Aujourd'hui, le destin avait voulu que je me rende au neuvième étage. Dans ma folie vindicative de vouloir résoudre toutes les quêtes de ce jeu comme pour me venger de ma détention en ces lieux, il était enfin arrivé le tour de cette chimère. Qu'est-ce qu'elle était ? Je n'en savais trop rien. Je connaissais la célèbre légende grecque bien entendu,mais qu'est-ce qui me prouvait que l'éditeur de ce concept digital nommé affectueusement SAO en avait suivi tous les traits ? Initialement, il s'agissait d'une créature mythologique malfaisante, mi félin, mi chèvre. Parfois elle était décrite comme crachant du feu, parfois polycéphale. Qu'en était-il vraiment dans cette mythologie, aucune importance. La créature que je devais traquer et terrasser aujourd'hui était peut-être inédite. Si on voulait aller plus loin dans l'appréhension du problème, on pouvait aussi parler de chimérisme génétique mais on revenait au cas mythologique en étant juste plus compliqués. Vous savez ces êtres vivants dont certaines cellules possèdent un ADN cohabitant dans le même organisme que d'autres cellules en possédant un autre bien différent. Dans le cas de la chimère tuée par le prince Bélérophon sur ordre du Roi Iobatès, il s'agissait d'un corps de lion surmontée d'une tête de chèvre. En gros, les deux définitions étaient clairement équivalentes dans ce cas.

Une fois téléportée dans cette ville souterraine du neuvième palier, je prenais donc la direction de la taverne. Selon ce qu'on avait découvert avec Milena, le PNJ donneur de quête était posté dans une taverne de ce sinistre étage. Concrètement, la créature n'avait rien fait d'autre de mal que le simple fait d'exister. Je n'étais pas pour éradiquer des espèces vivantes pour le simple bien fait d'un panorama libéré de sa présence disgracieuse. Néanmoins, nous étions dans un jeu vidéo, sa mort m'octroyais un bonus léger cumulable qui finirait par devenir quelque chose d'assez important au fur et à mesure de mon avancée. Chaque point de caractéristique était bon à prendre et pouvait faire pencher la balance entre mort et survie. De ce fait, la prise de la quête et son accomplissement n'ouvrait aucune discussion possible. Je m'y emploierais et cela en serait ainsi. La taverne n'était pas loin du téléporteur et après cinq maigres minutes de marche, j'y étais parvenue.

Un homme sinistre parmi une foule d'ivrognes et un homme sobre pour les servir. Voici une ambiance typiquement représentative des autres lieux de beuverie si je pouvais dire. Sur toutes les tavernes que j'avais fréquentées, seule celle de notre adhésion aux Lames d'argent fut différente car déserte. Dans tous les cas, seuls des PNJ étaient ici et heureusement. Commencer à attaquer la boisson dès neuf heures et demie du matin était assez malsain. Je me dirigeais avec une hâte assez palpable vers le donneur de quête. Celui-ci me donna après un court dialogue l'énoncé de la quête dans une fenêtre qui s'ouvrit d'elle-même devant moi. Une validation plus tard, je tournais les talons afin de ressortir de cet établissement sentant le renfermé et peu propice à l'accueil durable de la gente féminine à l'odorat sensible.

Je me dirigeais vers la sortie du village. Cette dernière était assez particulière puisqu'elle était recouverte de mousse afin que les monstres de l'extérieur ne la décèle pas. Les gardes  étaient-ils si démunis que cela devant ces monstres pour qu'il se sentent autant en danger ? Aucune importance encore une fois, si cela leur convenait, je n'avais aucune crainte à avoir. Je devais absolument perdre cette ampathie que j'avais pour les autres. Je devais cesser de m'attacher à la moindre existence supplémentaire qui pouvait dès demain disparaître du monde des vivants. Sans prêter attention aux environs, je continuais la route vers le lieu où débutait le labyrinthe de cet étage. Armée de Mankind's Betrayer, textuellement Traître à l'humanité, je parvenais bientôt à rejoindre l'entrée du dédale. Cependant, en parcourant les dernières foulées m'en séparant, je ne pouvais m'empêcher de repenser à la bataille contre le boss du vingtième palier. Je n'étais pas encore prête pour en parler, ni pour rassembler ce que j'en pensais pour formuler un semblant d'idée. Ce que je savais, c'était qu'un autre traumatisme m'avait frappé hier et que je ne savais pas encore comment y réagir, comment le surmonter. Alors que j'étais un peu perdue dans mes pensées, je regardais l'entrée du labyrinthe sans rien songer à son sujet : il était banal et sans aucune spécificité intrinsèque.

