Le jeudi 07 septembre 2023
6h48
La Paix – 8ème étage

« Je veux un bateau. »

Je venais de sortir d’un rêve génial dans lequel j’incarnais un marin de l’une des caravelles de Christophe Colomb en route vers le Nouveau Monde. J’étais aux ordres d’un des capitaines qui n’écoutait guère ceux de Colomb. Qu’est-ce qu’il était stylé ! Il ne s’embêtait pas des normes et des statuts, il disait les choses clairement, vulgairement, et étrangement, cela plaisait au petit marin que j’étais. Il était plein de rêves et d’espoirs, son envie de découvrir de nouveaux horizons était plus forte que celle de remplir ses poches de pièces d’or et sa réputation de gloire.

« C’est décidé, il m’en faut un. »

L’envie de l’adolescent de mon rêve était devenue la mienne. J’avais envie de devenir capitaine d’un navire et d’être le premier à fouler des terres auxquelles personne n’avait avant moi pensé.
Si je me souvenais bien, il était possible d’obtenir des bateaux au seizième étage, mais seulement de façon temporaire.

Cependant, les notes que j’avais prises sur l’étage parlaient d’équipages de pirates. J’étais persuadé que, d’une façon ou d’une autre, je pourrais leur voler leur embarcation une fois les avoir tous détruits.

Cela dit, selon les informations que je détenais, ils étaient nombreux et humanoïdes. Donc forcément coriaces car doués d’un minimum d’intelligence. J’allais alors devoir élaborer une bonne stratégie pour ne pas risquer de me faire maintenir au sol jusqu’à ma mort…

« Faut que j’améliore mon équipement… Et que je trouve un mec assez intelligent pour trouver une combine. »

Heureusement, je ne manquais pas de réseaux d’informations. J’envoyai à tous mes contacts une demande de mise en relation avec un fin stratège. Sachant pertinemment que je n’aurai de réponse que dans quelques heures, je décidai de mettre la première partie de mon plan à exécution.

Je dépassai la couverture sur laquelle dormait le caméléon. J’étais sûr que ce dernier, s’il avait eu assez de doigts, n’aurait pas hésité à me faire un doigt d’honneur pour avoir parlé tout seul tout haut si tôt.

Une fois dans mon atelier de couture, je fis le point sur ce que je pouvais améliorer puis récupérai un fil et une aiguille.

Je me trouvai nu penché sur ma table de couture, concentré sur mon art. Je sentais la chaleur qui venait de la pièce d’à côté, émanant de ma cheminée allumée. La Princesse m’avait donné cette habitude, et étrangement, j’y prenais goût. Me découvrais-je ici un attrait pour le nudisme ?

« Bon, la doublure maintenant… »

J’avais pu ajouter des fils réfléchissants pour maintenir en place les boutons de ma veste. La manœuvre avait été assez difficile comme les trous de ces derniers étaient déjà presque obstrués par d’autres fibres entremêlées. J’aimais bien le rendu, qui mettait en évidence les attaches.

Bref, il m’était à présent temps d’ajouter les morceaux de cuir de truffler. Comme à mon habitude, je travaillai les peaux afin de les désépaissir. C’était l’étape qui demandait le plus d’attention. Il me fallait être précis pour que tous les bouts ne soient pas différenciables. Je les découpai ensuite afin que leur taille convienne à ma veste et que leurs angles ne comprennent pas d’effiloches. Enfin, je les perçai délicatement, décidé à y creuser des trous assez fins pour que personne ne les remarque en regardant de près la veste. Je fis de même pour le cuir de cette dernière.

Cela fait, je laissai tout sur la table pour préparer ma teinture blanche. J’avais envie de surprendre mon monde dès que je retirerais ma veste. Marron à l’extérieur, blanche à l’intérieur, cela créerait un joli contraste qui puerait la classe.

Après avoir préparé ma mixture, j’y entrai les morceaux de cuir que je venais de travailler. Je les y laissai quelques instants avant de les sortir à l’air libre et patientai jusqu’à ce qu’ils soient bien secs. Je profitai de ces quelques minutes pour vérifier si je n’avais pas oublié de répondre à certains messages privés qui dataient.

