Il y a 17 ans de cela, une petite fille au cheveux noir comme le jais et au nez retroussé voyait le jour dans un hôpital de Tokyo. C'est étrange comme le temps peut parfois passer à une vitesse folle ou s'écouler aussi lentement qu'un long fleuve tranquille sur lequel nous coulons des jours heureux. C'était un jour particulier pour Yoshiko, non pas parce que c'était son anniversaire, bien que cela joue une part importante, mais bien parce qu'elle était seule en ce jour si spécial pour elle. Isolée dans ce monde virtuel, elle n'avait personne avec qui partager la tarte qu'elle avait décidé de faire pour symboliser ce jour particulier. Elle était seule et resterait seule à jamais, c'était forcé.

J'étais arrivée à l'église depuis peu, je l'avais louée pour deux heures avec l'idée qu'il me faudrait du temps pour pouvoir préparer mon gâteau. Je n'avais pas cuisiner souvent, mais je savais au moins comment fonctionnait le système et je savais que si je voulais faire ma tarte, il me suffisait de mélanger les ingrédients de la pâte, de l'étaler correctement pour la cuire et lui donner sa bonne forme. J'ouvrais mon inventaire pour sortir mes ingrédients et les poser sur le plan de travail de la cuisine de l'église et j'ouvrais mon inventaire pour envoyer un message à Shun et Fuyu pour les inviter. J'avais de quoi faire de la tarte pour 6 personnes et c'était deux joueurs que j'appréciais beaucoup et avec qui j'aimais passer un peu temps, l'un était un ami que je connaissais depuis peu, mais qui était très gentil et Fuyu était ma chef de guilde et une fillette tout à fait adorable.

J'avais refusé de passer ma journée seule, même si ça aurait dû être le cas, parce que j'estimais avoir le droit de fêter mon anniversaire avec des amis plutôt que seule dans une auberge. Je trouvais ça chouette de pouvoir cuisiner alors préparer un gâteau ne devrait pas être trop complexe, d'autant que je pensais avoir le niveau nécessaire pour que ça se présente correctement. Je suivais les instructions qu'on m'avait donné en me louant la cuisine et mit le four à préchauffer tandis que je préparais ma pâte sablée. Je m'étais remémoré au mieux les différentes étapes de la préparation et mélangeais la farine avec les trois quart du sucre et n'en réservait qu'un peu pour la fin de ma préparation. Une fois mon mélange farine-sucre fait, j'ajoutais l'oeuf entier et fit fondre le beurre au bain-marie pour le rajouter par dessus et mélanger le tout à la main. Je me souvenais que Grand-mère m'avait indiqué que c'était très important que ce soit fait à la main parce que la pâte ressemblerait à du sable mouillé et qu'une cuillère en bois ne servirait à rien pour mélanger avec succès.

Je fis une boule toute ronde avec ma pâte et sortit un rouleau à pâtisserie pour l'étaler ainsi que le plat qui irait au four. J'étais toute excitée d'avoir un si beau rouleau et un si beau plat, ceux que nous avions à la maison étaient tout cabossés et usés à force d'avoir servi, et j'en pris grand soin parce qu'il ne m'appartenait pas vraiment, on ne faisait que me les prêter. Je passais donc le rouleau sur la pâte jusqu'à ce qu'elle ait le bon diamètre et la bonne épaisseur, un gâteau sans épaisseur n'est pas un bon gâteau, maman disait toujours : "Il faut que ça te cale bien l'estomac comme ça tu n'as plus faim après !". Je la posais dans le moule qui lui donnerait de jolies dentelures et la plaçais au four pour 10 minutes.

Une fois que les 10 minutes seraient pleines, je pourrais récupérer mon fond de tarte, le laisser refroidir, disposer la crème pâtissière et les fraises  coupée en deux, ou en lamelles, saupoudrer du reste du sucre mélanger au jus rendu par les fraises. Enfin, je pourrais la mettre au frais pendant une bonne heure et elle serait prête à être dégustée entre amis. J'avais déjà prévenu Shun et Fuyu que nous prendrions probablement ce petit goûter dans un coin de la ville, un petit parc calme où j'avais mes habitudes et que cela finirait en pique-nique.

J'étais un peu agitée et préparais ma crème pâtissière dans un petit bol et sortais mes fraises de mon inventaire pour les laver, même si c'était inutile dans ce monde. Je les lavais délicatement et coupait la queue pour les poser sur le plan de travail à côté de moi, de cette façon elles ne risquaient pas de rouler pour tomber par terre et se briser en millier de pixels. Enfin cette méthode prend un peu trop de temps et je suis certaine que si je les dépose correctement, elles ne rouleront.... pas !

- "Non non ne fais pas ça !!!  NON !!"

L'une des fraises roulait sur la table dans le sens inverse de ce qu'avait prévu la jeune alchimiste et fonçait droit vers le bord de la table. Elle avait le choix entre lâcher les deux fraises qu'elle avait en main ou perdre celle qui roulait vers le bord du plan de travail et ce malgré les suppliques de la jeune fille qui devaient être portées bien au delà des portes de l'église...

C'était encore une belle journée, une journée idéale pour une petite balade. Pas de monstres, pas de combats, juste un moment calme, sans danger ni adrénaline. Ce n'était pas qu'un jeu de combat, c'était également leur réalité. Et, comme là-bas, il y avait des moments de détente qui s'imposaient. Après mûre réflexion, la jeune joueuse avait choisi de se rendre au premier palier. C'était un décors qu'elle affectionnait -parmi tant d'autres-, et c'était une safe zone. Autrement dit, c'était l'endroit idéal pour couler une après-midi à ne rien faire de constructif. Peut-être s'arrêterait-elle dans une auberge pour déguster un bon repas dans la journée ? Cette idée lui plaisait, Ayura était une gourmande dans l'âme, quiconque la connaissait savait que l'on pouvait l'acheter avec de la bonne nourriture.

