impassible devant les boniment de ce garçon. Cela ne te concernait pas même si tu devais avouer qu'avoir des rapports humains de temps en temps faisait quand même du bien. Mais tu sentais à la façon dont il te dévisageait qu'il s'interrogeait beaucoup sur ton compte ce qui n'était pas franchement pour te rassurer. Tout les joueurs de ce jeu n'étaient pas forcément gentils et ça tu l'avais appris à tes dépends.


Malgré tout son regard scrutateur te mettais mal à l'aise et te donnais envie de devenir invisible. Tu te forças à respirer en employant toute ton attention à essayer de localiser les hommes lézards. Mais tu n'eus pas le temps de bouger tandis que le premier se montra. En un rien de temps il fit disparaitre deux des hommes lézard que ta compétence avait repéré. Tu décidas de te charger du troisième. Sautant souplement de ta branche, tu te dirigeas vers l'endroit où tu pensais trouver le monstre. Bingo.


Tu eus le temps de lui porter 3 coups avant de devoir te reculer pour éviter un coup de griffes. Mais il semblerait que ta petite taille soit un avantage car tu n'eus aucun mal à rouler entre ses jambes pour te faufiler derrière le monstre, lui assenant deux coups supplémentaires. Un coup de griffe ne suffit pas à te ralentir et tu esquiva souplement le suivant. Un dernier enchainement te permit de l'envoyer rejoindre son dieu, s'il en existait un pour les créatures de se monde.

Ce n'est qu'en entendant la voix de ce joueur que tu revins à la réalité. Cette rencontre t'avais fait oublier toute prudence ce qui ne t'étais jamais arrivé. Une seule question te vins à l'esprit: Comment?
Tu devais être seul depuis trop longtemps pour qu'il te fasse tant d'effet.


Cependant cet instant de distraction allait vous coûter cher. Plongé dans tes pensées, tu n'avais que peu fait attention à sa question, ratant par là un détail crucial. Tu avais détecté ces monstres parce que tu avais entendu trois grognements. Cela n'avait jamais voulu dire qu'il y en avait seulement trois. Pétrifié par cette pensée, tu réactivas ta compétence d'écouter. A la seconde où tu les perçus, se fut trop tard. Deux autres hommes lézards surgirent des fourrés et se ruèrent vers vous deux.

Aide à la modération:

La petite méduse noire ne m’avait pas répondu mais ce n’était pas grave. Les enfants étaient timides avec leurs aînés, c’était bien connu. Cependant, je me posais toujours des questions sur le joueur devant moi, tentant de déceler la moindre chose qui pourrait le faire devenir fan de moi. Il fallait que je devienne quelque chose d’important pour lui. Si ce n’était pas aujourd’hui, ce serait plus tard.

Mais avant de pouvoir scruter vraiment sa personne, il adopta une tête à faire peur. Je n’eus même pas à regarder dans la direction qu’il fixait pour dégainer mon arme et bondir sur le premier ennemi à ma portée.

Il était certain que les Hommes Lézards n’allaient pas cesser de nous attaquer, comme nous avions détruit leurs amis de la forêt. Cependant, il fallait qu’ils se rendent à l’évidence : ils ne faisaient pas le poids. Baissé pour esquiver un coup de cimeterre mal placé, je trouai les genoux de mon adversaire avec un grand sourire et laissai l’autre monstre au petit joueur. Je restai à côté en cas de problème et, une fois leur combat terminé, je m’approchai de lui.

« Tu es vraiment rapide, c’est stylé ! »

Anticipant son silence, je repris.

« Je m’appelle Ari, A-R-I. Je suis Forgeron et Couturier. »

Je levai mon poing pour le checker sans me faire d’illusion : me prendre un vent était assez probable.

« Si jamais tu as besoin d’équipement léger, n’hésite pas à me contacter. Ne t'en fais pas pour les prix, je veux seulement aider. »

Et je pense que ton apparence a véritablement besoin d’aide. Je souris en attendant (ou pas) une réaction de sa part.

Rienthal :

Aide à la modération :

L'air assez condescendant de ce joueur qui au départ t'avais intrigué commençait singulièrement à te taper sur les nerfs. Tu avais compris qu'il ne te prenais pas au sérieux à cause de ta taille, de ton arme, de ton manteau où tu ne savais quoi d'autre... Cette pensée te dis mal mais en même temps t'énerva un peu. Il ne te connaissait pas mais tu sentais qu'il s'était déjà fait son idée.

Tu n'eus pas le temps d'y penser plus qu'un homme lézard se dirigea vers toi, cherchant à mettre un terme à ton existence. Tu esquivas son premier coup, te jouant de ce qui paraissait être de la maladresse. En quelques coups de poignard, se fut fini. Tu regardas les pixels se dissoudre petit à petit dans l'air, emportant toute trace de l'existence de ce qui était un ennemi. Dire qu'il t’arrivera la même chose un jour, si tu venais à faiblir.

Son commentaire sur ta rapidité te tiras un sourire ironique. C'était ta seule arme dans ce monde qui voulait ta mort. Tout le monde courrait depuis le jour de sa naissance, pour fuir ou pour se battre, quelle différence? Tu esquissas un petit hochement de tête. Mais tu ne pus t’empêcher de te demander s'il n'attendait pas que tu le complimente en retour. C'était comme ça que les gens faisaient dans tes souvenirs. Et bien non.

