C'était un étage sur lequel je ne me rendais que rarement. Le mauvais temps était quasi omniprésent et, même s'il ne pleuvait pas, l'humidité émanant des marais ne me plaisait guère. Mais aujourd'hui, j'y retrouvais la seule et unique recrue que j'avais jugée digne d'appartenir à la guilde du temps où je la dirigeais. Je parlais évidemment de Shukuro. Paladin de classe, il avait su endurer mes entraînements avec brio : attaque latérales, frontales ou écrasantes : il avait de bonnes techniques pour se défendre contre un environnement hostile. Mais je l'avais mis en garde la dernière fois avec la capacité Poigne de fer que nous avions en commun : une main de libérée pouvait faire tellement de choses, comme fixer un bouclier. Je n'avais plus vraiment grand chose à lui apprendre. Après tout nous étions du même côté et je ne lui avais caché aucune capacité ou technique afin de parfaire sa défense en vue du jour J : ce jour où nous allions défaire ce boss du vingtième étage.

Aujourd'hui, j'attendais en dehors de la ville mon tank principal, sous la pluie. Les gouttes dégoulinant sur mon visage, humidifiant mes cheveux ou mes vêtements ne me dérangeaient absolument pas. Ce n'est que lorsque deux joueurs plutôt peu discrets me regardèrent que je compris qu'une femme mouillée pouvait faire naître quelques intérêts dans leur tête. Shukuro n'était pas de ce bord là, bien au contraire. C'était un homme plutôt âgé mais qui avait un certain style : il faisait jeune, mais mature. Il faisait homme mais jeune dans le bon sens du terme. Mais ce qui me plaisait le plus chez lui était le fait qu'il ne me voyait que comme une joueuse avec ses qualités, ses forces et qu'il ne me jugeait absolument pas sur mon physique. Pourquoi je l'attendais ? La raison répondrait aussi à la question, pourquoi ne pas se donner rendez-vous en ville sous un toit. Tout simplement parce qu'il voulait plus d'informations sur le boss que nous allions retrouver. Son arme était connue par le rapport de Thélos et d'Ethana, j'en possédais une du même type : je me disais que, pour le rassurer, j'allais encore lui proposer de frapper sur son bouclier du plus fort possible et avec la plus grande diversité qui s'offrait à moi.

Néanmoins, je ne pouvais pas l'accueillir comme ça. Même si j'allais sans doute enlever encore une fois mon équipement, des vêtements mouillés pouvaient peut-être provoquer un manque de crédit vis à vis de n'importe quel homme et je ne voulais absolument pas le tenter, le voir changer dans mon ressenti. D'un coup, d'un seul, je plantais Retortion dans un arbre de telle manière à ce que celle ci se maintienne toute seule. Les lois de la gravité dans son cas étant dures à contrer, il m'avait fallu réellement l'enfoncer. Heureusement, l'arbre avait un tronc assez important et je ne risquais pas de le couper malgré la largeur de la lame et la longueur sur laquelle je l'avais enfoncée. Je décidais de me réfugier dessous en attendant l'arrivée de mon paladin.

La pluie s'intensifia un peu et me donna raison de me réfugier dessous. Un rideau aquatique s'était formé entre la safe-zone vis à vis de la pluie et l'extérieur telle une grotte sous une cascade : humide, exigu mais au sec et cachée. J'espérais juste que Shukuro allait pouvoir me trouver ainsi. Je décidais donc de lui envoyer un message afin qu'il ne passe pas à côté de moi. Dedans, j'y mettais la description des environs, la position par rapport à la ville la plus proche ainsi que la description du refuge improvisé dans lequel je m'étais réfugiée. J'espérais juste qu'il ne mette pas trop longtemps à me rejoindre.

Ainsi il m'avait trouvé. Ses qualités de tanking étaient très bonnes, mais son observation l'était tout autant. Il avait sorti son katana et son bouclier mas les conditions climatiques n'étaient pas bonnes pour s'entraîner. Les trompes d'eau allaient gêner notre perception tandis que nos équipements allaient pas répondre exactement pareil que par temps sec. Je le regardais, alors que je serrais mes genoux afin de cacher mes formes mais le tissu avait vite séché et ce n'était plus vraiment la peine. J'avais encore des informations à lui transmettre mais j'avais aussi dangereusement monté mon niveau depuis notre dernier entraînement. La démonstration entièrement habillée n'était pas possible sans s'exposer dangereusement à des conséquences potentiellement dramatiques. Je continuai à le regarder sans décrocher un mot pendant que j'analysais les solutions qui s'offraient à nous. Pourquoi avions-nous convenu d'un rendez-vous dans un étage aussi pluvieux... Bref !

Il n'y avait pas trente-six solutions, l'entraînement était impossible et nous ne pouvions pas rester ici. je l'invitais donc à en discuter à la ville autour de quelque chose à boire.

Te montrer des mouvements à parer sera difficile par ce temps. Allons nous abriter devant une boisson chaude en attendant que cela cesse.

Je me levais donc, enlevais mon épée de ce pauvre arbre en prenant soin de bien regarder si une chute n'était pas à prévoir de notre côté. Rassurée, je mis Retortion au dessus de ma tête et invitait Shukuro à me suivre. Bien sûr je tentais de ne pas l'incommoder de ma lame même si l'inviter dessous était hors de question : cela m'aurait couvert de gêne. De plus, bien que nous marchions à une cadence relativement soutenue, j'éprouvais un sentiment bizarre en le regardant. Voir ses cheveux mouillés et de l'eau ruisselant sur son visage n'était pas déplaisant : cela lui donnait un style appréciable.

