« Bon matin les PNJ’s ! »

Dévalant les escaliers en trombe, je courrais vers les aubergistes et l’agent d’entretien en rigolant. Comme tous les matins, je me demandais ce que foutais un homme de ménage dans un monde où la saleté n’existait pas. Et comme tous les matins, je me répétais que les programmeurs de jeux étaient comme tous les autres êtres humains : incohérents. J’attrapai les mains des corps sans âme, les serrai après avoir obtenu un accord, et payai ma nuit d’auberge avant de faire volte-face pour m’engager vers la sortie.

Aujourd’hui sera un nouveau jour ! Un jour où je gagnerai non pas un, mais deux niveaux ! Et peut-être même que je n’aurai pas à le faire en fait : les débiles de la réalité réussiront peut-être à nous y ramener aujourd’hui. Ça faisait plus de huit mois que j’avais décidé de me mettre à la pensée positive. Et ça ne fonctionnait que le matin. C’était déjà ça.

J’atténuai immédiatement mon pessimisme et ma frustration, et je répétai mes habitudes. Respirant à fond l’air frais de la montagne, je fis le tour des quelques habitations et échangeai les mêmes répliques de la journée passée avec les autochtones. Mon sempiternel sourire hypocrite aux lèvres, je m’équipai et me dirigeai en-dehors de la Safe Zone. Depuis que j’avais remarqué l’existence du Carnet d’Informations Communes, ma vie avait pris un tournant : elle avait dès lors un vrai but, atteignable, réalisable et utile pour les autres.  

J’avais entrepris de le remplir entièrement et c’est ainsi que je m’étais retrouvé au troisième étage afin de l’explorer en profondeur et décrocher sa carte complète. Malgré mon niveau plus qu’acceptable pour les monstres du palier, cela faisait tout de même deux nuits et trois jours que j’étudiais le terrain de fond en comble au moins huit heures par jour. Je ne savais pas si j’avais fini par croiser tous les monstres. Ce qui était sûr, c’est qu’il y avait un pixel de terre sur lequel je n’avais pas posé les pieds et qu'il commençait à me gonfler.

« Ce s’rait tellement plus simple si la carte se dessinait juste grâce à ma vue… »

J’avais vérifié en montant sur l’arbre le plus haut que j’eus trouvé dans la forêt et en épiant les alentours : la carte ne se dévoilait que lorsque j’entrais physiquement dans une zone. Mais peut-être que la compétence Vision Accrue servait à ça… ? Je devais discute avec une personne qui avait cette compétence. Peut-être que les joueurs qui l’avaient ne s’étaient même jamais posé la question.

Mais avant que je ne pusse me remémorer les PJ’s qui m’avaient raconté leur vie et qui possédaient la capacité, une présence vint perturber ma réflexion.

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Invité :

Je levai immédiatement la tête vers la voix entendue, fis disparaître ma carte et m’obligeai à sourire.

« Bonjour ! Comment allez-vous ? »

Avec son luth dans le dos, sa grande taille sombre et son cahier de coloriage, le joueur ressemblait à un vieux vagabond rigide. Il me saoulait déjà. Premièrement, le terrain n’était pas à lui, deuxièmement le pluriel de « marsupial » était « marsupiaux », et troisièmement, s’il voulait le silence, il n’avait qu’à rester dans la bourgade. Ses PNJ’s étaient tellement calmes qu’ils ne semblaient vivants que lorsque je leur parlais !

Avec souplesse, je bondis sur la branche épaisse du gaillard* et lançai un coup d’œil sur son travail. C’était terriblement moche. Les traits étaient tellement grossiers et les courbes si bancales que je ne devinai sa tentative de dessiner des monstres qu’en constatant qu’il regardait au loin. Ces grosses boules irrégulières ornées de sortes de bananes étaient donc des têtes de mobs…

« Vous débutez en dessin, c’est ça ? »

Avec mon ton détaché et mon petit sourire bienveillant, j’espérais qu’il ne prît pas mal ni mon commentaire, ni mon visage désolé. Regardant dans la direction qu’il examinait, je ne compris pas comment il pouvait croquer : il n'y avait rien de plus que des branches, des feuilles ou de l'herbe. Finalement, soit il dessinait ses singes de mémoire, soit il voyait plus loin que moi. Bien que ma première théorie pût totalement justifier son évident manque de talent, sa remarque sur les marsupiaux me fit valider la deuxième.

« Dites-moi, j’étais en train de me demander, vous savez si la compétence Vision Accrue permet de dévoiler la carte de l’étage juste en regardant les environs ? »

Sans faire de bruit, je m’assis en tailleur sur la branche en continuant de fixer, en biais et de mes yeux brillants de curiosité, mon interlocuteur plus grand que moi de bien trente centimètres.

