"Tout comme la plante qui n'a pas d’œil, et pas d'oreille, elle connaît le sens du vent : elle est aware !". Ah ce Jean-Paul Gandame, célèbre philosophe belge. Puisse-t-il de là où il est savoir à quel point il avait raison, même ici. Munie de mon gros bouquin à la reliure dorée sous le bras, et de mon épée dans la main opposée, je déambulais dans la ville du treizième étage telle une fille sachant exactement où elle allait. Le problème dans ce procédé était que, je dois l'avouer, je savais véritablement où j'allais. Les murs de cette bourgade, comme ce qu'ils renfermaient ne m'intéressaient pas le moins du monde. Loin de là ! Je n'avais que faire encore pour l'heure des boutiques ou des PNJ intéressants. Aujourd'hui, je me consacrais à l'avancée de mes chroniques sur le treizième étage : plantes et monstres devaient être référencés et communiqués.

La gente de ce monde n'était vraiment pas dégourdie : beaucoup étaient morts stupidement. Que ce soit en testant des théories farfelues ou en allant dans des étages beaucoup trop hauts pour eux, les Darwin awards coulaient à flots. D'autres par contre, un peu moins bons que moi, sont morts dans des salles piégées, à causes de monstres dont la stratégie demandait précision et efficacité. En situation de mort imminente, je n'étais pas sûre de savoir réfléchir à pleine capacité, alors imaginez les autres... De ce fait, je m'étais obligée à faire un recueil de toutes les informations nécessaires sur tous les monstres de ce jeu qu'ils soient rampants, volants ou marchants. A n'importe quel étage, une épée pouvait tomber. Au centième, je n'étais pas sure de pouvoir triompher seule en ayant le niveau requis : il me fallait compter sur des participants me permettant de faire basculer la balance de défaite à victoire. Cependant, ils étaient potentiellement assujettis à tomber bien avant d'arriver au centième et j'en avais besoin vivants. Donc, les chroniques servaient mes propres intérêts en vérité ainsi que ceux de tous les lâches se terrant au premier étage et attendant que le jour la libération leur tombe tout cuit dans le bec.

Une deuxième utilité de cet ouvrage serait de faire la promotion des lieux dignes d'intérêts pour les personnes exerçant un métier. Les forgerons et les alchimistes notamment devaient savoir où et quoi ramasser rapidement afin de nous proposer des produits finis le plus rapidement possible. Si une vie existe réellement après celle-ci, autant se bouger non ? Les artisans étaient vraiment des personnes respectables. Déjà parce que j'en faisais partie mais également parce qu'ils étaient des personnes fortement utiles dans le développement de mon personnage soit-disant virtuel mais dont la réalité était très troublante. Enfin, ces récits seraient un moyen lucratif supplémentaire de gagner ma vie. Je me voyais déjà offrant les informations aux personnes venant consulter mon manuel en l'échange de cols ou de fleurs de haut intérêt alchimique.

Après ces quelques divagations financières, j'arrivais aux portes de la ville. L'étendue désertique et à première vue infinie s'offrait à moi. A moi les fleurs et les monstres de cet étage.

Personne pour aider cette jolie jeune femme à lutter contre la solitude ?

Un dernier petit up !! Allez les gens, go rp ! Elle a du charme et tout, matez son avatar !

