Les journées et les nuits se succédaient plus vite que je ne l'imaginais. Errant tel une âme en peine, il m'arrivait encore de m'arrêter dans une ruelle sombre pour serrer ma main sur mon torse... Là, où sous mon plastron, se trouvait l'amulette qui pendait à mon cou. Dans Sword Art Online, il n'était pas possible de se laisser pousser la barbe. Ni même les cheveux. Nos avatars restaient tels qu'ils étaient à leur création et rien n'y changeait. Cependant, lorsque je passais devant une vitrine et que mon reflet m'apparaissait, je me voyais aussi terne qu'un malade proche de la fin. Reprendre la route n'était pas évident. Les mois passés sur le toit de l'église à ne rien faire m'avaient pomper une grande quantité d'énergie. Rouillé, je marchais dans la rue en me faisant bousculer régulièrement par les autres joueurs. Je savais à peu près où j'allais, et j'étais assez motivé même si je n'en avais pas l'air. Mon corps, en revanche, ne suivait pas mon esprit. Il avait besoin de temps pour se reconstruire. Il est vrai, que nous ne changeons pas physiquement, mais je pense que notre mental a un réel impact sur notre corps.

En entrant dans cette boutique, je ne m'étais pas rendu compte que le Soleil se levait déjà à l'horizon. Premier client, j'étais seul dans cet endroit qui avoisinait le débarras plus que l'armurerie revendiquée. Les épées jonchaient le sol, les lances formaient un amas contre le mur et à ses pieds, une vitrine poussiéreuse laissait entrevoir des brassards de différentes valeurs. De toute évidence, personne n'était entré ici depuis belle lurette. Personnellement, je ne me laissais pas décourager par les apparences et continuait mon cheminement jusqu'au comptoir. En effet, les marchands pouvaient être ordonnés ou bordéliques, cela n'y changeait rien, leur équipement vendu serait le même. Encore une fois, peu de choses changeaient dans ce monde, hormis... Je serrais un peu plus fort ma main contre ma poitrine.

-Bonjour jeune homme ! Que puis-je faire pour toi ? Une petite collation peut-être ? Vous feriez mieux d'aller voir l'auberge d'à côté dans ce cas. Ici, nous vendons toutes sortes d'armes et d'armures. Si je puis t'aider...

L'homme qui venait d'interrompre le cours de mes pensées et de me raidir par la même occasion, comme si j'avais été pris dans mon intimité, avait un certain âge. Le stéréotype même du marchand. Des petites lunettes sur le bout de son nez, un dos courbé par l'érosion du temps, des mains jointes dans son dos et un sourire apparent sur les lèvres. Je comprenais maintenant, qu'il était difficile pour ce vieil homme de transporter ses armes et armures dans la boutique afin de faire le ménage, d'où le format débarras pour lequel il avait opté. Il aurait néanmoins pu s'occuper des vitrines. Là, c'était du niveau de la fainéantise quand même.

-Je peux peut-être vous aider à ranger d'abord ?

La surprise se lue sur le visage de mon interlocuteur avant que son sourire ne s'agrandisse encore plus.

-Ce ne serait pas de refus, jeune homme. Mes vieux os me font mal, je n'arrive pas à soulever ces équipements en métal devenus trop lourd pour mon pauvre dos...

Il continua à parler un bon moment, m'expliquant un tas de choses sur sa vie de PNJ. Des éléments factices créés par le système pour rendre plus vivant ce monde. Malheureusement, cette technique avait ses limites et rapidement, le marchand se retrouva à court d'informations à raconter. Ce n'était pas grave, je n'étais pas là pour écouter ce qu'il avait à me dire et le travail était presque fini de toute façon. Un bon coup de chiffon pour enlever la poussière du comptoir et après deux heures de travail, j'en avais fini. L'endroit était tout de même plus décent une fois propre.

-Que cherches-tu, jeune homme ?

