Le 18 mai, Étage 10, 8h17

C’était la troisième fois que je venais ici. La première fois, j’avais failli y mourir mais, comble de l’ironie, j’y avais aussi rencontré ma première vraie copine ainsi que le joueur le plus expérimenté – pour l’instant, car je le détrônerais – de ce monde. La deuxième fois, j’avais voulu me venger mais j’étais tombée sur un joueur étonnamment chiant et apathique qui s’était pris pour un chevalier. Il en avait peut-être eu légèrement la tenue, le côté servant (de bouclier) et les statistiques, mais il n’avait pas eu le langage et le comportement entiers qui allaient avec. Aah, et dire qu’à cause de ses conneries, à me prendre pour une petite fille qu’il fallait protéger et remettre à sa place comme se devait de le faire un père, j’avais dû passer douze heures dehors à attendre que mon curseur redevînt vert… Enfin, si je me souvenais bien, je l’avais frappé parce qu’il avait pas bougé assez rapidement son boule dans le feu de l’action. Dans tous les cas, il n’avait pu s’en prendre qu’à lui-même !! Il n’empêchait que j’avais pas géré niveau combat à cause de sa présence : il m’avait perturbée, j’avais fait des bêtises et j’avais vu ma jauge de vie tomber, encore et encore ! Donc j’avais rebroussé chemin au dernier monstre, le laissant seul comme un idiot devant le vilain, me barrant parfaitement à l’anglaise. Je me demandais d’ailleurs ce qui lui était arrivé au final. Est-ce qu’il avait réussi à sortir du temple Maya ou est-ce qu’il y était mort ? Aucune idée, et je pourrai pas vérifier : je n’avais de son pseudo que l’information qu’il était hyper laid. Enfin bref, tout ça pour dire que c’était la troisième fois que je venais ici et que ça s’était toujours super mal passé !

J’en restais pas moins sur un incroyable sentiment d’injustice ! J’avais pas pu me venger de ces sales Mygales de mes deux et j’avais fini par oublier ces épisodes en buttant mes Lycaons. Aah, ces bêtes, elles étaient tellement cool quand il s’agissait de faire jaillir toute la frustration accumulée ! Avec violence et rapidité, je projetai ma tête à droite pis à gauche au moins quatre fois avant de réussir à me les sortir de la tête : ce jour signerait ma véritable Vengeance ! En ce dix-neuf mai deux-mille-vingt-trois, l’honneur de Yamada Rikka sera rétabli ! J’avais quand même dû demander pardon à l’autre quarante-cinq pour l’avoir dérangé et j’avais aussi dû demander de l’aide à Yueko. Comment ça craignait ! Je m’en étais pas encore remise, et tout ça, c’était à cause de ces araignées aussi géantes qu’insultantes ! Pour oublier cette humiliation, qui d’ailleurs, datait à présent de trois mois, je me devais d’arpenter en entier ce donjon en éliminant toutes ces truies à huit pattes sur mon passage ! Avec un peu de chance, je pourrais même découvrir des portes cachées renfermant des coffres, maintenant que j’y pensais. Ça me rappelait ce bâtiment perdu dans le désert que j’avais exploré en long en large et en travers avec le gamin au très beau manteau. Et dire que j’avais revu ce dernier à la bataille contre le boss ! Qui l’eût cru ?! Enfin, à quoi bon retourner encore et toujours dans ses souvenirs ? Je perdais du temps tout le temps à penser, penser et penser. J’étais trop rigide !! Un peu d’action, pas de stratégie : il me fallait apprendre à foncer tête baissée !

Je poussai un bref soupir pour signaler ma détermination avant de faire un pas vers l’intérieur du temple Maya. Bordel… Les deux dernières fois, je m’étais aussi arrêtée ainsi, juste avant d’entrer. Et je m’étais retournée, pareille… Pis j’avais dû me coltiner quelqu’un… Pourquoi tu t'es vraiment retournée ?! Y a bien c’mec derrière toi, là… Oh non, ça allait encore se passer mal ?! … … … COURS !!! LE LAISSE PAS TE RATTRAPER !!! Je m’élançai à la hâte dans le repère du mal, bien décidée à réussir à tuer toutes les Mygales.