Un soupir puis une inspiration me furent nécessaires avant de pénétrer à l'intérieur. Il paraîtrait que quelques gros chats dominaient la zone. Si, comme en Afrique, ces félins vivent en meutes, il me fallait me préparer à affronter des groupes peut-être aussi voire plus conséquent que lors de ma rencontre avec Shukuro. Dans tous les cas, une chose était sure : je ne ferais preuve d'aucune pitié ni d'aucune clémence envers des monstres voulant simplement ma mort. Je m'aventurais plus profondément dans cette infrastructure se voulant être un abattoir et qui remplirait parfaitement son rôle aujourd'hui. Les pixels allaient remplir l'entièreté du volume de ces lieux, mais sachez qu'aucun d'entre eux ne m'appartiendra.

Mon esprit était des plus calmes. Totalement dépourvue de doutes, de questionnements annexes et inutiles, je parcourais les couloirs de ce labyrinthe. Strictement concentrée sur la situation présente, je progressais sereinement mais attentivement dans ce dédale, Traître à la main. Le niveau neuf était facilement survolable pour quelqu'un de mon rang. Néanmoins, des pièges et des embuscades étaient toujours à prévoir. Toujours meurtriers, il était de mon devoir de me préserver. Premièrement, le conseil "rester en vie" avait peut-être l'air débile; mais il ne fut jamais aussi vrai que depuis hier. Deuxièmement, rester en vie n'était pas une condition auto-suffisante pour réussir ce périple. En effet, il nous fallait rester en vie et, réussir à défaire le centième niveau. De ce fait, il était de mon devoir de rester vivante et de ne surtout pas me laisser avoir par des pièges de bas étages. De plus, je devais à la fois vite progresser et entretenir l'espoir que toutes les personnes non-combattantes ont regagné avec la victoire de la veille.

J'étais motivée à me battre pour sortir le plus vite d'ici. Je n'avais pas beaucoup parlé depuis hier, avec personne pour ainsi dire. Même Milena ne reçut que quelques maigres mots à mon retour. Le combat s'était admirablement bien passé pour moi. Elle, qui était spécialisée contre la lutte des Player Killers, ne pouvait pas me comprendre, moi spécialisée dans l'éradication des mécréants digitaux. Quand elle partait à la chasse, elle était seule ou peut-être avec des personnes ayant voué leur existence à protéger les autres, punir un peu vindicativement les assassins ou tout simplement à rendre le monde un peu meilleur le temps qu'on sorte de là. Ce que j'avais vécu, c'était la mort de personnes presque contraintes de venir affronter un monstre trop fort pour elles. Poussées par le désespoir induit par l'annonce de Kayaba les rongeant chaque jour où elles étaient parvenues à rester en vie. Avoir vu ces morts sans rien pouvoir faire, avoir endurer leur disparition sans pouvoir bloquer le boss ou le tuer pour l'en empêcher. Les forces en puissance n'étaient pas les mêmes, mon champ d'action était bien plus réduit. Sauver les gens n'était pas vraiment aussi évident.

Plusieurs choses m'ont frappées hier. Tout d'abord, peu importe la force déployée, les boss ne prendront qu'un maximum de dégâts fini. De ce fait, la véritable force se révélait alors dans deux caractéristiques différentes de la force pure : la précision et la vitesse. Si la frappe est maximisée en dégâts, seul un coup critique pouvait peut-être lui faire franchir ce seuil. Par contre, frapper deux fois au lieu d'une seule était vraiment quelque chose de très très fort. Pouvoir infliger deux fois des dégâts maximisés alors que le boss est toujours en train d'armer sa frappe. Je m'étais donc décidée à partir de ce jour d'alléger mon équipement. Faire un équipement qu'en tissu serait suffisant : ma défense était déjà assez grande. Mais contrairement à un équipement en métal, il était plus simple de se mouvoir, d'esquiver et de se replacer. Thélos allait être sollicité pour pouvoir confectionner tout ceci et j'allais devoir, de mon côté, rassembler rapidement tout ce dont j'aurais bientôt besoin. Une nouvelle arme me sera alors disponible. Moins orientée sur l'aspect meurtrier, cette prochaine arme devrait être aussi longue, mais plus épaisse et plus large. Cette arme servirait de bouclier en plus de son rôle guerrier. Imaginez un peu une vitesse suffisante pour frapper deux fois, avec un excellent score de coup critique et planter l'épée dans le sol à la fin pour cacher ma fine silhouette derrière. Une stratégie innovante bien que peu efficace mais tellement charismatique.

