Le vendredi 08/09/2023
14h22
16ème étage


« Alors… Il me faut la carte de l’étage, un bateau, plus d’informations sur les monstres et… Tiens, je me demande. Tu sais nager toi ? »

Je jetai un coup d’œil à mon pied droit tout en restant au centre du portail de téléportation. Même invisible, je sentais le poids et les battements du cœur de mon caméléon immobile. Mais les passants ne pouvaient voir en moi qu’un adolescent étrange parlant à sa cheville.

En tout cas, elle ne fit même pas un geste pour répondre à ma question, créant en moi un dilemme important.

La jeter à l’eau ou attendre d’être rentré pour feuilleter mon bouquin sur les caméléons ?

Ma première idée restait la plus tentante, mais aussi la plus dangereuse… Pour ma princesse comme pour ma personne. Si elle coulait alors que je portais mon attention ailleurs, cela signerait sa fin. Mais si elle savait effectivement nager et que je la foutais à l’eau, elle pourrait bien me paralyser par pure vengeance. Une chute dans l’eau ne me serait pas fatale, tout comme un stationnement sous l’eau pendant quinze secondes… Mais si un monstre marin décidait de me bouffer à ce moment-là, cela pourrait devenir problématique.

Je hochai les épaules et me dirigeai vers le premier magasin tenu par un PNJ sur ma route.

Aide à la modération :

J’entrai dans la boutique et y découvris une jeune adulte à l’allure sombre. Son esprit semblait perdu dans un endroit situé entre le mur en face d’elle et son visage fermé. Entièrement vêtue de longs vêtements noirs qui ne la mettaient pas du tout en valeur, elle possédait des yeux sombres inexpressifs et des lèvres si fines qu’elles me donnaient l’impression de n’être qu’une griffure croûtée sur sa face. Alors que mon entrée avait été alertée par le mouvement d’un grelot, elle ne s’était pas retournée vers moi.

Je regardai à droite et à gauche. Il n’y avait personne à part la princesse, la demoiselle et moi. Un coup d’œil sur la fille taciturne m’indiqua qu’elle était bien la tenancière des lieux. Je m’avançai vers elle en souriant exagérément.

« Bonjour ! Comment allez-vous ? »

Elle me répondit sans bouger d’un pouce, d’une voix lente et déprimante.

« Bonjour… Pas… très… bien… »

Mon sourire se figea mais je m’approchai quand même encore un peu d’elle.

Si même les PNJ’s se mettent à me raconter leur petits soucis sans récompense à la clé…

« Ah ? Qu’est-ce qu’il vous arrive ? »
« … Rien… »
« ... Dans ce cas-là, pourquoi me dire que vous n’allez pas très bien ? »
« Parce que… c’est la… vérité… »
« Qu’est-ce qui vous fait vous sentir mal ? »
« … Rien… »

Était-elle la matérialisation d’une fille chiante aux yeux de laquelle personne ne pouvait la comprendre ? Peut-être avait-elle une quête unique à me proposer si j’arrivais à lui faire sortir les vers du nez ?

« Eh bien, dans ce cas, qu’est-ce qui pourrait vous faire vous sentir mieux ? »
« … Sans doute… »

Elle fit mine de réfléchir en posant son regard vide sur le côté mais ne dit rien pendant un long moment. Pourtant, j'avais régulièrement l'impression qu'elle ouvrait légèrement la bouche.

Accouche merde….

Dans un soupir, elle laissa s'échapper un mot de sa bouche.

« … Rien… »

Mon sourire crispé s’étira. Hou, elle me saoulait déjà ! Je remarquai en plus qu’elle ne s’était toujours pas tournée vers moi. Je me postai alors juste devant elle. Mais elle ne réagit pas. Je décidai de tenter à nouveau.

« A quoi pensez-vous, en regardant le mur comme ça ? »
« A… rien… »
« A rien ? »
« Oui… A rien… qui… vous regarde… »

Je ne pus m’empêcher d’exprimer mon mépris pour elle. Il se dessina profondément sur mes traits anciennement chaleureux. Elle ne voulait ni de mon aide ni de mon écoute ? Tant pis pour elle, je n’avais ni le temps ni la patience de les lui accorder de toute façon !

