Lacaion sortit du téléporteur de l'étage cinq en plissant les yeux pour y voir quelque chose. C'était la première fois qu'il venait à ce niveau, et malgré la saison, l'environnement était assez sombre. Ou plutôt, mort. Un désert rocailleux, sans la moindre espèce végétale apparente. En somme, une belle perte de temps pour un cueilleur.

Il était venu ici dans l'espoir de trouver un lieu idéal à l'ouverture de sa boutique. Après des mois de quêtes bas niveau, de petits pains ronds sans saveur, et surtout de l'aide de ses nouveaux amis, il avait enfin tout les fonds nécessaire à l'achat de son terrain et de son commerce.

Mais ce lieu idéal n'était clairement pas cet étage inhospitalier qui devait être un petit coin de paradis pour les mineurs débutants. Soupirant longuement, Lacaion décida d'aller prendre son petit-déjeuner à l'auberge de l'étage avant d'aller au palier suivant car il n'avait pas encore mangé et que réfléchir le ventre vide n'était pas son fort.

En poussant la porte du modeste bâtiment du village qui entourait le cristal de téléportation du niveau, l'alchimiste entra silencieusement dans une petite pièce vide, avec un vieil homme qui nettoyait un verre avec un chiffon plus sale que ledit récipient. Après avoir commandé un petit pain rond et un verre d'eau légèrement trouble, l'informateur entreprit de rentabiliser son repas en questionnant le PNJ sur ce qu'il savait de ce niveau, sans grand espoir.

Il faillit s'étrangler en buvant lorsque le vieil homme, sur le ton de la confidence, lui chuchota que s'il voulait gagner gros, rapidement, une résidente payait généreusement en échange d'un "certain service". Bien que le programme constituant l'âme du tavernier ne puisse pas réagir à l'imitation de lama que Lacaion venait d'offrir, celui-ci détourna la tête par réflexe et demanda où il pouvait trouver cette femme entre deux crises de toux. Il était impensable qu'un programme puisse avoir des demandes douteuses envers un joueur, aussi Lacaion voulait-il découvrir de quoi il retournait vraiment.

Une fois son premier repas de la journée expédié, il se dirigea vers l'adresse que lui avait donné son hôte et toqua à la porte, se préparant au pire malgré tout.

Récap':

C'est un jeune homme fringuant et agréablement enjoué qui vous ouvrit, vous proposant d'emblée une tasse de thé et des petits gâteaux. Dès que vous lui demandez où est sa femme, il vous explique qu'elle est partie chez la fleuriste et qu'elle revient dans dix minutes environ.

L'intérieur de la maison est cossu, guilleret même. Les murs couleur crèmes sont ornés de tableaux et de jolies peintures représentant une jeune femme blonde au sourire doux. Un autre portrait dépeint un couple assis main dans la main, qui semble un peu plus âgé...

Le PNJ vous explique alors qu'il s'agit de sa famille, la jeune fille est sa sœur et le coupe, ses parents quand ils étaient plus jeunes. Il explique fièrement qu'ils ont été les premiers à s'implanter ici pour extraire de la roche et des minerais. Tout un scénario préparé pour justifier la coquette maison. Puis il parle de sa femme, un ton plus triste et le regard légèrement voilé.

- "Je ne sais pas ce qu'elle a en ce moment, on dirait qu'elle est très malheureuse... Mais bon, elle devrait bientôt rentrer, vous pourrez alors lui parler. Je suppose que vous venez ici pour ses talents de guérisseuse ? Tout le monde vient pour ça... "

Lacaion fut surpris lorsqu'un jeune homme lui ouvrit alors qu'il s'attendait à voir une femme pour la deuxième fois en deux jours. Pris au dépourvu par l'hospitalité de son hôte, l'alchimiste accepta l'invitation pour attendre la raison de sa visite impromptue plus confortablement.

Balayant la coquette maisonnée d'un rapide regard circulaire, il prit mentalement note de la déco plutôt relaxante afin de s'en inspirer pour sa boutique. S'arrêtant brièvement sur les photos ornant les murs, le PNJ entama de lui-même son dialogue consistant à donner une certaine profondeur au scénario de ce monde. Acquiesçant d'un air attentif tout en retenant un maximum d'informations, Lacaion se stoppa net la bouche entrouverte quand son interlocuteur mentionna les talents de guérisseuse de sa femme.

Il n'existait aucune forme de magie dans Sword Art Online, contrairement aux jeux d'aventure classiques que Lacaion avait pas mal exploré sur son ordinateur auparavant. C'était aussi ce qui faisait la particularité de ce monde désormais le sien.

*Une guérisseuse ? La magie n'existe pas, est-ce qu'elle utilise des plantes ? Si oui, il faut absolument que je la rencontre, je pourrais peut-être apprendre de nouvelles recettes d'alchimie !* pensa-t-il, surexcité par cette perspective alléchante.

*Mais que peut bien être ce "service" dont parlait le tavernier ? Peut-être une quête de récolte ou de craft... Dans tout les cas, je ferai mieux de l'attendre pour la questionner directement.* conclut-il rapidement.