Mais je ne le regardai qu'une seule fois. Ce bref instant fut surpris par ce dernier : il avait vu que je le regardais toujours avec ma tête aussi expressive et, après avoir soutenu son regard une ou deux secondes, je coupais le lien visuel pour me concentrer sur la route. Il s'agissait d'un frère d'arme, rien de plus. Quoi que vous puissiez penser, notre différence d'âge était avérée. De plus quelqu'un devait l'attendre à l'extérieur et mon esprit était à 99% concentré sur la route à faire ainsi que les informations que je devais lui transmettre. J'admettrais que la partie restante s'intéressait à analyser ce que je pensais de Shukuro-san et de ce qu'il avait pensé de cet échange mais ne vous méprenez pas ! Je n'avais qu'un seul objectif, tout faire pour rendre la bataille au vingtième bien plus rassurante et facile.

Une fois arrivés en ville, nous entrâmes dans la première taverne qui vint sur notre chemin et nous asseyions sur les premiers sièges qui pouvaient nous accueillir. Je cassais alors le silence pour dire à mon acolyte de commander puis ensuite de m'écouter attentivement.

Je prendrais un chocolat chaud. Si à la fin de cette boisson, la pluie est toujours là, nous irons ailleurs nous entraîner. Désolée d'avoir choisi cet étage...

Je voyais Shukuro se conduire avec les manières qui devaient être appliquées envers une dame et son comportement à mon égard me plaisait. Nous étions assis sur une table et il avait pris la peine de commander pour moi. Il était intelligent et je pense qu'il savait pertinemment pourquoi je m'étais abritée et que je souhaitais attendre que la pluie passe. Autant le jeu inhibait tout ce qui était sensation de douleur, de faim, de soif ou tout ce qui était maladie, autant il recréait à perfection le tissu une fois mouillé. Le problème était que mon plastron n'était pas entièrement formé de métal et que certaines parties de mon anatomie devenaient moins protégées de la vision d'autrui une fois le tissu les recouvrant humidifié. J'étais persuadée que le paladin n'avait aucun problème avec cette vision et qu'e le contraire n'était pas plus vrai; il ne s'en délecterait pas non plus. C'était moi qui était gênée d'une telle tenue : nous n'étions pas à l'abri de voyeurs que j'aurais du corriger. De plus, même moi j'étais gênée de savoir mes attributs autant visibles.

J'avais donc décidés que l'on s'abriterais le temps que la pluie daigne passer ou de changer d'étage afin d'être beaucoup plus sereine mentalement. Shukuro, aussi professionnel que je le désirais, me parla des spécificités de la salle du boss ainsi que celles concernant le déroulement de ce type d'affrontements. A vrai dire, je n'en savais rien concernant ce deuxième point puisque je n'y avais jamais participé auparavant de cette ampleur. Mais je pouvais facilement extrapoler la difficulté et le lui expliquer. Je commençais alors à lui présenter l'entrée. Chaque boss ou monstre de fin d'étage dans Sword Art Online était dans une salle protégée d'une lourde porte pour éviter que des personnes non alertées n'y pénètrent par inadvertance. Ainsi, il fallait d'abord ouvrir la porte pour pénétrer dans la salle et la découvrir. C'est à ce moment là que nos boissons furent servies et que mes cols furent débités pour mon chocolat chaud. Je décidais de reprendre la parole.

De ce que j'ai retenu en lisant le rapport de mission d'Ethana et de Thelos, il s'agirait d'une salle rectangulaire. Assez classique avec quelques sources de lumières dans les coins et le loin des parois. Le combat se déroulera sûrement au centre ou un peu plus décalé vers le fond avec des formations en groupes et organisés en flèche ou en pyramide.

Je commençais alors à souffler sur ma boisson chaude avant d'y plonger mes lèvres pour y prendre une première demi-gorgée. C'était agréable d'avoir un semblant de goût de cacao dans la bouche et d'avoir un sentiment de réchauffement s'écoulant dans son système digestif. Puis je continuais à donner des indications à mon tank principal.

Concernant le combat en lui-même, le boss présentera des compétences principales que l'on ne connait pas. Il pourrait s'agir de compétences offensives spéciales avec son arme de type anti-personnel, anti-armée ou ciblant plusieurs personnes d'un coup, des compétences d'appel à l'aide visant à faire pop des monstres supplémentaires. Il pourrait s'agir aussi de compétences de prises d'otages où un membre sera prisonnier et où on devra mettre un maximum de dégâts pour l'en libérer. Bref, tout plein de choses...

Je le regardais littéralement boire mes paroles. Il était ultra soucieux du déroulement ainsi que de son gameplay et quelque part, je l'appréciais beaucoup pour ça. Il aurait pu être quelqu'un dans la vraie vie qui m'aurait plu et avec qui j'aurais pu jouer des heures à des jeux demandant implication et performance. Néanmoins, je ne savais rien de lui et cela me mettait un peu mal à l'aise. Comment pouvais-je apprécier une personne que sur ses compétences ? C'était ce que je voulais que les gens fassent pour moi mais... Parce que je ne voulais être aimée qu'en tant que joueuse. Là je m'apercevais que la personne derrière le pseudonyme Shukuro me plaisait parce qu'il était capable de faire et de reproduire ce que je voulais ou faisais. J'avais quelque peu honte de lui demander ceci, mais le besoin s'en faisait sentir.

Tu es une personne très appliquée Shukuro et c'est pourquoi j'apprécie t'aider ou t'entraîner. Qu'est-ce qui te motive tant à sortir d'ici ? Qu'est-ce qui t'attend à l'extérieur ?