Comment avait donc fait le système pour créer une fille aussi chiante que celles de la vraie vie ?

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Un long et bruyant soupir m’échappa sans que je puisse le contrôler. Par chance, il sembla la réveiller un tout petit peu.

« Cela étant… dit… Que puis-je… faire pour… vous ? »

Je la regardai fixement alors que ses yeux se trouvaient encore perdus dans le vague. J’approchai mon visage d’elle, d’assez près pour me voir dans ses pupilles, mais d’assez loin pour ne pas que le système active l’alerte pervers.

Mes tentatives d’être réellement vu par la marchande furent toutes un échec. Elle ne cilla ni ne bougea pas. Je grommelai.

« Je souhaiterais la carte de l’étage, et j’aimerais savoir où je pourrais me fournir un bateau. »
« Je ne… vends pas… de bateau… »
« Effectivement, oui. Pouvez-vous me dire où je pourrais en acheter ? »
« … Nulle… part… »
« Comment ça ? »
« … Vous ne… pouvez… pas… en… acheter. »
« Ah ? »

J’avais pourtant entendu parler qu’il était impossible de circuler entre les différentes îles de la zone sans bateau. Mes sources n’auraient pas pu me mentir, alors pourquoi cette PNJ disait des conneries ?

« Vous… devez… vous… faire… escorter. »

J’ouvris la bouche de surprise.

« Ah bon, sérieux ?! Mais pourquoi ? »
« C’est… difficile… de… naviguer… sans être… professionnel. »
« Ah. D’accord. »

Peut-être fallait-il obligatoirement un permis de conduire pour prendre la barre ? Dans ce cas, peut-être que mon rêve de devenir capitaine d’un navire de pirate me serait impossible ? Ou alors, peut-être que c’était en réalité très simple, mais que Kayaba souhaitait qu’on protège des PNJ’s en même temps que nous combattions des monstres à partir de cet étage ? C’était probable, cela augmentait la difficulté du jeu.

« Où pourrais-je trouver des marins pour m’accompagner ? »
« Donnez…-moi… treize… cols… »
« … Quoi ? Pourquoi ? »
« Pour… la… carte… »

Elle me gonflait à mettre cinquante ans pour répondre. Je ne supportais plus sa façon de parler à deux de tension. J’activai ma compétence de Négociation : elle ne méritait pas d’être autant payée avec ses services commerciaux de mer…

« Ah. Comme je suis gentil et agréable avec vous, serait-il possible que vous baissiez légèrement le prix ? »
« Oui… Tenez… Maintenant… Partez. »

Elle m’avait tendu la carte expressément après avoir accepté onze cols.

« Mais… Attendez, où est-ce que je peux trouver des mar… »
« Regardez… la… carte. »

Alors, elle me tourna le dos pour regarder un nouveau mur. Inaccessible.

Su-per.

Aide à la modération :

Je sortis de la boutique très énervé, mais avec les informations que je voulais. En suivant les annotations ainsi que mon ouïe même non développée, je me retrouvai rapidement au port de la ville. Il s’affairait ici un bon nombre de gens et, si l’objectif de la plupart d’entre eux était de vendre du poisson, j’entendis tout de même pas mal de demande d’accompagnateurs. En effet, à cause des monstres et des pirates, il devait être compliqué de pêcher dans ces eaux.

Ma quête serait donc plus difficile que prévu. J’allais devoir m’occuper des pirates tout en protégeant des pêcheurs. Mais, même si cela allait me demander plus de concentration et de rapidité, j’étais prêt à relever le défi. Malgré ma vitesse déplorable, il était certain que je découperais les monstres comme du beurre à l’aide de mon katar. En plus, Vindish serait présent pour éliminer ceux qui s’approcheraient trop de notre bateau grâce à son Intimidation. Et même si cette dernière ne fonctionnait pas sur quelques-uns, ma superbe princesse pourrait paralyser les ennemis restants.