Marchant sans but réel aux alentours de la ville, un coin d'herbe attira son attention. Il était protégé par un arbre aux jolies couleurs, laissant un petit coin d'ombre en dessous. Inutile de réfléchir davantage, la joueuse s'y rendit en sautillant un peu, laissant transparaître sa bonne humeur. Une fois au pied de l'arbre, la jeune blonde leva la tête, cherchant à voir la cime. A côté, elle semblait vraiment toute petite, pensa-t-elle. Puis, elle s'y allongea, profitant de l'ombre offerte par l'immense décors feuillu. Les bras placés sous sa tête et le regard vers l'immensité, Ayura observait les quelques nuages blancs qui y flottaient. Ils n'étaient pas nombreux, et tranchaient avec le bleu vif du ciel. Aujourd'hui, il était difficile de définir les formes qu'ils prenaient. Parfois, ils ressemblaient à des animaux inexistants, des hybrides de chèvres et de dinosaures, par exemple. Oui, il fallait le dire... Ayura avait une imagination très fertile.

Après un moment passé à se prélasser à l'ombre de cet arbre, la jeune fille se releva, sentant son ventre grogner un peu. Certes, elle savait que c'était une réaction due à de nombreux calculs, que c'était une simple illusion, mais ça n'en restait pas moins une sensation de faim. Et toute faim méritait d'être comblée. Alors, elle se rapprocha de la ville de départ, cherchant une auberge dans laquelle déjeuner. Mais alors que son esprit vagabondait de plats en sauces en plats divers, quelque chose attira son attention. Un cri. Un cri qui l'avait faite sursauter. Quelqu'un était en danger, ou se faisait agresser... Ce qui était étonnant dans une safe zone, quoi que tout de même possible. S'il y avait bien quelque chose qu'Ayura détestait, c'était qu'on s'en prenne aux autres. Alors, fermement décidée à botter les fesses de l'agresseur de jeune fille, la joueuse s'empressa de se rendre vers l'origine du cri.

D'un pas décidé, impossible à détourner, la joueuse arriva face à un bâtiment. Une église. Non mais qui irait agresser quelqu'un dans une église ? Il n'y avait vraiment plus aucun respect ! Peut-être était-ce justement parce que c'était un lieu de culte ? Les conflits entre les religions ne dataient pas d'hier, et étaient loin d'avoir disparus.
Avec prudence, Ayura pénétra dans ledit bâtiment, et chercha les protagonistes du regard. Mais il n'y avait personne. Alors, elle continua sa marche, et ouvrit une porte, puis une autre et tomba enfin sur quelqu'un. Une fille. Seule. Pas de bagarre à l'horizon si ce n'est... Des déboires avec des fruits sauvages, visiblement trop vifs pour se laisser couper en morceaux. C'était ce genre de quiproquos que l'on retrouvait facilement dans les pièces de théâtres et autres films humoristiques, pensa-t-elle. Qu'allait-elle faire ? Attaquer la vilaine fraise pour avoir tourmenté la jeune cuisinière ? Attaquer la cuisinière en imaginant que ce soit la fraise qui ait crié ? Ridicule.

Euh... Bonjour... Je peux... Je peux t'aider ? Je t'ai entendu crier...

Ayura était détendue, rien de grave se profilait, alors, elle offrit un joli sourire à la jeune cuisinière, lui proposant son aide. Tant pis pour son pauvre estomac, il attendrait, cette fille semblait avoir besoin d'un peu d'aide, et la petite joueuse n'avait rien à faire d'urgent dans l'immédiat.

Heureusement, il n'était pas là. Enfin il était là, mais tel que j'avais espéré le voir. Je l'avais un peu cherché sur le marbre, mais un nom aussi long aurait été difficile à ne pas remarquer. J'avais confiance en lui, pas besoin de raisons tangibles énoncées pour cela - c'était d'ailleurs là tout ce qu'il m'avait inculqué. 'La confiance n'a pas besoin d'être dite, elle s'observe et se devine', en gros. Mon chef de guilde avait disparu, il avait quitté ses fonctions et par la même occasion son quartier général. Mais il n'était pas mort. Son pseudo était toujours là, en surbrillance blanche sur le mémorial.
Je laissai un long soupir de soulagement dépasser mes lèvres, mais réprimai un potentiel sourire qui aurait pu suivre. Si j'avais confiance, pourquoi avoir besoin de voir de mes propres yeux qu'il était en vie? Pourquoi ne pas le vérifier depuis ma liste de contacts? Parce que... Je crois que j'ai eu besoin de mettre le doigt sur la preuve la plus véridique et incontestable de toutes. Et pour cela, retour aux sources.

Il était le seul nom que j'aurais pu redouter voir barré. Alors une fois rassuré, je faisais volte-face pour rejoindre le portail de téléportation de la Ville de Départ, les mains dans les poches de mon manteau sombre. Les questions ne s'étaient jamais bousculées dans ma tête à ce moment-là; je me contentai d'être un légionnaire fidèle et docile qui exécutait les ordres de sa supérieure. C'était là le seul soutien que j'avais pu apporter à celle qui avait du endosser un rôle plus conséquent.
Alors que je gardai la tête assez basse une fois en ville, je n'avais pas pu m'empêcher de me destiner une remarque des plus amères. Je dois l'admettre: je prétends ne plus regarder en arrière et pourtant je me retourne à chaque fois. Le premier jour, j'ai fui cette ville en me faisant la promesse de ne plus y revenir; et au final je ne compte plus mes allers et venues ici. J'ai beau grimper les paliers parmi les premiers, cherchant à aller toujours plus haut, voilà qu'un motif finit toujours par me ramener au commencement de ce monde. Je vais finir par connaître la moindre bâtisse dans ses détails. Sans même mentionner la phase de beta-test qui m'a conduit ici quelques fois, après être mort quelques fois. C'était encore lorsque nous pouvions mourir et renaître, c'était là la fonction des Églises. Maintenant leur existence est toute autre, voire même un peu obsolète.