L'homme en face de Lacaion semblait triste et inquiet quant au changement d'attitude de sa jeune femme. Fronçant les sourcils tout en réfléchissant, l'informateur se demanda jusqu'où pouvait bien aller les IA de ce monde, qui semblaient parfois assez proches des être humains. Certes, ils n'avaient que quelques dialogues pré-intégrés qui pouvaient vite tourner en rond quand on posait les mauvaises questions, mais il n'empêche que parfois, leurs réactions étaient étonnamment "humaines". A tel point que s'en était perturbant...

Relevant vivement la tête, Lacaion finit par répondre à son hôte si charmant après avoir soigneusement préparé ses mots.

"Oui, exactement. J'ai entendu dire qu'elle pouvait faire des miracles et je souhaitais la rencontrer pour voir ça de mes propres yeux. Vous savez ce que c'est, curiosité professionnelle, tout ça..." dit-il en usant de son habituel sourire commercial.

"Vous ne semblez pas ravi d'avoir une femme aussi exceptionnelle cependant. Sa renommée vous dérange-t-elle ?" demanda-t-il d'une voix claire. Il n'était pas rare de voir la stupidité humaine sous bien des aspects de l'autre côté, et un jeune marié héritier de la famille fondatrice du village, éclipsé par sa jeune femme sortit de nul part aurait pu susciter une forme de jalousie à son encontre.

Lacaion écouta la réponse et se tourna fébrilement en entendant du bruit vers la porte d'entrée.

Récap':

Il semble surpris que vous ayez perçu son trouble et secoué la tête négativement.

- "Je m'inquiète tout simplement, je ne reçois que peu de visite alors quand il y en a jne, même si c'est pour elle, je prends plaisir à accueillir les gens."

La porte claque et bientôt une sulfureuse jeune femme entre dans la pièce. Son époux lui offre un regard tendre et un baiser avant de vous laisser parler affaire. La jeune femme vous regarde de haut en bas et un sourire cruel naît bientôt sur ses lèvres.

- "Le tavernier m'a dit avoir trouvé un candidat quand je suis passée le voir... Je suis ravie de vous rencontrer monsieur... ? Enfin peu importe..."

Elle s'installe et rejette sa longue chevelure violine en arrière, prenant ses aises dans le canapé.

- "voyez vous mon cher... Je cherche quelqu'un qui n'a pas peur de mettre ses mains dans la terre... C'est pour mon mari, vous me suivez ? Il a grandement besoin d'aide..."

Suivant du regard la principale cause de son détour avec un regard admiratif, Lacaion déchanta rapidement lorsqu'elle finit par s'adresser à lui. Si elle paraissait belle et délicate en apparence, son phrasé et son attitude était digne d'une noble contrainte d'adresser la parole à un roturier. De plus, elle dégageait une aura légèrement... âcre. Un peu comme un fruit trop mûr qui commençait à pourrir.

Après avoir détaillé l'alchimiste qui s'était redressé sur sa chaise pour cacher son inconfort, la jeune femme esquissa un sourire à glacer le sang avant d'expliquer que le tavernier lui avait dit avoir trouvé un "candidat".

N'ayant même pas eu le temps de répondre pour se présenter, Lacaion fronça les sourcils en fixant la jeune femme alanguie sur le canapé en face de lui. Décidément, son instinct lui disait de partir d'ici rapidement et il n'aimait pas ça du tout.

Se raclant la gorge et usant de son éducation pour rester et analyser les propos opaques de la prétendue guérisseuse, il écouta la fin de son dialogue avant de poser ses questions.

"Dans la terre ? Vous voulez que j'aille récolter des plantes ? Si votre mari est souffrant, ne pouvez-vous pas le guérir vous-même ? Votre réputation ne semble plus à faire pourtant..." demanda-t-il en réfléchissant intensément pour déchiffrer ce que voulait son interlocutrice.

Lacaion glissa malgré lui un regard inquiet vers le mari qui s'était éclipsé un peu avant. Il paraissait en très bonne santé pourtant, tout au plus inquiet au sujet de la femme qu'il semblait sincèrement aimer.

Grimaçant un sourire en pensant qu'une IA pouvait en aimer une autre alors que lui-même n'avait jamais eu de relations de ce genre, l'informateur reprit rapidement contenance pour reporter son attention sur sa future cliente qui lui répondait.

Récap':

La jeune femme perd immédiatement son sourire et, a présent levée, elle s'avance vers vous d'un air menaçant.

- "À votre avis mercenaire, si un homme meurt à cause de plantes ne va-t-on pas soupçonner sa femme guérisseuse ? Pour l'amour du ciel l'aubergiste m'a envoyé un idiot fini..."

Elle a marmonné cette dernière phrase juste assez fort pour que vous l'entendiez sans avoir besoin de la capacité écoute. Ensuite elle s'assied face à vous de nouveau, plongeant un regard violet sombre dans le vôtre.

- "Mon mari est devenue une plaie qui passe son temps à se plaindre et à pleurer. Je veux que vous le supprimez. Définitivement."

Lacaion resta bouche bée. Cette jeune femme venait froidement de dire vouloir se débarrasser de son mari, parce qu'il se plaignait et pleurait ? Cela n'avait aucun sens, comment pouvait-elle être aussi dénuée d'émotions alors que son époux la regardait avec des yeux débordants d'amour ? Qu'il se faisait du souci pour son bien-être à elle ? A ce monstre dans un corps de femme ?