La question voulait à la fois tout et ne rien dire. La vie simplement nous attendait à l'extérieur, suis-je bête... Je ne savais pas trop ce que je lui avais demandé par la présente mais je voulais en savoir un maximum. Il ne semblait pas si vieux, quatre ou cinq année de plus je dirais. Je n'étais pas très bonne à ce jeu mais je ne pouvais pas me tromper de beaucoup. Je le regardais dans les yeux, les mains entourant ma tasse pour ressentir au mieux cette sensation de chaud émanant de la boisson chaude. J'attendais patiemment sa réponse sans exprimer aucun sentiment sur mon faciès, restant aussi froide qu'un iceberg mais tout aussi mystérieuse. Il ne savait rien de ma partie submergée et ne m'avait encore découverte qu'à la surface.

Je le regardais avec un peu plus d'insistance tout en n'exprimant aucune émotion sur mon faciès. J'écoutais ce qu'il avait à me répondre et en apprendre davantage sur lui me laissais intérieurement bouche bée. Il gérait une entreprise ! Il était chef d'entreprise !! Mais quel âge pouvait-il bien avoir ? Aurait-il l'âge de pouvoir être mon père ou mon aîné de pas mal d'hivers ? Je me sentais à vrai dire assez déboussolée puisque j'étais en train de donner conseil à une personne dont l'âge était largement supérieur au mien. D'habitude à l'école ou à la maison, c'était aux jeunes d'apprendre des plus âgés et non l'inverse. J'observais également qu'il me traitait d'égal à égal alors qu'à l'école ou à la maison, les adultes me prenaient souvent de haut. Je ne voulais pas dire ça méchamment, mais dans le sens où ils ont une certaine expérience de la vie que je ne possède pas et que ce vécu les positionnait forcément sur un piédestal naturel d'enseignant,ou de conseiller, à enfant en apprentissage de la vie adulte.

Apparemment j'appris aussi qu'il avait un frère mais qu'à l'inverse de Milena, il semblerait qu'il ne soit pas entré dans ce piège dans lequel nous étions tous enfermés. D'ailleurs, ce fut le propos de sa dernière question. Comment avions-nous vécu le fait d'être bloqués ici ensemble. J'avouais avoir un énorme paradoxe s'installant dans ma tête. Je commençais alors à lui parler sans retenue, disant que d'un côté, j'étais très triste que cette fille, ma sœur jumelle, fut encore prise au piège, elle qui fut enfermée dans dans une famille loin de sa vraie famille, dans un corps qui fut une véritable prison de laquelle son âme aurait maintes fois souhaité de s'en aller, dans un mode de vie délabré et loin de toute stabilité. Elle n'avait pas mérité ça. Si je pouvais libérer une personne du jeu pour enfin profiter de sa vraie vie, ce serait elle. Cependant, l'avoir eu avec moi dès le début des hostilités pour grimper les niveaux fut un bienfait. Tout d'abord moralement, car Milena est quelqu'un de très endurante psychologiquement du fait de son passé mais aussi physiquement car j'avais quelqu'un de proche avec moi à qui je pouvais me confier si nécessaire et qui, peut-être savait un peu ce que je ressentais en jeu par rapport à la vrai vie, même si nous nous sommes rencontrées ici...

La double réponse avait été formulée, mais Shukuro ignore encore l'état actuel de la chose : Milena et moi étions fondamentalement différentes. Nos enfance nous avaient poussé à prendre des chemins très séparés et nos visions de la vie se confrontent assez souvent. Il n'est pas impossible qu'un jour, je doive combattre pour elle afin de la sauver d'un geste qui la condamnera à la vie qu'elle s'est choisie malgré elle. Je reprenais une ou deux gorgées de ma boisson chaude pendant que Shukuro digérait mon long énoncé. Après tout, il était adulte, il comprenait absolument l'existence de tels problèmes et pouvait largement et saisir les aboutissants. Mais la question se remit dans ma tête : quel pouvait bien être son âge. Pour la première fois quelque chose obsédait mon esprit, et il fallait que ce soit sur le membre le plus exemplaire de ma guilde. Je décidais alors de glisser un peu ma chaise vers la sienne pour me mettre davantage à côté de lui, comme si je voulais privatiser davantage notre discussion Je regardais autour de moi et commençais à lui demander quelque chose de vraiment personnel en reprenant sa formulation.

Dis-moi... Shukuro... Tu aurais quel âge dans la vraie vie actuellement ?

Il n'y avait bien sur aucun sous-entendu, de la curiosité pure. Cependant, c'était la première personne qui s'intéressait à notre histoire à moi et Milena. J'étais flattée en effet tout en étant prise d'un sentiment de sécurité. Je m'étais toujours fermée à ce genre de discussion non professionnelles mais amenée de la sorte, je ne voyais aucune raison d'empêcher son déroulement. Cependant, je me demandais comment il pouvait être intriguée par nous deux...

Mon histoire l'avait gêné, sans aucun doute. Mais il ne fallait pas se lamenter sur notre sort. D'ailleurs, les twin avengers s'étaient plus que jamais rapprochées par ce moment prévilégié qu'était Sword Art Online. Quelque part, nous vivions le temps que nous avions loupé que toutes les deux, sans les autres autour qui nous entouraient au quotidien. Et Milena qui, elle, avait des obligations pour le moment, ne pouvait pas rester à la maison. Je ne pouvais rêver mieux que cette prolongation de temps passé ensemble... A vrai dire, oui, je pouvais rêver mieux : être enfermées dans un monde comme celui-là mais ne manière non dangereuse et dépourvue de players killers. Shukuro baissa la tête et se senti peut-être peiné ou rassuré pour son frère, je ne saurais pas le dire. La seule chose que je pouvais affirmer, c'était qu'il pensait actuellement à lui. Je décidais de finir ma boisson tant qu'elle était encore chaude tandis que Shukuro répondait à la question que je lui avait posé.