Je passai d'ailleurs tout près de celle de la Ville de Départ pour appuyer mes pensées à son sujet, peut-être était-ce une pointe de curiosité quant à son devenir qui m'avait amené ici. Etait-elle sous le contrôle de fanatiques aguerris qui cherchaient à conserver, à entretenir - ou retrouver - la foi? Etait-elle détenue par des PNJ qui prêchaient la bonne parole ou de missionnaires qui voulaient étendre son expansion? Nous n'avions pas besoin du pouvoir du clergé; Sword Art Online n'était pas l'affaire de religions. De toute évidence, nous étions bien trop de sceptiques pour le permettre. Notre 'Dieu' en ce monde, personne n'aurait voulu le vénérer; et si quelqu'un avait cherché à prendre le contre-pied, on l'aurait traité de complice et brûlé sur le bucher.
Une métaphore, évidemment.

Pourtant, c'était à croire que mes craintes avaient des raisons d'être confirmées... Je m'éloignai déjà du bâtiment lorsqu'une voix retentit depuis l'intérieur. Quelqu'un - une fille à n'en pas douter - venait de hurler. Sursautant, je m'étais retourné aussi vite que possible en cherchant la trace de potentiels responsables. Ce pouvait être une embuscade, c'était là un coup tordu classique: quelqu'un crie au loup pour attirer les joueurs dans le piège, et les infiltrés arrivent par derrière pour transformer le lieu en scène de crime. Mais rien de tel, cette fois; seuls quelques joueurs et habitants du système avaient tourné les yeux vers l'église d'un air interrogateur, certains formulant les questions à voix haute. Personne n'avait semblé vouloir s'aventurer à connaître la raison de ce cri.
Et puis il y avait moi.
Si ce n'était pas un leurre, alors quelqu'un était peut-être vraiment en danger. Nous étions peut-être en Safe Zone, le racket n'était pas purement fictif. J'entrai en trombes par les lourdes portes en bois: celles-ci résonnèrent dans un écho puissant. Le manche de mon épée était retenu par ma main, mes dents crispées, j'attendais une raison valable pour la dégainer. Et au milieu de la pierre froide et des vitraux filtrant la lumière du soleil pour iriser l'endroit se tenaient non pas une, mais deux silhouettes. Je connaissais l'une d'elles et elle n'était pas l'auteur de ce hurlement. Non, c'était l'autre: une fille à peine plus grande, debout devant une table, un petit bol de fraises et une pâte à tarte lui servant de remparts. Ayura, déjà sur place, semblait ne pas comprendre plus que moi.

- "Euh.. Est-ce que tout va bien?"

Au dernier instant, Yoshiko avait réussi à rattraper la fraise, n'ayant qu'à peine écouter la demoiselle qui était entrée lui proposer son aide, elle s'était jetée par dessus la table pour agripper le fruit qui roulait imperceptiblement vers le bord de la table. Un profond soulagement se lu sur le visage de la jeune fille alors qu'un inconnu entrait également dans l'église, suivant la première de près.

Ma fraise à la main, je la brandis vers le ciel avec une mine réjouie : "Gotcha !! " J'étais plutôt fière de mon coup et revins rapidement à la réalité pour constater que deux personnes étaient entrée dans la cuisine pour m'aider probablement. Je posais mes fraises le temps de réaliser que j'avais dérangé deux inconnus dans leur journée et une honte indescriptible m'envahit à une rapidité folle alors que je baragouinais des excuses en m'inclinant plusieurs fois, me cognant contre le bord du plan de travail par la même occasion. L'hexagone violet apparu au dessus de ma tête alors que je posais la main sur ma "blessure", la frottant doucement, une expression curieuse sur le visage. Il était vrai qu'après avoir compris qu'on ne ressentait pas à la douleur ici, j'avais cessé de faire attention à toutes mes maladresses de Safe Zone.

- "Aïe...? Oh pardon je suis confuse, j'ai dû vous inquiéter, je suis vraiment navrée, mais tout va bien ! Je ne fais que me battre avec mes fraises, l'une d'elle allait tomber par terre et je n'aime pas le gaspillage alors... Je suis sincèrement navrée."

Je m'inclinais une nouvelle fois, prenant garde à ce que le plan de travail et mon front ne se jette pas l'un sur l'autre dans un élan passionné avant de me redresser pour me permettre un instant de curiosité. Des deux arrivants, il y avait une demoiselle au cheveux d'un blond de blé magnifique et aux grand yeux bleus, elle avait proposé de m'aider, mais je ne savais pas exactement s'il serait poli de ma part d'accepter son aide, je n'avais pas encore manger et je commençais à sentir mon ventre gronder, d'autant qu'un délicat parfum de pâtisserie flottait dans l'air... L'autre inconnu était un garçon qui semblait avoir choisis de rester le plus naturel possible avec sa dégaine de gamer et ses cheveux foncés. Ses yeux semblaient exprimer la surprise, mais je ne savais pas pourquoi.

- "Oh pardonnez-moi, j'en perds mes bonnes manières, je me nommes Sora. Et je... si votre offre d'aide tient toujours je ne suis pas contre, je n'ai pas encore finis ma tarte et je n'ai pas encore mang... préparer le repas. "

Encore un peu dans le brouillard de ce qu'il venait de se passer, je replaçais mes fraises dans leur bol, n'ayant pas encore tout coupé et reculer un peu mon fond de tarte qui refroidissait toujours. J'ouvris mon inventaire, songeant qu'il était préférable que je lance la cuisson de mon plat pendant que la pâte reposait et y vit que j'avais le choix entre du lapin et du sanglier. Clignant des yeux, je levais le nez vers mes deux sauveurs et ouvrit la bouche, rougissant légèrement.

