Nan mais allo quoi t'est dans un rpg et tu demande si je sais switcher, leul, quoi qu'il en soit arme en main prête à en découdre avec le pauvre fruit Sigrùn alias prinscessa était prête à allumer tout ce qui bougeaient ! Au second sens du terme hein elle va pas sortir les lolo rêvaient pas ! Bref fine lame fermement serré dans sa main forte elle vint profiter du faite que son « valet » faisait le sale boulot pour user de sa vitesse et achever la poire, Bam, coup de lame dans la tige et plus de pv ! Pouf, mais ce n'était pas finis, Maya était toujours là, pv diminué certes mais ces foutus ailes bourdonnaient toujours.

La réponse à cette dernière question était, comme je m'en étais doutée : non. Mais je ne lui fis pas le plaisir de répondre, me détournant en un soupir d'elle, m'engageant bizarrement dans la bonne direction.

"J'ai un boulet en ma compagnie."

Je n'avais pu empêcher ce murmure de sortir de ma bouche. En même temps, j'avais eu tous les indices possibles pour en conclure ça ! Elle m'avait finalement suivie et j'avais pu continuer à l'insulter, la juger, la jauger et à m'en méfier en silence. Trouver la ville en sa compagnie fut bien facile, car malheureusement, aucun monstre n'était revenu nous gonfler. Naan, j'voulais pas sa mort, pas du tout !- j'voulais juste avoir plus de chance de l'arnaquer en profondeur en obtenant des items de plus. Saloperies de joueurs voleurs de monstres de mes deux. Entrée en ville, je m'amusais toujours avec ma masse, la tenant à moitié pour la faire tourner dans un sens, puis dans l'autre, la jetant parfois en l'air de quelques millimètres. J'allais vraiment me faire chier à patienter jusqu'à demain avec cette gonzesse.

"On fait comme ça ? Je t'offre le repas tu me vends des items on ce met d'accord sur la récompense, puis une nuit à l'auberge pour être en forme demain au pallier 12...."

Cette récompense, j'allais la demander rapidement. Pas maintenant tout de suite, mais avant demain, je me le promis. Je doutais que cette meuf pût éviter de m'ennuyer et donc de me faire oublier mais au cas où, je me répétai la seule chose vraiment importante à faire pour aujourd'hui plusieurs fois d'affilée. Si elle arrivait à me la faire oublier... Ça voudrait dire qu'on pourrait être amies dans un futur proche. Ce simple mot pensé me donna la chair de poule et une envie de gerber. Je me repris, m'approchai d'elle d'un coup et lui pris la main. Contrôlant cette dernière, j'ouvris son menu d'un geste et le regardai sans ménagement.

"..."

Je dégageai sa main, la lançant brusquement loin de moi, affichant un air énervé. On allait pas aller bien loin. Mais c'était bien mieux que rien.

"Je te suis. Princesse."

Le tout sorti sur un ton menaçant, mon marteau toujours dans une des mains.
...
...
...
...Sale pauvre.

Le village à l'approche Sigrùn hésitait de plus en plus quand à la récompense pour son valet, elle avait obtenus un drop S il y à peu une masse … Elle lui irait très bien, elle pourrait également lui confectionner une tenue adéquate avec ça capacité couture... Elle pourrait augmenter sa force, sa vitesse où encore sa résistance, est-ce que cela lui ferait plaisir ? Le duo continua donc sa route en direction de la ville pour finalement y pénétrer. Peu rassuré par la masse de la jeune femme, la princesse s'écarta légèrement voulant éviter un mauvais coup où encore une mort toute pourris si elle rattrapait pas la masse en jouant avec …

Princesse s'était rapidement énervée et était tombée des nues, semblant m'accuser d'un crime si horrible que les coupables avaient tous déjà connu la peine de mort. Enfin, elle m'avait envoyé à la tronche une demande de duel, me laissant en plein désarroi devant ses critiques insinuant que j'avais un côté pervers. Elle n'avait pas tort. Mais dire ça juste parce que je lui avais bougé la main était légèrement exagéré (oui, c'était une litote). Et puis... Comment pouvait-elle parler d'argent directement ? Mademoiselle avait été si troublée qu'elle n'avait pas bien observé toutes les directions qu'avait empruntées mon regard ? Homosexuelle ou quoi ? Je soupirai en levant un index devant la demande de duel.

"Tu es sûre de toi ? Je vois pourtant ton vrai nom, là... C-18"

Elle pensait vraiment que je n'avais été attirée que par les cols ? Quand j'étais méfiante, je menais pas l'enquête à moitié ! Mes fausses lunettes totalement inutiles auraient dû la mettre sur la bonne voie ! En tout cas, elle avait été bien idiote. Me donner un faux nom venant d'un manga avait été une grossière erreur. Pour n'importe quel autre, je l'aurais vite zappé mais là, j'avais pas pu, surtout que ça ressemblait à de la prévention concernant les moins de dix-huit ans. Tout ça pour dire que j'avais oublié son vrai pseudo lu à l'arrache quelques secondes auparavant, pour ça que j'avais utilisé l'ancien. Même si , si on me le demandait, je dirais tout haut que c'était pour lui rappeler son précédent mensonge. En relevant doucement un peu plus la tête et en la regardant cette fois-ci totalement de travers, je m'approchai dangereusement d'elle tout en faisant encore et toujours tourner ma masse. A c'qu'on est serrées... ♫

"C'est moi qui vais choisir les options de ce duel. Et selon ce que tu vas me dire maintenant, je ferai en sorte de pouvoir dégager tes derniers misérables points de vie."

Je fis quelques pas en arrière et me stoppai à une parfaite distance, juste assez pour qu'elle gardât sa peur, juste assez pour qu'elle ne pût prendre ma main à son tour. Cette main droite à l'index toujours levé, prêt à valider à tout moment la sentence mortelle de l'imbécile.

"Pourquoi tu as menti sur ton pseudo ? Et qui est vraiment cette grognasse aux cheveux bleus pour toi ?"

Puis, reprenant mon souffle et la laissant digérer, je repris en arborant un sourire en coin, léger mais bien présent.

"Et puis, il fallait bien que je sache combien tu as. Sinon, comment choisir le restaurant qui te permettra de ne pas dépenser tous tes sous ? Princesse serait-elle tellement en manque qu'elle voit de la perversion partout ? Car après tout, dire si haut qu'on n'est pas facile est souvent un mensonge. Enfin... Avec tous ceux que tu m'as sortis, ça n'en fait qu'un de plus."

Sans bouger, j'attendis, un marteau dans la main, le demande de duel en attente devant l'autre.