« Allez, c’est prêt. »

Après avoir caressé le cuir doux, je récupérai des fils, ma veste, et cousus patiemment la doublure en faisant bien attention aux coins et aux délimitations.

Une fois mon travail terminé, je portai mon œuvre d’art améliorée et la trouvai assez bien. Généralement, quand je me trouvais dans les ateliers de couture, je gardai sur le dos toutes les créations terminées pendant mon utilisation des lieux. Mais…

« Il fait trop chaud pour porter une veste rembourrée là-dedans… »

Je ne l’avais portée qu'à peine trente secondes, mais je sentais déjà de la sueur couler le long de mes omoplates.

Toujours nu comme un ver, je récupérai mes gants aux meilleurs bonus ainsi que deux plumes écarlates, deux dards énormes, et différentes parties de corps d’animaux divers et variés.

Dire que c’est avec ça qu’on fait les vêtements de qualité… Mais contrairement à moi, les fabricants de ces ingrédients ont dû tuer des êtres de chair et de sang puis les vider et les dépecer pour arriver à ce résultat.

J’avais déjà eu des discussions familiales et amicales sur la fabrication des vêtements et toutes les polémiques qui y étaient associées dans le monde réel. Ce genre de débats pouvait durer des lustres. L’un disait que c’était horrible de faire cela alors que les plantes pouvaient nous apporter des fibres correctes pour, une autre disait que récupérer les peaux des bêtes que nous mangions limitait les gâchis, d’autres parlaient de la maltraitance des moutons, de la terre et de l’eau que nous réduisions en alimentant et en abreuvant aussi bien les bêtes que les végétaux.

A la fin, tous étaient d’accord pour dire que nous produisions plus de vêtements que nous n’en avions besoin. Contradictoirement, c’était les mêmes qui possédaient des armoires pleines à craquer d’affaires en tout genre.

Ces souvenirs m’arrachèrent un sourire en coin tandis que je perçais à l’alêne les petits bouts de cuir que je venais de désépaissir de façon automatique. Cela me prenait de plus en plus souvent. C’était comme si je me réveillais d’un coup et que je remarquais que j’avais accompli ma tâche sans pouvoir me rappeler comment ou pendant combien de temps.

Aux cuirs de balistaire, j’ajoutai des éclats d’écaille de serpent. Grâce aux trous, le fil passa sans problème. J’ajoutai les dix petites pièces aux gants, à l’endroit où ils protégeaient mes phalanges. Ceci étant fait, je cousus à l’intérieur de chaque équipement une doublure de fourrure. Nul doute que ces vêtements seraient encore plus agréables à porter.

Je m’occupais enfin des finitions, ajoutant élégamment une plume de braise sur le poignet du gant gauche, cousant des dards géants précédemment limés et coupés entre chaque phalange. Cela me fit penser à Wolverine.

Dommage que je n’aie pas Arts Martiaux, parce que je pourrais en défoncer aux poings, des ennemis, avec des gants comme ceux-ci…

Je passai encore quelques minutes dessus pour m’assurer que les coutures tiennent bien. Puis, comme à mon habitude, j’essayai mon nouveau chef d’œuvre.

La fourrure était chaude, douce au toucher et sa couleur rouge orangé créait un joli contraste avec la teinture de base des gants. Malheureusement, celui-ci ne se verrait que lorsque je les retirerais.

… Ce que je fis bien vite.

« Trop chaud… »

« Ah !- ça y est, t’es réveillée ! »

J’étais en train de découper de la fourrure de dent de sabre lorsque je vis la petite tête du caméléon dépasser de l’embrasure de la porte. Elle répondit à mon grand sourire par un regard de travers, ce qui m’amusa encore plus. Il était évident qu’elle avait la tête dans le cul.