Ainsi donc il avait dix ans de plus que moi ! Comment pouvait-il avoir l'air si jeune, comment avais-je pu me tromper d'autant d'années. Néanmoins, c'était logique : il était bien plus mature et posé que la plupart des garçons que je connaissais. Ces années de plus lui allaient bien finalement mais il passait un cap moralement difficile : son premier anniversaire enfermé ici. Ses proches devaient s'inquiéter pour lui et savoir que ce jour de fête serait sans lui devait peser sur son moral ainsi que celui de tous ses proches. Je décidais alors de poser une main sur son épaule. Je ne devais pas être d'un très grand secours avec mon air quasiment figé mais par les pressions de ma main, je tentais de faire passer toute ma compassion. Ma main occupait pas grand chose de la surface de son épaule, ainsi peut-être ne me sentait-il que trop peu. Je décidais d'appuyer très légèrement avec mon pouce en tournoyant un peu ce dernier. Comme lorsqu'on se cognait, on massait pour dissiper la douleur, je décidais de frotter un peu son épaule pour diluer sa peine. Je n'avais aucune prétention concernant l'efficacité de mon geste mais j'avais besoin de lui faire sentir ma compassion.

Je décidais de changer de sujet mais je ne savais pas quoi dire. Il me fallait quelque chose sur quoi je pouvais parler, quelque chose qui l'intrigue et qui l'intéresse assez pour maintenir une conversation sans que j'ai beaucoup besoin de l'alimenter. Mais malgré ma recherche, je ne trouvais rien qui puisse remplir ses deux conditions. Je pouvais parler du boss ou de nos entraînements, mais nous avions déjà tout dit. Je ne voulais plus parler de mes débuts dans Sword Art Online avec ma... Ma sœur ! Il avait l'air intéressé par sa personnalité et son histoire ! Je n'avais qu'à lui parler d'elle. C'était quelqu'un que je connaissais assez pour alimenter un débat et qui suscitait un intérêt chez lui ! Sans attendre plus longtemps, je lui dis :

Dis... Milena t'intéresse ?

Quelle imbécile... Dans le style sous-entendu, je n'avais jamais vu pire. Si j'avais voulu le faire exprès, je ne m'y serais pas mieux prise. Je tentais de rectifier le tir mais ma bouche ne voulait plus sortir les mots que ma tête lui dictait. Allez Svetlana ! Dit-le !!


Enfin, je voulais dire... Tu voulais savoir... Notre histoire, donc je pensais que , vois-tu...

Quelle était cette étrange sensation dans mes joues. Avais-je des crampes aux fossettes ? Elles semblaient s'être contractées à outrance alors qu'en les touchant, je ne ressentais aucune douleur. De quoi avais-je l'air ? Mon dieu, de quoi avais-je l'air. Je finis pas me cacher derrière mes mains. J'avais honte de moi et j'en étais paralysée de peur. Que pensait-il en cet instant ?

La situation était peu plaisante : un mot de travers dont le sens pouvait être multiple et me voici ainsi plongée dans un quiproquo absurde et embarrassant. Jamais depuis le début du jeu je ne m'étais risquée à dire de telles choses et mon esprit n'y était pas préparé. Quelle honte que de me voir ainsi, fragile et vulnérable. D'ailleurs Shukuro ne manqua pas d'étouffer son rire avant de le laisser éclater. Je devais vraiment être ridicule et il avait le droit de me punir de la sorte : je le méritais... Moi qui était toujours à l'abri derrière mon armure auto-construite, pourquio avais-je eu la sensation de sécurité et d'en sortir ? Voici ce qu'il en coûtait de s'aventurer dans des contrées où le niveau requis n'était pas adapté. Si une compétence vie sociale était inné chez certains d'entre nous, il en était tout autre pour moi et il me faudrait au moins cent niveaux pour atteindre le niveau zéro.

Finalement, deux petits coups sur la tête me firent sortir de la torpeur, rappelant à quel point j'étais sans défense. Je décidais de prendre sur moi, d'oublier la situation embarrassante dans laquelle je venais de me plonger afin de reprendre une tête inexpressive et sécuritaire pour mon for intérieur. J'écartais les mains qui devenaient des remparts inutiles à mon visage avant d'entendre Shukuro répondre parfaitement à la question que je voulais initialement poser. Il avait comme je le pensais, imaginé son frère ici comme Milena était là avec moi. Une bien belle preuve d'amour que de penser à son frère dans ce jeu. Nous n'étions aucunement garantis à la libération une fois le centième étage défait, le créateur de ce monde aurait très bien pu nous mentir mais nous n'avions d'autres choix que de le croire et de suivre cet idéal. Le reverra-t-il un jour ? Rien n'en était moins sur.

La pluie semblait se calmer alors que nos boissons étaient terminées. L'entraînement pouvait commencer. Cependant, je n'étais plus très motivée à l'idée de sortir. En effet, si la pluie repointait le bout de son nez, nous serions obligés de s'abriter à nouveau et nous perdrions le temps de trajet aller, puis retour. Le temps nous avait déjà assez filé entre les doigts, il suffisait.