Alors que je continuais tranquillement mon avancée, je surpris trois lionnes tranquillement installées dans l'allée. Il m'en fallait de m'en aller les réveiller. La sieste était terminée mesdames, voyons qui de nous en sortira avec la sombre intention de dépeupler toutes les entités virtuellement vivantes de ces lieux.

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'Vert - groupe moyen' :

Ces chères minettes ne s'attendaient pas à voir un fauve débouler sur elles. Elles m'avaient entendue : toute de métal vêtue, ma discrétion laissait à désirer lors d'une approche rapide. Cependant, l'effet de surprise était de mon côté : de deux coups d'épée successifs, j'exterminais instantanément deux lionnes. Je laissais ainsi la troisième totalement seule face à moi, promise à une mort certaine et imminente. Elle répliqua du mieux qu'elle put mais ma réplique fut dénuée de suspens. Dans un nuage de pixels scintillants, la dernière représentante du groupe de félines n'était plus.

Continuant mon chemin après cette altercation plus ou moins revigorante, les routes commençaient à se séparer. Encore une fois, j'avais le droit à un croisement et donc à un changement de direction soit une décision à prendre. Comme à mon habitude, je décidais de me cantonner à une direction : ce serait la gauche cette fois-ci. Je m'engageais alors sur ce côté espérant arriver assez rapidement vers la salle du boss. Bien entendu, le chemin vers l'antre de la bête n'était jamais rapide, souvent semé d'embûches et de monstres en tout genre. J'étais là pour tout endurer, tout surmonter. Je gardais mon rythme de progression jusqu'à observer un groupe de quatre lapins garous. Je ne pouvais m'empêcher de penser à ce fameux jour où Milena et moi avions rencontré Thélos pour la première fois. Ce fameux jour où il tua un lapin en l'écrasant contre ma lame. Comme précédemment, je bondissais assez vite pour donner un coup latéral en rase motte. Le but de cette pratique était d'occire les plus d'ennemis possible. Après une réplique similaire au coup précédent, je pouvais monter de deux le nombre de victimes du jour. Cependant, je dus subir deux morsures. Allais-je me transformer en Shade-garou, on en lapin ? Je pense que l'auteur du jeu s'est gardé de ce genre d'enfantillages. Je l'espérais à vrai dire.

Il me fut une deuxième salve de deux coups pour pouvoir me débarrasser des deux autres. Le premier fut assez intelligent pour se décrocher tout seul mais du subir une attaque écrasante, ce qui eut pour effet de le réduire à l'état de poussière brillante. Le second, lui, fit un vol plané après que ma jambe en eut assez de lui servir de cocotier. C'est pendant ce vol que mon épée lui assénait la mort d'un coup particulièrement violent et meurtrier. Pendant ce même trajet, j'ai eu le plaisir de croiser deux lions à dent de sabres. Le soucis de ces monstres était qu'ils étaient assez solitaires, donc faciles à tuer et indolores puisque trop faibles pour survivre et répliquer. Mais je ne fus pas au bout de mes peines avec les félins, d'autres allaient sûrement survenir au fur et à mesure que j'allais avancer. D'autres créatures allaient aussi me barrer la route dans un futur très proche. Trop proche même si on devait compter les quatre octodons armés de gourdins au détour du virage que je venais de prendre. Le combat avait un déroulement totalement inversé à tout à l'heure. L'effet de surprise était totalement en ma défaveur : ce furent quatre coup de massues qui me tombèrent dessus. Bien entendu, mes ripostes furent immédiates et sans aucune once de pitié. Résultat des courses : après deux frappes longitudinales, deux octodons furent envoyés en l'air avec des dégâts trop considérables si bien qu'ils explosèrent au-dessus du sol en une multitude de pixels. Pendant cette pluie d'étoiles filantes artificielle, je dus encaisser deux autres attaques au gourdin. Ce seront les dernières que j'aurais à déplorer jusqu'à présent car après une première attaque latérale, mon premier ennemi fut projeté contre le mur et explosa à son tour en particules réfléchissant la lumière environnante. On aurait dit les traces des hommes suite au souffle de Hiroshima ou les peintures des grottes de Lascaux. Pendant un très court laps de temps, la silhouette de l'octodon était encore devinable sur le mur où il avait été projeté. Son collègue eut droit à moins de tact de ma part. Enfonçant mon épée à la verticale dans le sol à travers son intégrité, le monstre n'avait d'autre choix que de se plier sous le poids de cette lame le traversant de part en part. J'appuyais de tout mon poids sur la poignée et après un court temps d'attente, le monstre vola en éclats.