- "Je... Vous avez déjà mangé ? Je... J'ai de la viande de sanglier ou du lapin si vous... enfin si ça vous intéresse bien sûr ! Je ne voudrais pas vous retarder..."

J'agitais nerveusement les doigts, j'avais pensé préparer du lapin rôti avec des petits légumes que je paierais à l'église, mais à bien y réfléchir, un sanglier serait bien meilleur et si nous étions trois à le déguster...

C'était une situation assez drôle, et la maladresse de cette fille ne faisait qu'empirer. C'était sans aucun doute parce qu'elle était surprise et gênée de notre présence : elle avait crié si fort qu'elle avait inquiété des passants. Si Ayura n'avait pas eu peur de la blesser -ou de la vexer, elle aurait sans doute un peu ri. Mais elles ne se connaissaient pas, et la petite joueuse savait que certaines personnes avaient un degré de sensibilité assez élevé. Mieux valait ne pas se la mettre à dos, elle avait l'air toute gentille, cela aurait été dommage.

Ayura allait parler et lui répondre, mais un bruit de porte se fit entendre, et elle put voir une ombre s'approcher. Finalement, à la lumière des vitraux, ce n'était plus une ombre, mais Kirito qui se trouvait là. Le ninja était apparu. Décidément, c'était à croire qu'il était omniscient, car il était vraiment partout. Ce n'était pas la première fois qu'ils se croisaient par hasard, ou, qu'ils se trouvaient dans une zone proche. Lui aussi avait dû entendre ce cri inquiétant, et ça ne l'étonnait pas qu'il soit venu voir ce qui se tramait ici. Le ninja noir avait le sens de la justice et de la protection des opprimés. C'était... Le Robin des bois japonnais, sans flèches et sans vol de magot à redistribuer aux pauvres.

-Je comprends, en plus, les fraises sont assez rares, ce serait dommage d'en perdre une !

En réalité, Ayura ignorait totalement si les fraises étaient rares, pour elle, c'était le cas, car elle n'en avait pas mangé depuis son entrée dans le jeu, autant dire que ça faisait un bout de temps. Après avoir répondu à la jeune demoiselle tourmentée par ces fruits indisciplinés, la porteuse de rapière se tourna vers son ami pour lui sourire. C'était un 'bonjour' implicite qu'elle lui lançait, lui montrant ainsi qu'elle était heureuse de le voir.
La question de la jeune fille en face la tira de ses rêveries, et elle entendit son ventre grogner à l'évocation de plats aussi goûteux. Un peu timide, Ayura n'osa pas répondre immédiatement, posant ses mains sur son ventre dans l'espoir de faire taire ses cris qui semblaient vouloir répondre à sa place à la question.

-Non... Je n'ai pas encore mangé... Si ça ne te dérange pas, j'aimerais bien me joindre à toi, oui !

Rencontrer de nouvelles tête autour d'un bon repas, il n'y avait rien de mieux, pensa-t-elle en s'approchant du plan de travail.

-Tu te joins à nous, Kirito ?

La jeune joueuse se retourna de nouveau, et sourit à la jeune cuisinière avant de lui donner son pseudo, histoire de commencer à faire connaissance.

- Je vois...

Cette fille était bizarre - bon, Ayura l'était aussi. Mais elle était vraiment, vraiment bizarre. Juste à côté d'elle, suite au 'boom' sourd de sa tête contre la table, < Immortal Object > venait de disparaître de mon champ de vision. Son cri ne ressemblait pas du tout à des supplications lancées à des fraises, mais bien à un appel à l'aide. Etait-ce vraiment elle qui avait crié? Aucun doute possible; le cri venait bien de cette église, et j'avais reconnu sa voix maintenant qu'elle parlait. Etait-ce vraiment ce qui s'était passé, ou cherchait-elle à détourner cette situation de faiblesse à son avantage en prétextant que rien ne s'était produit. Non plus, elle semblait timide et mal à l'aise, mais sincère. Alors qui pouvait mettre autant de coeur dans un travail de pâtisserie? Non pas que tout ce qui attrait à la nourriture ne soit pas important, loin de là...

D'ailleurs, après ces quelques instants passés dans la pièce, je commençais à réaliser une chose fondamentale et combien ce qu'elle avançait était vrai. Rien n'était encore cuit, pourtant une odeur sucrée émanait de sa confection interrompue. Je n'avais eu que très peu d'occasions de manger quelque chose fait maison dans l'Aincrad, et tout ce qui s'attelait à la [Cuisine] demeurait un grand mystère en beaucoup de points. Comment refuser cette proposition...? Si je n'avais pas déjà eu faim, le prétexte aurait été tout trouvé. Cherchant à ne pas montrer qu'intérieurement je salivais autant que possible, j'avais du laisser paraître une expression bien plus ennuyée. Plus hésitante.

Et le ventre d'Ayura venait de s'exclamer pour elle et moi à la fois. Merci Ayura. Je lui rendais son regard puis hochai une fois la tête en guise de salutation avant de m'avancer vers le coeur de la pièce. Ah, et lâché cette épée à laquelle je n'allais pas avoir recours. Aucun danger imminent, si ce n'était une autre fraise prête à faire le grand plongeon de la table à la pierre du dallage. Que faisait-elle ici d'ailleurs? Elle qui voulait progresser et devenir forte, elle devait bien savoir que le Palier 1 n'était pas le lieu idéal pour s'entraîner. Une pause, peut-être? Elle la méritait bien; je devinais qu'elle s'entraînait dur. Regardant la pièce faisant office de cuisine dans l'église, cachée depuis l'entrée aux larges portes, je faisais taire ces instants de doute suite à la seconde proposition reçue: celle de la petite débutante. Comment refuser?

- Cette demoiselle a parlé pour deux. Merci de l'invitation Sora.