Sa sœur ? J'en avais deux et aucune n'avait voulu jouer ne serait-ce qu'une seule fois aux jeux vidéo avec moi... Quelle garce. Elle avait le physique mais aussi l'entourage, le Dieu de la chance avait-il décidé de lui donner tout ce qu'il avait ? Jalouse. Je ne niais pas, j'aurais bien voulu qu'une personne dans la famille s'intéresse un peu à ce qui me faisait plaisir. Mais c'était pas le cas, et de toute façon, on était pas en si bons termes eux et moi : on avait arrêté de se parler y avait des lustres et, vivant dans un autre monde, j'pouvais pas trop renouer ces liens, là.

"Tu dois être bien fusionnelle avec elle, vous avez quasiment les mêmes pseudos."

Nan, je les avais toujours pas retenus mais celui que je venais de lire sur la demande de duel avait fait ressortir une certaine haine, sans parler de frustration, en moi. Je soupirai en entendant les raisons qui la poussaient à pourchasser sa frangine. J'avais eu aussi quelques problèmes avec la mienne, la plus petite, qui faisaient que des conneries et traînait avec des gros crétins qui l'amenaient à chaque fois dans des embrouilles dignes de ces disputes de maternelles. C'était sans doute à cause de moi, qui réussissais toujours à rejeter ma faute sur sa tronche. A force d'être toujours jugé coupable sans raison et sans preuve autre que la déposition d'un témoin menteur, je supposais qu'on faisait tout pour le devenir réellement ? Bah. J'étais une petite fille parfaite qui n'avait jamais vraiment été condamnée, je connaissais pas ça.

"D'ailleurs, tu aurais juste pu l'omettre comme je l'ai fait au lieu de m'en donner un faux. Je te l'ai pas demandé à c'que j'sache."

Elle avait quand même avancé une nouvelle bonne raison : il fallait toujours donner pour recevoir. Je décidai de patienter encore un instant en faisant des va-et-vient vers le bouton engageant le duel avec mon index, décidée à la faire flipper. J'aimais pas les menteurs. Parce que tu hais ce qui te ressemble. Enfin, la véritable raison était que j'étais toujours aussi méfiante. Grâce à ce qu'elle avait implicitement appelé mon "tripotage public", je connaissais son niveau et n'avais vraiment pas besoin de m'inquiéter, sans compter qu'elle semblait pas avoir beaucoup de points de vie. Le problème, c'était le risque de me faire prendre en embuscade. Deux meufs à gérer, en plus des monstres, sans oublié qu'elle avait insinué que sa besta-sister avait des potes assez vilains... J'pensais pas pouvoir tenir seule si ça partait en cacahuète. Fallait que j'en apprenne plus. Donc fallait que je sois gentille et entreprenante. J'appuyai sur la croix, geste qui fit disparaître la fenêtre et sans doute l'anxiété de la demoiselle.

"Je suis toujours partante. Tu me dois un resto, une nuit à l'hôtel et des cols après tout. Et puis, il va falloir qu'on fasse peur à ta sœur."

Lui faire peur ? Seulement ? Haha. J'allais la détruire de l'intérieur, lui piquer cols et inventaire si je la croisais ouaip ! J'allais la torturer et l'obliger à me supplier d'arrêter. Et quand elle commencera à rire à cause de la douleur, je... Pas de sensation de ce genre dans SAO... Dommage. Je repris ma marche d'un coup, l'attendant en utilisant lentement le reculons.

"Tu connais un restaurant cool et pas bruyant à cet étage ?"

Je l'aiderais même à payer tiens ! Juste un petit peu, genre, pour lui rendre son unique col symbolique. En attendant, j'pensions ben qu'nous allions trimer pour trouver un établissement qui correspondait à mes attentes : tout était assourdissant par ici !! A midi moins le quart, tout le monde dansait déjà et niveau agitation, on était pas mal. C'était un très mauvais endroit pour mener à bien un entretien. Je pourrais pas me baser sur mes intuitions si j'entendais pas ses hésitations. Masse rangée, mains dans les poches, je ne quittais pas du regard cette petite princesse qui n'allait pas tarder à se soumettre à un interrogatoire. Heureusement qu'il n'était que midi moins le quart.

Elle avait vraiment de l'arrogance à revendre celle-là. Ou était-ce de l'humour ? Aucune idée, mais il valait mieux accepter la deuxième éventualité. En souriant, toujours en marchant à reculons, je lui répliquai sur un ton espiègle, d’humeur joueuse malgré tout le mystère qui subsistait.

« Je croyais que tu voulais pas que je te touche, petite fille pas facile. Faudrait savoir. Sinon... Je vouvoie que les personnes vraiment plus âgées que moi. Et celles que je hais. »

Et il y en avait pour l'instant que trois, et je supposais qu'elles n'étaient pas dans ce monde en ce moment-même. J’en faisais l’hypothèse mais aussi la prière. Les voir ici risquerait de me faire perdre les pédales et devenir meurtrière malgré moi. Dans la vraie vie, il y avait la police, la prison, une chance inexistante de réussir à s’enfuir et à laisser l’enquête s’oublier, car un cadavre, du sang et des témoins, c’était complexe à cacher. Mais ici, il n’y avait pas de corps, pas de scène de crime exploitable en cas de meurtre, et trouver des coins hyper déserts était aisé, surtout dans les hauts paliers. Tout était plus facile, tout dépendait de quelques compétences et d’une demande sanglante de duel ou encore de pièges, si on voulait pas voir son curseur devenir orange et se retrouver dans la mouise. Et encore, j’étais persuadée qu’on pouvait profiter de quelqu’un sans qu’il s’en rende compte : comme je venais de le démontrer, il n’y avait qu’à emprunter une main pour rendre son possesseur totalement vulnérable. Oui, j’étais sûre que la haine pouvait me faire buter froidement quelqu’un, sans aucune peur pour ma pomme mais aussi, sans regret.

Bon, OK, je détestais tout le monde mais haïr était quelque chose de trop poussé pour que ça puisse convenir à plein de gens. Seules des proies de choix possédaient ce statut honorable, car il n’y avait qu’un pas entre l’amour et la haine, d’après je-sais-plus-qui. En tout cas, personne en voudrait de ce titre, et encore moins cette meuf qui semblait facilement effrayée par mon beau et long marteau. Il fallait avoir des nerfs d’acier pour être haï par ma brutale personne et surtout, il fallait avoir accompli la quête de bien bien biiiiien, m’avoir pourri ma vie. Certains souvenirs emmerdants me revenant en mémoire contre mon gré, je claquai la langue avant de me mettre une gifle, le contact entre ma paume droite et mon front donnant naissant à un nouveau son délicieux ainsi qu'à une nouvelle concentration sur la situation. Je l’avais suivie en me remettant à l’endroit, pour arriver jusqu’au restaurant à quelques pas. Modeste mais très chaleureux, comme tout le reste du village, il puait la fête comme tous ses collègues. J’avais décidé d’ignorer sa question concernant mon marteau génial, choisissant de parler business quand on serait assises.