Sa mort fit fin au combat et à mon avancée momentanément. Tuer des monstres en série était fatiguant psychologiquement. La fatigue physique avait été abolie mais psychologiquement, notre esprit nous indiquait qu'après tant de choses, notre corps devrait se sentir fatiguer. Dans tous les cas, à chaque fois que cette sensation me venait, je préférais souffler un peu et me reposer. C'était chose faite : mon épée était encore plantée à l'endroit où aurait du gésir l'octodon et je me laissais m'asseoir en appuyant mon dos contre elle. Je m'accordais quelques minutes avant de repartir.

Il semblerait que je me sois assez reposée pour regagner l'entièreté de ma vie. Non pas que j'avais une vitalité maximisée, non... Mais j'avais en vérité perdu bien peu de points de vie. Je me levais pour reprendre ma route et, une fois sur mes guibolles, je les plaçais l'une devant l'autre afin de me mouvoir en avant. Aujourd'hui, une chimère allait mourir, mais pas avant que je ne la trouve. En effet, les murs de casse-tête ou plutôt ce casse-tête de murs me retenait loin de ma cible. Pour autant, ce n'était pas ce genre de choses qui me décourageaient, bien au contraire. Au lieu de creuser un passage directement de ma position vers celle de cette chimère qui m'étais inconnue, je préférais arpenter avec beaucoup de fair-play ce labyrinthe. Tôt ou tard, je trancherais la tête de cette infâme créature, mais de préférence plutôt tôt que tard.

Armée d'une lame capable d'ôter la tête de n'importe quel corps, équipée d'une arme capable d'arracher la vie à n'importe quel pédestre de ce monde, j'avançais sereinement parmi ces couloirs. La créature n'avait qu'à se présenter devant moi et il en serait fini de son misérable règne. Bien heureusement pour elle, c'était à moi de venir la trouver et de la déloger. La détermination était ce qui m'avait fait venir ici, l'envie était ce qui me faisait avancer. Dans très peu de temps je frapperais à la porte de cette misérable créature surnaturelle, et quelques coups plus tard, je repartirais avec mon du. Pour autant, ce n'était pas vraiment ce que l'étage et le destin m'avaient réservé pour l'heure. En effet, quatre lapin-garou étaient là devant moi, me barrant la route de leur présence. Mais je n'en avais que faire...

Sans même ralentir, je continuais à avancer vers eux. Sans exprimer le moindre, sans froncer le moindre sourcil mais avec un faciès qui en disait long, je préparais mon épée afin d'anéantir mes ennemis. Ils avancèrent en lignes par binôme et je les exterminais pareillement. D'un coup puissant et balayant, j'écrasais un lagomorphe sur l'autre puis l'ensemble sur le mur. D'un coup, j'en avais aisément exterminé deux mais cela n'avait en rien ébranlé la volonté des deux autres. Ils continuèrent à fondre sur moi, mais dans un revers parfaitement symétrique j'empalais les deux compères l'un sur l'autre sur le mur parallèle au précédent. Dans un nuage de pixels, ils se dispersèrent comme les précédents. Ils n'avaient aucune chance, et tous le savions. Néanmoins, ils étaient codés pour défendre cet endroit coûte que coûte, même au prix de leur vie. On ne pouvait pas enlever ce plein ou ce manque de volonté de la part de ces monstres qui faisait d'eux d'excellents gardes pour un donjon ou un boss. Malgré ça, ils ne pouvaient réussir à me stopper.

C'est avec une grande conviction que je continuais mon avancée à travers ce dédale couvert de pavés que je foulais. Prête à faire voler en éclats scintillants n'importe quel ennemi devant moi se trouvant, j'allais de l'avant.