Un doigt tendu vers la petite blonde désignée par ma remarques, les présentations étaient maintenant faites et je les concluais par un sourire aussi amical que possible à notre cuisinière du jour. C'était rare que ce soit par un intermédiaire, mais de toute façon je n'aurais eu aucune raison de cacher mon identité ici. Et entre nous, cette joueuse n'avait rien de menaçant. Etudiant avec attention sa proposition, je faisais la moue, embêté de devoir choisir entre un premier met alléchant, et un deuxième alléchant.

- Je n'ai pas mangé de lapin depuis une éternité, mais... C'est toi le chef. Ce n'est pas au chef de déterminer le menu?

Confirmant ma parole par un mouvement de main lent, je prenais place autour du comptoir. Cette jeune femme avait quelque chose de... Je ne sais pas comment l'expliquer. Mais malgré son air évidemment timide - rien de taciturne ou de bourru comme je pouvais l'être - elle avait un aspect indéniablement naturel. Le contact était simple avec elle. J'en déduisais sans mal qu'elle avait des amis ici; mais alors pourquoi personne n'était là, avec elle, à partager un bon repas?

- Si tu as besoin d'une participation financière, j'ai de quoi payer pour deux.

J'avais du le dire d'un naturel assez déconcertant, moi aussi. Pourtant mon navigateur était déjà affiché devant moi, cherchant dans mon inventaire ce que je pourrais mettre à contribution sans trop de succès.

Les deux personnes qui se présentaient à elle semblaient être de bonne foi et la jeune alchimiste eut un petit sourire pour eux deux, les invitant à s'asseoir sur le bar pendant qu'elle sortait les deux viande de lapin et une viande de sanglier, un peu plus grosse et ayant l'air particulièrement savoureuse.

- "Et bien si tu me laisses choisir, je vais préparer les deux, comme ça je serais sûre qu'il y aura assez et celui qui veut goûter les deux pourra goûter les deux !"

Je m'agitais en cuisine, pris des carottes et des pommes de terre dans les réserves de l'église et le système fit intervenir un PNJ à qui je réglais rapidement les cols dû et reportais mon attention sur Kirito qui me proposait gentiment de partager les frais et je secouais la tête avec un sourire. J'avais déjà abusé de leur temps en les effrayant de manière inutile, je n'allais pas en plus leur faire payer le repas que je leur proposais, ça n'aurait pas été correct. Cependant l'aide proposée par Ayura, puisqu'elle s'était présentée ainsi que son camarade, me revint en mémoire et je poussais les fraises, la crème et la tarte vers elle avec un immense sourire.

- "Il ne me reste que 3 ou 4 fraises à couper en deux, puis il suffit de placer la crème sur la tarte et les demi-fraises par dessus la crème si tu veux bien !"

J'attrapais, moi, les pommes de terre et les carottes que je me mis à éplucher avant de changer d'avis et de prendre les trois morceaux de viande qui aurait fait saliver n'importe qui pour les couper en petit morceaux, veillant à bien séparer le sanglier du lapin pour éviter tout problème de mélange incongru non désiré, un bruit attira mon oreille. Je tournais la tête vers la cuisine, pensant que la PNJ était peut-être revenue, mais ce n'était pas le cas, aussi, je me remis à éplucher mes légumes avec minutie. Un second bruit me fit relever la tête et je fus surprise de voir enfin d'où il provenait. Il y avait un petit oiseau sur le rebord d'une fenêtre qui ne semblait pas effrayé par notre présence, un sourire et une lueur malicieuse firent pétiller mon visage avant que je ne me tourne vers mes compagnons, pointant l'oiseau du doigt.

- "Qui est la princesse disney ?"

Je ne pu retenir un petit rire que je tentais malgré tout de réprimer, je devais rester un peu sérieuse, d'autant que le garçon taciturne n'avait rien d'une princesse. La demoiselle par contre était aussi belle et avait des yeux d'une innocence et d'une couleur qui rappelait la princesse Aurore, bien qu'elle semblait avoir plus de caractère.

- "Je suis désolée, je suis excitée comme une puce, c'est mon anniversaire !"

Je lançais cela comme une excuse à mon éclat de rire et ma blague un peu nulle et me remit à la tâche, sifflotant avec bonne humeur.

La jeune cuisinière semblait très heureuse de voir du monde autour d'elle, et décida même de cuisiner les deux plats, pour les partager avec un maximum de personnes. C'était une personne comme on en trouvait rarement, pensa-t-elle. Généreuse, gentille, un peu maladroite, mais ça faisait son charme. Sora semblait être une bonne vivante, conviviale, tout à fait le genre de personne qu'elle n'avait jamais côtoyé dans le monde réel. Une personne naturelle et entière, toujours souriante.

-Tu es sûre de vouloir faire les deux ? Ca va te prendre un temps fou !

Heureusement, Ayura n'allait pas rester sans rien faire, la cuisinière lui avait confié une mission. Couper les quelques dernières fraises, étaler la crème et placer les fraises. Excitée, l'adolescente s'exécuta. C'était la première fois qu'elle cuisinait dans ce jeu... Et peut-être même de toute sa vie. Ayant des cuisiniers de luxe à son service, qui ne la laisseraient pour rien au monde toucher un couteau de peur qu'elle se blesse et que la faute retombe sur eux, Ayura n'avait jamais eu la chance de mettre la main à la pâte.

-Je ne risque pas de rater, hein ?

Sans une grande confiance en elle, Ayura découpa les fraises, délicatement, les sourcils froncés et l'air concentré. Ce n'était pas grand chose qu'on lui demandait, mais pour elle, c'était une véritable mission. Quand la première étape fut terminée, la jeune fille attrapa la crème et cliqua sur "étaler". Il y avait effectivement peu de chances de se tromper. Enfin, d'une main presque tremblante, l'adolescente plaça les morceaux de fraises.

-Et voilà !