Serrant fortement les mains et les dents, l'alchimiste inspira longuement et profondément pour tempérer ses prochaines paroles. Seule son éducation l'empêchait de se lever et de prendre cette cruelle épouse par le col pour la raisonner. Ou pire. Sa réaction quelque peu extrême était un des séquelles de lire autant de BD de super-héros quand on est à un âge influençable : une intolérance viscérale à l'injustice.

Mais tout cela restait une quête - certes inhabituelle - qu'il pourrait toujours refuser. Du moins, l'espérait-il. Mais que se passerait-il si un autre joueur moins scrupuleux passait par-là ? Il ne pouvait pas en rester là, ni permettre à ce conjoint dévoué de se faire froidement tuer par un joueur cupide. Mais il avait besoin de plus d'informations.

"Avant d'accepter, j'aurai quelques questions supplémentaires si cela ne vous dérange pas." dit-il froidement en fixant ce simulacre d'humain dans les yeux.

"Qu'est-ce que j'ai à y gagner si je décide d'accepter ? Et puis pourquoi l'avoir épousé si vous n'aimez pas cet homme pour commencer ? Vous a-t-il déjà causé du tort ? Quand je lui ai parlé, il semblait profondément s'inquiéter de votre bien-être, quel mal y a-t-il à ça ?"

Lacaion avait parlé très vite, d'une voix légèrement tremblante de colère. Il serra les dents sur la fin de son interrogatoire, et força son rythme cardiaque à redescendre un peu en attendant les réponses de cette femme décidément antipathique.

Récap':

Le sourire mielleux de la (future) veuve (noire) revient éclairer son visage d'un air inquiétant pour quiconque serait visé par ses envies meurtrières. Elle semble se détendre après le questionnement, comme s'il était déclencheur de dialogue.

- "C'est très simple, il a tenté de me tuer, je désire me venger."

Elle enlève son corset pour soulever sa chemise et vous montre une vilaine estafilade le long de son ventre.

- "Je pense simplement lui apprendre une leçon. Mortelle certes, mais il faut bien qu'il apprenne... Et je vous paierai grassement pour ce travail. En or, en potion ou même en technique d'alchimie si cela vous intéresse. Alors ce job, vous le prenez ou pas ?"

Retrouvant son sourire de fruit trop mûr, à la fois irrésistible et repoussant, la jeune femme amorça son dialogue de quête.

Lacaion arqua le sourcil droit en signe d'étonnement, et réfléchit rapidement à l'implication de cette nouvelle information qu'on venait de lui donner.

*Il a tenté de la tuer ? Avec un air aussi amoureux il n'y a pas dix minutes ? J'ai du mal à y croire... Mais la questionner davantage risquerait de passer pour un refus de la quête. Tant pis, je vais devoir improviser, on dirait...*

Avant d'avoir pu formuler une réponse convenable, la cliente enleva son corset et souleva sa chemise pour exposer la peau de son ventre qui n'avait rien à envier au reste du corps, malgré la cicatrice qui le parcourait d'un bout à l'autre. Rougissant aussitôt, Lacaion tourna rapidement la tête tout en écoutant les récompenses possibles.

Des recettes inédites, voilà une offre qui ne se refusait pas. Il lui suffirait d'ôter la vie à un programme, un simple PNJ d'un monde virtuel, pour gagner un avantage considérable sur les autres alchimistes et devenir indispensable au front de libération. Une étincelle d'excitation passa dans les yeux de l'alchimiste.

Sentant son esprit s'emballer sur une pente sans retour, Lacaion passa la main sur son visage afin de s'éclaircir les idées. Programme ou pas, il venait d'envisager de tuer par cupidité. Une vague de dégoût s'empara aussitôt de lui, mais il fit de son mieux pour l'écarter tandis qu'il répondait enfin à son interlocutrice qui avait daigné se rhabiller.

"Je... J'accepte la quête." dit-il en sentant qu'il n'avait plus le temps de chercher des réponses en la questionnant.

"Avez-vous un plan ? Ou dois-je improviser ? Je ne pense pas pouvoir le tuer dans une safe... dans le village sécurisé." demanda-t-il en hésitant.

Il avait accepté la quête, mais il réfléchissait encore à toute allure pour analyser la situation sous tous les angles. Soit la femme mentait, et cherchait à se débarrasser de son mari aimant, soit elle disait vrai et le mari était un excellent acteur. Se forçant à voir les choses autrement que de façon manichéenne, Lacaion commença à dessiner une troisième hypothèse dans son esprit tandis qu'il écoutait attentivement la réponse de sa nouvelle cliente.

Récap':

La jeune femme e met pas longtemps avant d'évoquer la petite maison qu'ils possèdent en dehors du village. Elle vous explique aussi qu'elle compte proposer à son mari d'aller y passer la nuit pour profiter un peu de la "campagne".

La porte de la cuisine, qui donne sur le jardin, est accessible et n'est jamais verrouillée normalement, ce qui fera votre affaire pour l'assassinat.

- "Et si vous avez l'occasion, demandez lui pourquoi... Je veux savoir pourquoi l'homme que j'aimais à voulu me tuer."