M'enfuyant à vive allure, j'avais même pas eu le temps de faire la meuf sérieuse en visualisant ma map ! Y avait peu de temps, j'avais décidé d'arrêter de compter sur des inconnus pour m'amener où je voulais en ayant foi en l'âme des cartes. Faute de croire en Dieu, je devais bien me rabattre sur quelque chose de plus noble, hein. Après tout, j'avais lu pas mal de manga et regardé tout plein d'animés sur les jeux de cartes, et j'avais même voulu m'y mettre dans la réalité. Malheureusement, ça m'avait vite gonflée, de lire à chaque fois tous les textes pour comprendre les effets de chacune de ces fiches nommées et plastifiées avec soin. J'avais vite perdu patience et redonné à l'employé le deck pourri qu'il m'avait si gentiment prêté. Pis, y avait pas à dire, les règles des jeux de cartes étaient plus horribles à comprendre et à apprendre que celles de n'importe quel autre jeu ! Sans compter que la victoire dépendait surtout du hasard, pas vraiment du talent et, si les personnages principaux des bd tombaient toujours sur le bon papier coloré, dans la réalité ça s'passait toujours autrement. C'est ça meuf, trouve-toi des excuses pour garder ton ego... 'fin bref. Les cartes, celles parlant de géographie comme celle emportant les joueurs dans un autre univers, elles me passaient au-dessus d'la tête !! Mais il me fallait dorénavant faire l'effort de les capter pour garder mon autonomie, ma fierté et mon indépendance !

Il n'empêchait qu'avec toutes ces conneries, j'avais continué à cavaler et j'avais retrouvé la première vilaine bébête du temple. Avec ses huit pattes velues, ses multiples yeux aussi sombres que les miens et son immense corps qui faisait quasiment tout le couloir en largeur, elle me donnait des envies de meurtre. Il était clair que ce jour-ci, j'allais toutes me les faire ! Devenue tellement bête à cause de la présence masculine derrière moi à l'entrée du bâtiment du danger, j'en avais oublié de saisir mon arme. Heureusement, c'était toujours plus facile de sortir cet item quand on avait réglé les options pour ! Le Marteau écarlate ne mit que quelques secondes pour apparaître dans ma main droite et ne gâcha pas plus de temps pour s'illuminer et faire disparaître d'un coup succinct en plein dans sa tronche, la reine des laides araignées. Mais, même si j'étais hyper heureuse de cette victoire, j'avais pas oublié l'ombre du joueur qui devait maintenant être très proche de l'entrée du donjon. J'avais donc pas arrêté de courir dans tous les sens, déterminée à ne pas devoir subir sa compagnie qui, j'en étais persuadée, ferait obstacle à la journée peuplée d'orgasmes que je m'apprêtais à vivre. En effet, la pluie de pixels colorés m'avait toute retournée à l'intérieur et je redemandais tellement ce coup fracassant que mon estomac m'en faisait mal d'impatience.

Mais alors que mes pas résonnaient dans l'étroit couloir à peine éclairé (j'avais jamais réussi à ne pas faire de bruit en marchant, alors en courant...!), je me surpris à ouvrir mon menu pour faire apparaître la carte et mon regard survola la date avant de s'y attarder plus sérieusement. Ce jour... Cette date... Mais c'était l'anniversaire de ma p'tite sœur !! Je m'arrêtai d'un coup, les yeux écarquillés et la bouche ouverte. Il m'arrivait fréquemment (toujours, en réalité) d'oublier les noms et les visages des gens. Mais les dates d'anniversaires n'arrivaient jamais à s'évaporer dans un coin de ma tête. Aah, qu'est-ce qu'elle devait être contente dans la réalité... Ou pas ? Après tout, je devais être à l'hosto, maintenue en vie par tout plein de fils, peut-être que le gouvernement avait décidé de faire payer les parents pour ça ? Même si c'était pas du tout de leur faute...? Sachant qu'on n'était ni riche ni pauvre, peut-être que ma frangine était en manque de cadeau ? Bah. Si elle pouvait pas compter sur la famille, elle pourrait compter sur ses multiples amis. Mes sœurs étaient tout le contraire de moi, mais avec celle-ci, les différences étaient plus visibles et surtout, plus frappantes. Toujours bien maquillée, bien habillée et bien coiffée, elle était franche, impulsive et fonçait toujours dans le tas. Elle faisait attention à la mode, à la télé-réalité, se faisait facilement des amis et ne restait jamais célibataire plus d'une semaine.

"Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire ! Joyeux AAAAAAANNIVERSAIRE, ma sœur ! Jo-yeux a-nni-ver-saiiiiii-re !"

J'avais chanté fort ces paroles en reprenant ma course, mes mots se répercutant sur les parois de la petite allée, résonnant en échos glauques dans peut-être tout l'endroit, qui était tout aussi effrayant. Mais alors que j'avais déjà totalement zappé la carte et que je pensais bientôt me faire quelques nouvelles Mygales, je revis la porte d'entrée et...

"Mais... Mais POURQUOI ?! Pourquoi tu me suis ?! Pourquoi tu veux me gâcher ma vie aussi, hein ?! C'est quoi votre problème à tous à la fin ?! Vous voulez pas que je me venge, que je récupère mon honneur, vous voulez pas que j'les bute toutes, ces salopettes de grognasses de mes deux ?! Qu'est-ce que tu veux, mais qu'est-ce que tu m'veux ?! J'ai PAS d'argent sur moi, je suis une mauvaise compagnie et je...! ... ... Bon, viens, on va se les faire ensemble. Voici ma carte, elle est pas complète, mais guide-moi."

Pourquoi ce changement soudain de comportement ? Parce que je voyais bien que c'était en m'énervant sur sa présence que je perdais du temps et que j'avais plus de chance de bousiller ma journée de vengeance. Pis, ce mec était brun aux yeux tout aussi noirs. S'il avait pas changé les couleurs, alors il devait être simple et naturel comme mec. Il pourrait me plaire...?

Sa voix avait elle aussi résonné en échos mais elle n’avait pu combattre la puissance et le côté sans-gêne de la mienne. En tout cas, elle avait quelque chose qui sonnait faux, qui sonnait mal. C’était quoi ces « r » bizarrement roulés ? Alors que j’allais m’en battre les seins, les quelques flammes précédemment traîtresses de la pièce réussirent à balancer la foudre de la compréhension dans ma boîte crânienne et je restai quelques instants la bouche ouverte… Avant de me reprendre.

« Quelle nationalité ? »

… Purée. Le chevalier de la dernière fois était aussi un étranger ! Est-ce que tous les mecs que j’allais croiser dans ce temple Maya allaient détruire mes journées de défoulement gratuit ?! Est-ce que j’allais devoir le frapper avec mon arme, comme je l’avais fait avec ce précédent joueur faussement distingué ?! Mais j’avais pas du tout envie d’attendre encore douze heures dehors, moi ! Pour ça que tu dois être gentille, sois gentille, sois sage, et ça se passera mieux… Je soupirai bruyamment d’un coup, dégoûtée de la vie. J’allais devoir supporter un mec le temps d’une éternité dans un endroit aussi sombre qu’étroit, et en plus il avait une voix tremblante à la prononciation dégueulasse ! Sans parler de cette cicatrice que m’avaient aussi fait découvrir les fines lueurs de l’entrée. Je savais même pas si on pouvait se faire ça ici. Il existait les tatouages et les changements de couleur mais j'avais jamais entendu parler des brèches faciales payantes. Il n'empêchait que ça lui donnait un style de méchant pirate qui ne concordait pas du tout avec son élocution hésitante.

En tout cas, mes préjugés étaient vite revenus et j’avais commencé le jeu des devinettes : il était forcément anglais ! J’étais une grosse brêle en géographie mais je connaissais tout de même les grandes puissances mondiales. Il pouvait pas être Français car ceux-ci étaient tous blonds aux yeux bleus, distingués et dragueurs, donc ils tombaient pas comme des nuls ou se battaient pas comme des sauvages… Ou, s’ils le faisaient, ils attaquaient jamais le visage car la beauté était importante pour eux. Or, il avait une entaille sous l’œil gauche et je pouvais dorénavant croire en la faible luminosité du couloir. Sur le même argument des couleurs de sa tignasse et de ses iris, il pouvait pas être Allemand, surtout qu’il était pas hyper grand (oui, avec ma mini taille, je pouvais parler… Mais j’avais connu plus frustrant comme hauteur de monsieur !). Il pouvait pas être Américain, car ils étaient tous gros, vulgaires et hyper sociables : ils m’auraient sans doute mieux coupé la parole tout à l’heure. Et il pouvait pas être Italien non plus parce qu’il semblait ni bête ni dragueur ni rigolo. Par contre, il avait le teint blafard des Anglais, avec une fatigue bien visible sous son regard désabusé ! Donc il était forcément Anglais...! Et...