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Vikor :

*… Clin d’œil clin d’œil

Vikor n'étant plus là, que décides-tu ? N'hésite pas à me MP au besoin.

Mon interlocuteur ne prit pas mal mes remarques, bien au contraire. Nous échangeâmes sur ses débuts en dessin, en musique et en sculpture. Il oublia bien vite ma première question, la seule qui importait, pour me raconter sa vie. Malheureusement, un de mes éclats de rire, forcé mais parfaitement joué, attira l’attention de ses modèles. Je décidai de les détruire seul en partant du principe qu’un joueur aussi équipé prendrait du temps à soulever ses larges fesses pixelisées.

Bien que rapides, les Marsupiaux Analysés ne firent pas le poids. Les différences de niveau, de statistiques et d’expérience étaient trop élevées. Par des coups de katar succincts et précis, je trouai des cordes vocales, des ventres poilus, séparai des queues de leur corps d’origine et rendis aveugle une victime avant de voir tout ce beau monde éclater en éclats bleutés. Grâce à Acrobatie, j'esquivai d'un saut quelques attaques, bondis sur mes adversaires et les pris de revers. Grâce à mes journées passées ici, j’avais bien compris que les monstres de l’étage étaient agressifs de nature. Même s’ils savaient pertinemment qu’ils se feraient anéantir, ils n’hésitaient pas à passer à l’assaut en groupe et de façon gratuite. Ils étaient rancuniers en plus : si un membre de leur espèce se faisait détruire, ils arrivaient tous en même temps pour le venger.

Il s’était passé la même chose avec mes ennemis. Alors qu’ils étaient quatre au début, j’avais fini par en exploser huit. Pas de chance pour eux : j’avais eu tout le loisir de mémoriser leurs patterns d’attaque et d’apprendre à enchaîner des combos de riposte lors de mes précédentes explorations. Le combat s’était donc passé sans encombre pour moi, malgré de légère blessures, et s’était rapidement terminé.

Le joueur, Vikor, avait décidé de partir. Déjà que ses œuvres étaient dégueulasses lorsqu’il recopiait la réalité, je n’imaginai pas si en plus, il dessinait de tête. Je compris donc sa décision et ne me rendis compte que plus tard que je n’avais toujours pas eu de réponse à ma question sur la compétence. Tant pis !

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J’avais continué à explorer tous les recoins de l’étage en tombant quotidiennement sur des monstres faibles et un peu cons. Tels des adolescents occidentaux de cité conformes aux clichés, ils m’attaquaient au gré de leurs envies, sans calcul ni stratégie. Je diminuai donc la population des Lycaons, des Chamois et des Marsupiaux, sans oublier celle des Golems de roche.

Plus malins que les autres espèces, ceux-ci se mettaient à bonne distance pour balancer des cailloux aux passants. Certains réussissaient à escalader des branches et attendaient le bon moment pour laisser tomber leurs projectiles. Les petites pierres prenaient donc du poids et de la vitesse en dégringolant, me faisant plus de dégâts que celles lancées au niveau de la mer. A un moment, je me pris en même temps trois cailloux et un monstre que je n’avais encore jamais vu : un Millepattes rongeur d’arbre. Étranglé par l’insecte nouvellement Analysé et assailli par du gravier, je crus que je n’allais jamais m’en sortir.

Je finis par découper en rondelles le myriapode en manquant de me blesser moi-même deux fois. Si seulement j’avais pu sentir la souffrance… Je l’aurais fait avec plaisir.

J’avais ensuite éliminé les homoncules rocailleux en bondissant Agilement sur leur branche. Réussissant à esquiver la plupart des attaques, maintenant qu’elles m’étaient visibles, je les avais découpés deux fois chacun en me prenant quelque fois des petits galets en pleine poire. Les monstres de cet étage commençaient à m’ennuyer.

Mis à part les Mille-pattes – que je ne devrais pas rencontrer souvent selon mon analyse – j’étais habitué à combattre les monstres fréquents de l’étage et je savais m’en défendre facilement. Ils procédaient tous de la même façon. Sauf les Golems qui se montraient parfois originaux.

Les Chamois profitaient des dénivelés pour dévaler les montagnes. Ils faisaient de leur mieux pour me viser mais allaient parfois tellement vite qu’il leur était difficile de garder leur cap. J’avais déjà eu le malaise d’en voir deux chuter à cause d’un obstacle sur leur chemin. Le moment avait été gênant. J'avais abrégé leur souffrance : même les bêtes devaient ressentir la honte.

De plus, j’avais pour habitude de tourner sur moi-même pour combler mon manque de compétences sensitives et déceler les ennemis. Je les voyais donc débouler au loin et je n’avais qu’à faire cinq pas pour me mettre hors de portée de leurs cornes aiguisées (oui, je m’ennuyais tellement que je comptais le nombre de pas). Je n’avais alors qu’à attendre le bon moment pour les découper. Autre tactique : se mettre juste devant un arbre pour les voir s’enchevêtrer dedans et les achever. J'avais dû en assassiner cinq de cette façon.