Lacaion nota mentalement toutes les informations données par sa lugubre cliente. Une maison de campagne à l'écart, facile d'accès avec une porte ouverte... Tout cela semblait trop beau. L'alchimiste réfléchit rapidement et se demanda si ce n'était pas un coup monté de la part de la jeune femme. Elle pourrait faire tuer son mari et accuser le meurtrier dans la foulée pour ne laisser aucune trace et se laver de tout soupçon...

Soupirant tout en se levant, l'informateur se dit qu'il avait décidément trop regardé de séries policières avec Kawasuki. Cela ne servait à rien d’échafauder des hypothèses sans fondements, il fallait juste qu'il soit prêt à toute éventualité.

Se redressant, il regarda de haut son commanditaire avant de lui confirmer le plan.

"Je viendrai dans votre maison de campagne à 21h précise, quand le soleil sera déjà couché. Et je ne manquerai pas de questionner votre mari..." dit-il songeur.

Un plan commençait à germer dans son esprit, mais il allait falloir agir vite. Il était déjà bientôt 11h avec tout ça, et il lui manquait encore certains éléments majeurs pour être prêt à toute éventualité.

Il salua brièvement la jeune femme et hésita une fraction de seconde avant de dire au revoir au mari qui l'avait si bien accueilli et qui était revenu en entendant son départ. A peine sorti, Lacaion couru au cristal du village, direction le palier un.

Une fois l'effet d'apparition dissipé, l'alchimiste se dépêcha de sortir de la ville pour aller cueillir quelques trèfles. Il s'engagea dans une étendue d'herbe en périphérie de la Ville de Départ avant d'utiliser son skill de [Vision Accrue] pour trouver l'objet de ses recherches. Voyant un point de récolte potentiel, il s'y dirigea d'un pas pressé.

Récap':

Le membre 'Lacaion' a effectué l'action suivante : Lancés de dés

---

'Plantes récoltées' :

Tiquant de frustration, Lacaion se releva rapidement en époussetant son pantalon. Un seul malheureux trèfle, si ce n'était pas de la malchance ça ! Regardant rapidement autour de lui en réactivant sa [Vision Accrue], il ne vit aucun point de collecte à portée. Décidément, cette journée s'annonçait sans.

Partant au hasard vers le sud, il marcha un moment sans rien croiser d'autres que quelques lapins qui s'enfuirent aussitôt que l'alchimiste pénétrait dans leur rayon de détection. Il brûlait d'envie d'essayer les [pics de lancer] que Kirito lui avait offerts, mais il n'avait pas de temps à perdre. Il aurait sûrement l'occasion d'expérimenter ces outils très prochainement...

S'arrêtant non loin d'un petit bosquet au milieu d'une étendue d'herbe, Lacaion se remit à scruter les alentours avec sa [Vision Accrue]. Il courut vers le bosquet, détectant non pas un, mais deux points de collecte à proximité. Croisant les doigts pour avoir plusieurs trèfles cette fois, il entreprit de cueillir les précieux ingrédients. Certes, cette plante était surtout utile pour des potions de soin de niveau un. Mais elle avait également d'autres usages s'il en croyait son livre de recettes. Dont une qui l'intriguait fortement depuis ses débuts d'alchimiste...

Récap':

Le membre 'Lacaion' a effectué l'action suivante : Lancés de dés

---

'Plantes récoltées' :

*Huit en tout ! Parfait, j'ai tout ce qu'il me fallait. Maintenant, direction mon objectif d'origine : trouver un endroit parfait pour ma boutique.* se réjouit-il avant d'ouvrir son interface pour y regarder l'heure.

Il lui restait désormais un peu moins de neuf heures avant son rendez-vous nocturne. Lacaion rebroussa chemin tranquillement jusqu'à la Ville de Départ et décida de s'arrêter à l'auberge pour déjeuner.

Tandis qu'il poussait la porte, libérant un festival d'odeurs alléchantes, son ventre se réveilla et exprima sa faim de façon fort peu distinguée. Posant rapidement la main sur son estomac, Lacaion sourit et se dit que pour une fois, il allait se faire plaisir. Après tout, il allait lui falloir beaucoup d'énergie pour le reste de la journée, il le sentait.

S'asseyant seul au comptoir de son auberge favorite, il commanda un aigle laqué ainsi qu'un verre de vin rouge pour l'accompagner. En attendant sa commande, Lacaion regarda les gens autour de lui, occupés à manger et parler dans la bonne humeur. C'était principalement des PNJ, mais l'ambiance restait agréable. Il ne s'est jamais senti mal à l'aise vis-à-vis des IA de ce monde, qu'il considérait souvent comme humaines.

*A l'ouverture de ma boutique !* trinqua-t-il seul en souriant avant d'entamer son repas. Le vin n'était vraiment pas mauvais, et ici, il pouvait boire tout son soûl sans l'être. Ce qui n'était pas plus mal au vu de ce qui l'attendait ce soir...

Une fois repu, il s'étira longuement avant de se lever et de reprendre ses recherches de local là où il les avait laissées : au palier six !

Récap':

Note:

Note:

Lacaion n'avait pas profité de son aménagement depuis cinq minutes qu'il se dirigea d'un pas pressé vers son atelier personnel. Cette pensée lui tira tout de même un sourire assez fier. Tirant doucement la chaise en acajou qui faisait face aux éprouvettes et autres alambics, il s'assit lentement et entreprit d'ouvrir son inventaire. Il savait parfaitement ce qu'il voulait faire, mais ne l'avait jamais essayé.