Le PNJ en était revenu à sa tache initiale de marchand. Celle où il était le plus utile. A dire vrai, j'étais entré ici sans trop savoir ce qu'il me fallait. Je cherchais uniquement à m'améliorer, mais dans quel but ? Pourquoi continuais-je de vouloir aller de l'avant alors que plus rien n'avait de saveur ? Je n'avais personne à protéger et aucune envie particulière de terminer ce jeu. Alors quoi ? Je n'allais pas être capable de répondre à cette simple ligne de code matérialisée devant moi sous la forme d'un marchand ?!

-J-Je…

Soudain, la porte claqua et une personne entra. Je me tus alors et sans me retourner, laissa la personne approcher avant d’aller me mettre dans un coin, faignant chercher quelque chose dans les armes.

J'étais arrivé à l'étage 9 par dépit, ne sachant pas quoi faire ni quoi prévoir pour la journée. Je me sentais d'humeur vagabonde, prêt à accepter n'importe quoi plutôt que de rester enfermer et pourtant, je ne voulais pas me rendre encore à la mine, une fois de plus, pour y passer une journée en solitaire. Je m'étais trop renfermé ces derniers temps et hormis Ritcha, Lizbeth et Shun, je n'avais pas vraiment fait de rencontres sur les mois passés ici, j'avais l'impression que plus le temps passait, plus je devenais comme ces flics proches de la retraite, bougon et grognon. Tu l'étais avant ça. La voix de ma sœur me fait marmonner dans ma barbe alors que je déambule dans les rues, je sais qu'elle m'aurait sortit quelque chose dans ce goût là, mais tout de même, je me sens bien moins sociable qu'avant. Je croise une boutique et, pris d'un élan un peu fou, j'y entre sans prendre le temps de réfléchir, j'ai mis un peu d'argent de côté, pas grand chose, mais aujourd'hui j'ai envie de me faire plaisir. Il y a quelque chose que je veux depuis un moment et que je n'ai pas encore pu faire, un projet que je dois mettre en place.

Une fois à l'intérieur, j'ai l'impression d'être en plein capharnaüm, pour moi qui aime l'ordre et la droiture, cet endroit est un véritable enfer. Je regarde de tous côtés jusqu'à trouver deux personnes, une près du comptoir et l'autre qui semble farfouiller dans les objets mal rangés. Je m'éclaircit la voix pour signaler ma présence et m'incline avec politesse avant de me diriger vers... le rayon ? C'est un rayon ça ? Ce désordre me rendrait presque fou, mais je me vois mal proposer de tout ranger, je ne sais même pas si le système de jeu le permet de toute façon. Je me glisse vers un endroit qui semble receler des pièces d'armure et suit mon instinct pour jeter un oeil à ce que je peux trouver d'intéressant, je voudrais une armure, mais quelque chose d'assez bon marché, juste un début, rien de bien folichon et une gemme... Il m'en faut vraiment une, je veux tenter de faire un collier, il faut que j'essaie de faire ça, c'est devenu un objectif qui m'obsède et me . Je finis par arriver à hauteur du jeune joueur et manque de le bousculer, ce pourquoi je m'excuse immédiatement et m'incline avec déférence.

- "Pardonnez moi ! Je ne vous avais pas v...u."

Je rêve ? Autour de son cou, c'est une chaîne ? Je ne peux pas lui poser la question et pourtant, pourtant j'en meurs d'avis, j'ai envie de voir s'il porte un quelconque collier. J'ouvre la bouche et montre la chaîne que je crois voir autour de son cou, je n'ai même pas détaillé son visage et me voilà subjugué par un bout de mal peut-être imaginaire. Je le regarde enfin, détaille son nez fin et droit et ses cheveux flamboyant jusqu'à tomber sur son regard. Je l'ai déjà vu quelque part, c'est le regard de l'homme dont on ne sait pas s'il est blessé ou simplement désespéré, le regard éteint des gens qui perdent leur proche, celui que j'ai vu trois fois au cours de ma carrière, quand j'ai dû annoncé à une famille qu'un de leur proche était retrouvé mort. Il avait le même regard que ce jeune homme brisé ayant appris la mort de sa fiancée, retrouvée noyée après une soirée un peu trop alcoolisée. Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas comment réagir, je me contente de presser son épaule gauche de la main, en signe de compassion. Pourquoi. Pourquoi je fais ça ? Je me trompe peut-être, et s'il était simplement triste de nature ? Tu es un idiot Baku, un idiot fini qui se ridiculise.