De son côté, Sora s'était également activée, avant de s'approcher d'un petit oiseau, le pointant du doigt comme l'aurait fait une petite fille désignant quelque chose de merveilleux à sa mère. Réfléchissant quelques instants, Ayura répondit. Répondre à ce genre de question était amusant, parfois, avec son meilleur ami, ils s'étaient amusés à se poser des questions de culture générale, sur n'importe quoi, et celui qui avait un maximum de bonnes réponses gagnait le dessert de l'autre.

-Cendrillon ! Ou... Ou Blanche Neige !

Un grand sourire aux lèvres, Ayura sautillait sur place, espérant avoir trouvé la bonne réponse. L'oiseau était vraiment tout mignon, les détails étant si bien faits qu'on aurait pu le prendre pour un vrai. La précision des détails impressionnait toujours la jeune fille qui observait tout autour d'elle, chose qu'elle n'avait pas eu l'occasion de faire dans le monde réel.  

-Oh vraiment ? Mince, je n'ai pas de présent pour toi... Mais je te ferais un cadeau, c'est promis !

Je baissai la main lentement, les lèvres encore légèrement entrouvertes de surprise. Il était né en moi cette sensation étrange de ne rien contrôler de la situation si bien que je ne savais plus quoi penser. J'étais arrivé ici suite à un appel à l'aide pour me retrouver face à une cuisinière en détresse et une connaissance qui n'avait visiblement pas mieux saisi le contexte que moi. Cette cuisinière en venait à oeuvrer pour nous par la même occasion alors que nous n'avions rien demandé, et rien fait pour elle. Et en plus du reste, participer au repas à ma façon avait été décliné; pire, elle nous préparait plus que nous n'aurions pu le désirer encore. Cette fille... Elle était gentille - non, elle était plus que cela. Gentille et généreuse. Pour beaucoup c'était indéniablement touchant, pour les autres... Elle pourrait un jour s'attirer des ennuis de cette façon. Quelqu'un pourrait abuser de ces qualités de la pire façon qui soit. Je l'observai en silence.

Ayura s'était proposée, et je regardai maintenant ses mains hésitantes saisir un couteau. Sans même m'en rendre compte, ses gestes m'avaient fait froncer les sourcils et j'en étais venu à m'égarer dans mes pensées, prêtant attention aux deux filles réunies de manière distraite seulement. A croire que beaucoup de filles ici avaient choisi le skill [Cuisine], ou bien la plus jeune des deux présentes ne le possédait pas et il était possible de cuisiner une recette simple et élémentaire pour n'importe qui. Je l'ignorais - et je n'en avais jamais fait l'expérience.
Je n'avais pas saisi leur référence quand cet oiseau était apparu. Au lieu de cela, je m'étais contenté de le dévisager bêtement; sans doute un truc de filles dont j'étais à des kilomètres... C'était cependant l'une des première fois que j'en voyais un s'approcher d'aussi près des joueurs au lieu de jouer sagement son rôle d'élément du décor. Pour certains ce monde n'a pas d'âme, et son Créateur encore moins; n'était-ce pourtant pas là la preuve irréfutable qu'il était quelque part vivant? Je souriais d'un air pensif tout en me détournant de la petite créature pour reporter mon attention sur la jolie joueuse aux cheveux rouges.

- Et moi je vais commencer par te souhaiter un bon anniversaire.

Je commençai pourtant à réfléchir à un cadeau moi aussi: c'était son anniversaire mais elle était seule et elle nous invitait. Pendant qu'elle confectionnait son propre gâteau. Une nouvelle qui avait décontenancé celle dont je croisais souvent le chemin ces derniers temps. Elle en avait oublié les fondamentaux. 'Joyeux anniversaire.' La fierté d'avoir placé ses fraises correctement sur la tarte, sans doute? Je tentai au maximum de masquer un sourire attendri face à ce visage enfantin et ravi: on aurait dit une petite fille.

- Je pourrais peut-être aussi vous aider à ma manière. Mettre la table par exemple, si tu sais où est rangée la vaisselle ici?

Je venais de déséquiper mon manteau pour garder en intérieur quelque chose de plus confortable, désormais prêt à agir suite à ma demande. Il y avait moins d'un mois j'étais tombé une première fois sur une fille irritante que j'avais revu quelques fois depuis; comment aurais-je pu deviner que je me serais retrouvé à partager un goûter avec elle? Et avec une autre personne que je venais de rencontrer - qui m'avait fait une bien meilleure première impression - ? Il était certain que je ne risquais pas de pouvoir un jour oublier cette journée passée ici... Les voir toutes les deux ainsi, s'enchantant d'un rien et souriantes, m'avaient fatalement mis d'humeur joviale. Ce qui était certain, c'était que n'importe qui sur l'Aincrad aurait donné n'importe quoi pour se trouver à ma place.

Première relance pour le suivant...

Staff:

Laissant Ayura s'occuper de la tarte et préparant elle-même un semblant de repas, qui n'aurait rien d'extraordinaire au vu de son niveau, Yoshiko avait beaucoup rit à la réaction de la jeune joueuse qui avait cité deux princesses de conte. Elle prit une mine pensive et décida de lui accorder le point avec un clin d'oeil avant d'entendre les mots du jeune garçon. Rosissant de plaisir, elle chassa la gêne en secouant la main et le remercia chaleureusement avant de se remettre à son ouvrage.

- "Euh mouiiiii je pense que les assiettes sont dans cette armoire là, en hauteur, moi je ne l'atteint pas sans monter sur une chaise... Et les couverts sont normalement dans le tiroir du bas si j'ai bien tout suivis ! Après, pour ce qui est de la tarte, j'ai donné rendez-vous à des amis pour une sorte de pique-nique près d'un petit étang dans la ville, c'est un endroit très sympa ! Et mes amis aussi sont sympa, ne vous inquiétez pas, je suis sûre qu'on va bien s'amuser tous ensemble !"

