12 mai 2023, 13h10, Étage 4

En ce beau début d’après midi de mai ensoleillé, Chika n’était absolument pas d’humeur joyeuse.

Voilà six mois que le jeu de la mort Sword Art Online avait commencé, mettant les nerfs de tout le monde à rude épreuve. Après une grosse phase de dépression où la jeune femme avait faillit passer à l’acte, elle avait finalement réussi à ne pas perdre espoir et était à présent déterminée à terminer ces paliers, ce jeu, et surtout, à retourner dans le monde réel… Mais voilà, cela faisait plusieurs mois qu’elle se démenait pour monter ses niveaux, et elle était encore très loin du compte. Son passage à vide lui avait fait perdre un temps précieux, et encore aujourd’hui, elle avait tendance à se morfondre trop souvent. De plus, elle avait dû revoir sa façon de se battre, son corps menu de jeune fille étant différent de celui de l’avatar masculin qu’elle avait choisi lorsqu’elle avait commencé le jeu. Elle travaillait dur, car si elle voulait se battre sur la ligne de front, elle devait maîtriser ses techniques de combat et devenir plus forte. Oh bien sûr, elle pouvait toujours essayer d'y aller, mais c’était définitivement trop risqué. Même si elle avait longtemps pensé à mettre fin à ses jours, ce n’était absolument plus d’actualité ! Pourtant, Chika rêvait de se battre en première ligne, de massacrer tous les monstres qui croiseraient son chemin, se traçant ainsi un chemin jusqu’au dernier palier, au dernier boss… Mais dans la réalité, ce n’était sûrement pas avec son niveau 14 et son équipement rapiécé qu’elle allait faire des miracles. Ce n’était pas comme cela qu’elle allait quitter ce monde et retourner chez elle ! Elle n’en pouvait plus de ce jeu, cette prison. Elle avait beau n’avoir commis aucun crime, elle était, comme des milliers d’autres innocents, emprisonnée, et condamnée à ne jamais revoir la lumière du soleil.

C’est en marmonnant ces idées défaitistes que la jeune femme - de tout juste 19 ans mais qui ne les faisaient pas à cause de son visage enfantin et de sa petite taille - se rendait au quatrième étage. Énervée contre le monde entier et contre elle même, c’est d’une démarche rapide et irritée qu’elle traversait la ville à la recherche d’une certaine auberge, évitant avec adresse les passants, forts nombreux à cette heure de la journée. D’habitude, Chika avait plutôt tendance à conserver son sang froid, elle s’énervait peu. En effet, vu qu’elle préparait ses plans à l’avance et avec assez de marges pour que tout se passe relativement bien, elle n’avait pas vraiment de raison de perdre son calme. Mais là, tout allait de travers. Elle montait de niveau trop lentement, son équipement était abîmé et plus très performant, et elle n’avait pas assez d’argent pour acheter du meilleur matériel. Il ne lui restait donc plus qu’une chose à faire : des quêtes. Mais pas n’importe quelle quête ! Au vu de son manque de matériel, elle ne pouvait pas aller se battre contre des créatures, même de bas niveau, c’était trop risqué. Elle était donc obligé de se tourner vers cet étage, cette quête… Elle en avait entendu parler de cette quête au nom fort peu attirant, elle demandait beaucoup de patience, ce que n’avait absolument pas la jeune fille à cet instant. Mais la récompense monétaire était plus qu’intéressante, et Chika en avait cruellement besoin, elle avait donc décidé de prendre sur elle, même si ça allait être dur…

Après de longues minutes de recherche à arpenter la ville encore et encore, Chika étant tellement sur les nerfs qu’elle ne faisait même plus attention à ce qu’elle cherchait, elle trouva enfin l’auberge où devait se trouver le PNJ qui donnait la quête. Elle s’arrêta devant la porte, respira un bon coup pour essayer d’évacuer sa colère, sans grand succès, puis entra dans le bâtiment. Il y avait du monde dans l’auberge, ce n’était pas surprenant vu l’heure, mais la jeune fille eut un peu plus de mal pour trouver ce qu’elle cherchait, ce qui l'énervait encore plus. Une fois sa cible en visuel, elle se dirigea vers elle, une grimace irritée déformant son visage juvénile. Cette quête avait intérêt à valoir le coup, et le premier qui lui mettrait des bâtons dans les roues allait le payer cher.