Il sortit six de ses magnifiques [Perce-Neige] qu'il posa par paire devant lui, ainsi que six des huit [Trèfles] ramassés un peu plus tôt en catastrophe. Il sortit sa vieille dague et coupa les fleurs des premières qu'il déposa avec les seconds dans un mortier. Prenant le pilon d'un joli vert sombre qui se trouvait à côté, il entreprit de réduire en bouillie les ingrédients afin d'avoir une sorte de pâte bleu-vert. Il sépara scrupuleusement la pâte en trois quantités égales qu'il versa dans trois fioles contenant chacune un peu d'eau. Il finit par poser les fioles au-dessus d'un foyer qu'il alluma d'un simple contact de son index.

Se renfonçant dans son siège, Lacaion passa la main sur son menton imberbe et réfléchit. Il tentait actuellement de fabriquer une étrange potion nommée [Potion de Vérité] de niveau un. Il ne voyait absolument pas comment une potion virtuelle pouvait agir comme un sérum de vérité, alors que ce liquide mythique n'était présent que dans les films américains de l'autre côté. Mais dans cet univers, qui sait... L'idée qu'un simple réglage de son NerveGear puisse le pousser à révéler tous ses secrets les plus enfouis le fit frémir. Si on pouvait accéder aux souvenirs d'une personne si facilement pour les révéler, à quand leur manipulation ?

Un tintement clair résonna, faisant sursauter l'alchimiste en pleine réflexion. Il récupéra ses trois [Potions de Vérité] de niveau un, et regarda le coin inférieur droit de son interface qui indiquait presque 17h10. Avoir son atelier avait définitivement ses avantages, il pouvait préparer des potions quand il en avait envie sans rien payer.

Rangeant les trois fioles translucides dans son inventaire en sifflotant, l'alchimiste estima qu'il avait encore du temps avant son funeste rendez-vous nocturne. Aussi décida-t-il de mettre le temps restant à profit et de continuer à crafter ce qu'il pouvait. Après tout, son inventaire s'était bien rempli dernièrement grâce à ses escapades avec Yagi et Kirito.

Lacaion parcourut sa liste de recette un bon moment en parallèle de son inventaire afin de déterminer ce qu'il pouvait tenter d'intéressant. Après une dizaine de minutes à noter au fur et à mesure sur son carnet ce qu'il allait faire, il s'exécuta.

Il commença par sortir les quatre dernières [Perce-Neige] en sa possession ainsi que deux de ses trois [Myosotis]. Il contempla les fleurs un moment, émerveillé par leur réalisme et leur couleur, avant de répéter le procédé préalablement utilisé pour les [Trèfles]. Une fois la fiole remplie, il la plaça sur le feu avant d'entamer la suivante.

Il se leva et passa dans le salon. Après avoir marqué une brève pause sur le pas de la porte, toujours sous l'effervescence de son achat, il alla prendre de l'eau au lavabo avant de retourner à son établi. Il sortit deux petites [Corydales Solides] qu'il broya rapidement et mélangea à l'eau qu'il avait ramenée. Il échangea la fiole avec la précédente qui était désormais prête et d'un bleu pâle comme la lune. Se perdant quelques secondes dans la contemplation de la [Potion de Sommeil] niveau deux qu'il venait de concocter, Lacaion finit par la ranger dans son inventaire avec les autres et sortit les [Pics de lancer] que Kirito lui avait offert.

Il en sortit un de la petite sacoche en cuir qui les contenait, et passa l'index dessus. C'était un objet très simple, mais dont le design lui plaisait beaucoup. Il fit rouler un peu l'item dans ses mains, et s'entraîna à imiter le geste que le jeune homme a fait avant de le lancer sur le monstre, pas plus tard que la veille. Le pic s'illumina d'une leur dorée et l'alchimiste arrêta aussitôt son geste, surpris. C'était donc comme ça qu'il fallait les lancer. Souriant de sa découverte et de sa - décidément - très bonne journée, il rangea l'objet sans le lancer et attacha la sacoche en cuir à sa ceinture. C'était un précieux cadeau, et il ne manquerait pas d'en faire bon usage.

Récupérant la dernière potion qu'il pouvait fabriquer pour le moment, Lacaion rangea la [Potion Anti-vérité] de niveau trois dans son sac. Il avait décidé de fabriquer cette dernière en cas d'urgence. Si jamais les potions de vérité fonctionnaient vraiment sur les joueurs, il lui fallait absolument un moyen pour s'en prémunir...

Sélectionnant le foyer pour l'éteindre, il se leva et retourna dans le salon pour boire un peu d'eau fraîche. Il tourna brièvement la tête à gauche quand l'horloge à balancier sonna gravement 19h30. Réajustant sa veste et redressant un peu les épaules, Lacaion sortit du Lux Phiala et ferma la boutique derrière lui. Il se dirigea d'un pas décidé vers le Téléporteur, et plus précisément vers une certaine maison de campagne de l'étage cinq.

Récap':

Lacaion marcha un moment hors du village qui entourait le cristal de téléportation du palier en direction du point de rendez-vous donné par le commanditaire. Tandis que la nuit était déjà tombée, laissant un voile bleuté sur le décor, l'informateur avançait d'un bon pas, mais ralentit en apercevant de la lumière dans l'obscurité grandissante.