- "Votre regard en dit long... Mais vous n'êtes pas seul."

Et merde crétin ! Ferme-la maintenant ! J'enlève ma main et, troublé, baisse le regard vers le rayon pour regarder les quelques gemmes exposées. Je ne sais pas laquelle prendre, concentres-toi Baku, tu dois réfléchir à ton projet, ce garçon, tu ne le connais pas, tu viens déjà de commettre un impair en t’immisçant dans sa vie privée, alors prends ta gemme et sors de ce foutu magasin.

Sans vraiment lui demander son avis, le Beast Tamer ouvrit en grand la porte du magasin, invitant d'un signe de tête son petit compagnon blondinet à le suivre. Snow se rua le premier sur l'homme au katana, suivi de très près par son maître. L'excitation de croiser l'un de ses plus proches amis rendait sa visite à l'étage 9 définitivement grandiose, contre toute attente. Alors que le louveteau blanc sautait à la figure du jeune Voleur, Nathan entra en hurlant :

"Hey, le Chat ! T'as cru que tu pouvais m'échapper ?"

S'approchant de son ami sans véritablement faire attention au désordre alentour, le Beast Tamer ne jugea même pas bon de retenir son animal de faire la fête et de hurler de contentement. Après tout, lui aussi avait bien le droit de s'exprimer ! Et après une matinée plus ou moins calme, un peu d'action procurerait aux Loups le plus grand bien. Balayant rapidement le petit commerce du regard, Nathan ne trouva qu'un joueur et un PNJ, donc une population assez limitée. Il imagina sans peine que ces gens ne lui en voudraient pas pour ce rapide raffut : il s'en irait bientôt de toute façon.

"Lumtoooooooos ! Comment tu vas, mon petit Félin ?"

Un grand sourire aux lèvres, Nathan prit Snow dans les bras, et le tendit à la figure de son compagnon de relativement longue date. Bien évidemment, le louveteau blanc lécha allègrement le visage du Voleur, et bien évidemment, le Beast Tamer le gratifia d'un rire clair et sincère. Il l'avait mérité, à ne plus donner de nouvelles ! Nathan l'avait attendu, entre deux étages, ce MP pour aller fracasser un boss ou simplement boire un coup dans une taverne. Mais jamais il n'était arrivé, c'était donc la moindre des choses que d'accueillir le dompteur de katanas comme il se devait de le faire ! Toujours rieur, le garçon reposa son camarade animal au sol, qui tenta de remonter en sautant sur ses pattes arrières. N'oubliant pas pour autant ce qu'il faisait à cet étage, l'adolescent aux yeux verts se retourna pour présenter un jeune adolescent timide qui entrait à son tour dans la boutique :

"Je te présente Reku.
Blondinet, voici le Chat ; le Chat, voici Blondinet. Vous ferez connaissance sur le chemin, on a bien quelque chose à faire, pas vrai ? A moins que tu ne faisais quelque chose de particulier dans le coin ?"

Maintenant que l'euphorie de la rencontre hasardeuse était passée, Nathan se rendit compte que le joueur qu'il n'avait même pas regardé se tenait étonnamment proche de Lumtos lorsque les Loups étaient entrés dans le magasin. Bien trop proche pour ne pas discuter, en réalité. Se rendant compte de sa terrible erreur, il se fondit en excuses en s'adressant à la fois à son ami et à l'inconnu :

"Oh, désolé, je n'avais pas compris que vous étiez en pleine conversation ! Je m'appelle Nathan, Beast Tamer de Persévérance. Vous voyez à nos logos que Lumtos et moi sommes de la même guilde, je me suis donc permis d'être familier avec lui, comme j'en ai l'habitude. Je n'avais aucunement l'intention de vous couper."