Tu as remarqué cette accalmie toi aussi ? Profitons-en pour travailler un peu nos mouvements. J'ai deux ou trois trouvailles à te faire essayer.

L'étage était désert, personne n'y étais et n'y demeurais. Peu de quêtes existent ici et le mauvais temps est un peu triste pour les joueurs en quête de moral. De ce fait, personne ne nous regarderait et nous aurions aucune crainte d'engager des duels en zone-safe en retirant au préalable mon équipement pour en pas le blesser. Je pris les devants en me levant la première. Je commençais à me diriger vers la sortie quand Shukuro n'avait pas encore bougé. Le temps d'y aller, les dernières gouttes cesseront de tomber et nous pourrions prendre le temps d'étudier les astuces supplémentaires que j'avais trouvées. L'une était une attaque multiple à haute vitesse, l'autre était une attaque massive anti-personnelle dirigée vers le haut pour des ennemis volants ou géants que j'aurais préalablement approché par dessous. La troisième était quelque chose qu'on ne pouvait décemment pas demander à quelqu'un mais qui, dans le cadre de ce jeu et surtout du caractère rebutant de Milena, devait être entrepris avec un membre de la guilde. Étant donné qu'aucun de nous deux comptait mourir et que nous allions sûrement partager de nombreux fronts ensemble, il était la personne la plus à même d'endosser ce rôle.

En y réfléchissant, il était même la personne rêvée selon moi. Il s'agissait de quelqu'un de calme et de posé. Ultra professionnel comme je l'étais et dont les aptitudes au combat étaient aux antipodes des miennes. Nous formions un duo plutôt ravageur et le front ne saura se passer de nos services une fois que nous serons là-bas côte à côte pour y combattre. D'ailleurs, je doute que Thelos choisisse de me mettre ailleurs qu'en première ligne à côté des tanks. Pendant que je pensais à tout ça, il s'était préparé et semblait même m'attendre. Je fis signe que tout allait bien et que nous pouvions y aller. Nous nous dirigeâmes vers l'issue de la taverne pour contempler le beau temps éphémère qui allait illuminer notre entraînement sur une des places de cette ville fantôme.

Allons-y shukuro-san, la pluie nous a assez retardés.

Nous étions maintenant sortis de l'auberge, et nous dirigions vers l'une des places de cette ville centrale du dix-septième étage. Le manque de popularité de cet étage jouait en notre faveur si bien que je pus enlever une partie des équipements : tous ceux qui me procuraient force et précision. Cet équipement enlevé correspondait à mon anneau, mon bracelet de boss, mes gants et mes brassards. Finalement, il s'agissait de toutes les pièces sur les bras. Ces derniers étaient maintenant nus.

Shukuro avait eu une attitude chaleureuse envers moi et me demanda de ne pas utiliser de particules entre lui et moi pour le désigner. En temps normal, j'aurais refusé. Il est de coutume au Japon de ne pas appeler quelqu'un par son prénom sauf en étant très familier. Mais dans ce jeu, la politesse était une perte de temps, sauf que le temps pouvait représenter la différence entre victoire et défaite : survie ou décès. Je ne répondais pas mais acquiesçais simplement de la tête. Les discussions entre nous ne me dérangeaient pas et mon embarras de tout à l'heure était parti loin, très loin... J'étais prête à engager le combat mais avec Retortion. Traître à l'Humanité ne pouvait encore être révélée même si j'avais envie de tester ses capacités. Des personnes pouvaient la voir et révéler l'existence d'une telle arme. Je commençais à régler les modalité du duel sur la plus sécuritaire : premier adversaire à 50% de vie. Je ne voulais prendre aucun risque de blesser Shukuro plus qu'il ne le fallait. J'envoyais l'invitation qu'il se pressa d'accepter. Puis au moment du zéro : je partis telle une fusée sur lui.

Lui qui m'avait connue au neuvième étage a du me sentir changée. Les nouveaux équipements en date avaient boosté ma vitesse considérablement. Pouvait-il au moins me suivre de l’œil ? Je l'espérais sincèrement car je suis loin d'être la plus rapide de tout Sword Art Online. J'arrivais donc rapidement derrière lui et, le temps qu'il se retourne, planta mes pieds violemment dans le sol afin d'amorcer une frappe. Mon épée qui était main gauche fut échangée pour la main droite si bien que, quand l'épée avait l'impression d'être soutenue par un bras tendu, il n'en était rien. En effet, le bras soutenant maintenant mon arme était plié et recelait une énergie assez fantastique. La somme de l'élan pris et restant même après m'être immobilisée, ajoutée au bras gauche qui n'avait qu'une seule envie - se détendre le plus violemment possible - je possédais un potentiel destructeur concentré dans ma lame. Shukuro eût néanmoins le temps de placer son morceau de ferraille protecteur avant que je ne libère la frappe et, même s'il avait réussi à l'absorber, il recula sous l'effet dévastateur du coup d'un mètre ou deux.

Selon mes calculs et mon observation, je pouvais bouger presque trois fois plus vite que lui : l'attaque suivante pourrait être terrible si jamais je faisais un coup critique et s'il n'était pas entièrement régénéré. Je décidais de mettre fin au duel avant d'en débuter un autre. J'avais hâte de voir son regard une fois sorti de derrière la barrière de métal qui lui servait de bouclier. La surprise devait être au rendez-vous : la puissance développée aurait pu lui faire décoller les pieds du sol si je l'avais inclinée plus vers le haut je pense. Une épée de cette taille en même temps était dévastatrice mais accompagnée d'une exécution aussi rapide, le coup devenait vraiment meurtrier.