« On s'installe en terrasse, il serait bête de pas profiter de ce magnifique soleil »
« … Hmm… »

Pour parler, il valait mieux être en intérieur, quitte à être à l’abri des regards et surtout des danseurs et des chanteurs du coin. Cet étage était vraiment pas le meilleur endroit pour discuter sérieusement et écouter attentivement… Mais il était clair que je portais pas dans mon cœur ces tables intérieures collées serrées et que j’aimais carrément la douceur des rayons du soleil. Poussant galamment sa chaise du pied au passage pour permettre au gros cul de sa majesté de s’y installer, je m’assis sur mon propre meuble en face d’elle. La chaleur de la boule jaune éclatante tapait délicieusement mon dos et je pus profiter de cette table, la plus distante des autres, la plus éloignée de la porte d’entrée du restaurant.

« Mon marteau a un bonus assez faible. Je l’ai eu grâce à la chance en même temps… J’imagine que c’était de ça dont tu parlais, pour la récompense spéciale ? Montre-moi. »

Je me souvenais de ce jour où j’avais dégagé mon marteau de départ contre… Rien. Et durant lequel j’étais entrée dans un restaurant bof qui demandait énormément de blé pour un repas de pauvre. Moi qui pensais avoir eu de la chance toute la matinée, tombant sur un groupe de monstres sur lequel j’avais dropé mon Marteau Rouge ainsi que plein de sous, j’avais finalement passé une journée merdique.

« Tu l’as dropé sur quel monstre ? »

Que je puisse faire un trafic, tranquillou. Alors que j’attendais sa réponse, une serveuse enjouée et à l'air fatigué pointa le bout de son nez et je décidai d’y aller franchement, commandant une entrée avec apéro (boisson sucrée et petites cacahuètes modestes, n’aimant pas l’alcool  qui, d’ailleurs, n’existait pas vraiment ici) pour patienter durant dix minutes jusqu’à midi pile, choisissant de demander un max de plats différents pour faire peur à Princesse ensuite. La note va être salée, ma chère ! Mais je serai gentille avec toi au dernier moment.

« En fait, tu voulais des items à soixante cols l’unité, c’est ça ? Est-ce que tu en cherches un précisément ? »

Bon, elle m’avait proposé quarante à cinquante cols si je me souvenais bien mais… Fallait bien gratter un peu !

Aah, ces mercis chiants que les gens sortaient par automatisme, qu’est-ce qu’ils me gonflaient ! Enfin, j’avais quand même décelé une pointe d’ironie dans sa voix et ça m’avait plu. Cette meuf était décidément arrogante mais c’était ce qui faisait son charme, ses boobs et ses grosses hanches qui créaient un paradoxe sensuel avec sa taille fine n'étant qu'un emballage sans réel intérêt. Elle irait loin dans la vie grâce à ça car, d’après un manga avec des lettres et des abeilles, « seuls les gens dédaigneux réussissent dans la vie ». Elle avait elle aussi commandé des cacahuètes et je me dis qu’on allait pas réussir à les finir. Déjà que dans la réalité, on mettait environ deux semaines à finir un bol de ces trucs avec ma mère, alors ici et seule ? Te bile pas, notre morale c’est « pas de gâchis », on va tout avaler, comme d’habitude !

Cela dit, son deal m’étonna tellement il semblait honnête. Un marteau avec ce bonus était vraiment tentant, surtout qu’il était gratuit. Même s’il me plaisait pas au niveau esthétique et surtout au niveau du maniement, je pourrais le vendre à bon prix quoi. Le fait qu’il y ait un malus m’embêta cependant, m’arrachant une petite grimace lorsqu’elle l’avait précisé. La vitesse était la base chez une voleuse et il était très difficile pour moi de m’en défaire, même si l’esquive était finalement la caractéristique que je voulais le plus monter. C’était hyper classe d’éviter au dernier moment le coup des mobs, surtout quand on couplait ce gain de chance et d’agilité avec la compétence Acrobatie ! Bref, j'aimais déjà cette arme et je me promis de lui laisser mon vrai pseudo si le lendemain se passait bien. Faire affaire avec une meuf comme celle-là, qui n'hésitais pas à mettre ses cols, son corps et ses drops sur la table, c'était assez excitant, fascinant et fallait le dire, rentable. Très rentable.

Ma satisfaction d’avoir aidé cette meuf à part, elle voulait bien me filer cinquante cols par item et c’était bien. Sachant que j’avais vérifié qu’une fois et que le prix moyen était à quarante, c’était une assez bonne affaire ? Je savais pas du tout combien j’avais d’items de ce genre mais j’espérais que je pourrais la faire payer un maximum… J’ouvris alors mon inventaire et, classant les derniers drops obtenus, je réussis à dresser une liste que je pus lui montrer en faisant tourner d’un mouvement du poignet, la page devant moi.

« J’ai pas grand-chose mais voici tout ce que tu peux m’acheter niveau couture. J’ai que trois machins de bonus +2 que je te laisse à 100 cols l’unité du coup, le reste à 50. Tu m'échangeras le marteau avec les sous contre ça. Qu’est-ce que tu prends ? »

Ouais, j’acceptais son prix, même si ça me ressemblait pas vraiment. J’avais même hésité à mettre les bonus plus élevés à quatre-vingt-quinze cols mais finalement, j’étais restée radine. Elle m’avait quand même menti la garce, fallait pas l‘oublier ! Mais avant qu’elle ait pu répondre, la serveuse revint avec nos bols de cacahuètes et les boissons, pimpante, souriante et enjouée comme tous les personnages au cerveau vide de cet étage. J’en saisis un gros paquet immédiatement dans ma paume, faisant craquer les arachides sous mes dents, délivrant et découvrant leur goût salé en les faisant tourner dans ma bouche à l’aide de ma langue. C’était la première fois que je prenais l’apéro de mon propre chef… Juste pour l’embêter au niveau de ses sous quoi ! Quelle gamine j’étais… Il me fallait faire attention quand même : je préférais bien dormir que bien manger, surtout à l’aube d’un jour si important pour le maître mot « vengeance ».