Tout en restant légèrement penché en avant pour ne pas se faire voir, Lacaion utilisa sa [Vision Accrue] pour tenter de percevoir une quelconque activité dans la petite maisonnette de campagne.

Rien aux alentours, excepté un petit jardin à l'arrière de la propriété. C'était d'ailleurs un prodige en soi, au vu de l'environnement de l'étage assez inhospitalier. Bifurquant un peu vers le nord-est pour passer par là, Lacaion avançait désormais à pas de loup pour tenter de compenser l'absence de skill [Dissimulation].

Arrivant finalement à la palissade d'à peine un mètre de haut délimitant le potager privé du reste de la zone, Lacaion scruta une des fenêtre allumées pour tenter d'y voir quelque chose. Ou quelqu'un.

Il finit par apercevoir le couple de ce midi, tranquillement assis dans un canapé et apparemment en pleine discussion. Mais au bout d'à peine quelques minutes, le mari se leva et disparut du champ de vision de l'alchimiste.

Des vagues de dégoût pulsaient depuis son arrivée sur place, ayant pour origine une cavité aux alentours de son cœur. Il avait l'impression d'être un vulgaire cambrioleur, ou pire, un assassin. Et c'est potentiellement ce qu'il était en train de préparer...

Fronçant les sourcils et tâchant d'étouffer ces émotions négatives, Lacaion sentit que le moment d'agir était venu. Il prit le temps d'ouvrir son inventaire afin d'en sortir une petite fiole qu'il garda précieusement dans la main gauche qu'il referma, afin de la dissimuler dans son gant blanc. Fermant son inventaire d'un geste vif de sa main libre, il se remit en mouvement pour s'approcher de la porte arrière et entra le plus discrètement possible.

Récap':

La porte arrière n'émet pas le moindre son quand vous l'ouvrez et vous croisez un regard de braise de votre commanditaire qui vous indique l'étage en posant un doigt sur ses lèvres.

À vous de jouer...

Sentant la froideur, qui occupait l'endroit où se trouvait habituellement son cœur, remonter pour s'étendre sur son visage, Lacaion aurait sans doute eu peur de lui-même s'il s'était vu dans un miroir à cet instant précis. Les traits figés malgré la sensibilité des capteurs du NerveGear, cela laissait croire que ses émotions elles-mêmes s'étaient tues. Si bien que Lacaion parût dix ans de plus sans le savoir, avec la luminosité un peu tamisée de la maisonnée.

Il croisa brièvement le regard de la jeune femme, impitoyable, qui pointait le plafond d'un doigt tout en plaçant l'autre sur ses lèvres pulpeuses. L'alchimiste, légèrement incliné sur le côté gauche pour que sa veste retombe entièrement sur sa main tenant la fiole, avança d'un pas irrégulier vers l'escalier, en minimisant les mouvements pour ne pas faire de bruits.

La main droite sur le manche de sa dague, il s'attendait presque à ce que sa cliente le poignarde dans le dos. Mais celle-ci se contentait de le suivre du regard, une expression indéchiffrable sur le visage. Il ne retira sa main qu'après avoir gravi les premières marches, une fois sûr que sa commanditaire ne bougerai pas de son canapé de si tôt.

Arrivant à l'étage, Lacaion vit une porte entrouverte, probablement la chambre à coucher. Il l'écarta doucement pour trouver le jeune homme assis sur le lit qui se leva d'un bond, surpris de voir un inconnu chez lui à cette heure-ci et qui plus est, dans sa chambre.

L'assassin en herbe dégaina lentement sa lame et la pointa vers le PNJ sans défense, avant de parler d'une voix rendue rauque par l'émotion. Ou plutôt, l'absence d'émotions.

"Asseyez-vous calmement, je veux simplement discuter." commença-t-il d'une voix ferme. Fixant la lame terne qui reflétait la lumière de la lampe de chevet, le mari déglutit avant d'obtempérer lentement.

"Si vous cherchez de l'argent, nous n'en possédons pas beaucoup, ma femme et moi-même. Mais vous pouvez tout prendre, ne nous faites pas de mal." répondit-il dans un exemple parfait d'homme droit lors d'un cambriolage.

Une grimace de dégoût envers lui-même passa sur le visage de Lacaion, le déformant et rendant son expression encore plus effrayante avec la luminosité ambiante. Il baissa son arme, et ouvrit son inventaire de la même main pour en sortir une [Potion de Vérité] niveau un. Il la jeta sur le lit à côté du jeune homme et lui ordonna d'en boire le contenu, après lui avoir assuré que ce n'était pas du poison.

L'hôte sembla hésiter un instant, comme analysant les différentes options possibles. Finalement, il prit la fiole, l'ouvrit doucement et en avala le contenu d'un trait.

Ne perdant pas un instant, Lacaion posa toutes les questions qui tournaient sans cesse depuis ce matin dans son esprit, afin d'avoir des réponses plausibles. Il espérait encore, au fond de lui, que la femme mentait.

"Avez-vous vraiment tenté de tuer votre femme par le passé ? Si oui, pourquoi ? Et pourquoi être resté avec malgré tout ? Dites moi tout, maintenant. Il faut que je sache..." demanda-t-il rapidement, ses émotions refaisant surface aussi brusquement qu'elles s'étaient éclipsées.