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'Vert - grand groupe' :

Je marchais d'un rythme normal, aucunement saccadé. Ma jambe droite précédait puis suivait la gauche sans rechigner, fidèlement. Ce qui fut vraiment étonnant était que, contre toute attente, j'arrivais devant la porte du boss de ce niveau assez rapidement. Elle était reconnaissable à quelque chose de très simple : dans un labyrinthe de fin de niveau, il n'y avait jamais de portes exceptée celle qui menait vers le monstre le plus important à éliminer. Cependant, ma joie fut de courte durée.

J'arrivais sur une place avec pas mal de chemins possibles. Je les comptais tous et arrivait sur une dizaine : l'entrée de ce boss était donc facilement trouvable. Néanmoins quelque chose clochait : pourquoi rendre un labyrinthe facile pour trouver ce qu'il y avait à déceler. Mon esprit fut frappé par une révélation divine : pour le rendre beaucoup plus compliqué pour sa sortie. Sans entrer dans la salle, je pris comme origine la porte du boss et commençais à compter les chemins possible en commençant par la droite. Un... Deux... Trois.... Quatre ! Je me trouvais sur le quatrième chemin en commençant par la droite. Impossible donc de me tromper sur le chemin du retour ! Une fois que j'en aurais fini de ce félin chimérique et que je devrais m'en retourner à la ville, alors je serais totalement apte à me retrouver mon chemin.

Je commençais à m'avancer dans la salle quand tout à coup la facilité laissa place à la sournoiserie. De l'ombre sortirent plusieurs ennemis : ils s'y étaient tapis jusqu'à temps que je daigne entrer un peu plus profondément. L'analyse fut rapide le groupe était bien composé d'une dizaine de lionnes affamées. Presque totalement encerclée, je choisis de reculer dans la couloir d'où je provenais, où l'avantage du nombre serait annulé. Deux petits bonds en arrière furent suffisants pour me replier en sécurité, un seul leur fut suffisant pour m'agresser. Deux attaques me furent données, mais ma réplique était imminente. D'un seul bras, je soulevais Traître à l'humanité bien haut. Telle une guillotine j'abattais alors la sentence que méritait la première féline puis après avoir réarmé mon bras je récompensais la seconde de la même mort qui frappa la précédente. Un rideau de pixels se forma et m'empêcha de voir le prochain assaut de ces félidés. D'un bond en arrière, je me remis en sécurité et de peu : deux nouvelles lionnes sautèrent ensemble, déchirant le nuage opaque et brillant de pixels nouvellement formé. D'un revers de lame, j'oblitérais ces deux ennemies quadrupèdes d'un seul coup d'épée transversal. La vive lumière rouge me caractérisant un coup critique fit son apparition et un quart de seconde plus tard, le couloir fut à nouveau rempli de particules frivoles multicolores. Quelques secondes furent nécessaires à leur évacuation mais une fois évaporées, rien ne restait. Les lionnes avaient-elles disparues ou étaient-elle simplement en train de m'attendre ? Ma condition et mon niveau me permettaient de m'en défaire sans trop de dommages, aussi je décidais de les affronter directement.

Je courais dans la salle à la recherche de ces satanés chats sans parvenir à les voir. Qu'est-ce qui se passait sérieusement ? Fallait-il que je reste ici pour toutes les affronter ? Je prenais place au centre, l'épée à bout de bras et l'autre main prête à agripper n'importe quel ennemi s'approchant d'un peu trop près. Cinq binômes popèrent tout autour de moi pour une bataille épique et totalement désavantageuse pour moi puisqu'en sous-nombre et encerclée. Je jouais donc ma vie sur ce combat qui s'annonçait long, fastidieux mais au combien mortel pour des gens s'aventurant ici avec moins de niveau.

Très bien ! Finissons-en !

La situation pouvait paraître compliquée mais à vrai dire, je n'étais pas plus tendue que cela. Il s'agissait clairement d'un piège que je venais de déclencher. Le problème était que si je voulais continuer, je devais m'en acquitter par le sang de mes ennemis et/ou du mien. Bizarrement, j'avais pas prévu de donner mon liquide vital aujourd'hui.