Malgré tout, sa façon de te parler comme si tu étais un attardé réussit à te mettre en rogne.

- Je suis discret, pas stupide.

Tu n'avais pu t’empêcher de lâcher un commentaire acerbe tant cette attitude te rappelait de mauvais souvenirs. Des mots blessants... Des regards comme des couteaux... Et qu'est ce qu'il avait à t'examiner comme un mannequin?  Tu te forças à te calmer, à reconstruire ta forteresse mentale qui te protégeait si bien.

- Je suis Rienthal

Tu avais lâché ton pseudo du bout des lèvres, forcé par ce que l'école avait rentré dans ton crane comme étant une obligation sociale. Tu revis l'espace d'un instant les noms que tes camarades crachaient comme des armes. Mais surtout tu ne voulais rien devoir à personne. C'était la règle que tu t'étais imposée. Et accepter cette proposition serait pour toi te soumettre.

- Non. Je ne veux pas de dette.

Mais, plus tu observais cet étranger, Ari comme il disait s'appeler, plus tu avais l'impression qu'il y avait quelque chose de bizarre en lui.

Aide à la modération:

Je ne montrai pas ma légère surprise lorsque l’enfant répondit à mes questions. Il avait un côté agressif qui me plaisait beaucoup et qui attisait ma curiosité. Je me demandais bien ce qu’on lui avait fait pour qu’il réagisse ainsi. Des parents maltraitants ? Des camarades de classe impitoyables ? Une sœur incestueuse ? Ou peut-être qu’il était seulement passionné par les Dark Sasuke, et les prenait comme modèles. Ça expliquait peut-être le manteau.

Lorsqu’il me sortit son pseudo, je souris puis le laissai finir, ravi de l’entendre et de le voir s’exprimer. Je ressentais une certaine fierté, voire un immense honneur de pouvoir l’écouter, tellement il semblait ne pas le faire souvent. Avec enthousiasme, je baissai ma main non respectée et pris la parole après m’être assuré qu’il ne voulait rien ajouter de plus.

« Je t’ai épelé mon nom pour que tu puisses me contacter, pas parce que je te sens idiot. Il y a tellement de pseudos bizarrement écrits ici ! J’ai beaucoup de potes qui ont dû rajouter des lettres au pif pour ne plus lire la phrase « ce nom d’utilisateur est déjà existant ». Ils devenaient fous à cause de ça, haha ! »

Je me demandai si, avec mon vrai pseudo, ça m’aurait fait pareil. Ayant dû jouer au novice devant mes « amis », j’avais gardé mon prénom, ce qui était passé directement dans le système. En même temps, avec trois lettres…

« Et sinon, je fonctionne pas comme ça. Les dettes n’existent pas. »

Si tu ne considères pas tes remerciements, tes futures demandes et tes appels à l’aide comme des dettes.

« Mon but n’est que filer des coups de main par-ci par-là, c’est comme ça que je me sens rassuré. Mais si tu ressentirais ça comme une dette, je ne t’en parle plus. Je sais à quel point ça met mal à l’aise. Sache juste que tu pourras compter sur moi quand tu le voudras. »

Je veux juste que tu ne puisses plus te passer de moi, que tu penses à moi, que tu me demandes encore, encore, encore, encore des choses, plein de choses, donne-moi l’impression d’avoir un vrai but dans ma vie, donne-moi l’impression d’exister, apprécie-moi, a…

« Du coup, quel est ton objectif du jour, pourquoi cet étage ? »

Ça ferait un an dans trois mois que je ne me serais pas fait physiquement du mal. Je contrôlai mon visage pour ne pas laisser visible mon mal-être et me concentrai à nouveau sur le joueur et sur mon but de la journée. Il me fallait m’occuper si je ne voulais pas avoir l'impression d'être fou.

Il sourit. Au fur et à mesure de tes paroles, tu vis les lèvres de ton vis-à-vis s'étirer sans que tu ne comprennes très bien pourquoi. Fermant les yeux, tu parvins à garder ton calme. Si ses explications au niveau du pseudo te parurent convaincantes, tu sentis qu'il ne te disait pas tout. Il y avait quelque chose de bizarre en lui. Il te fit penser au petit chien que tu avais entraperçu deux ou trois fois quand tu te rendais à l'épicerie. Il semblait chercher de l'attention.

Rendu mal à l'aise par son regard, tu tripotas ta dague de longues secondes. Cela faisait un bon moment que tu n'avais pas eu une conversation aussi longue. Combat. Fuite. Ombre… Tel était ton quotidien. Tu avais choisis en toute connaissance de cause mais socialiser un peu n'avait jamais fait de mal à personne. Tu n'avais juste plus l'habitude.


- C'est faux. Tout n'est que relation de dette.

Mais quelque chose te fis tiquer. Il disait qu'il savait. Il disait qu'il savait combien ça te gênait. Ce n'était sans doute qu'un abus de langage mais un abus qui avait le don de te hérisser le poil. Non il ne savait pas. Comment aurait-il pu? Et l'inverse était aussi vrai. Tu te retins de dire quelque pour ne pas braquer définitivement ton interlocuteur mais ton regard parla pour toi.