L'air assez sérieux sur le visage des deux joueurs suffisait à imaginer que le ton de la discussion interrompue était assez sérieux. Quelle idée de se jeter comme ça, sans d'abord écouter au minimum en amont pour savoir s'il pouvait effectivement brûler les étapes d'une présentation ! Décidément, le jeune dresseur faisait tout à l'envers en ce jour. Décidé à laisser son ami terminer paisiblement ce qu'il avait commencé, il saisit Snow du bras droit, tira Reku par l'armure de la main gauche, et s'éloigna vers un rayon (si on pouvait appeler ça un rayon) qui l'avait frappé en entrant pour son originalité (et, peut-être, un item qui l'intéresserait beaucoup) :

"Bon, nous on retourne dans notre coin ! On revient un peu plus tard le Félin, finissez-donc votre conversation tranquilles.

Je rêve ou ce sont bien des tenues pour familier, là-bas ? Je n'en avais encore jamais trouvées ! Quelle chance on a, pas vrai Snow ? On a bien fait de se jeter ici à la vue du Chat Potté..."

Première Relance pour Lumtos

La personne qui entra dans ce magasin était maladroite. Je m’étais expressément décalé afin de ne pas avoir affaire à elle, mais non… Il avait fallu qu’elle me bouscule. Rien de grave, cela dit. J’avais l’habitude d’être secoué et balloté de tous les côtés dernièrement. Certains m’auraient dit de garder le nord, mais à quoi bon lorsque l’on a tout perdu ? Finalement, cette bousculade me permit de voir que c’était un homme. Si tout cela aurait pu s’arrêter à de simples excuses avant que chacun ne reparte de son côté, j’aurais été… Non pas heureux, mais soulagé. Seulement, ce crétin ne prit pas la peine de poursuivre son chemin et resta planté là… A me dévisager tel un mal propre. Je le lisais bien dans son regard. Je n’avais pas besoin de sa pitié. Je voulais être seul, je voulais qu’il retire cette main qu’il avait posée avec bienveillance sur mon épaule. Je voulais qu’il m’abandonne avant qu’il ne se fasse lui aussi tuer sous mes yeux. Pars jeune brebis ou alors tu ne pourras plus t’échapper.

C’est alors qu’il prononça les mots qui firent déborder le vase. Si. Mais si. Bien sûr que je suis seul. Qui es-tu pour me juger ? Qui es-tu pour oser m’adresser la parole ? Je ne t’ai rien demandé. Et si tu n’avais pas retiré cette main toi-même, je te l’aurais certainement faite avaler. Au fond, je sais que je ne lui en veux pas autant. Sauf que j’ai cette boule dans la gorge et cette nausée qui me vient. Mes yeux sont humides, mais aucune larme ne sort, je les ai déjà toutes épuisées depuis longtemps. Cet homme… Ne connait rien de moi. Il se détourne et je fais de même. Son intervention n’a duré peut-être qu’une minute, mais elle me reste en travers de la gorge. Comment pourrait-il comprendre ? Comment pourrait-il m’aider ? Il est impossible de la faire revenir.

-Impossible…

Je parle pour moi-même, mais voilà qu’on m’interpelle une fois de plus. Cette voix ne m’est pas totalement étrangère… J’ai cette sensation de l’avoir déjà entendu, alors que je ne me souviens pas d’où. Et surtout, comment connait-elle mon surnom ? Je n’ai plus d’amis en ce bas monde, tous ceux que je connaissais sont morts. Et personne ne m’a appelé ainsi depuis… Pour ça aussi, mon esprit bloque. Chaque fois que j’essaie de me souvenir de quelque chose, je me heurte à un mur invisible qui m’empêche d’aller plus loin, de me souvenir. De toute évidence, je n’ai pas non plus l’envie de le franchir. Rester de ce côté du mur est signe de sécurité, de protection contre la douleur. Même si nous sommes enfermés dans ce monde maudit, notre cerveau continue d’être une merveille de conception. Contre toutes épreuves, il poursuit son chemin en protégeant son hôte des malheurs que ce monde engrange. Une grosse léchouille vient alors me couper dans mes pensées, et je tire une grimace, alors que je tente de retirer la bave que vient de libérer cet animal sur mon visage. De toute évidence, cela confirmais que nous nous connaissions autrefois, un étranger n’oserait pas faire cela à un inconnu. D’un hochement de tête, je réponds à sa question. Je n’ai pas spécialement envie de parler et si je peux écourter cette rencontre, j’en serais le plus heureux… Mais lui… Lui, semble vouloir continuer les hostilités.