« Sinon, comme tu l’as vu, je suis plutôt bien niveau habits. J’ai juste pas grand-chose au niveau des… Du dos. Mais comme je suis du type bourrin, les mobs ont généralement pas le temps de me prendre par derrière. Toi par contre, tu m’as donné l’impression d’être un peu toute nue. Pour ça que tu as tant besoin d’items de couture. »

J’avais failli lui raconter ma vie et lui dire que j’avais finalement rien de bien cool mais je m’étais bien rattrapée, avec une belle insinuation bien balèze. Enfin, elle semblait encore jeune et un peu bête, ça passerait sans doute crème. Elle me rappela tout de même que j’avais prévu de revoir tout mon équipement avec ma borgne bonne et que je l’avais toujours pas contactée. Il faudrait peut-être s'en occuper rapidement ! Surtout que j’allais quand même aller au douzième le lendemain ! Ok, j’avais dix niveaux de plus, mais on était jamais trop prudent.

En définitive, je réussis à engloutir mes cacahuètes sans difficulté, me servant de ma boisson sucrée pour faire passer le tout et surtout le goût. Il était temps pour moi de commander LES plats qui allaient rendre son côté avare fou. D’accord, il devait sans doute pas être aussi élevé que le mien mais je savais que tout le monde, sans exception, en avait un ! D’un geste, je captai l’attention de la serveuse et lui demandai des ailes d’abeilles géantes après avoir vérifié leur prix élevé. Il était alors midi passé.

Je ne pus retenir le petit sourire en coin qui se dessina sur mon visage amusé lorsqu’elle commanda sa salade. Aah, les gens étaient trop polis (ou trop effrayés ?) pour dire tout haut ce qu’ils radotaient tout bas ! Enfin, je savais grâce à mes lectures passionnantes et diverses que ça suivait avec logique la théorie de l’engagement. Une fois qu’ils avaient affirmé qu’ils feraient telle chose, les sujets naïfs se sentaient obligés de respecter leurs propos, même si la situation avait changé à leur désavantage. Bah. Dans tous les cas, je l’aiderais à payer à la fin, autant lui faire croire jusqu’au bout qu’elle allait vider son porte-monnaie : elle n’en serait que plus heureuse lorsque je lui présenterais le magnifique intérieur du mien. Payer la moitié, c’est quand même trop… Disons un quart ? Oui, un quart de la note et c’est bon ! Comment que j’étais trop une radine !! Mais c’était comme ça, j’aimais bien les chiffres accolés voilà, fallait m’accepter !

« Les salades sont mauvaises pour la santé, tu sais ? Elles ne peuvent être dégradées par tes lysosomes, du coup, elles s’entassent à l’intérieur, encore et encore, jusqu’au ce que… BOUM !- elles fassent exploser tes organites digestifs. Hé ! Elle prendra comme moi finalement. »

Je m’étais levée d’un coup en faisant un gros geste d’explosion avec mes mains lors du BOUM ! avant de me tourner vers la serveuse pour changer très rapidement le plat de la demoiselle. Oh oui, elle allait la sentir passer la note. Reposant succinctement mon magnifique fessier, je l’écoutai à nouveau. Ben… Elle était toujours autant une garce. Elle me faisait pas confiance alors qu’elle aurait pu deviner que j’aimais pas le travail bâclé ! Avoue quand même que ça te serait passer par la tête, de te casser comme ça ! C’tait pas faux… Mais, j’étais comme les idiots naïfs soumis à la théorie de l’engagement quand des récompenses étaient en jeu !... Attends !- mais c’est qu’elle me cherche ?! Elle s’est défaite de son engagement la grognasse ?! En grinçant des dents après ses terribles remarques, je lui répondis sèchement en lui balançant l’échange, mon regard froid planté dans ses yeux bleus.

« Très drôle. Voilà tes items, ça te fera 4 150 cols. »

Ça en faisait des monstres butés et des drops ça, purée ! Elle allait pouvoir en créer des équipements avec tout ça. Je me demandai même si je devais pas faire marcher l’économie en lui demandant si elle pouvait me faire un petit quelque chose à prix « d’ami ». Mais elle serait, sans aucun doute, sans pitié avec moi et elle me lâcherait que dalle. Et pis, j’avais ma Yueko. Même si j’étais pas sûre que ma douce possédât la compétence couture… Mais avant de pouvoir procéder à l’échange et fantasmer sur la poitrine incroyable de la borgne, une musique plus que merdique s’intensifia progressivement jusqu’à rendre quasiment inaudible ce que l’autre garce venait de me balancer. Oh non... Tu t’es faite avoir comme une blwuah ?!!

« Mais lâche-moi ! »

Sans crier gare, un PNJ m’avait relevée de ma douce chaise de terrasse, me prenant par la taille pour commencer à me faire tourner. Mais comment avait-il fait ?! Les statistiques de force étaient inutiles en ville ou contre un PNJ de cet acabit ou quoi ?! Peut-être que la danse était obligatoire dans cet étage et qu’une personne invitée à la pratiquer n’était pas à même de pouvoir refuser ?! Manquant de tomber à chaque tour qu’il me contraignait à faire sans aucune grâce, je serrais les dents – car je ne pouvais serrer les poings – en voyant à chaque ronde la pouffiasse qui me regardait, sans doute amusée. Elle s’est moquée de toi, tu t’es moquée d’elle… C’est une gamine, elle veut avoir le dernier mot : une nouvelle manche s’est lancée. Et j’allais la gagner.

Je fis le sourire le plus faux que je pus à mon partenaire de danse avant de lui écraser le pied de tout mon poids puis, le plus discrètement possible, je l’achevai avec un coup de genoux dans le bidon. L’abandonnant rapidement, je vins à la rencontre de la garce aux cheveux bleus et, envoyant balader son cavalier d’un geste volontairement violent et bien placé, je pris une pose de majordome distingué.

« M’accorderiez-vous cette danse, princesse ? »

Je n’attendis pas sa réponse. M’emparant de son poignet, je fis mine de la faire tourner avec délicatesse avant de lui faire un croche-patte royal. Décidée à la rattraper dans sa prochaine chute, je me préparai à lui mettre un coup de tête monumental.

Ah la garce ! Elle avait réussi à me filer entre les doigts et n’avait pas eu droit à mon menu « coup de tête traître ». Tu viens de louper un de ces trucs, grosse vache ! Nan, nan, c’était pas une insulte gratuit : avec un cul, des hanches et des seins pareils, elle devait abuser des dango et des kinder mais avoir un matériel génétique de grognasse qui aurait même rendu jalouses les mannequins à l’IMC naturellement à dix-sept. Malheureusement trop vite retournée à la table en terrasse, ma victime continua l’échange en retirant un col à la somme de base. Je m’apprêtai à royalement la disputer et lui cracher dessus avant de voir la récompense en plus s’afficher. Mais c’est de l’argent… On peut pas lui laisser ça, même un seul ? Oh, c’était pas le moment de faire la fine bouche hein ! Il était clair que si j’osais lui faire une remarque, elle garderait sa massue pour elle jusqu’à la fin. Je procédai donc à l’échange et vis mon inventaire se vider d’un coup. Bah… Ça ferait plus de place pour de la bouffe ! Ou pour les meubles d’une maison ? Haha, la bonne blague ! Je suis pas encore prête pour ça. Inventaire ok, mais bourse… ?!