Il n'y avait qu'à nous reposer avant d'attaquer la suite. Mais je préférais lui expliquais les raisons de l'arrêt du duel :

Comme tu as pu le voir, ma vitesse a légèrement changé et je pense être en mesure de pouvoir donner des coups plus rapides que celui-là. Néanmoins, par sécurité, je préfère que tu recouvres tous tes points de vie avant de subir une attaque multiple.

Je m'asseyais donc en tailleur sur les pavés froids et encore un peu humides de la place sur laquelle nous combattions en attendant que mon paladin retrouve l'entière possession de sa jauge de vie. Le prochain duel sera réglé selon les mêmes modalités et cette fois-ci, ma deuxième trouvaille sera dévoilée.

J'avais un peu diminué la vie à Shukuro avec cette attaque mais javais peur pout l'attaque circulaire de trop faire de coups critiques et de potentiellement le mettre en danger. Le but était pour nous de nous entraîne, pas de nous blesser mortellement et accidentellement. Nous devions vraiment être prêts à toute éventualité et connaissant maintenant assez bien la classe d'arme "épée à deux mains", j'avais un coup à dévoiler à Shukuro qui pouvait faire trembler pas mal de gens peu adeptes de la vitesse. Je savais que Shukuro ne voulait pas répliquer et mon attaque massive pouvait compter comme une attaque multiple s'il n'y avait pas de ripostes entre chaque application. Néanmoins, je me rendais compte que je ne connaissais pas énormément les capacités de mon paladin principal et unique recrue de quand je fus à la tête de la guilde.

Je me relevais, considérant que les totaux de nos points de vie étaient suffisamment élevés pour reprendre l'entraînement. Je paramétrais les détails comme précédemment et encore une fois, dès le fameux terminé, je fonçais sur Shukuro à toute vitesse. Une fois à son contact, je pris mon épée dans mes deux mains et volontairement, j'axais ma lame sur ma gauche, aussi loin possible derrière moi. Sans prendre le temps de ralentir, je m'écrasais avec mon épaule contre le bouclier de mon tank principal pour essayer de fragiliser un tant soit peu sa position : l'effet que je voulais créer était un léger sursaut vers l'arrière afin que le bas de son rempart ne puisse pas se planter au sol. Avais-je réussi ? Aucune idée mais fallait lancer la suite. Grâce à cet appui de mon épaule contre son bouclier, je pouvais me passer d'un des deux appuis au sol et joignais mes deux plantes de pieds ensemble. J'étais fin prête à libérer ma découverte, j'espérais qu'il soit prêt à la découvrir à son tour.

Dans un rabattement violent de ma lame, mon corps se transforma en une toupie. Toute la vitesse donnée par la lame se transmit parfaitement à mes pieds qui, évitant tous les frottements possibles, n'occasionnaient aucun ralentissement à mon tourbillon offensif. Seul le bouclier de Shukuro fut gênant dans l'histoire, mais je m'occupais avec mes bras de relancer l'élan perdu avec fracas sur ma cible. Le premier coup s'écrasa de côté sur son bouclier et le deuxième eu comme action de changer l'orientation de ce dernier. Cependant, encore trop inexpérimentée avec ce genre de mouvements, je fus preuve de maladresse et je dus stopper ma rotation en me laissant tomber au sol. Qu'importe la réussite de la combinaison, l'idée était là : franchir le bouclier d'un paladin en le poussant progressivement par une attaque rotative. Il me fallait bien entendu beaucoup de rapidité pour augmenter ma vitesse angulaire et empêcher des paladins de corriger l'axe de leur pavois.

J'étais donc au sol, fière d'avoir pu au moins effectuer presque trois rotations entières. Et aussi satisfaite car, de toute façon, le combat aurait été stoppé par les réglages du duel. Je vis Shukuro s'approcher de moi alors que le ciel m'éblouissait. Je ne prenais jamais le temps de l'observer et le retour de l'astre radieux juste après une pluie battante avait occasionné un arc-en-ciel magnifique. Pourquoi ce jeu était une prison... Il était si beau que nous aurions tous eu plaisir à y rester. Ce créateur était vraiment un crétin tout compte fait... Mais passons, j'avais une troisième chose à dire à Shukuro. Alors que j'étais allongée sur le dos au sol, je commençais à dire à Shukuro l'intitulé de ma troisième découverte.

J'ai trouvé un troisième moyen d'augmenter légèrement ma puissance encore. Normalement, pour le jour J, je devrais être entièrement équipée mais je pense que mes dégâts doivent encore être optimisés alors je me suis renseignée.

Il me tendit la main en même temps que de tendre l'oreille à mon histoire ne sachant pas où je voulais en venir. Sans trop réfléchir, je pris sa main mais je fus surprise du moment où il me tira vers lui - on voyait que cette homme avait aussi la compétence Poigne de fer sauf que je n'étais pas une femme à deux mains... -. Relevée rapidement, trop même je passais de la position allongée à debout sans que ma tête puisse s'arrêter au zénith. Afin de ne pas lui rentrer dedans, j'utilisais ma deuxième main pour stopper mon élan en l'appuyant sur son épaule, obligeant ma poigne à lâcher mon épée dans la manœuvre. Une situation que beaucoup de filles rêvaient, pour une finalité que je ne devinait pas vraiment. Mais une fois stabilisée et avant de bouger à nouveau, je terminais :

Savais-tu que se marier avec quelqu'un pouvait augmenter le total de tes dégâts tant que tu combattais à ses côtés ? Il m'a semblé comprendre que Thelos voulait nous mettre tous les deux en première ligne...