Un jeune garçon, plus petit que moi évidemment, accompagne ma connaissance. Cette dernière ne tarde pas à me la présenter comme Reku, le Blondinet. Un surnom qui lui correspond plutôt bien, mais dont je n’ai rien à faire. Surtout que, juste après, cette personne se met à parler de faire route ensemble. Cette fois, je ne peux rester muet et lève une main pour protester. Malheureusement, dans son engouement, il m’ignore et passe à l’homme de tout à l’heure. Cette fois, j’entends son nom : Nathan. Un instant, il semble faire écho dans mon esprit avant de se perdre dans les limbes de l’oubli. En l’occurrence, si je le connaissais, je l’avais oublié lui aussi. Pourtant, un détail vint attiser ma curiosité. Aux côtés du pseudo du jeune homme, auquel je m’intéressais à présent, se trouvait le même symbole qui se tenait aux côtés du mien. Une sorte de colombe blanche dans un petit cadre. Visiblement, ce « Nathan » et moi, étions plus proches que je ne le pensais. Toutefois, cela ne retirait rien au fait qu’il était préférable que je leur fausse compagnie dès maintenant, où les ennuis ne tarderaient pas à nous rattraper. D’une main, je serrais l’amulette se trouvant sous mon plastron, puis profitant que le garçon dégage le passage, me dirigeais vers la sortie.

Je ne savais pas ce qui m'avait prit de parler au jeune homme, mais l'intervention de deux nouveaux arrivant coupa court à ma réflexion et je resta un moment indécis devant ce flot de paroles ininterrompue qui semblait dirigé vers le jeune homme aux cheveux rouge. Peut importait de savoir qui il avait perdu, cette disparition semblait l'avoir détruit jusqu'au plus profond de son être, il semblait distant et n'affichait aucune émotion face au camarade qu'il venait de retrouver. C'était comme si son esprit s'était mis en veille pour ne pas avoir à affronter la réalité et il attendait simplement que le temps passe, que la vie se fasse sans lui.

Je jetais un oeil aux arrivants, le fameux Reku semblait être une véritable pile électrique et il me fit sourire malgré moi. Il était un peu plus petit que moi, sacrément plus jeune et avait choisis un joli blond pour ses cheveux court un peu en bataille. L'autre, Nathan donc, était brun et avait des yeux vert perçant et malicieux, il était suivit par une adorable boule de poil blanche vers laquelle je me baissais pour l'admirer de plus près. Il était de petite taille, un louveteau vu son air, et il avait un poil magnifique, lustré, qui aurait témoigné des bons soins de son maître si nous étions dans l'autre monde.

Je me redressais sans toucher à l'animal, trop conscient des risques de morsures et ne voulant m'attirer ni les foudres de l'animal ni celle du maître. Je souriais aux deux jeunes gens pour constater que celui à l'air triste semblait déjà en train de partir alors que son ami avait à peine fini son discours. Je clignais des yeux et me tournais vers les deux camarades avec un sourire gêné.

- "Il semblerait que j'ai été trop... familier avec votre ami. Je pense lui avoir causé du tort..."

Je me grattais la joue d'un air désolé avant de regarder vers les deux jeunes garçons en me demandant si j'étais moi aussi invité à leur recherche de "quoi faire aujourd'hui pour ne pas s'ennuyer".

Première relance Nathan !

Rp à placer comme abandonné.

Up.

Décidez de ce qu'on fait ici. Contacter le staff si une reprise est souhaitée.