Récap':

Il faut attendre quelques secondes que la potion fasse effet, pour que le PNJ affiche un simulacre d'horreur pourtant très réaliste sur son visage fait de suite de 1 et de 0.

- "Que… Tuer ma femme ? Mais jamais ! Jamais je n'aurais osé, je l'aime de tout mon cœur ! Vous devez me croire ! Je... je… c'était… un acc... un accident..."

Il se met à pleurer et finit par expliquer qu'il y a quelques mois, il pensait que sa femme allait le quitter. Alors il s'était rendu chez un alchimiste peu recommandable pour lui commander un philtre d'amour, qui s'était avéré être une fiole de poison. L'homme ne savait pas s'il s'agissait d'une erreur de l'alchimiste ou quelque chose de voulu, mais sa femme avait réussi à s'en sortir grâce à ses nombreuses connaissances. Voilà le fond de l'histoire… Un terrible malentendu basé sur un amour aveugle.

Lacaion crut que ses poumons allaient lâcher sous la pression qui s'en échappa. Ainsi donc, c'était un accident qui avait causé ce malentendu. Il prit pour acquis la réponse du mari, ne doutant pas une seconde de l'effet de sa potion sur un natif de ce monde. Mais son soulagement fut de courte durée.

Les sourcils froncés tandis que le jeune homme sanglotait sur le lit comme un enfant, l'alchimiste réfléchit à toute vitesse. Certes, sa cible n'avait pas voulu la mort de sa compagne. Mais il a voulu l'emprisonner dans son amour, quitte à ignorer ses sentiments et son libre-arbitre.

Une colère sourde et inexplicable commença à remonter depuis l'estomac de Lacaion. L'idée de priver quelqu'un de sa liberté fondamentale de choix allait à l'encontre de tout ses idéaux. Et lui rappelait son père.

"Vous n'avez peut-être pas voulu la tuer, mais vous avez tenté de l'emprisonner. De briser sa volonté pour vous l'accaparer. Tout ça pour quoi ? Par "amour" ? Savez-vous au moins ce que c'est ? Non, ce qui vous a poussé à agir n'était rien d'aussi noble que l'amour, c'était votre cupidité. Vous ne vouliez pas la perdre dites-vous ? Parce que vous pensez qu'elle vous appartient comme un vulgaire tableau ?!"

Sa voix monta sans qu'il s'en aperçoive et très rapidement. Il ne remarqua pas non plus qu'il avait relevé son arme et avancé d'un bon mètre vers le lit. Quand il s'arrêta par manque d'oxygène, le souffle court et saccadé, il ouvrit de grand yeux en voyant l'homme qui lui faisait face un instant plus tôt, désormais allongé sur le lit, l'air terrorisé. Potentiellement à cause de l'inconnu qui l'avait plaqué sur le matelas en lui mettant un couteau sous la gorge.

Le temps sembla s'être arrêté, et les quelques secondes qui passèrent durèrent des heures. Finalement, après un effort colossal pour reprendre le contrôle, Lacaion se releva d'un geste brusque et mit la fiole de sa main gauche dans sa poche pour le moment. Il se pencha de nouveau sur le jeune homme toujours allongé et lui entailla le bras gauche d'un geste vif, presque chirurgical. Il laissa flotter un bref moment, instant durant lequel le mari cria de douleur et de surprise, avant de plaquer sa main libre sur sa bouche pour étouffer les sons. Il leva ensuite son bras armé, haut au-dessus de sa tête, et l'abattit violemment.

Une fois. Deux fois. Trois fois.

Au quatrième coup jusqu'à la garde dans ce pauvre matelas innocent, Lacaion se pencha jusqu'à l'oreille du mari qui ne bougeait plus d'un iota.

"Vous êtes mort jusqu'à nouvel ordre. Attendez mon signal pour descendre." chuchota-t-il à son oreille.

L'assassin de literie se redressa et rangea l'arme du crime. Il reprit la fiole de sa poche dans la main gauche, et se tourna avec un air lugubre vers la porte pour redescendre.

*Suivante maintenant...* pensa-t-il, las et écœuré.

Redescendant lentement les marches, Lacaion attendit que sa cliente ne se tourne vers lui avant de ranger ostensiblement sa dague dans son fourreau.

"Et voilà, mission accomplie. Je lui ai demandé son mobile, comme vous le vouliez. Il se trouve que c'était une histoire mielleuse doublée un malentendu. Il avait peur de vous perdre, et a demandé à un escroc qui se faisait passer pour un de nos compères de lui vendre un philtre d'amour. Comme si quelque chose comme ça existait ! Bref, il s'est avéré que c'était du poison, mais il n'était pas au courant. Il ne voulait pas vous tuer, juste assassiner votre libre-arbitre." dit-il d'un ton faussement enjoué, imitant les tueurs en série des séries policières moyennes.

"Pas de regrets ?" demanda-t-il soudain, très sérieux, en vrillant son regard dans celui de la jeune femme.

Il espérait y déceler de la tristesse, du remord, voir de la colère d'avoir finalement fait tuer son mari. Y déceler un espoir. Aussi bien pour elle que pour lui-même. Lacaion retint son souffle, en priant silencieusement...