« Je m’fais des jambières, tu viens m’aider ? »

La Princesse fit mine de tomber d’ennui et je poussai un soupir faussement désespéré en reprenant ma tâche. Je déliai les poils de lion délicatement pour me retrouver avec deux pièces de taille égale. J’utilisai ensuite une aiguille et un fil pour pouvoir entourer mes mollets des tissus créés sans que ceux-ci ne dégringolent sur mes chevilles.

C’était si simple de fabriquer des jambières… Tellement plus que de réaliser des chaussures ou des chapeaux !

Avec une aiguille plus fine que la précédente, j’ajoutai aux poils de lion ceux de fennecs. La couleur était moins foncée mais celle des deux animaux restaient similaires, si bien qu’on n’en voyait pas la différence sur la pair d’équipements.

Après avoir découpé aux ciseaux les fibres plus longues qui dépassaient, j’essayai les jambières pour finaliser ma nouvelle tenue.

C’est impecc’ ça, assez serré pour que ça tombe pas, assez large pour que je me sente libre de mes mouvements.

Je ne savais pas si la taille était parfaite grâce à mes mains expertes ou si c’était un avantage donné par le système. Dans tous les cas, j’étais assez satisfait du résultat. Je m’habillais alors entièrement avant de me regarder dans la glace. Les couleurs étaient bonnes, et leur adaptation parfaite à mes mensurations mettaient mon physique bien fait en valeur.

Merci maman, merci papa.

Je me tournai vers mon familier qui avait pu grimper sur le pan de la seule fenêtre de la pièce en espérant sûrement me faire de l’ombre. J’étais persuadé que si elle avait pu sauter comme un kangourou pour s’accrocher à la lampe et m’emmerder, elle l’aurait fait volontiers.

« Comment tu m’trouves ?! J’suis encore plus cool qu’avant nan ? »

Elle fit mine de vomir avant d’ouvrir grand la bouche.

« … OK, on va petit déjeuner. T'es juste jalouse, t'façon. »

Je le sentis plus que je ne le vis : elle avait levé les yeux au ciel.

J’ouvris rapidement le frigo pour lui filer deux criquets croquants, m’emparai de quelques mochi mochi puis m’assis sur une branche hors de la cabane pour regarder le caméléon chasser des insectes. Même si elle raffolait des criquets, j’avais peur de la gâter, comme mon petit frère et ma petite sœur l’avaient pour un de nos chats. Il avait fini obèse.

Je me demandai d’un coup s’il était encore en vie aujourd’hui. Il avait quand même eu treize ans…

Mais avant que je ne puisse plonger dans la déprime en repensant à ma vie d’avant, l’alerte d’un nouveau message retentit à mes oreilles. Ce que je lus me ravit.

« J’aurai un pseudo de stratège si je relève un défi. Coooooool ! J'aime les défis. »

Je pianotai sur le clavier de ma messagerie, déjà enthousiasmé par la suite de la journée.

Aide à la modération :

Nombre de ligne : 1.5/2
Qualité de la langue : 2/2
Avancement du RP : 1/1

Pseudo : Ari
Nombre de messages : 4
Cols gagnés : 572 cols
Cols dépensés : /
Objets utilisés :
Fils réfléchissants (Esq +3) X1
Cuir de Truffler (Esq +5) x3
Cuir de balistaire (Pré +3) X2
Plume de Braise (Pré+3) X1
Dard géant (Pré +1) x2
Fourrure de Félin (For+1 / chaud) x1
Ecaille de Lezard (Force +1) x1
Poils de fennec (Vit +2) x2
Fourrure de Dents de Sabre (Vit+1) X1
Objets obtenus :
Golden Jacket (Antipoison lvl 5, Esq+27) (amélioration)
Challenger Gloves (Pré+23, For+7, Acrobatie +3) (amélioration)
Jambières (Vit+5) x1
Compétences gagnant des points :
Couture +1
Niveau début du rp : 53
Niveau(x) gagné(s) : 1
Réputation : 1¤ 1+
Remarques : De la couture toujours aussi bien décrite, couplée à l'excentricité du personnage pour un résultat captivant à lire. On ne va rien dire pour les droits de mention sur un certain mutant~ Bonne chasse au bateau !

- Lacaion -