Je le regardais bien sûr dans les yeux, mais ce dernier afficha une tête assez surprise, voire sceptique. Qu'avais-je dit de si étonnant ? Je fis la moue en attendant ses explications.

La réaction du Shukuro face à l'énoncé de mon idée était légitime. Je l'aurais aussi pris comme ça à vrai dire. Il afficha une tête très sceptique finalement et confia qu'on aurait aucunement besoin de ce genre de dégâts. Ce que je ne partageais absolument pas en tant qu'avis. Je lui expliquais que les boss avaient des phases en rapport avec la couleur de la barre de vie. En vert, on pouvait considérer qu'on savait absolument tout ce qu'il y avait à savoir du boss grâce à l'analyse détaillée d'Ethana. Cependant, je lui disais aussi que nous devions nous méfier de la phase jaune qui représentait un danger qui nous était inconnu. Sword Art Online était un jeu fourbe et nous pourrions souffrir d'une surprise de mauvais goût. Enfin, la partie rouge représentait l'ultime moment où le boss pouvait changer radicalement, changer d'arme, de statistiques ou entrer dans une rage de berszeker. La surprise était notre principal ennemi et si Thelos n'avait pas été rouler seul sur le boss, c'est que même lui à son niveau, il ne sen sentait pas capable. De ce fait, s'il avait accepté que n'importe qui, y compris des enfants de bas niveau, viennent nous prêter main forte, c'était que chaque dégât devait être pris en compte.

Je ne partageais pas l'avis de Shukuro mais en même temps, je ne lui avais pas parlé des trois phases des boss. Que l'on ait réellement besoin de ce subterfuge pour vaincre le boss, je n'en étais aucunement sure, même Thelos n'avait jamais frappé le boss : nous ne savions pas de quoi il en retournait. Il sembla pensif pendant un moment, se pouvait-il qu'un autre raison m'échappant vienne le perturber ? Je n'en avais aucune idée en vérité. Après à son âge pensait-il que ce puisse être un véritable mariage ? Mon dieu, ne me dites pas que si, s'il vous plait !! Il me demanda confirmation s'il s'agissait véritablement de ma troisième idée et à potentiellement croire qu'il imaginait que je nous voyais ensemble me fit rougir malgré moi quelque peu.

Oui c'était effectivement mon idée. Après renseignement, j'ai découvert que nous gagnons un inventaire commun où nous pourrions nous maintenir en vie grâce à un stock de potions complètement mis à disposition de l'autre et que toutes nos caractéristiques étaient augmentées.

Je lui dis en baissant la tête sur le côté que nous gagnions aussi un logement gratuit mais qu'il pouvait conserver pour lui seul car je comptais m'installer à côté d'une boutique que je projetais ouvrir plus tard. Enfin, je lui disais aussi en désespoir de cause le rabais sur le prix des meubles qui m'aurait bien intéressé. Mais que voulez-vous, les garçons ne sont pas intéressés par la décoration d'intérieur et l'ameublement. D'un geste de la main, je lui disais de bien vouloir oublier et de me pardonner. Il n'était aucunement question pour moi de m'accoupler avec qui que ce soit amoureusement mais j'avais confiance en lui et lui expliquais en quoi.

A vrai dire, tu es le seul homme en qui j'ai parfaitement confiance et en qui je dois avoir confiance. Nous allons être placés en première ligne et vais devoir compter encore davantage sur toi. Tu es la seule recrue que j'ai accepté du temps où je gérais la guilde et ta valeur a déjà été démontrée de nombreuses fois. Je pensais juste que s'il y avait une personne avec qui je pouvais me lier dans le but de renforcer nos possibilités de victoires, c'était toi.

En rougissant davantage j'essayais de bafouiller mon idée finale :

Par contre, bien que tu sois pas du tout... repoussant. Il semblerait que le mariage ne soit pas un pas vers l'accouplement : ce que je ne recherche pas. Cependant, s'il y avait une personne dont je n'aurais jamais cru devoir me justifier, c'était toi. Je ne pensais qu'il n'y aurait jamais ce genre d'idées entre nous.

Je restais à distance imposée de Shukuro, la tête baissée et rougeoyant comme jamais.

J'avais finalement fait rougir Shukuro avec cette dernière méthode pour gagner en force et en endurance. Moi qui aurait pu me marier avec n'importe qui il y a cinq minutes était maintenant incapable de le faire avec qui que ce soit. Je sentais mon visage habituellement neutre rester de marbre mais je sentais aussi que je rougissais et que cette teinte trahissait mon ressenti. Mon paladin me rassura en disant qu'il ne recherchait aucune autre relation avec moi que celle que nous entretenions, et pourtant. Pourquoi ne suis-je pas plus satisfaite que ça. L'inverse m'aurait déçu, évidemment; alors pourquoi la bonne réponse me mets si mal à l'aise. J'étais bien entendu un peu prise de court par tout ce raisonnement et lui aussi d'ailleurs. Je devais mettre fin à ce que j'avais généré. Néanmoins, cette occasion fut la bonne pour dévoiler la confiance que je plaçais en lui en guilde comme sur le champ de bataille.