Je regardais le petit bonhomme avec un air désemparé, c'était difficile de ne pas sourire face à autant d'enthousiasme et de chaleur humaine. Il semblait vouloir se faire des amis et sortir combattre à plusieurs, tout simplement. Je hochais doucement la tête, lui indiquant qu'il pouvait à la fois me tutoyer et m'appeler Sneaker s'il le souhaitait. Il était plutôt chou avec ses cheveux blond, ses yeux bleus et son visage d'enfant. Enfin d'adolescent malgré tout, il avait l'air un poil plus âgé que je ne l'aurais cru de prime abord, peut-être que son attitude me l'avait fait voir plus jeune qu'il n'était... Finalement, le fait qu'il propose de faire une quête m'arrangeait assez, je devais quand même occuper ma journée et j'avais prévu de la passer ici, alors c'était tout bénef pour moi.

- "Pas de problème pour moi ! Je comptais quand même rester dans le coin aujourd'hui. Ce sera plus amusant à plusieurs."

Je ne crachais jamais sur de la compagnie, ça me faisait un bien fou d'avoir du monde avec moi alors que je m'étais retrouvé tout seul ici. Puis Birei me manquait beaucoup, ses piques, ses crises de nerfs, tout ça. Ici je n'avais personne, je dormais seul dans les auberges et je n'avais personne sur qui veiller au quotidien. Peut-être qu'aujourd'hui je pourrais veiller sur ce jeune homme et retrouver un semblant de compagnie. Même pour un temps ça me semblait profitable à tout le monde. Je ne savais d'ailleurs pas si le jeune homme que j'avais peut-être vexé nous accompagnait ou non. Il ne semblait pas avoir refusé sans pour autant accepter selon moi, de par son silence. J'espérais que le jeune blondinet, Reku je pense, allait pouvoir le sortir de son mutisme que j'avais sans douté provoqué.

Je réfléchissais à une façon de me rattraper, mais je ne savais pas vraiment quelles étages étaient disponibles à cet étage, je ne m'étais vaguement renseigné que sur les monstres et sur rien d'autre. Il y en avait au moins une dont j'étais sûre qu'elle devrait être disponible, mais je ne savais pas si la proposer était une bonne idée. Malgré tout, il fallait que je tente le coup, la récompense était belle et parfois, il faut savoir prendre des risques et bluffer pour obtenir ce que l'on veut !

- "Et bien pour les quêtes... Il y a peut-être celle du boss de l'étage. Qu'en pensez-vous ?"

Nathan, ma vieille connaissance oubliée, ne me laissa pas sortir du magasin. De son corps de géant, il me barra le passage. J’avais beau être moi-même grand, il me surplombait. Pouffant, je m’immobilisais devant lui. Mon instinct me disait de le bousculer et partir tant qu’il en était encore temps, mais mon cœur m’incitait à ne pas aller à l’encontre de mon ami. Ami ? Pourquoi ce mot me venait-il soudainement à l’esprit ? Je restais songeur à cette idée et n’osais aller à l’encontre de mon cœur. Une seconde dans mes pensées et me voilà déjà entourés du reste du petit groupe. Ils n’ont pas l’air de vouloir me laisser partir, ils discutent comme s’ils ne me voyaient pas. Je n’ai rien à faire avec eux, mais ce Nathan me bloquait encore et toujours toute possibilité de retraite. Je m’inclinais donc face à leur volonté et attendais patiemment que mon heure vienne. Si seulement ils savaient ce qu’il en coûte à ceux qui ont l’audace de rester avec moi. S’ils savaient combien d’entre eux sont déjà morts, certainement aucun ne serait encore là à raconter ses petites anecdotes amusantes de la vie quotidienne.