L’ayant suivie lentement au rythme de la musique toujours présente en fond, j’avais entendu sa remarque pourrie en décidant de l’ignorer. Si je savais pas danser, elle semblait pas mieux s’y prendre. Je l’avais pas vraiment reluquée, trop occupée par la haine et trop limitée par la restriction visuelle qu’elle apportait toujours avec elle, mais… Mais ça te fait du bien de penser qu’elle est nulle aussi, c’est ça ? Exactement ! Il fallait se fier à ses impressions, pas aux faits quoi ! Il n’empêchait que je m’étais pas encore assise qu’elle était déjà en train de bouffer comme… Comme… Ben comme une grosse dégueulasse en fait. Comment une meuf aussi bonne pouvait se, me, nous, leur manquer de respect ainsi ?! A tout mettre dans sa cavité comme ça, elle allait…

« Enfonce pas tout ça dans ta bouche, tu vas… »

Impassible, je la regardai s’étouffer comme une débile en levant les yeux au ciel, lâchant un soupir blasé. Elle m’avait parue perdue dans ses pensées, si bien que je m’étais vite rendue compte qu’elle avait rien écouté. J’allais penser à me lever pour l’aider à renvoyer le tout lorsqu’un PNJ fit son apparition héroïque… Qui me permit de finir le visage mouillé. C’était bien la première fois que je recevais des fluides en pleine tronche, tiens ! Je mitraillai le PNJ du regard, il prit peur et s’en alla, me laissant en face de cette grognasse de mes deux. J’avais envie de la déglinguer.

« Désolée… Mais j’ai plus faim. »

Ah ?- étrangement, moi non plus. Pour seule réplique, je m’emparai de la première chose que je vis pour la gober, faisant l'opposé de ce que je pensais et de ce qu'elle disait. Je l’avais critiquée tout à l’heure mais oui, il s’avérait que je mangeais aussi comme un porc. Et que je détestais le gâchis, même ici, où son importance était moindre car on ne pouvait mourir de famine. Alors que je léchais mes doigts tout gras, elle parla de ce phénomène qui m’horripilait à chaque fois dans la réalité. La constipation hein… Elle se foutait tellement mal de ma tronche.

« Les princesses PJ seraient donc les seules ayant déjà réussi à déféquer dans ce monde ? Bon à savoir, combien de cols je pourrais obtenir avec cette info ? »

Avec mon ton ironique, je me trouvai vraiment sympathique : j’avais tellement pensé à des mots et d’autres phrases bien pires et trop crus. Mais je me devais d’utiliser des termes un tant soit peu distingués, j’accompagnais une dame après tout. L’ayant vu baisser la tête, elle me rappela d’un coup ma personne. Quand je tentai de dire la vérité, fût un temps… J’avalai sans véritable faim – dû au dégoût – le plus de trucs possibles avant d’essuyer mes mains crasseuses pour croiser les bras.

« Bon… Soit t’accouches et tu me dis c’que tu m’caches, soit tu m’accompagnes. Je voudrais m’entraîner avec mon nouveau jouet avant demain. Si tu veux participer, tu perdras pas de point de vie et je serai douce. »

Douce ? Haha ! Néanmoins, je fus presque épatée par ma bonne idée. Ça nous aiderait à être bien coordonnées pour le lendemain. Et ça m’apprendrait sans doute de nouvelles choses. Je m’étais jamais réellement battue contre un joueur après tout, d’autant qu’elle avait une dague et moi un marteau. Ça pouvait être très intéressant. Il fallait juste trouver un coin tranquille.

Pourquoi elle avait pas attendu que je l’aide à payer hein ?! Elle y était allée directement, normal que je reste stoïque hein ! Pourquoi je ferais des efforts si la demoiselle aux intestins soi-disant capricieux prenait l’initiative, hein ?! Bref, arrête avec tes répétitions, tu saoules. J'avais rien répondu à sa seconde remarque et pourtant, j’aurais dû le faire immédiatement. J’avais pas compris pourquoi elle parlait de se battre aussi : c’était évident. Dans ma tête, nous devions trouver un coin perdu et désert de la ville pour pouvoir danser ensemble avec arme et violence. Ça nous permettrait de mieux connaître nos enchaînements et de pouvoir facilement anticiper nos mouvements en cas d’alerte le lendemain, tout en perdant aucun point de vie puisque toujours en safe zone principale. Bon, avec cette méthode, on gagnerait aucun point d’expérience, on pourrait même pas augmenter le niveau de nos compétences, mais bon… ! Si c’était pour gagner un peu en souplesse, stratégie et travail de… d’… d’équipe (ce mot me répugnait d’un coup), ce serait pas des heures perdues. Pis, avec sa jauge en danger, il valait mieux pas risquer de sortir…

Et pourtant, quand je me réveillai, on était déjà sorties du village de fêtards et de saoulards, et je pouvais contempler les fleurs aux mille couleurs. Je voyais tellement bien une alerte s’afficher d’un coup pour prévenir les épileptiques du danger que représentaient toutes ces nuances, toutes ces diverses longueurs d’onde mélangées. Me tournant vers la suicidaire, je la vis me reluquer avec une profondeur qui m’aurait presque gênée quelques années plus tôt. Aah, cette époque où je faisais attention à ne pas attirer l’attention, juste pour éviter de me faire frapper gratuitement… ! Elle était révolue, l’adaptation aux autres était terminée. Enfin, bref, elle était vraiment pas fute-fute celle-là, ou plutôt, elle possédait pas Prudence, pas comme moi. Il fallait seulement tomber sur à chaque fois un petit mob, si elle voulait vraiment s’aventurer dans le danger. Sans hésitation, je parlai fort.