Les dix lionnes s'étaient réparties autour de moi mais préféraient tourner autour que d'attaquer. Je devais rester attentive sur tous les angles ce qui était plutôt compliqué quand son angle mort était important. A défaut d'être avantagée, je ne devais pas faire le premier pas. Je mis mon épée de manière horizontale, plat de la lame vers moi : la partie métallique donnait une image floue mais je pouvais apprécier des gros changements de luminosité. Une aura noircie sur le reflet signifierait une attaque imminente dans mon dos et je pourrais de ce fait esquiver ou répliquer dans les plus brefs délais. Et c'est ce qui se produisit : une ombre vint remplir la majeure partie de ma lame! Une attaque dorsale fut initiatrice de l'affrontement mais je fus trop lente. En effet, une griffure multiple venant d'une des patte du félin me laissa deux ou trois stigmates parallèles sur mon épaule droite. Mais ma réplique ne se fit aucunement attendre; aussitôt arrivée sur ses appuis, les pattes de cette entité féline ne put soutenir plus longtemps le poids du corps en entier. Ma lame était prête à frapper et, une fois la lionne sur ses pattes retombées, Traître s'était abattue sur son échine. La pauvre bête fut plaquée au sol avec fracas, puis fut dispersé en une multitude de particules scintillantes. La première de mes agresseuses a été exterminée mais ce n'eût qu'un effet frénétique sur la suite de l'affrontement. Deux lionnes en profitèrent pour m'attaquer simultanément, de chaque côté.

Un coup d'épée sur la droite me permit de me débarrasser instantanément de ce matou un peu trop câlin pendant que mon avant-bras parait son homologue. Bien entendu, des stigmates rouges apparurent sur mon membre peu avant que mon second le l'en libère. Un coup fulgurant qui faisait fi de la longueur comme du poids de mon arme, comme de la résistance de cette pauvre créature. Elle fut déchirée à mort, jusqu'à se scinder en nuages de petites choses brillantes à l'image des autres monstres que j'avais exterminé aujourd'hui. Sept lionnes m'entouraient encore et m'assaillaient à tour de rôle. Et à tour de bras, je les envoyais à l'état de poussière. Ce fut d'abord une lionne seule sur le côté droit avec une frappe violente. Puis après un placement un peu plus en retrait, j'avais les six dernières en face de moi regroupées. Cette dernière partie fut plus intense car elles me chargèrent toutes en même temps. J'en tuais une directement d'un coup écrasant mais je dus subir cinq attaques sans pouvoir vraiment les éviter. Je dus me mettre à vitesse maximale pour distribuer deux coups balayant en rase-motte  et fauchant les pattes de deux d'entre elles. Le combat à vitesse maximale fut vite expédié car après avoir subit encore trois agressions, ce sont deux lionnes que je pus frapper de flanc avec succès. Et pour la fin, la dernière lionne hésita à m'attaquer, ce que je ne fis pas ! D'un dernier coup écrasant, sans marquer la moindre pause, j'écrabouillais totalement la caboche de cette dernière représentante de la bande féline.

La fin du combat sonnait et je me laissais tomber sur les genoux. La fatigue n'était qu'une information : elle ne s'appliquait pas réellement sur notre organisme. Pourtant, dans notre mental, elle était toujours présente. Je me reposais donc ici, au milieu du piège que j'avais déclenché. Bien entendu, je restais sur mes gardes et c'est comme ça que je vis des patrouilles tourner dans les parages.  Ce fut le cas de trois octodons qui passaient par là et qui m'obligèrent à me relever, arme à la main. Quand ils me chargèrent, le premier d'entre eux se prit ma lame sans qu'il la vit tomber une seule seconde. C'est avec le crâne totalement défoncé qu'il heurta le sol avant de s'évaporer vers un monde binaire meilleur. Les deux autres me firent tâter de leur fer, mais quand j'en fis autant, le combat s'arrêta là, faute de participants.

Une deuxième patrouille composée de six lapins-garous me fit office de combat suivant mais je m'en débarrassai facilement. Tout aussi aisément que les cinq et dernier octodons qui osèrent me déranger devant la porte du boss. C'est à cause de ces passages fréquents que je décidai de finalement frapper et ouvrir la porte menant vers la fameuse chimère que j'étais venue chercher. Il ne restait désormais plus qu'elle et moi. Pénétrant de peu dans son antre, je décidai d'attendre et d'observer mon environnement le temps que mes points de vie remontent à leur maximum.