Ils étaient bien obligés de venir partager un morceau de tarte avec nous, plus on était de fous et plus on riait ! Et de toute façon, j'avais suffisamment de tarte pour pouvoir faire plaisir à quelqu'un alors autant le faire tant que c'était possible. Concentrée sur ma viande que j'avais mis à rôtir sur une broche, je reprenais mes légumes que j'allais simplement couper en morceaux et cuire au four avec un peu de sel. Il n'y avait sans doute rien de plus simpliste, mais je n'avais pas encore suffisamment de points de compétence pour pouvoir faire un plat mijoté où même un jus de viande pour accompagner le plat. Je préférais quand même prévenir mes invités que je n'étais pas très sûre de moi pour ce qui était du repas, normalement tout devrait aller, mais tout de même, j'étais un peu inquiète. J'espérais qu'ils ne m'en voudraient pas trop pour la simplicité, mais ils avaient l'air très gentil tous les deux. Seulement, j'avais envie d'apprendre à les connaître un peu plus, savoir à qui j'avais affaire dans l'immédiat.

- "Hem, sans indiscrétions aucune, vous faites quoi au premier étage ? Vous êtes de quelle classe ?"

Je savais bien qu'il ne fallait pas juger à l'apparence, mais j'avais l'impression qu'ils étaient tout deux plus jeunes que moi et je me demandais s'ils étaient resté dans la ville de départ par crainte ou s'ils avaient déjà voyagé entre les différents étages débloqués jusqu'ici. Moi-même je ne devais pas avoir l'air bien costaude avec ma carrure de mouchette à fruit, mais si j'avais été au niveau 30 par exemple, j'aurais sans doute pu être très forte. Enfin à condition de m'être axée sur le combat, parce que là, j'avais beau avoir un joli niveau, j'étais loin de pouvoir rivaliser avec un combattant du même niveau que moi, j'en avais conscience.

Compétences:

Ayura avait aidé comme elle avait pu pour la préparation de la tarte, une activité dont elle n'avait jamais eu l'habitude, ni dans ce monde ni dans l'autre. C'étaient le personnel qui s'occupait de la cuisine, pas la jeune mademoiselle. Cette activité l'avait beaucoup amusée d'ailleurs. Cuisiner lui plaisait. D'ailleurs, quand elle aurait monté ses stats de combats, la cuisine serait sans doute l'activité suivante. Et ensuite ? Pourquoi pas le dessin ou la musique ? La jeune épéiste était pianiste, non pas de métier, mais c'était un passe-temps qu'elle affectionnait beaucoup. Y avait-il des pianos dans Sword Art Online ?

- Tu es sûre qu'on dérangera pas, hein ? Je ne voudrais pas m'inviter non plus...

La jeune fille avait souri à la cuisinière encore en plein travail. Ses gestes maladroits du début avaient laissés place à de la précision. Cette fille savait ce qu'elle faisait, c'était évident. Et l'odeur que dégageait déjà le repas ne trompait pas. Ca allait être délicieux. A sa question, Ayura avait réfléchi un instant. Kirito ne semblait pas être du genre à traîner à cet étage. C'était un épéiste pur et dur, un combattant de tous les jours qui ne pensait qu'à s'entraîner, ou du moins la plupart du temps. Alors que venait faire un tel spécimen dans un endroit pareil ?

- Aujourd'hui était une journée calme pour moi, je suis venue me balader un peu. Ca faisait longtemps que je n'avais pas vu le premier étage. Et puis, une journée de repos ne fait pas de mal de temps en temps ! Je suis de classe combattante, et toi ?

Son regard se porta sur la nourriture en train de cuire. Comme si son ventre pouvait voir, il grogna un peu, comme un appel pour être rempli. Pourtant, il faudrait encore attendre, il semblait que le tout ne soit pas encore prêt. De la patience, bientôt, elle goûterai à tous ces bons petits plats qui lui faisaient de l'oeil.

- C'est plutôt rare de voir des rassemblements comme ceux-là... C'est pour une occasion spéciale ?

Cela pouvait tout à fait être un pique nique entre amis, ou une fête organisée. S'il s'agissait de la première proposition, alors tout irait bien dans le meilleur des mondes, mais s'il s'agissait de la deuxième... Pouvaient-ils vraiment y être conviés ? Ils l'avaient aidée dans la préparation du plat certes, mais ils restaient tout de même de parfaits inconnus... Cependant, si cette fille acceptait tout de même, Ayura irait. L'appel du ventre était plus fort que tout.

M'exécutant instantanément, je m'approchai du grand vaisselier de la pièce pour récupérer ce dont nous pourrions avoir besoin pour le repas. Machinalement et en suivant les directives de la cuisinière improvisée du jour, je sortais de quoi dresser un couvert pour trois personnes. Oui, sauf que nous ne serions peut-être pas trois seulement, ou alors il resterait bien trop de nourriture. Difficile d'imaginer que ces deux jeunes filles fluettes puissent avoir un appétit comme le mien, et je doutais moi-même de parvenir à bout de ce festin. Si Sora nous avait averti que le résultat qui sortirait de cette préparation pourrait ne pas être à la hauteur de nos attentes, les risques pour moi étaient plus que très faibles. Depuis combien de temps je n'avais pas senti une odeur de cuisine maison de si près? Dans ce monde, elles se comptaient sur les doigts d'une main, c'est certain. Alors le simple fait de pouvoir y goûter, encore une fois... Peut-être que si je confiais à ces doigts de fée les légumes que j'avais obtenus et que je ne savais pas et que je ne pouvais pas préparer, il en résulterait quelque chose de... Magique. J'en salivai d'avance. Avec une viande appropriée et savoureuse...
Je ne savais pas trop pourquoi j'y pensais à ce moment-là, lorsque j'en pris conscience, assiettes en mains. Mais je me surpris à remarquer que j'aurais aimé les partager avec elles comme ce repas qui n'attendait que nous. Hésitant à sortir d'autres plats sans oser demander, je me contentais de rouler des yeux entre les deux visages, écoutant la réponse qu'Ayura venait de fournir. Quelle était la question, déjà... Ah oui, la raison de notre venue. Ahem. J'avalai ma salive et un goût agréable glissa dans ma gorge, causé par l'odeur qui envahissait la pièce. Je préférais ne pas en parler, c'était bien trop embarrassant. 'Parce que je voulais m'assurer que mon chef de guilde disparu n'est pas mort, et au passage pour voir ce qu'il advient de cette ville après tous ces incidents.' Non définitivement, je ne le sentais pas.