Cela faisait un moment que je ne les écoutais plus. Mon corps était présent, mais mon esprit était ailleurs, cherchant à s’évader comme il le pouvait. Néanmoins, une alerte me fit revenir à la réalité. Nathan s’en allait. Il venait de recevoir un message urgent, quelque chose qu’il aurait supposément oublié de faire. Cela m’arrangeait. Sans le grand brun, personne ne pourrait me retenir une seconde de plus en ces lieux. Toutefois, après des aux revoir rapides avec le voleur, le blondinet s’interposa vivement accompagné d’un grand sourire. Il rayonnait de joie et souhaitait s’élancer dans une quête avec nous. Je soufflais, il n’avait donc vraiment rien compris. Mon regard se fit plus dur que de coutume et le dévisagea, passablement énervé. Cette fois c’était sûr, je m’en allais et pas un mot ne sortirait de ma bouche. Du moins, je l’aurais fait si l’autre homme n’avait pas évoqué une idée encore plus folle que le gamin. Nous avions beau n’être qu’au neuvième étage, affronter un boss n’était pas une tâche aisée pour tout le monde. De manière générale, ces créatures disposaient d’attributs et de capacités différentes des autres monstres que l’on pouvait croiser dans le jeu. Je n’avais aucune idée de leur niveau, mais je sentais que leur nouvel objectif était déjà tout décidé. Peut-être n’avaient-ils pas besoin de moi. Sûrement même. Et je ne devrais pas m’en faire pour leur survie. N’était-ce pas moi qui souhaitais les voir s’éloigner avant ? C’était la parfaite occasion, mais encore une fois, mon cœur m’incitait à rester. Pour les aider à survivre.

- Si vous voulez. Mais dès que nous en aurons terminé avec ce boss, je disparaitrais. Je n’ai pas l’intention de m’éterniser à cet étage.

J’étais sec et peu aimable, contrairement à mes… partenaires ? Cela ne devait pas les choquer de toute façon, ils devaient s’habituer et cela ne changerait sûrement pas de sitôt.

- Le PNJ est par là-bas.

De mon doigt, je pointais la direction d’une placette où se trouvaient plusieurs pnjs, un tableau de quête, une auberge et quelques autres boutiques. Le strict minimum de chaque grande ville d’étage. Puis je me mettais en route, jetant un regard derrière moi pour voir si mes « partenaires » suivaient.

- De quel niveau êtes-vous et de quelles classes ? Avant de s’engager dans une telle entreprise, j’aimerais savoir avec qui je pars au front.

Connaître ses alliés, c’était la base. Le strict minimum qui permettait de se maintenir en vie. Le mieux était aussi de savoir leur manière de se battre, mais pour cela encore fallait-il l’expérimenter sur le terrain. Même si toutes nos statistiques sont identiques, nous avons tous notre propre style de combat et ces petits détails dedans, qui une fois en équipe, permettent de mieux se coordonner. Le niveau et la classe de chacun serait déjà un bon début.

Première relance Sneaker

Nathan n'est plus parmi nous...

Que décidez-vous de faire ?

Je trouvais ce gamin tellement drôle et enfantin que je me pris d'affection pour lui immédiatement, même si je n'étais pas certain qu'il soit suffisamment sérieux pour aller combattre. Pourtant, arriver à ce niveau impliquait d'avoir combattu et survécu jusque là, donc il était forcément plus sérieux qu'il n'en avait l'air. Finalement il était bien possible qu'on ne se retrouve qu'à deux vu la tête que tiraient les deux autres qui semblaient préoccupés par je-ne-savais-quoi. Je décidais donc de me présenter à mon tour *Bah oui, il serait temps franchement, tu abuses totalement là.* tout en ignorant mon idiote de soeur.

- "Hum... Sneaker, voleur, niveau 22. J'ai déjà fait un boss précédemment au troisième ou quatrième étage, je ne me souviens plus... "

Je haussais les épaules, notant mentalement toutes les informations que je pouvais récolter sur les différents joyeux (enfin tout était relatif) lurons de notre petit groupe. Je songeais parfois que l'un d'eux finirait par filer à l'anglais à peine le boss terminé, mais ce n'était pas à moi de juger. Je décidais donc de suivre le mouvement et partait à la recherche du PNJ donneur de quête pour pouvoir nous lancer dans cette aventure. Je n'étais pas très sûr de moi quant au combat à venir, d'autant que je n'avais encore jamais fait ça avec ces garçons et donc que c'était totalement inédit.

J'étais au moins un minimum équipé et je devais avoir un niveau plus que suffisant pour participer à un groupe de nettoyage de l'étage neuf. Après tout, je n'en était pas à mon coup d'essai. Je décidais de me rapprocher du blondinet Reku pour discuter un peu jusqu'à arriver à ce fameux pnj.

Première relance Reku !