- Ne jamais rien demander à personne est la seule façon d'être libre.

C'était comme ça que tu avais toujours conçu ta vie. C'était comme ça que tes souvenirs restaient supportables et que tu pouvais dormir la nuit. Le contrôle et la paix avaient un prix. Et le tient avait été élevé, encore aujourd'hui tu payais. Malgré tout, tu ne pus t'empêcher d'ouvrir de nouveau la bouche.


- Tu cherches à te rendre indispensable. Qu'est ce que tu recherches?

C'était bien la première fois que tu posais ce genre de question. C'était ça de la curiosité que tu ressentais? C'était loin d'être une émotion agréable.

La petite méduse noire m’avait laissé quelque peu hébété mais ses interventions eurent l'avantage de me faire réfléchir. Une main sous le menton, une autre sur l’épaule gauche, je parlai en même temps que je pensais.

« Hmm… En effet, on peut voir les relations comme un échange perpétuel de services, en intégrant la bienveillance, l’écoute ou encore la compréhension dans l’expression. C’est d’ailleurs grâce à ces échanges qu’elles tiennent, je suppose... C’la dit, le terme « dettes » est un peu fort pour plusieurs types de relations. Par exemple, en c'qui concerne les relations amicales et amoureuses sincères, les échanges n’sont pas consciemment intéressés. Sachant qu’on lui fait du bien autant qu’elle nous fait du bien, est-ce qu’on peut vraiment parler d’endettement quand nos actes visent le maintien de la relation avec une personne ? Est-ce que c’est vraiment si négatif quand le donnant donnant est naturel ? Pis, on sera à jamais contraints par quelque chose, à commencer par notre corps. Que veut dire être libre dans ce cas ? »

Je laissai les questions en suspens pour lui. Je n’étais pas vraiment bien placé pour parler de tout ça : la totalité de mes actions étaient calculées, mais louables. Je ne voulais ni argent, ni bien matériel ou compagnie humaine. Je n’avais pas besoin de présence perpétuelle, de nourriture ou de cadeaux. Je voulais seulement qu’on me permette d’exister, même un instant.

Pour ça, je donnais aux gens ce qui leur manquait. C’était donc positif ce que je faisais. Pour tout le monde, pour moi comme pour mes relations. Elles avaient ce qu’elles voulaient. Et j’avais leur reconnaissance, leur regard, leurs secrets, leur histoire, et l’impression de ne pas être vide, l’impression d’être là… même si elles ne duraient pas très longtemps.

A cause de la particularité éphémère de ce phénomène, j’entrais dans un cercle vicieux infernal. Je rendais au quotidien des services qui m’apportaient un sentiment de mieux être de moins en moins satisfaisant. Cela jusqu’à me frustrer, jusqu’à perdre l’intérêt dans mes nouvelles connaissances. Je finissais toujours par les trouver ennuyeuses et collantes. Et rien n’était pire qu’être dans l’impossibilité de se défaire de l’ennui.

Mais je devais jouer l’hypocrite : peut-être que le prochain service rendu apporterait une récompense plus jouissive que les précédentes, et encore plus savoureuse que les premières.

Enfin… ce passage d’ami à ennui sera moins obligatoire quand je serai rentré dans la réalité. Je pourrai trouver mon sentiment d’exister ailleurs. Dans les rasoirs par exemple. Les rasoirs… Je devais arrêter d’y penser.

« Indispensable ? »

Je lui souris encore, mes yeux scintillaient. Je me demandais comment l’idée lui était venue. Je l’avais laissé libre de me contacter ou non, et je lui avais seulement dit que je filais des coups de main à droite à gauche. Pas que je changeais totalement la vie des gens par mes actions ou que j’étais la seule personne à faire ça et que j’attendais les demandes du monde entier. Hmm...
Peut-être qu’il m’avait vu entrer mes analyses de monstres dans le carnet d’informations communes et qu’il en était arrivé à cette conclusion? Cela dit, le mot « indispensable » était fort, même pour ça. Une personne normale m’aurait plutôt dit que j’étais très serviable. Ou alors, je donnais au joueur l’impression de faire de l’esbroufe ?

Je me rappelai ses dires concernant les relations criblées de dettes et le catégorisai comme « Dark Sasuke extrême dans ses propos ». Pauvre enfant négligé… Il devait voir le mal partout.

Sans pouvoir effacer totalement mon petit sourire, je pris un ton théâtral et suppliant tout en faisant des grands gestes pour souligner mon ironie.