« Je pensais plutôt à te combattre ou à inventer des combos en ville. Ça donne aucun point d’xp mais ça nous permettrait de nous entraîner ensemble sans que tu perdes tes derniers pv. »

Ça me rappelait tous ces bons jeux vidéo dans lesquels les personnages faisaient ensemble des enchaînements de malade. Les mobs, toujours frappés, ne pouvaient jamais se relever et attaquer leurs ennemis au design si soigné et magnifique, tellement ils s’en prenaient plein la tronche sans aucun répit ! Aah, ce rpg tour par tour avec ce petit seigneur qui voulait tuer son père juste parce que ce dernier avait détruit sa console de jeu… Mes jeux me manquaient. Mes consoles me manquaient. Tenir une manette me manquait. Ouais bon, t’vas pas chialer hein ? T’es quand même dans un jeu grandeur nature dont le personnage principal, c’est toi ! Le problème était que les personnages étaient généralement hyper stylés physiquement avec un passé très lourd et dramatique et qu’ils possédaient une personnalité controversée, extrêmement mystérieuse et ténébreuse pour accentuer le suspense. Mais moi, je n’étais pourvue que de toute la banalité du monde.

Hum, bref, si elle avait pas adopté directement mon point de vue, c’était selon moi, pour deux raisons pouvant possiblement être cumulatives. Soit elle avait pensé que j’étais une sadique hyper cruelle qui voulait jouer avec sa minable vie, soit elle avait jamais fait du sport en ville. Personnellement, la première chose que j’avais accomplie avec fierté en arrivant dans ce monde, c’était une série d’abdos. D’une façon hyper saccadée et spontanée, je passai mentalement du sport à l’amitié et une question traversa mes lèvres sans crier gare.

« T’as des vrais potes ici ? »

Grâce à mes séances de badminton, j’avais réussi à entamer quelques discussions avec des gens et j’en avais trouvés quelques-uns intéressants. Sans compter que beaucoup d’entre eux étaient devenus très intimes au bout de quelques mois à jouer ensemble. Sans doute pour ça que j’avais lié les deux concepts. J’eus envie de lui poser plein de questions concernant sa "sœur" : elles avaient dû s’ajouter en amies au début. Mais j’imaginais qu’après son changement radical de comportement, la salopette insupportable avait dû couper les ponts. Je me demandais quel niveau elle avait aux dernières nouvelles et comment Princesse comptait la ramener à la raison (par la force ou par les mots ?) avant de me tomber dessus. Mais il valait mieux obtenir les réponses avant de se coucher. Pour mettre à bien la stratégie et la perfectionner durant le sommeil. Car là, il était plutôt temps de se trémousser.

« Quoi qu’on fait Princesse ? On s’entraîne en situation de stress – pour toi, du moins – ou tu veux tenter de te venger de mes pas de danse distingués ? »

Quelle était cette sympathie pour elle que je ressentais de plus en plus… ? Elle te cache un truc, lui fais pas confiance. Nan mais j’déconnais ! En plus, elle était pas encore près d'avoir mon pseudo...

Ah, c'était ça son excuse pour ne pas avoir de potes ? Pas mal. Je décidai de la laisser blablater et réfléchir, non pas parce que j'avais peur de nous faire tourner en rond si j'ouvrais la marche vers un endroit tranquille, non, seulement parce que je pensais que rester silencieuse et faussement froide lui mettrait la pression pour lui faire révéler son petit secret. Mais alors qu'elle terminait sa conversation en solitaire, j'ouvris grands les yeux de surprise à son avant-dernière remarque puis essayai de me retenir lors de ses excuses... Avant d'éclater de rire d'un coup, prise d'un sérieux fou-rire qui m'obligea à me plier en dos.

"Moi... Qui... Pensais... Que tu préférais... Quand c'était étroit... C'est trop dommage."

Malgré toute mes tentatives pour empêcher mon rire incontrôlable de liquéfier mes yeux et de sortir de ma bouche, je continuai à trembler d'amusement face à sa phrase innocente. Aah, je les sortais vraiment toutes de leur contexte... Exactement comme ma "partenaire", à première vue ! Quelle petite coquine, celle-là, il n'empêchait. C'était pas du tout la première fois qu'elle me faisait du rentre dedans. Je me demandai presque si elle était pas attirée par ma masse compensatrice de chibre avec toutes ces remarques "inconsciemment" déplacées qu'elle avait sorties. Quand je réussis enfin à calmer ma brusque et bruyante satisfaction sociale, je toussai sans réussir à reprendre mon visage stoïque et sérieux. Mes joues étaient sans doute toute rouges, mes yeux encore plus brillants que d'habitude et mon visage ouvert limite chaleureux. Mais je remis correctement mes lunettes pour tenter de cacher tout ça. Malheureusement, ma voix plus aiguë, rapide et tremblotante à cause d'un fragment de rire toujours niché dans ma gorge me permit pas de regagner un semblant d'air snob. Baah...

"Hum, oui, en fait, je pensais rester dans la ville et trouver un endroit large et désert. Il doit bien y avoir des coins malfamés et cachés par-ici quoi. Ou au pire, on commence ici, après tout, personne peut y mourir. Qu'est-ce que tu en penses ?"

La meilleure chose à faire pour créer de résistants liens avec une nouvelle personne était de toujours lui demander son avis, je l'avais appris ! Ça permettait une relation de confiance dans un domaine et permettait fidélité et fiabilité ! Mais une nouvelle pensée relative à ses idées m'arracha un nouveau ricanement que j'étouffai trop tard trop vite. Aah, j'avais toujours l'impression que ça faisait longtemps que j'avais ri ! Ça me faisait à chaque fois énormément de bien et, malgré Prudence et moi, je finissais par trouver plus agréable, plus cool, la présence de la personne qui avait réussi cet exploit. Me répétant que lui faire confiance était la dernière chose à faire avec elle et mettant de côté toutes les pensées malsaines qui venaient de défiler dans ma tête à cause de cet avertissement, je décidai d'en apprendre plus sur la petite princesse aux pec' hyper bombés. Mais celui qui voulait avoir devait avant tout donner.

"Concernant les vrais potes, j'en ai. Et je suis sûre que ça te surprend. Mais du coup, je me demande vraiment comment tu comptais ramener ta sœur à la raison. Toute seule, tu vaux rien."

Encaisse ça dans ta face, princesse !... Oups. C'était pas vraiment ce que je voulais dire pour la rouler dans la farine et en apprendre plus sur toute la situation... Mais bon ! J'avais légèrement omis des détails par rapport à "mes" amis, cela dit. Y en avait qu'une que je comptais vraiment dedans, les autres était seulement des connaissances que j'avais utilisées et donc transformées en objets de satisfaction de désirs pendant un moment. Mais une vraie, c'était déjà énorme non ? ... Comme les boobs de Yueko ton amie, tiens. Il n'empêchait que d'autres questions me venaient en tête, très vite, comme à chaque fois qu'une personne attisait d'un coup ma curiosité. Je décidai de me lâcher, comme elle le faisait à chaque fois si bien... Sauf pour cette chose qu'elle ne voulait m'avouer.

