Pallier 6
12 mai
14h42

« Trouvé ! »

Oui, j’avais enfin trouvé une énigme qui fonctionne dans ce monde. Autant vous dire tout de suite que ce n’est pas si facile. Je regardais autour de moi ne voyant que de la roche à perte de vue, je ne pouvais indiquer ma position. Tant mieux. Être un red player n’est pas de tout repos. Cela fait maintenant des mois que je me cache des « tueurs de PK » comme ils s’appellent eux même. À défaut de pouvoir jouer les justiciers dans la vie réelle, ils préfèrent être considérés comme des héros ici. Mais ce qu’ils n’ont pas encore compris, c’est que personne ne sortira vivant de ce jeu mortel. Quand bien même ce gars au manteau rouge qui prétend être le maître de ce monde, tient sa parole et libère les joueurs une fois le dernier boss vaincu, je me chargerais de freiner la route de tous ceux voulant accéder à ce boss et par la même occasion, à cette liberté.

Mes yeux s’étaient habitués à l’obscurité depuis le pallier 5. Traverser les étages me prends un temps fou, mais il m’est impossible d’avoir accès aux portails de téléportation, ni même à tout ce qui est accessible dans une safe zone. Argh, si je n’avais pas tué cette joueuse dès le premier jour, j’aurais surement plus d’équipement et mon niveau serrais bien meilleur… Trop tard pour les regrets, et puis, ce n’est pas comme si je regrettais vraiment d’avoir pu mettre fin à ses jours. Tuer me donne l’impression d’avoir un pouvoir spécial, avoir le pouvoir de décider de qui a le droit de vivre, le pouvoir suprême. Mais ici, il faut être beaucoup plus prudent. Même si je ne risque que la prison du système à me faire prendre, certains joueurs sont tout de même plus forts que moi. C’est pourquoi je refrénais mon envie de tuer, attendant le bon moment.

Toc

Un bruit de pierre. Deux possibilités ; un golem de pierre ou un joueur. Je m’équipai rapidement de mon arme, étant prêt à combattre n’importe quel être de pixel ce trouvant sur ma route. Je préférai la première possibilité, mais je ne tardai pas à voir une joueuse apparaître au détour d’un tunnel. Je me redressais en posant ma naginata sur mon épaule, pouvant attaquer au moindre mouvement suspect de la jeune fille. Un petit coup d’œil derrière elle m’indiqua qu’elle était seule, mais mieux vaut être prudent. Avant même qu’elle lève les yeux sur moi, je lui lançai :

« C’est pas très prudent de se promener ici… Tu pourrais faire de mauvaises rencontres… »

Toc

Une autre pierre roula jusqu’à nos pieds. Pour sûr, c’était bien un golem qui tentait en vain de nous toucher. Mes pensées se dirigèrent sur cette fille. Je ne vais pas l’attaquer alors que des monstres popent autour nous. Je vais attendre, elle me sera peut-être utile finalement…

« T’as de la chance aujourd’hui… Je n’attaque pas les belles jeunes filles qui sont déjà la cible d’un autre que moi… »

D’un geste de la tête, je lui indiquais le golem derrière elle qui s’apprêtait à lui lancer un caillou. Voyons comment elle se débrouille en combat, cela peut être intéressant… Et si jamais je vois que son niveau est possiblement plus élevé que le mien, je n’aurais qu’à partir un peu plus loin.

« Aïe ! Nan mais ça va pas oui ? »

Quelque chose venait de me piquer le bras, ou plutôt de me le mordre… J’avais crié par réflexe. J’aime bien cette particularité de ce monde, la douleur. Peu importe la puissance du coup reçu, la douleur est totalement absente. Le seul inconvénient, c’est qu’on ne peut donc pas admirer la douleur infligée à l’autre. Voir le visage se crisper, les larmes monter aux yeux, les muscles se contracter, la mâchoire se serrer, sentir la peur émaner de sa victime. Quel dommage que le NerveGear ne puisse pas transmettre les sensations… C’est tout ce qu’il manque à ce monde pour être réel et vraiment parfait.

Je ne fis qu’un quart de tour sur moi-même pour voir la chauve-souris vampire voleter près de moi, tel un moustique affamé prêt à me vider de mon sang. Lâchant un soupir, je levais ma naginata et l’abattait sur la petite bête. C’est coriace ces trucs… D’ailleurs, je n’ai toujours pas l’habitude de le faire, mais c’est encore une bestiole à analyser. Je recueillis les informations pendant que le monstre pas très effrayant fit un autre croc. Il me retirait si peu des points que je pouvais l’ignorer. J’en profitais pour analyser le tas de pierre agressif, voulant se faire la jeune joueuse à côté de moi.

Je ne m’intéressais pas trop à celle-ci. A quoi bon ? Je ne m’associe à des gens que par pur intérêt personnel, si on ne m’est d’aucune utilité, je ne vois pas pourquoi j’y porterais une quelconque attention. En y réfléchissant, cette fille n’a sûrement pas fait attention à mon curseur ou alors elle est courageuse et forte. Par expérience, la plupart des joueurs ne se font pas prier et s’échappent dès qu’ils le peuvent lorsqu’ils me voient. Depuis l’annonce, un curseur orange, c’est comme une étiquette qui indique aux autres que tu n’aimes pas trop faire copain-copain.

Un peu plus loin, un autre monstre venait apparaître, un champignon qui ne m’inspirait aucune confiance. J’activais pour la troisième fois en très peu de temps, ma compétence d’Analyse. J’ai bien fait de choisir cette compétence, elle m’est très utile sur la stratégie à adopter. Sans tenir compte de l’intention de la fille, j’assignais un coup sur ce qui me semblait être le flanc droit de la moisissure, laissant ainsi une magnifique marque rouge sang. Ah, qu’est-ce que j’aime cette couleur ! Elle m’évoque bien des souvenirs, très agréables pour la plupart…

Récap':

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