« Aah, je suis démasqué… ! Je ne recherche en effet que les éloges, la gloire, la reconnaissance et les demandes ! Je veux qu’on m’adule, qu’on m’acclame, qu’on ne jure que par moi !! Aaaah, si tout le monde pouvait, dès à présent, se rendre compte que je suis absolu, nécessaire, indispensable à sa survie ! Si seulement il pouvait me placer comme roi de ce nouveau monde et se permettre, de lui-même, de vivre en harmonie, dans la joie, la bonne humeur, et surtout à genoux devant mon derrière majestueux ! Aaaah, la connerie humaine empêche pour l’instant mon règne !! Mais grâce à toi, Rienthal, les cerveaux vont se parfaire ! Car ensemble, nous optimiserons les connexions neuronales de nos semblables pour mettre tout le monde à jour à coup de propagande ! Hahaha, hahaha, hahaha !! »

Le début de ma tirade n’était pas si faux. Mais mon ton ironique et l’aspect invraisemblable de mes propos permettait à la totalité de mon discours d’être classée dans la catégorie des mensonges. Reprenant mon sérieux, je cessai de remuer les bras et souris franchement au gamin.

« C’est ce que tu attendais comme réponse, Dark Stalker? En vérité, je cherche seulement à rentrer chez moi et je pense que j’y arriverai plus vite entouré de combattants bien équipés. »

Ça, c’était totalement vrai pour le coup.

« Et toi, qu’est-ce que tu recherches ? »

Je me demandais si c’était ce « jeu » qui l’avait fait devenir si sombre et froid, ou s'il avait suivi la voie de l'emo dès son arrivée dans la réalité.

La réflexion du garçon en face de toi te semblas bien plus développée que tu ne l'aurais imaginé. Tu allais devoir réviser ton jugement sur ce garçon. Sa position assez improbable tu devais en convenir semblait peu confortable.

- Mais cela demande de pouvoir dire avec certitude que l'échange est désintéressé des deux côtés et qu'on ne te demandera pas un paiement un jour. C'est fatiguant quand même.

Et surtout usant à la longue pour toi qui avait l'une des meilleures mémoires au monde. Tu te souvenais de tout, chaque inflexion de voix, chaque regard, chaque mot. Même dans un an tu n'auras pas oublié cette conversation avec ce joueur étrange. Et même si tu le voulais, tu ne pourras oublier ce sentiment qui t’étreins en sachant qu'il t'a sauvé la mise au moins une fois aujourd'hui.

Tu n'oublieras pas et cela te pèse. Parce qu'avec la conscience vient la responsabilité et parce que toi petit bout tu es obligé d'être responsable: du départ de ta mère, du naufrage de ton père, de ta solitude...

Tu relevas la tête et resta bloqué sur son sourire. Un sourire que tu ne pouvais interpréter: pure convention sociale ou marque d'un intérêt certains? Et puis pourquoi il se croyait déjà intime avec toi? Pourquoi est-ce qu'il employait le nos? Pourquoi?

D'une voix dénuée d'émotion, tu commentas.

- J'ai un nom. Utilise le. Tout nom a du pouvoir.

Pourtant, tu te gardas bien de prononcer le sien. Tout allait trop vite pour toi. Ton cerveau avait du mal à faire le tri tout en maintenant tes émotions à distance. Mais ce fut sa dernière phrase qui te frappa.

Tu reculas d'un pas, puis d'un autre. Qu'est ce que tu pouvais répondre à cette question sans récolter pitié ou méchanceté? Quelle réponse pouvait passer pour une réponse sinon normale ou au moins collant avec ce personnage d'ombre que tu t'étais forgé.

Tu ouvris la bouche et ta propre réponse aurait pu te surprendre.

- Je cherche à survivre.

Tes yeux perdirent tout semblant de chaleur tandis que tu te forçais à respirer, cherchant ce calme, cet oubli qui te protégeaient du désespoir. Le passé se heurta au présent dans ton cerveau te faisant te crisper. Tu allais faire une crise si tu ne pensais pas à autre chose. Le présent. Le garçon. Tu devais de concentrer là dessus, sur les failles. Il y avait une incohérence. Il y avait une incohérence dans son discours te souffla ton cerveau. Tu te raccrochas à cette idée pour t'éviter de partir dans tes souvenirs.

D'une voix rendue sifflante par l'effort, tu parvins à articuler.

- Si tu cherches des combattants, pourquoi tu restes dans des étages aussi bas?

« Je pense qu’on le sent ou que ça se voit quand la relation n’est pas sincère... »

Est-ce que j’étais le mieux placé pour dire ça, sachant que je n’avais encore jamais vécu de vraie relation ? Dans tous les cas, arrivé à un certain temps de fréquentation, je doutais parfois de ma capacité à convaincre les autres de ma bonne foi. Il y avait des moments où ils me saoulaient tellement que je ne parvenais plus à contrôler l’expression de mon visage. L’ennui infini s’y lisait, même si je la cachais par différents stratagèmes.

J’avais pu voir ma tronche dans un miroir durant ces instants, elle n’était franchement pas belle à voir. Je ne savais pas si quelqu’un d’autre avait pu la contempler mais je pouvais affirmer qu’on ne m’avait pas encore fui. A part mon petit frère, qui avait tenté au début de sa vie.