- Je suis aussi combattant.

Je réfléchissais aussi vite que possible à un mensonge à inventer sur l'instant, et j'aurais eu l'embarras du choix. Mais quelque chose me poussait à adopter le comportement inverse. C'était mal de mentir à des gens si attentionnés... Egoïstement, j'ai pensé une milliseconde que si quelqu'un devait abuser de cette gentillesse, ça ne devrait pas être moi. Mais si elle pouvait tout simplement s'en préserver...
Je regardai les assiettes que je venais de déposer sur la table et me tournai vers Sora.

- Est-ce qu'il faut que j'en sorte d'autres?

J'espérais secrètement qu'il y aurait peu de monde pour nous rejoindre - s'il devait y avoir du monde - car désormais difficile de me défiler. Et c'était aussi la dernière chose que j'avais envie de faire. Avec une telle aimabilité apparente, Sora devait pourtant s'être fait des amis ici, et il était peu probable qu'elle se mette à cuisiner de manière si élaborée et en de telles quantités juste pour de l'expérimentation pure et dure. Surtout si c'était son anniversaire... Un repas d'anniversaire, voilà qui faisait sens. Discrètement, je tournai les yeux en direction de l'entrée de la pièce, comme si je voulais être prêt à réagir si jamais quelqu'un décidait de nous rejoindre, invité ou attiré comme nous par du bruit - ou désormais, particulièrement alléchante même pour les bouches les plus difficiles.

S'affairant à cuisiner, Sora se mit à chantonner et finalement à retrouver toute la bonne humeur qui la caractérisait d'ordinaire et faisait d'elle une petite pile électrique. Cette idiote commença même à gigoter pendant qu'elle mélangeait son stew, juste avant de le tirer du feu.

- "C'est prêêêêt !"

Elle regarda la table mise par le jeune homme qui s'était présenté sous le nom de Kirito et elle posa la grande marmite de nourriture au centre de la table, humant l'odeur qui s'en dégageait avec une certaine curiosité. C'était bien une viande qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de manger, aussi elle était curieuse d'en connaître le goût.

- "Je pense qu'on peut attaquer ! Enfin le plat !"

Je m'installais près d'Ayura et Kirito et les servit avec quelques difficultés. Quelle idée ils avaient eu de faire des tables aussi hautes ! Les assiettes servies, je m'excusais d'avance du repas un peu simpliste que je proposais, à demi-gênée et plongea ma fourchette dans un morceau de sanglier que j'enfournais goulument. C'était fort comme viande, mais pas mauvais, même si j'aurais sans doute pu faire mieux avec un meilleur niveau ou d'autre ingrédients. Je regardais vers mes deux invités surprises avec appréhension pour voir si ça leur plaisait, mais au fond, j'avais un peu trop faim pour m'en soucier. Une fois mon assiette vide, je me laissais retomber contre le dossier de la chaise avant de jeter un regard malicieux et plein de gourmandise vers mes convives. J'avais finalement rectifié le lieu de rendez-vous pour les deux autres et je me levais pour ramener la jolie tarte aux fraises à table.

- "Alors... On le mange ce gâteau ?"

Pseudo : Sora
Nombre de messages : 5
Cols gagnés : 660
Cols dépensés : 25 (prix de 5 carottes) 25 (prix de 5 pommes de terre) 50 (prix d’une location de cuisine)
Objets utilisés :
Farine
Sucre
Œuf
Beurre
Crème patissière
Fraises
Viande de lapin X2
Viande de sanglier X1
Carotte X5
Pomme de terre X5
Objets obtenus : /
Compétences gagnant des points : Cuisine +1
Niveau début du rp : 32
Niveau(x) gagné(s) : +1
Réputation : ¤6 (finir un RP en groupe) ¤2 (répondre en -24h X2)

Pseudo : Ayura
Nombre de messages : 4
Cols gagnés : 504
Cols dépensés : /
Objets utilisés : /
Objets obtenus : /
Compétences gagnant des points : /
Niveau début du rp : 26
Niveau(x) gagné(s) : +1
Réputation : ¤3 +3 (finir un RP en groupe)

Pseudo : Kirito
Nombre de messages : 4
Cols gagnés : 592
Cols dépensés : /
Objets utilisés : /
Objets obtenus : /
Compétences gagnant des points : /
Niveau début du rp : 48
Niveau(x) gagné(s) : +1
Réputation : ¤6 (finir un RP en groupe) ¤2 (répondre en -24h X2)

Remarques générales : Je ne vous mets pas de remarques personnelles car tout est impecc’ ! Vous êtes tous les trois de très bons rôlistes, vos textes sont fluides, vos personnages sont adorables et j’ai remarqué que tout était super bien écrit pour accentuer le fait que c’est l’anniversaire de Sora. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais j’ai eu la sensation qu’elle était la star de ce rp, que les deux autres étaient effacés même dans leur propre post. ‘fin bref, c’est un rp vraiment agréable et tranquille pépère , c'est exotique >< ! J'espère vous relire tous ensemble !

Ritcha

PS : Sora, n'hésite pas à me contacter si tu veux changer la quantité des pommes de terre et des carottes. Tu ne l'as pas dit explicitement donc j'ai décidé d'en mettre cinq de chaque après avoir regardé (trop) vite fait sur google des recettes de cuisine.