Il souffla un peu, les yeux fermés après une explication difficile à sortir apparemment. Pour lui le mariage ne pouvait avoir lieu sans de lourds pré-requis dont l'un passait par la baiser que partageait un couple. En y réfléchissant, j'en avais vu des tonnes, mais je n'avais jamais embrassé un garçon et ne savais vraiment pas comment il fallait s'y prendre. Tourner ma tête vers la droite ou... Vers la gauche ? Devrais-je attendre qu'il fasse le premier mouvement ? Fermer ou pas les yeux ? Que des questionnements... J'arrivais à sa hauteur et plaça une main sur son épaule. Dans un mouvement désaxé, je lui portais un baiser justement, mais sur la joue à défaut de savoir faire autre chose. Nous n'étions pas d'accord mais je respectais son choix. Malgré tout, nous ne devions pas nous attarder ici, le ciel commençait à se couvrir de nouveau.

Nous devrions y aller, Shukuro.

Aller où ? Aucune idée. Dans tous les cas s'abriter ou changer d'étage serait indiqué. Je tentais de lui expliquer mon point de vue en même temps que nous marchions, à cœur ouvert sans aucun artifice qui pourrait cacher ma sincérité. Je lui disais que je n'avais pas du tout pensé aux pré-requis et qu'à entendre ses dires sur le mariage européen, qu'ils impliquaient un certain investissement sur le plan affectif. Bien que cela ne soit pas mon but premier, en y songeant bien, je n'avais jamais eu aucune expérience avec un homme puisque ceux de mon âge sont trop immatures ou obsédés par la même chose. De plus, j'étais tellement renfermée sur moi-même que personne n'osa m'approcher. Cependant, ma situation est différente aujourd'hui. Je lui disais aussi que je n'avais jamais ressenti une quelconque forme d'attirance pour qui que ce soit, garçon ou fille et qu'à part mes parents ou Milena, je n'avais jamais déposé de bisous sur la joue de quelqu'un.

Enfin, je concluais sur le fait que nous ne savions pas de quoi l'avenir était fait et que nous pouvions rester bloqués pour toujours ici, mourir au front ou bien sortir d'ici, victorieux. Mais ce qui était sur, c'était que la difficulté irait crescendo et que la moindre statistique supplémentaire pouvait faire la différence. Après tout si je devais mourir après ce petit bonus, c'est que je n'avais pas le niveau, si je survivais grâce à lui, alors cette union n'aura pas été vaine.

J'ai passé toute ma vie seule. J'ai commencé, avec la guilde, à m'ouvrir aux autres. Si le jeu reproduit tout ce que tu as dit et que ce sont les lourds pré-requis que tu annonçais... Alors... Je suis prête à le faire. Je me retournais afin qu'il ne me voit pas le dire, mais je devais le confier à quelqu'un. Je suis prête à beaucoup de choses. Mais si, en mettant toutes les chances de mon côté, je viens à échouer, alors je partirai sans regret. Et puis... je ne veux pas mourir bête...

La formulation était hasardeuse certes mais le constat était là. Bien sur que, jusqu'à maintenant, je ne m'étais pas intéressée à qui que ce soit d'autre que moi. Mais je me rendais compte que ma vie pouvait s'arrêter demain et que je n'avais jamais connu le sentiment de me reposer sur un garçon... Suis-je si bizarre ?

Shukuro avait peut-être mal interprété ma détermination. Il s'était un peu trop arrêté sur le mot "mourir". Mais j'avais d'excellentes raisons de ne pas crever : je voulais passer du temps avec ma jumelle dans le monde réel, je voulais revoir et m'occuper de mon perroquet. J'avais juste émis l'hypothèse qu'on ne s'en sorte pas. Peut-être que le créateur de ce monde n'avait pas prévu de respecter sa parole, peut-être ne serons-nous pas assez nombreux pour défaire le dernier boss... Je n'étais pas pessimiste mais j'étais plutôt réticente à l'idée d'être trop optimiste, pour éviter d'être déçue peut-être...

Je lui répondais de manière très froide au premier abord, mais je voulais absolument qu'il comprenne le message. Sa protection était bien sur la bienvenue, mais je désirais qu'il soit certain de ce que je ressentais :

Je suis très flattée que tu désires me protéger. Mais sache qu'avec ou sans, je me battrais jusqu'à la dernière seconde pour ma survie, quel qu'en soit le prix. Je te promets de tout faire pour venir switcher avec toi lors du combat final.

Je le vis un peu dérangé et peu de temps après, il me dit avoir quelque chose à faire. J'avais moi aussi des choses dont je devais m'occuper au quartier général et de la paperasse à évacuer pour désengorger mon bureau. Je le laissais donc emprunter le téléporteur en premier et le remercier d'être venu à la séance d'entraînement. Finalement, peut-être avais-je été trop loin. Aussitôt qu'il disparut, je me sentis bête... Pourquoi lui avais-je fait ce bisou... Était-ce simplement une provocation ou voulais-je me prouver que j'étais à la hauteur ? Aucune idée, j'avoue ne rien avoir contrôlé sur ce coup là. J'espère ne pas avoir apeuré mon tank principal : nous allions devoir évoluer ensemble contre Moguts et je m'en voudrais si j'avais créé le moindre malaise.

Pseudo : Shade
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Remarques : Au début tu plantes ton arme dans un arbre, je pense qu’il y aurait eu un choc en mode [Immortal Objet].


Pseudo : Shukuro
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Remarques générales: Lorsque vous vous battez en duel vous ne pouvez pas tomber à 0PV et mourir. Retiens pas tes coups Shade !! Mais sinon c’était vraiment génial tous les deux j’ai vraiment adoré vous lire et je vous en supplie, je veux la suite de cette relation et savoir tout, des sentiments de Shade et Shukuro… D’ailleurs, je donne le prix de la meilleure excuse de SAO pour se marier à Shade ! J’étais morte de rire, encore merci ! ^^

~Aka~