Finalement, la porte était dissimulée ? Était-ce la vraie porte ou une porte secondaire que j'avais trouvé en triomphant du piège ? Aucune idée. Je décidais donc de m'en approcher, tranquillement. Les lianes s'enlevaient progressivement de la porte au fur et à mesure que j'approchais ma main. Au moment où je posai cette dernière sur l'intégrité de la porte, elle s'ouvrit. Elle était massive, épaisse et en pierre de nature plutôt claire. Un géologue expérimenté en aurait fait une description beaucoup plus complète mais à mon grand regret, les compétences pour le devenir me manquaient cruellement. A défaut de ça, je pénétrai dans l'enceinte de la salle mais impossible de voir plus loin que le bout de son nez. Je pensais alors à Kirito-kun et sa compétence pour voir dans le noir qui m'aurait été bien utile. Néanmoins, on ne pouvait pas posséder toutes les capacités du jeu. Mes yeux devaient juste s'habituer à la luminosité des lieux.

En tant que pirate, j'aurais été plus avantagée. Saviez-vous que les pirates utilisaient un bandeau pour une autre raison que pour se donner un style ou que pour cacher une blessure de combat ? Un bandeau était généralement mis sur un œil pour pouvoir augmenter l'efficacité de celui-ci. Ainsi, lors d'un abordage dont l'objectif premier était le pillage, les pirates équipés d'un bandeau ne participaient que de manière éphémère aux combats. Direction les cales du bateau, où les marchandises d'intérêt, les trésors et richesses étaient entreposés. Un œil humain met quinze minutes en moyenne pour s'habituer à la luminosité ambiante : avec un bandeau, l’œil du brigand était déjà adapté à la situation. Résultat, il prenait son trésor plus rapidement, écourtait la bataille et les pertes avant de s'en aller sur les mers dévaliser d'autres bateaux.

Malheureusement, je n'ai pas de bandeau... Il me fallut quelques secondes pour distinguer que je n'étais pas seule puis, les lumières latérales furent allumées après le grognement de ma cible. Cible qui d'ailleurs n'attendit pas pour me charger et me frapper. Il avait du commencer sa course avec sa charge pour arriver si rapidement. Mon seul réflexe fut de placer le plat de mon épée en travers de sa route, mon avant-bras gauche derrière en soutien. Ma surprise fut aussi grande avant l'arrivée du monstre, qu'après. En effet, pas un pas fut constaté après le choc de ce dernier sur mon épée. Je décidais de jauger alors toute sa force juste en exerçant une pression pour le repousser davantage mais la déception fut grande. D'un coup, je me plaçai sur le côté et changeai l'orientation de mon arme. Le plat de la lame faisait place au fil de l'épée; du vertical, elle passa à une position horizontale.

Toute la force du monstre fut libérée de toute résistance de ma part. Je n'étais plus sur sa trajectoire ; je n'avais plus besoin de parer. Au lieu de ça, je prenais un malin plaisir à laisser traîner Traître à l'humanité sur l'ensemble de la longueur de son anatomie gauche. La balafre était sévère et rougeoyante, il n'avait pas du aimer du tout cette réplique à son attaque. Mais pour ce point de vie qu'il m'avait enlevé à la charge, il devait s'attendre à subir la riposte. De plus, l'entité chimérique devait s'attendre à ce que maintenant je passe à l'attaque. Les mobs des dix premiers étages bougeaient au ralentit par rapport à moi alors que je subissais tout le poids de mon équipement et de mon arme. C'est dire à quel point nos vitesses étaient différentes.

Dans la continuité de mon mouvement, sans même regarder où mon épée allait frapper par le biais de ma main gauche, je fis un mouvement vertical violent. Je gardai la pose, pointe en oblique haute, dans la finalité de mon coup. Était-ce donc tout ce que pouvait offrir le monstre gardant l'étage numéro neuf ? Le dernier précédent en puissance le fameux boss qui a demandé un groupe entier pour le tomber. Quelle déception... En regardant sur le côté, je pus voir la bête continuer à se mouvoir. Un rapide coup d’œil à sa vie me fit remarquer que mon enchaînement était loin d'être suffisant pour le tuer. Intéressant... Il me faudrait recommencer pour espérer la vaincre, à peine la moitié de sa vie environ avait été descendue...

Eh bien qu'attends-tu ? Si tu me laisses relever mon épée sur toi, il en sera fini de ton règne ! Viens !!