Oui, cela allait le faire, tranquille.

Je fis alors le tour de ce qui ressemblait à un marché et repérai les navires plus ou moins chers en plus ou moins bon état avec un équipage plus ou moins bien formé. Malheureusement, d’après ce que j’entendais, ils avaient surtout besoin de monde tout de suite, pas demain.

J’allais devoir négocier…

Aide à la modération :

« Alors vous acceptez nos services demain mais… Comment ça, je devrai payer 100 cols par personne ? »
« C’est comme ça, c’est le prix de l’embarcation. »
« Mais c’est ingrat, on va vous protéger des monstres et vous permettre de pêcher tranquille ! »
« Qui nous le certifie ? De tout façon, c’est la règle, c’est comme ça ! »
« Bon… Très bien, je veux bien payer… Mais vous pouvez nous faire une petite réduction quand même ? Je vous garantis qu’on ne mourra pas facilement, on a de très bons équipement, des compétences utiles, on saura vous protéger parfaitem… »
« Je m'souviens pas t’avoir demandé ton CV ou ta lettre de motivation. »
« Allez quoi, même si on peut pas vous aider à pêcher, on va quand même vous aider au péril de notre vie. Et puis franchement, ça fait combien de temps que vous êtes là à crier pour être accompagné ? »
« C’est pas faux. Ben, vous allez me payer demain nan ? Alors on verra demain. »
« Merci d’y réfléchir. »
« Ouais, c’est ça, à d'main. »
« Sans faute ! »

Mais c’est quoi ces gens hyper pas respectueux ?!

J’avais eu l’impression que ma compétence de Négociation n’avait servi à rien. Dans tous les cas, il avait raison, j’allais devoir répéter mes arguments le lendemain. Je ne comprenais vraiment pas ce principe. Payer pour pouvoir travailler, c’était du n’importe quoi !

Je regardai l’heure et me rendis compte que cela faisait en faisait plusieurs que je me trouvais à cet étage. Ça ne m’était que très rarement arrivé de mettre autant de temps pour récolter des informations aussi simples que la carte de l’étage, la description des ennemis et les zones où ils se développaient !

Après avoir combattu pour m’adapter à Vindish la matinée, et supporté des PNJ’s malpolis maîtrisant la compétence "rétention d'informations", je me sentais exténué.

« C’est bon… J’en ai marre. On rentre. »

Alors que je n'avais fait que parler tout seul, je me rappelai soudain la présence de la princesse à mon pied. J’avais fini par m’habituer à son poids sur mes jambes, réussissant maintenant à marcher convenablement contrairement à nos débuts ensemble.

Alors… Un sourire mi-sadique mi-amusé se dessina sur mon visage.

« Héhéhéhéhéhéhé… On va prendre un bain ensemble ce soir ma belle ! »

J’allais pouvoir faire une nouvelle expérimentation sur elle ! Même si je la pratiquerais en toute sécurité, il me resterait l’excitation liée à la découverte ! Je ne lirai pas mon bouquin, non, je constaterais de mes propres yeux sa capacité à nager ou non !

Mais alors que je m’imaginais la scène en prononçant le nom de la ville du huitième étage, une langue collante me paralysa. Si bien que je bloquai les allées et venues pendant une quinzaine de secondes.
 

Aide à la modération :

Nombre de ligne : 0.5/2
Qualité de la langue : 2/2
Avancement du RP : 1/1

Pseudo : Ari
Nombre de messages : 5
Cols gagnés : 580 cols
Cols dépensés : 11 cols
Objets utilisés : /
Objets obtenus : /
Compétences gagnant des points :
Familier +1
Négociation +1
Niveau début du rp : 46
Niveau(x) gagné(s) : 1
Réputation : 1¤ 1+
Remarques : Un solo amusant à lire (on ne voit pas souvent d'interactions aussi poussées avec des marchands NPC), mais attention à la longueur des posts (pour rappel, les dialogues ne comptent pas dans le nombre de mots). Peut-être envisager trois posts plus longs au lieu de cinq plus courts si le cas se représente ? Et on veut les détails du bain~