"Tu mangerais pas de ce pain-là en fait ? Si oui, tu as viré de bord quand et pourquoi ? Tu fais plutôt du S ou du M ?"

J'aimais mes questions relatives à l'homosexualité. Mais si mon hypothèse (très rapide et appuyée que sur très très peu de faits) se révélait juste, elle serait la deuxième que je connaîtrais. Ce qui faisait deux de plus que dans la réalité. Ah, et je devrais choisir une chambre à deux lits pour la nuit aussi. Enfin, y avait pas que le blabla dans la vie. Sans crier gare, je m'équipai du marteau issu de sa récompense, prête à danser violemment.

Aah… Même si sa réaction par rapport à mes amis avait été prévue, ça m’avait bizarrement fait mal au cœur quand elle m’avait sorti ça. J’avais l’air tant que ça horrible ? Bon, d’accord, je faisais aucun effort pour me sociabiliser et je devais sans doute faire un peu peur avec mes vêtements aux couleurs dépareillés, mes lunettes inutiles et mes cheveux fous… Mais mon comportement était, au premier abord, plus silencieux que méchant, non ? Est-ce que Yueko me jugeait aussi mal… ? Haha, depuis quand tu fais attention à ça ?! Tu changes à cause de ce jeu tout pourri ou quoi ? Les autres, on s’en fout ! Tu fais ce que tu veux, quand tu veux, t’as pas besoin de leur faire plaisir ou de savoir ce qu’ils aiment ou détestent : vis comme tu le souhaites ! Hum, une partie de la Rikka enfant devait encore exister un peu par-là. Soit. J’avais juste arqué un sourcil en poussant un soupir irrité après sa remarque exagérée, décidée à prendre ça par derrière en haussant les épaules. J’avais quand même réussi à retrouver mon visage blasé grâce à ses propos aussi insultants qu'implicites, c’était un bon point !

Je décidai de la laisser parler tout en faisant tourner le nouveau Marteau dans ma main. Les nouvelles sensations étaient délicieuses car totalement différentes des anciennes. L’arme me semblait un peu plus lourde et son manche était moins fin. J’avais l’impression d’avoir un immense machin à son bout qui pourrait se casser et s’envoler dans la tronche d’un ennemi tellement il était lourd. Ç'avait donc un aspect fragile, et pourtant, j’étais persuadée que j’allais pouvoir faire beaucoup de route avec. Pour terminer sur sa description, sa couleur était carrément plus cool que celle de mon ancien joujou. Marron foncé comme ça, il pouvait facilement se fondre dans le décor. Sans compter que je haïssais le rouge. Une « amie » de la réalité m’avait toujours dit qu’elle l’appréciait car il symbolisait la passion, l’amour, la vivacité et la force. Mais pour moi, cette haute longueur d’onde transformée en image écarlate par mon cerveau ne représentait que le sang, la honte et toutes les monstruosités qu’on pouvait rencontrer dans ce monde. Et pis, quand je serrais très fort mes paupières jusqu’à en avoir mal, c’était toujours du rouge qui m’apparaissait. Bref : c'était le mal !

« Désolée bébé, tu m’as pourtant si bien servie pendant tous ces mois éprouvants… »

Je n’avais pu m’empêcher de murmurer à ma masse écrevisse en la regardant (faussement) tristement par l’intermédiaire de mon inventaire. Enfin, je me devais de répondre à ces dires prononcés pendant ma véritable rencontre avec ma nouvelle meilleure copine.

« Je me disais bien que tu étais aussi idiote qu’imprudente. Les actes sont les seules choses fiables sur lesquelles on peut compter. Ta sœur a pu le comprendre. Les mots ne sont que des mots, tout le monde peut les utiliser sans aucun effort. »

Dit la fille qui n’arrive jamais à dire des choses cul-cul ou à dévoiler ses véritables sentiments. La ferme ! Je me souvenais très bien de ce qu’il s’était passé la dernière fois que j’avais été honnête ! Pff, l’honnêteté ! Cette honnêteté que tout le monde prônait avant de l’étaler dans la boue lorsqu’elle se présentait à lui. J’t’en foutrais d'l’honnêteté. Il n’empêchait que… Non. Même si je voulais de tout mon cœur berner quelqu’un, je pourrais jamais lui sortir ces trois mots dégueulasses… ! Mais j’étais sans doute unique par rapport à ça nan ?! Tout le monde arrivait à les sortir facilement après tout. Je soupirai d’un coup, oubliant immédiatement toutes ces pensées idiotes qui ne formaient qu’une perte de temps. Pis j’invitai Princesse, d’un geste, à m’accompagner dans la Safe Zone.

« Je verrai cette nuit à quel point tu as été curieuse alors. Pour ma part, je fais du S, même si c’est facile à deviner. Mais t’as toujours pas compris ce que je désirais… Aah… Si t’arrives à être moins mauvaise après notre séance, on ira se faire des mobs. »

Refusant sa demande en duel, je lui expliquai ma combine pour qu’elle ne perde pas de point de vie avant de lui balancer un coup de massue en plein dans ses nichons pour bien débuter le combat : en traître. J’attendis qu’elle se relève avant de commencer à danser avec et non contre elle, amusée, me demandant si elle allait véritablement penser que j’étais sadique au lieu de faire le lien avec la taille de mes vêtements.




Cette après-midi avait été longue… Très longue… Trop longue. Mais je m’étais quand même assez éclatée avec Princesse. J’avais eu parfois très chaud et pu voir quelques bons enchaînements de Dague. Grâce à ça, on avait été dans la capacité de s’en aller dans la « savane » pour se faire quelques monstres, Prudence nous accompagnant et nous obligeant à éviter les groupes, parfois même à faire des pauses. Par ce moyen, Princesse avait pu augmenter de niveau et j’avais pu être satisfaite et surtout très fatiguée de ces événements. En route vers une auberge, la demoiselle toujours en tête de la marche pour éviter mon médiocre sens de l’orientation, je soupirai bruyamment, les yeux fixes, blasés.

« Je devrais te faire payer plus mes services en vrai. »

Mais bon… Le deal était passé.

« Quand on sera dans la chambre, tu me diras précisément comment tu vois les prochains événements. »

On allait avoir une superbe discussion stratégique : quelle excitation. Enfin, avant ça, j’allais devoir combler mon bidon capricieux.