« … Parce que nous aussi on est en attente de paiement, héhé. Et ça devient frustrant. Ou alors, on remarque une inégalité entre les services. M’enfin, peut-être qu’on va trop loin ? »

Je me sentis véritablement amusé par sa remarque sur son nom, tellement que j’éclatai de rire. Déjà, il était certain qu’avec des yeux bridés pareils, son vrai prénom ou nom de famille n’était pas Rienthal. Et puis…

« Ahem, désolé, désolé.  Je vais te faire une métaphore pour t’expliquer… Euh… Pour moi, les gens sont comme des bonbons. Leur nom, leur apparence et leurs titres forment l’emballage et leur personnalité, leurs envies, leurs passions, leurs perceptions ou encore leur passé forment le bonbon. Et quand je mange un bonbon, je jette son emballage à la poubelle. Même s’il m’a permis de me faire une petite idée du goût du bonbon en amont, je pense qu’il ne veut pas dire grand-chose. Il faut goûter avant de dire que c’est dégueu quoi. »

Ma métaphore laissait supposer que les gens étaient consommables, jetables et évitables. Ce qui était finalement bien le cas. Cependant, si l’enfant me faisait la remarque, je lui répondrais qu’il y a des bonbons savoureux qu’on peut garder dans la bouche très longtemps.

« Enfin, j’te dis ça en toute honnêteté mais je sais à quel point c’est important pour les autres, ça permet de se reconnaître, ça donne de l’importance aux gens, etc., etc. Mais je trouve ça réellement utile que pour envoyer des MP, quoi. Pis, les surnoms, ça fait plus intime et ça révèle une partie de la personnalité des gens, une partie du bonbon. Breeeef, je t’appelle Rienthal alors, Dark Stalker ? »

Après ça, ce fut comme si le gamin avait encore changé de monde et tanguait. Il semblait chassé par un vieux démon, mais déterminé à l’affronter. Il m’intriguait de plus en plus, je voulais tellement connaître sa vie, son passé, les événements qui lui étaient arrivés et qu’il jugeait très importants. Je le laissai siffler sa question intéressante avant de tenter de poser ma main sur son épaule et d’élargir mon éternel sourire.

« Cool, on a le même but ! Même si moi, je dois survivre pour rentrer chez moi. Pour répondre à ta question, comme je te l’ai dit tout à l’heure, j’ai pour habitude de donner des coups de main à droite, à gauche. Les personnes qui sont le plus dans le besoin sont les effrayés qui ne sortent pas. A cause de ça, elles ont pas de sous, finissent par se taper dessus pour de la bouffe, des moyens d’oublier leur existence ou que sais-je. Du coup, j’ai décidé de les aider en leur offrant de la thune, à manger, des équipements, des cours de combat, du courage et un peu d’espoir. Depuis le début, j’ai réussi à en faire sortir des bas quartiers certains qui, maintenant, ont même un niveau plus élevé que le mien. Ça me permet donc au passage d’augmenter le nombre de combattants. Après, je reste dispo pour tout le monde hein. Le but, c’est qu’on rentre tous chez nous en vie. »

Je m’attendais à ce qu’il en conclût que je me servais de ces personnes pour accomplir mon objectif personnel et donc que je les endettais. Mais je le pensais assez intelligent pour se rendre compte que ça bénéficiait à tout le monde. Il n’empêchait que toutes ces bonnes actions et mon emploi du temps parfois chargé, me faisaient beaucoup de bien, mentalement parlant. Même si au bout d’un moment, ces gens rencontrés quotidiennement me gavaient terriblement et que la retombée sur mon état était fracassante. Je laissai mon interlocuteur réagir malgré ma hâte d'en savoir plus sur lui.

Tu ne pouvais te défaire de l'impression qu'il ne croyais pas en ses propres paroles. Il y avait quelque chose de vicié, non de cassé dans le joueur en face de toi. Cependant tes paroles ne semblaient pas très justes dans la mesure ou tu pouvais très bien appliquer cette pensée à toi même. Mais il y avait une énorme différence entre avoir conscience et admettre, un grand pas que tu n'étais pas prêt à franchir aujourd'hui.

Tu hochas la tête à sa remarque sur le fait d'aller trop loin. Mine de rien vous n'étiez pas dans une safe zone et partir dans un débat n'était pas une bonne idée.

Par contre sa remarque te fis légèrement tiquer. Des bonbons? Il comparait les gens à des bonbons? Quelque chose en toi ne put s'empêcher de trouver cela un peu idiot. Des bonbons sérieusement. Si tu n'avais pas eu autant de mal à garder à distance tes émotions en ce moment tu aurais peut être souri… Comme ta mère souriait devant tes bêtises… Comme ton père souriait avant que ta mère ne disparaisse du paysage…


Tu secouas la tête pour t'éclaircir les idées et chasser les souvenirs. ce n'était encore une fois pas le moment. Mais franchement des bonbons…


- Je ne suis pas d'accord. Parce que chaque nom a du sens. Le jeter pour un surnom trouvé en deux secondes c'est mettre à la poubelle des expériences, des espoirs. Et à choisir je préfère que tu ne m'appelle pas.


En espérant qu'il ne prennent pas ça pour un trait d'humour. Mais il faisait résonner trop de choses en toi pour que tu puisse être serein en sa présence. Peut être que si vous n'aviez pas eu autant de squelettes l'un et l'autre, vous auriez pu vous entendre… Mais pas là. A la pensée de repartir, tu sentis une boule t'enserrer l'estomac. Tu repoussas fermement la vague qui menaçait de te submerger.