Soif. J'ai soif. J'ai perdu la notion du temps. Je sais même plus dans quel étage je suis. Je suis totalement perdue. Je croyais pourtant avoir compris les explications que m'avait fournies le marchand ! '' tourner à gauche après le rocher et ensuite aller tout droit vers le crâne de bovins et ensuite tourner à droite après l'ossement.'' et là, j'aurais due voir une oasis avec des tentes, mais non ! Rien. Nada. Je déambule parmi les dunes. Véritable âme perdue.
"Hé hé, tu n'as aucun sens de l'orientation et tu as décidé sur un coup de tête de t'aventurer dans le désert et de nous y faire crever ! Félicitations ! Ça doit être ton idée la plus brillante depuis le début de ce jeu… "
-…
Je l'avais presque oublié celle-là. Je dis celle-là, mais il s'agit juste de la petite voix dans ma tête. Dès que je pourrais enfin sortir de ce jeu maudit promis papa et dad j'irais consulter un psychologue.
"Eh, tu m'écoutes là ? J'te cause grande cruche ! "
- Ça va ! Tais-toi maintenant !
Je m'assois nonchalamment dans le sable et retiré ma botte gauche. Je soupire. Du sable. Encore du sable !
- J'en ai marre du sable ! Au secours !
"Mais quel boulet ! Non mais franchement ! Si tu avais tourné à DROITE après le crâne, mais non ! Au lieu de ça, tu as pris à gauche… Et puis c'est totalement débile d'abord, tout le monde sait que dans le désert, on se repère avec les étoiles et non le vieux crâne cliché qui se trouve au milieu de nulle part !"
- Et comment je fais ça moi ? Rah et puis laisse-moi tranquille !
Je remets alors ma botte et me relève tant bien que mal pour ensuite me remettre en route. Après plusieurs heures de marche qui me semblaient interminables, des tentes apparurent au loin. Des tentes. Des tentes ! Enfin ! Je me sentais au bord de l'évanouissement, mais je tins bon et courus avec mes dernières forces vers ces dernières, suivant les odeurs délicieuses de nourritures que je pouvais percevoir. Je ne fis pas attention en arrivant et percutait quelqu'un avec… Un grimoire ? Qu'est-ce que c'est un Livre ?
-Oups pardon ! Je suis désolée !
Je l'aide alors à se relever avant de partir vers ce qui me semblait être les "cuisines".

Je l'avais vue apparaître au loin, cette jeune fille au corps si frêle, à l'allure si vacillante. Allait-elle s'évanouir ? S'était-elle fait intoxiqué par un poison quelconque ? Humm... Dur à dire. Mais dans tous les cas, lui porter secours pourrait sonner la naissance d'une éternelle reconnaissance et donc d'un certain profit ! Je me mis donc à courir dans sa direction pour lui offrir mon assistance totalement intéressée.

Elle semblait parler seule ou alors délirer. Ses lèvres bougeaient seules. Ou alors peut-être est-ce qu'elle m'appelait. C'était bon pour moi, j'aurais même pour le coup l'argument consistant à dire que je ne comptais pas l'aider et qu'elle m'a supplié de lui venir en aide, augmentant ainsi la rétribution qu'elle devrait m'offrir ! N'aie crainte délicieuse créature, je ne prendrais ni tes cols, ni ton intimité : seulement ton entière coopération pour mes expériences à venir. Ne bouge pas, ton alchimiste et ta salvatrice arrive... Mais...

Aaaïeeeeuh !

Me voici tombée à la renverse. Elle et moi avions couru l'une vers l'autre et nous sommes rentrées dedans en nous cognant la tête. Mon livre tomba au sol et je m'empressais de ramasser mes chroniques, si précieuses. elle se releva pendant ce temps là et m'aida à me relever. Mais c'était quoi cette blague ? Quel était ce stratagème ! C'est moi qui allait lui être redevable bientôt ! Non hors de question, rétablissons immédiatement la vérité !

Je n'avais pas vraiment besoin que tu coures dans ma direction. Du coup, entre deux levers de tête, je t'ai pas vue te rapprocher de moi, désolée. Mais toi ? comment vas-tu, de loin tu paraissais vraiment dans le besoin. Tout va bien ?

J'époussetais mon grimoire plein d'informations ou chacune d'entre elle pouvait valoir un prix d'or ! Maintenant qu'elle allait bien, je pouvais m'asseoir sur mes gages. Ah ! mes gages ! mes gages ! Voilà par son bien-être un chacun satisfait, tout le monde est content. Il n'y a que moi de malheureuse ! Mes gages ! mes gages ! mes gages !

Up ? Encore une fois, allez les gens, go rp ! Elle a du charme et tout, matez son avatar !