Finalement, le jeu n'avait pas continué après ma remarque et j'en ressortie presque déçue. Eh ben, la gamine en toi voulait encore faire mumuse ?! Bah. Personne ne pouvait résister aux joies des batailles de polochon, de toute façon. Il n'empêchait que ça m'avait fait beaucoup de bien, j'avais eu l'impression de revivre, d'être quelqu'un d'autre, pendant un instant. J'étais sortie de ma cachette improvisée lorsqu'elle avait fait sa première remarque en rigolant, l'entendant se glisser avec délice dans l'eau chaude, et j'avais pu constater qu'en effet, celle-ci avait un peu trop coulé. Moi qui pensais que le robinet se serait immédiatement et automatiquement refermé lorsque la baignoire serait pleine...! Dans tous les cas, j'étais persuadée que l'eau n'allait pas tarder à disparaître comme par magie. Nettoyer le sol de tout ce liquide serait donc une chose que je ferais pas, même si Princesse semblait vraiment en avoir envie. Je pouvais dire ça car j'avais bien senti l'ironie dans sa voix quand elle avait déclaré qu'elle le ferait. De toute façon, elle n'était pas une personne assez sage et rangée pour faire des choses aussi nobles que le ménage. Plus j'en apprenais sur elle, plus je me disais que sa chambre de la réalité était bordélique et crade, avec des boîtes de nouilles instantanées et des paquets de chips vides partout éparpillés dans la pièce au lit pas fait.

Quand elle avait parlé de cols, j'avais relevé malgré moi la tête, mais m'étais reprise très rapidement. On était dans un jeu, cette flotte allait s'évaporer en moins de deux. M'allongeant d'un coup sur le dos, je contemplai la lumière, pensive, avant de me mettre sur le ventre, la porte ouverte de la salle de bain en face de moi. J'avais failli oublié que cette meuf était complètement inconsciente. Si j'avais été une vraie perverse "curieuse", elle aurait fait quoi ? Avec mes statistiques de force élevées grâce à ma nouvelle arme compensatrice de chibre, elle aurait pas fait long feu. Je soupirai en me rappelant que mon bidon criait famine. Son petit pain rond avait sans aucun doute dû disparaître et c'était dommage : j'étais fan des sandwichs en tout genre... Mais j'avais pas les ingrédients succulents à rentrer à l'intérieur. J'ouvris donc mon inventaire à la recherche d'un mets pouvant remplir mon estomac ennuyeux. Je tombai sur la salade de fruits, que je matérialisai, avant de me rendre compte que je possédais aussi un bonbon. Il serait ingurgité en guise de dessert ! Comment ces aliments avaient pu apparaître dans mon inventaire ?- j'en avais aucune idée, je m'en souvenais plus. Je mangeai les fruits croquants, divers et juteux en moins de deux mais avec plaisir, avant de laisser sous ma langue, fondre la petite boule sucrée qui ravit mes papilles. J'avais failli oublier à quel point le glucose était la vie, avec toute cette nourriture salée et généralement pas bonne car peu chère que je m'enfilais dans les p'tits resto merdiques.

Il n'empêchait que l'autre était longue dans la salle de bain, là ! Surtout que j'entendais plus les bruits de l'eau qu'on bouge, s'était-elle noyée ? On était dans une safe zone, c'était pas possible. Ou peut-être qu'elle s'attendait à ce que je vins l'embêter, la coquine ? Ou alors, elle faisait juste ça pour m'agacer. Ce serait bien son genre, d'ailleurs, à rester mille ans à la place que je voulais prendre. J'attendis encore cinq minutes avant de soupirer d'un coup et d'entrer dans la pièce avant de prendre une mine blasée. On avait pas dit explicitement ce qu'on allait faire le lendemain et la meuf roupillait déjà ?! Elle devait pas avoir l'habitude de beaucoup se dépenser aussi. Regardant l'eau pleine de savon, je me dis qu'elle avait dû beaucoup s'éclater à faire des bulles. C'était une des pratiques les plus amusantes à faire dans un bain, après tout.

"Hé."

J'avais prononcé sans crier ni murmurer. Mais Princesse devait être parfaitement soumise à Morphée, si bien qu'un sourire en coin sournois pris forme sur mon visage. Dans la réalité, j'aurais déjà écrit le mot "steak" sur son front en lui dessinant une moustache à la capitaine Crochet tout en lui faisant une coiffure ridicule. Et avec ses cheveux longs, même ce Dieu qui n'existait pas pouvait savoir que j'avais tout plein d'idées artistiques ! Mais je n'en fis rien. Je savais que mes coloriages allaient vite être digérés par sa peau qui redeviendrait pure en quelques secondes. Au lieu de ça, je m'emparai de sa main tout doucement pour ne pas la réveiller, et tout prudemment pour éviter de toucher des choses qui, même frôlées, auraient ouvert devant elle une annonce contre le harcèlement. Je m'envoyai une demande d'ami que j'acceptai immédiatement, tentant d'apprendre, sans succès évidemment, son prénom dans ce monde.

Après tout, j'avais énormément rigolé avec elle ce jour-ci. On avait été très solidaires, elle m'avait sauvée, puis je l'avais aidée, on avait même mangé et dansé ensemble. Et j'avais joué la plus amusante et la plus stratégique bataille d'oreiller de toute ma vie. En utilisant les compétences, tout était plus drôle car plus difficile après tout ! Pis, sans parler des événements, j'avais beaucoup aimé son cynisme, le fait qu'elle me tînt tête malgré notre différence significative de niveau et... ... ... ...
...
Ouais bon, c'est du pipo tout ça. C'est quoi les vraies raisons ? Héhé ! Ben, déjà, j'avais pas très envie de la perdre le lendemain, j'étais nulle en orientation après tout. Pis, si elle profitait de mon sommeil pour se casser cette nuit ou si elle me la faisait à l'envers le lendemain, je pourrais la suivre à la trace : elle allait pas pouvoir s'enfuir ! Soupirant encore, j'allais fermer son menu avant de voir en gros sa classe de voleuse, qui me rappela la mienne. Après quelques hésitations et quelques va-et-vient avec mon doigt, j'encaissai cent cols. Il fallait pas en prendre beaucoup pour ne pas qu'elle le vît mais il fallait aussi satisfaire mon côté avare !

Ainsi satisfaite, je remis sa main dans l'eau tiède et refermai la porte de la salle de bain... Avant d'ajouter quelques meubles devant, bloquant ainsi le seul moyen que Princesse avait pour sortir. Elle avait vraiment cru que j'allais oublier mon envie de me prélasser dans un bain sans la faire payer pour son irrespect ?! Je me déshabillai totalement et m'enroulai dans le lit après avoir déréglé mon réveil. Je savais pas à quelle heure l'autre voulait partir après tout. Fermant les yeux, bien en chaud dans le lit, je ne mis quelques secondes avant de m'évanouir, un sourire aux lèvres. Elle avait vraiment été chargée cette journée !