Mais tu ne pus censurer un mouvement de recul quand il posa sa main sur ton épaule. Cela faisait plus d'un an que l'on ne t'avais pas touché, plus d'un an que tu étais seul à ressasser des souvenirs. Cette après midi avait été épuisante nerveusement parlant pour toi et ce n'est que d'une oreille que tu écoutas la fin de son discours.


- Alors pourquoi tu ne te fais pas un équipement pour combattre toi même? Tu n'as pas peur de devenir une figure de proue avec ce que tu fais?

Ou alors c'était justement ce qu'il cherchait.

« Tant mieux si on n’est pas d’accord, Rienthal. Ça veut dire qu’on va pouvoir s’aider mutuellement à évoluer. »

Je m’étais sans doute un peu trop dévoilé à cet inconnu, mais j’avais trouvé intéressantes ses interventions. Comprenant que son pseudo lui tenait à cœur, j’avais décidé de ne pas faire de blague et de clore le sujet. Nous pourrions débattre à un autre moment, et peut-être changer d’avis plus tard.

« Mon équipement est suffisant pour l’instant mais dès que j’aurai des ressources et un meilleur niveau, je m’en ferai un digne de ce nom, oui ! Je préfère que les personnes autrefois craintives soient bien protégées pour leur début. Qu’elles ne reprennent pas peur lors de leur premier combat dehors, tu vois. »

Son but étant de survivre, j'en déduisis que le petit garçon n'avait, soit pas les compétences appropriées, soit pas les ressources nécessaires pour construire lui-même son équipement. Dans tous les cas, il m'apparaissait évident qu'il avait peu - voire pas - d'amis. Faisant un aparté avec son comportement discret, je supposai qu'il était Voleur. Cela dit, j'étais tout de même un forgeron muni d'un katar, et non d'un marteau. Les hypothèses de ce genre étaient donc à faire avec beaucoup de prudence.

Alors que je jetais un coup d’œil à l’heure, constatant que midi était passé depuis pas mal de temps, je pus entendre des sortes de hennissements proches de nous. Faisant un grand sourire barré d’un de mes index au joueur, je me dirigeais vers les bruits en empruntant agilement des chemins de branches. Je ne savais pas si Dark Stalker me suivrait. Dissimulé derrière des feuilles, je pouvais contempler une troupe de chevaux fantômes dévorer l’herbe de la zone. De couleur blanche trouble, les bêtes possédaient pour crinière des lames acérées.

Regardant leur arrière train, je me demandai si, dans le cas où la douleur avait été permise en ce monde, j’aurais apprécié de me faire attaquer par ces monstres. Dire que j’avais déjà acheté un fouet sur internet pour l’anniversaire d’un « ami »… !

Me préparant à attaquer le groupe d'Equidés Lances, je les Analysai avant d’envoyer toutes les données au Carnet d’Informations Communes. Me rappelant parfois mes frustrations dues au temps interminable passé à compléter mes cartes de l’étage, je me dis qu’apprivoiser un de ces chevaux serait intéressant. Même pour circuler dans les villes, ce ne serait un gain de temps considérable. Un Paladin avec un gros bouclier et une longue lance sur un dada de ce genre serait tellement stylé…

J’empoignai mon katar, pris de la hauteur puis sautai dans le vide. Une fois arrivé près de la dernière branche, je la repousserais des pieds pour prendre de la vitesse et, ma lame bien en avant, blesser d’un coup deux équidés lances.

Rienthal :

Aide à la modération :

Lassé de tout ce sucre et agacé par toutes les choses que tu ne comprenais pas chez ton interlocuteur, tu fermas les yeux quelques instants et si le hennissement parvins bien à tes oreilles, tu ratas complètement le départ du garçon. Lorsque tu rouvris les paupières, tu perdis plusieurs longues secondes avant de le localiser de nouveau. Tu le vis perché sur une branche à une cinquantaine de mètres, à moitié dissimulé dans les feuillages, avant qu'il ne saute littéralement dans les ennuis, ennuis qu'il avait dirigé droit vers toi sous le forme de deux chevaux. Ceux-ci cachés par les fourrés avaient été piqués au vif par la charge du joueur.


Mais non pas des chevaux… où du moins pas des chevaux normaux. Dans les livres que tu avais lu, les chevaux n'avaient pas de grandes piques au bout du front. Froid comme la mort, tu fis une roulade pour esquiver la charge furieuse des animaux qui, emportés par leur élan te dépassèrent de plusieurs mètres ce qui te laissa largement le temps de retomber sur tes pieds.


-Ce garçon est un imbécile.

Ta remarque froide était dénuée de toute émotion et tu te fichais que le vent où une quelconque compétence porte tes paroles à l'oreille de ce joueur. Toute action se jugeait à l'aune de trois choses: ses intentions, sa réalisation et ses conséquences. Les intentions tu ne les connaissais pas et tu ne pouvais qu'espérer que te tuer n'en faisait pas partie. La réalisation devait être bonne car, si tu captais toujours des hennissements, tu ne doutais pas qu'il avait abattu quelques monstres.