Les Lycaons étaient moins bourrins mais ils attaquaient tout le temps en meute et étaient facilement décelés grâce à leurs queues agitées. Leur odeur était aussi très forte. Il fallait juste se laisser prendre dans leur "piège" pour les anéantir facilement : une fois encerclé par ces hyènes, je n’avais qu’à tendre mon bras armé et attendre qu’elles soient à bonne distance pour tourner sur moi-même et les exploser au passage.

Enfin, il y avait les Marsupiaux. Il suffisait juste de comprendre leurs patterns et d’avoir une vitesse et une agilité plus élevée que les leurs. Il était ainsi facile d’anticiper leurs mouvements et leur position à un certain moment.

Ajoutez le fait que, pour la plupart, je les éliminais en un coup et vous comprendrez que le fun n’était plus trop présent à cet étage. Où était cette saloperie de pixel manquant sur ma carte ?!

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Je m’étais arrêté pour manger un petit pain rond et dur. J’étais allé aux limites de la carte et les longeais. J’étais persuadé que la zone manquante se trouvait à une extrémité. Posé sur la branche d’un arbre après deux tentatives (il m’arrivait parfois de louper mes sauts et de me gameller avec panache), je regardais le paysage qui s’offrait à moi.

On ne pouvait pas dire que le lieu était laid. Il avait un certain charme, trop souvent détruit par ses monstres bourrins. Ceux-ci ne voulait pas me laisser de répit. J’avais à peine le temps de mordre mon repas sans goût qu’un couteau passant par-là m’entaillait les doigts. Je répliquais à chaque fois mais ces assauts, répétés quatre fois et successivement, me fatiguaient.

« Je peux pas être tranquille deux minutes ?! »

Je mangeai rapidement dans le but de ne pas être à nouveau dérangé mais après ma plainte, j’eus la paix pendant une bonne heure. Je compris par la suite que c’était à cause de la présence d’un immense monstre rare que les autres espèces ne m’attaquaient plus. J’Analysai l’Éléphant et envoyai les informations dans le Carnet destiné aux joueurs avant de le détruire d’un coup de katar sur sa petite queue touffue. Gros mais faible, petit mais puissant.

Je continuai après mon tour de l’étage en regardant partout comme un parano. Ce fut dans l’après-midi que j’arrivai enfin devant LA zone que je n’avais pas repérée les fois précédentes. Récupérant directement la carte, je l’ajoutai au Carnet d’Informations Communes, tout content. La sensation que j’eus n’était pas aussi forte, intense et bonne que celle que j’avais après une automutilation. Mais elle était suffisante.

Je pris mon temps pour récupérer mes esprits après cette sorte de jouissance. Je bondis ensuite sur la plateforme en hauteur au lieu de prendre le petit chemin de gravier l’y menant. Je découvrir ici un coffre… Que je ne pouvais pas ouvrir.

« Est-ce que les clés de coffre existent ici ? »

J’essayai tous les stratagèmes inimaginables pour récupérer ma découverte avant d’abandonner. Je notai l’endroit, tentai de cacher mon dû et rentrai en Safe Zone. Je l’aurai ce coffre, je l’aurai...

Je parcourus la ville et les magasins en quête d'une clé de coffre que je finis par acheter à un PNJ. J'eus à nouveau des frissons de jouissance lorsque j'entrai la clé dans la serrure du coffre. En s'ouvrant, il m'offrit ma récompense pour mon dur labeur de plusieurs jours : l'étage trois... Plus jamais !

Aide à la modération :

Pseudo :Ari
Nombre de messages :5
Cols gagnés :800 cols (200 cols dans le coffre)
Cols dépensés :/
Objets utilisés :
Petit pain rond x1
Objets obtenus :
Viande de Chamois x6
Roche de Golem x2 (For+1, arme lourde, forge)
Patte de mille-patte x1 (Res+1, couture)
Carte complète de l'étage 3
Compétences gagnant des points :
Arme +1
Armure +1
Chance +1
Analyse +1
Acrobatie +2
Niveau début du rp :20
Niveau(x) gagné(s) :+1
Réputation :¤3 +3
Remarques :Un RP qui démarrait bien, dommage que Vikor ne soit plus là. Beaucoup d'originalité dans le personnage d'Ari qui se lit très facilement, bravo ! Attention tout de même à ne pas trop abuser des ellipses : pour que les monstres tués soient bien tous comptabilisés, il est préférable de décrire les combats de façon assez précise pour tes prochains RPs. Au plaisir de te lire~