La bestiole n'était pas en reste et fort heureusement : le combat n'aurait été que bien décevant. Mais par rapport à ses homologues des étages précédents, le niveau était bien plus satisfaisant. Je ne vis pas sa queue à cause du décor qui s'écroulait autour de nous, sous la puissance de mes coups. Elle me fit me projeter à l'autre bout de la salle, violemment. Pourtant, même si ça devait être impressionnant à voir, même si mes cheveux étaient partiellement décoiffés, un seul point de vie était à déplorer. Je me relevais alors, en m'appuyant sur mon épée, le regard revanchard. La cible de ce regard; la chimère bien sur. Elle qui n'avait plus que la moitié de sa vie n'avait pourtant plus grand chose à dire. Elle n'était que très peu menaçante pour ma survie et le couple prédateur/proie que nous formions commençait à se révéler à elle. De nous deux, elle n'était pas au sommet de la chaîne alimentaire.

J'étais relevée et je rangeais mes cheveux derrière mes oreilles respectives. Un dernier coup de souffle sur cette ultime mèche et je chargeai. Cette vile créature venait de me sous-estimer pour la dernière fois. elle avait osé lever sa vilaine patte velue dans le but de me toucher. Tout ça en hurlant d'un son si strident que toute ma dentition était en train de vibrer. Cette créature devait se taire et vite !

Je levais mon épée et la lui plantais dans la gorge pour couper cette sonorité qui n'aurait gagné aucune émission de télé-réalité basée sur le chant ou la voix. Coupant ainsi l'arrivée d'air ou possiblement les cordes vocales avec, le boss daigna ainsi fermer son vilain caquet. D'un second mouvement vertical, je finis par doter la chimère de deux cerveaux distincts, ou plutôt de deux moitiés. Je restais respectueuse de cet ennemi qui, pour la première fois, m'avait fait ressentir le frisson du vol ou de la contre-attaque de la part d'un monstre digital. Elle avait mérité son emprise sur cet étage, mais... J'avais été meilleure et j'avais été envoyée afin de le lui soustraire. Aucun problème alors à mettre fin à son règne.

Je ressortais ainsi de la salle du boss avec l'objet prouvant ma victoire entre autres et pouvais faire chemin inverse pour rentrer à la ville rendre ma quête. Après quelques minutes de marche je finis par sortir de ce dangereux labyrinthe et me mettais en route de la ville et plus particulièrement de cette fameuse taverne où j'allais prouver ma victoire sur ce dangereux adversaire. Il me faudra une dizaine de minutes pour rejoindre avec un bon rythme de marche la bourgade tant désirée. Le soiffard était toujours attablé à la même place, dans la même taverne et accroché au même verre. Je lui donnais donc l'objet tant désiré et je pus repartir dans les trente secondes suivantes avec ses remerciements et mon dû.

Je me mis alors en route vers le téléporteur et réfléchissais déjà à quel autre boss d'étage allait recevoir ma visite.

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Pour une belle moyenne de 725 mots !
Qualité de la langue : 2/2
Sur tes huit posts, j’ai vu un oubli de mot et un oubli de majuscule… Et pas de faute. Donc tu mérites carrément ces deux points ! Bravo, c’est vraiment agréable de te lire !
Avancement du RP : 1/1
Tous les posts ont un lien entre eux : ta soif de baston et quelques-uns de tes ennemis. De plus, Shade est de plus en plus terrifiante…

Ce qui te fait du 5/5, félicitations !


Pseudo : Shade
Nombre de messages : 8
Cols gagnés : 1200 + 900 (récompense de la quête)
Cols dépensés : /
Objets utilisés : /
Objets obtenus :
- Fourrure de Dents de Sabres : Ingrédient de Couture (Vitesse +1) X7
- Bottes de l'Aventurier : Panoplie de l'Aventurier (Vitesse +5/Esquive +5) X5
- Viande de Lapin-Garou : Ingrédient de Cuisine X2
- Crinière de Lion à Dents de Sabre : Ingrédient de Couture (Force +1) X1
- Fourrure de Dents de Sabres : Ingrédient de Couture (Vitesse +1) X1
- Cristal de photographie X1
- Bracelet de Boss (Force +3->+4)
Compétences gagnant des points : Épée à deux mains +2 | Armure +2 | Chance +2 | Poigne de fer +1
Niveau début du rp : 50
Niveau(x) gagné(s) : 1
Réputation : ¤1 +1 (finir un RP solo)
Remarques : Tes combats sont vraiment géniaux… C’est fluide, réaliste, avec des stratégies, vraiment trop bien. On s’y croirait pour de vrai !! Bref, je crois que je te le dis à chaque fois, tu dois en avoir marre x). Sinon, merci pour le cours sur le bandeau du pirate ! J’y avais jamais réfléchi !!



Ritcha