Le temps que les monstres relancent une charge, ta compétence d'analyse t'avais donné toutes les informations dont tu avais besoin en commençant par les points faibles de ces équidés-lances. Tu te plaças discrètement devant un arbre.


Les deux monstres chargèrent. Tu attendis jusqu'à sentir la pointe des lances effleurer ton torse avant de te jeter sur le côté. Si un des équidé esquiva, la lance de l'autre s'enfonça profondément dans l'arbre. Tu te dépêchas de lui assener trois coups de dagues très rapides pour l'achever. Cela n'empêcha pas le cheval de t'asséner un coup de sabot avant d'éclater en une pluie de pixels. Grimaçant, tu activas ta compétence d'acrobatie afin de te percher sur une branche basse pour examiner les dégâts.

Aide à la modération:

Grâce aux mécanismes du jeu, j’avais parfaitement réussi mon mouvement et détruit un ennemi d’une seule blessure. Je savourai silencieusement mon coup critique avant de prendre à revers le dernier cheval attaqué. Moins d’une seconde après sa mort, je fus renversé par deux autres chevaux affolés par mon intrusion. Ils fuirent droit sur mon interlocuteur qui, comme à son habitude, avait l’air réjoui.

Riant gentiment, je coursai les autres monstres de la troupe sans être convaincu par ma réussite. Vifs et translucides, les bêtes n’avaient rien à envier à ma vélocité. J’abandonnai rapidement pour retourner près de la petite méduse.

Perchée sur un arbre pris d’assaut par un cheval, elle était inexpressive. La scène était si comique que je me mis à rire plus fort avant de bondir à mon tour sur une branche. Hilare, je m’approchai petit à petit du joueur en ignorant les hennissements du monstre persévérant.

« En fait, tu t’es frotté aux monstre de quels étages pour l’instant ? »

Je me demandais quel était son niveau.

Mais avant de pouvoir entendre la réponse, un autre groupe de trois Hommes-Lézards fit son apparition, interpellé par la détresse de l’Équidé. Je m’occupai rapidement de tout ce beau monde en laissant l’opportunité à Rienthal de les attaquer et de les finir comme il le voulait.

A part à l’aide d’une manette de jeux, je n’avais jamais fait autant de roulades pour augmenter mes chances d'esquiver des attaques et donner des coups. Si le système n’avait pas été si clément, ma tête rouge de blessures aurait rapidement tourné.

La zone dégagée, je réfléchis avant de me taper la joue et de prendre un air totalement blasé.

« … Je crois que j’ai zappé mon but premier. Et je commence à crever la dalle. Faut que je trouve des repères d’Oiseaux Géants avant la tombée de la nuit sinon j'arriverai pas à dormir… »

Comme pour confirmer mes propos, mon ventre s’exprima en gargouillant.

« Rienthal, t’as faim ? Mon invitation au resto tient toujours. »

Tout sourire, j’attendis sa réponse en espérant qu’elle soit positive.

Aide à la modération :

Tu commençais à te dire que la personne devant toi était aussi collante que le poulpe que tu avais vu plusieurs fois au kombini. Il s'accrochait à toi avec une persévérance peu commune et cela malgré toutes tes tentatives pour l'éloigner. Si tu n'avais pas été occupé à guetter les ruades de l'équidé en dessous de toi, tu aurais pu soupirer devant le sourire qui ne l'avait pas quitter.

Esquivant encore une fois la discussion, tu te laissas tomber sur le dos du monstre que tu achevas de deux coups de dague, te projetant à terre avant que la disparition de la créature ne puisse te faire tomber.

Tu ne pus t’empêcher de le chercher du regard avant de te rendre compte qu'il avait foncé sur un nouveau groupe de monstre. Est ce que toutes les créatures de l'étage avaient décidé de se donner rendez-vous ici?

Le fait qu'il te laisse de large ouvertures t'énervas un peu. Te croyait-il tellement faible que tu ne pouvais achever toi même un monstre? C'était une tactique idiote. Non seulement il se privait de récompenses potentiellement intéressantes mais il se mettait en danger... Pour ce que cela t'importait après tout...

Tu passas rapidement derrière l'hystérique pour achever les trois hommes lézards qu'il avait, tu devais le reconnaitre, bien entamé. tapotant la fenêtre des drops, tu écoutas d'une oreille distraite ses réflexions.

- Tu ne penses pas que tout les oiseaux ont fuit avec le bruit qu'on a fait?

Sa proposition de restaurant te fis malgré tout réfléchir. Est ce que si tu acceptais il allait te laisser tranquille? N'allait-il pas prendre cela pour une invitation? A cette pensée, un fragment de souvenir éclata dans ton cerveau, faisant remonter une discussion entendue quelques jours plus tôt qui parlait de grands nids au nord de la zone. Était-ce cela qu'il cherchait. Si oui il risquait fort de ne pas y trouver son compte réalisas-tu alors que ton cerveau faisait défiler la suite du souvenir.

Modération:

Encore une fois, il avait esquivé toutes mes questions pour me faire une remarque plutôt cohérente.