Récap':

Le regard dans le vague, la jeune femme soupira et secoua la tête. Tant pis pour son mari, tant pis pour cette vie, tant pis pour tout ! .

- "Peu importe si j'ai des regret… Vous avez fait votre travail. Venez à l'atelier, je vais vous montrer deux ou trois choses en alchimie. Histoire que vous n'ayez pas fait tout ça pour rien. "

Elle garda ce regard perdu encore un moment et finit laisser une unique larme rouler le long de sa joue.

- "J'aurais préféré qu'il me parle… Je ne serais jamais partie de toute façon."

Elle était là. La réponse à sa prière venait de couler sur la joue de cette jeune femme. Une unique perle, roulant avant de s'estomper dans la pénombre. Cette seule larme avait montré que Lacaion ne s'était pas trompé, qu'il pouvait encore avoir foi en l'être humain. Même si ces personnes n'était que des programmes, elles étaient parfaitement réelles pour lui.

"Vous avez entendu ça ? Parlez-lui maintenant. C'est ce que vous auriez dû faire depuis le début, imbécile..." s'exclama-t-il tout haut.

Regardant du coin de l’œil le mari qui les rejoignait au ralenti, il tourna son regard sur la femme médusée. Pour la première fois depuis qu'il l'avait rencontrée, elle semblait surprise. Ce sentiment, jusqu'alors inconnu, ne faisait qu'accentuer sa beauté. Un silence pesant prit place tandis que les deux amoureux se regardaient l'un l'autre avec un mélange d'émotions visibles sur leurs visages respectifs.

Préférant laisser le couple s'exprimer d'eux-mêmes, l'alchimiste ne dit rien. A la place, il passa sa main droite dans son dos pour saisir un des [Pic de lancer] offerts par Kirito et raffermit sa prise sur la fiole toujours abritée dans sa main gauche, juste au cas où. Après tout, s'il était sûr de la véracité des dires du jeune homme, la jeune femme pouvait encore avoir menti et joué la comédie. Il devait se tenir prêt à agir, paré à toute éventualité. Plus jamais il ne laisserait une tragédie comme celle de Kawasuki se répéter devant lui.

Récap':

Elle lui prit la main et lui offrit un petit sourire.
Ils se tournèrent vers le joueur et la jeune femme cligna plusieurs des yeux en se rendant compte que tu n'avais pas rempli ta mission, mais que ce n'était pas si mal au fond.

Elle décida tout de même de te montrer quelques trucs et astuces en alchimie et de régler le paiement convenu. Après tout, payer pour tuer ou pour une thérapie conjugale, ça revenait au même pour elle. Votre récompense sera donc de quatre potion de paralysie de niveau 2, 2000 cols et de quelques astuces en alchimie !

Relâchant le pic qu'il avait saisi par prudence, Lacaion écouta les deux tourtereaux s'expliquer pendant un long moment afin de remettre les choses à plat. Contre toute attente, il obtint malgré tout la récompense de quête alors qu'il n'avait pas rempli l'objectif initialement donné.

*Ainsi donc, une quête peut avoir plusieurs solutions... Eh, tu parles d'un libre-arbitre. Merci, Kayaba...* pensa-t-il en levant la tête vers le ciel étoilé et clair.

Peut-être qu'il avait raté "l'objectif secret" avec son père. Peut-être qu'il aurait pu changer le cours des choses s'il avait su quoi dire ou faire au bon moment. Peut-être que sa mère ne se serait pas fatiguée à faire autant de voyages pour voir le fils indigne qu'il était.

Versant lui aussi une larme, Lacaion détourna le regard et rangea la [Potion de paralysie] niveau deux qu'il avait précieusement camouflé jusque-là. Il suivit les deux mariés, complétement réconciliés, jusqu'à leur maison au village pour récupérer ses récompenses.


Après une dernière tasse de thé et un remerciement chaleureux, Lacaion ferma la porte de leur doux foyer avant de marcher tranquillement les mains dans les poches.

*Comme quoi, tout n'est pas si tranché. A force de réfléchir pour choisir entre deux options, on risque de rater des ouvertures potentielles. J'aurai pu tuer le mari de sang-froid pour expédier la quête, ou dénoncer la femme au jeune homme pour causer leur rupture. Mais le dialogue a suffi...*

Il sortit une [Potion de vérité] niveau un de son inventaire, et la leva pour admirer le liquide translucide au clair de lune.

*Magnifique... Dommage que je ne puisse pas en ramener quelques tonneaux de l'autre côté. Je pourrai m'en servir pour enfin savoir ce que mon père pense...*

Rangeant l'item après avoir joué avec un moment, l'informateur inspira profondément. Son père avait laissé des séquelles plus graves qu'il ne pensait en lui. Il avait pu constater avec horreur la part d'ombre qui l'habitait, un aspect de sa personnalité tellement prêt à tout pour défendre ses idéaux personnels qu'il avait failli ôter la vie d'un innocent ce soir.

Secouant la tête, Lacaion enfoui plus profondément encore ses doutes et ses questions. Il rentra sans encombre au Lux Phiala, et resta encore éveillé un moment dans son lit tout neuf, pleurant seul les proches qu'il avait perdu et ceux qui lui manquait.

Récap':