« T’as pas tort. On est aussi entouré d’arbres, peut-être que ça empêche les oiseaux de venir nous attaquer. Ils sont géants après tout. Hmm… Ils devraient avoir un coin à eux si on réfléchit comme ça… Le problème, c’est que personne n’a mis la carte de l’étage dans le carnet d’informations communes. Et je l’ai pas achetée. »

Grâce aux différentes couleurs et aux annotations, il serait possible de trouver les nids des Oiseaux Géants. Ce serait une première piste vers le monstre de ma quête. Cela dit, prendre de la hauteur et scruter les environs permettrait peut-être de les localiser. Cependant, j’avais déjà fait des pirouettes dans les airs, et je n’avais rien vu de tel.

Il fallait vraiment que j’investisse dans la compétence Vision Accrue ou… Peut-être Écoute… Et si j’avais eu Traque, j’aurais pu laisser les précédents Oiseaux en vie pour les poursuivre… Ou pas. Dans mes souvenirs, cela ne concernait que les empreintes de pas. Mes proies ayant la capacité de voler, cette compétence ne servirait finalement à rien.

Je cessai de regarder le sol pour me concentrer sur mon interlocuteur.

« T’as des infos toi ? »

Mais avant de pouvoir écouter sa réponse, mon ventre se mit à gargouiller de plus belle.

Rienthal :

Enfin il faisait une remarque cohérente, tu commençais à perdre espoir. Il commença à réfléchir à des stratégies pour trouver le coin où nichaient les oiseaux mais aucune ne semblait assez solide. Puis il évoqua une carte qui ne te disait rien. Les cartes étaient chères, généralement peu fiables et tu ne pouvais te permettre de dépenser tes quelques cols pour quelque chose d'aussi trivial qu'une carte. Tu repoussas fermement la pensée qui disais que tu ne feras de toute façon jamais confiance à une information que tu n'auras pas vérifié tout même.


C'est dangereux de faire confiance aux gens.

Tu ignoras tout simplement sa question au sujet des informations. Si tu en avais eu tu ne te serais jamais retrouvée dans ce jeu te souffla ton cerveau ce qui manqua de te tirer une grimace. Tu n'avais pas droit d'avoir des regrets. Tu n'avais pas le droit…

Alors que tu t'enfonçais de plus en plus loin dans tes souvenirs, le grognement du ventre d'Ari te tiras de cette transe qui précédait toujours tes crises. Tu secouas la tête et pour reprendre pied, tu ouvris quelques secondes la fenêtre de ton interface. L'heure t'indiqua que vous étiez en passe de sauter un repas ce qui ne risquait pas d'améliorer l'humeur de la personne en face de toi.


Je vais manger.

Tu ne lui proposas pas de t'accompagner. Si tu avais bien compris quel genre de garçon il était, il te suivra. Tu regagnas la ville pour manger en sécurité. Tu entras dans une auberge le temps de dépenser 20 cols pour acheter un repas. Tu ressortis et sautas sur un toit pour manger tranquillement.

Modération:

J’appréciais de plus en plus ma petite méduse noire en manque de style. Fidèle à son niveau de bavardage, elle avait lancé des phrases dignes de précéder un générique d’introduction de série. Elle me rappelait Horatio Caine : la phrase choc, les lunettes de soleil et le générique.

Avec mon petit sourire, je l’accompagnai dans sa recherche de repas. Cela ne m’étonna même pas de le voir sortir d’une auberge avec un petit sac en papier. Il ne devait pas connaître les restaurants, ou alors, il les évitait pour garder son argent. Après tout, la cuisine de qualité se payait à haut prix dans Sword Art Online. C’était ce pour quoi j’aimais inviter les gens au restaurant : ils ne pouvaient en être que très reconnaissants.

Ne pouvant pas transporter le Tétra’Ailes Tayaki, mets spécial de la région, du restaurant au toit, je décidai de faire le mouton et récupérai un plat transportable à l’auberge. J’en profitai pour acheter la carte de l’étage, que je plaçai dans le Carnet d’Informations Communes.

Le goût de mon achat n’était vraiment pas génial, mais au moins, je restais avec ma petite méduse noire. J’engageai un nouveau monologue sur le pouvoir de la bouffe, la cuisine et les aliments, avant de dévier sur la pollution de la réalité et l’impact écologique de la surconsommation. Je me demandai comment ça se passait là-bas en ce moment.

Nous finîmes notre repas sans nous presser, ce qui fût très agréable. J’aurais pensé que l’enfant mangerait très rapidement pour en finir avec mon blabla et retourner taper du monstre. Mais non. Étonnamment, il prit son temps.

Nous retournâmes ensuite dans la zone dangereuse et, dissimulant la carte aux yeux de Rienthal – qui semblait n’avoir confiance qu’en son propre matériel – je le guidai vers un endroit sans trop d’arbres mais avec des petites montagnes. J’étais persuadé que les oiseaux se regroupaient là-bas, dans cette zone favorable à leur grand taille.

Et je ne fus pas déçu. A peine nous étions sortis de la forêt que nous tombions sur un gros groupe de Tétra’Ailes, enfants et parents confondus. Nous pouvions voir leurs immenses nids au sommet des roches ou des quelques arbres. Mon sourire s’élargit et je criai « SHINY ! ».

La recherche de l’Oiseau de Légende pouvait commencer !

Aide à la modération :