… Et je haïssais de toute mon âme l’anglais !! C’était une langue pourrie dégueulasse, elle était juste pas faite pour les Japonais, point final ! Avec notre accent écœurant (enfin, le mien l’était particulièrement… !), on devrait juste cesser de l’apprendre, ce lexique de mes deux ! Y avait que le français qui m’avait intéressée dans toutes ces langues. Appréciant énormément leur humour et leur doublage – du moins pour les films à succès – j’avais fini par essayer d’apprendre, d’autant que la culture française attisait la curiosité et forçait le respect de tous les asiatiques du monde. Mais j’avais vite abandonné après avoir appris certaines expressions : trop compliqué. En tout cas, heureusement que me dire tout ça n’avait duré que quelques secondes.

« Enfin, allons-y, passe devant. Je suis nu... Hum !- je compte sur toi pour pas nous perdre. T’es niveau combien et t’as quoi comme compétences d’attaque ? Que je m’adapte. »

Me mettant sur le côté, je lui avais fait signe de s’engager en m’amusant à faire tourner mon marteau, comme à mon habitude. Ayant déjà dû me battre à l’arrache avec des « partenaires », j’avais vite appris qu’adopter une stratégie selon les préférences et les points forts de ceux-ci était primordial pour en finir rapidement et avec classe. Pis… Même si j’avais tenté de détruire la bébé Rikka fan de l’adaptation aux autres, des fragments d’elle étaient toujours présents et… Il était le premier joueur que je rencontrais qui maniait la lance. J’avais toujours été impressionnée par ça : c’était tellement long, tellement fin mais en même temps tellement lourd et lent dans les jeux que j’avais toujours galéré à bien viser mes ennemis et à manier cette mer… cette arme. Ça m’avait toujours gonflée.

Bref. Voir des enchaînements de lance serait sans doute intéressant…

Français ? Français ?! Il était Français ? Sérieux ?! Mais pourquoi il prenait pas plus soin de lui ? Depuis quand les Français étaient aussi peu éblouissants ?! Les animés auraient-ils menti… ? Je soupirai une nouvelle fois d’un coup en levant mes yeux désabusés au ciel. Mon rêve français venait de s’achever ici, détruisant tous mes jolis préjugés sur les habitants de ce pays à la beauté si convoitée par les asiatiques. Enfin, ça expliquait ce roulement de « r » bizarre. Jamais j’avais eu à prononcer ainsi cette lettre fichée dans un mot anglais dégueulasse. Alors que je tentais de me reprendre et de voir cette nationalité dévoilée comme un cadeau de Destin, un frisson glacial me parcourut de part en part, induit par cette brise gelée, me laissant de marbre tandis que le garçon prenait la tête en blablatant toujours avec une hésitation visible. Attends ! – niveau quinze ?! Mais… ! C’était à ce niveau-ci que je m’étais aventurée la première fois ici !! Destin, ça voulait dire qu’il allait se faire défoncer par des Mygales si je l’aidais pas ?! Purée, heureusement que j’avais fini par accepter (à contrecœur) sa compagnie ! Est-ce qu’il était mon double masculin possédant la nationalité idéale d’après moi ? Ça voulait dire qu’il était voleur ? Les compétences qu’il avait citées m’avaient pas renseignée sur sa classe… En tout cas, on avait la même couleur de cheveux, d’yeux et nous étions tous les deux blancs comme des fesses molles de geek. Et, même s’il était pas petit, il était pas grand non plus… ?! Je restai choquée quelques secondes, ne sachant que penser.

Quel pouvait être le masculin de mon pseudo ? Et de mon prénom ? Même s’il avait remis sa capuche, sa cicatrice était toujours présente et j’en avais pas. Du coup, on pouvait véritablement s’en « tatouer » une ? Je ne cessai de reluquer le physique du monsieur pendant la marche, silencieuse extérieurement mais terriblement bavarde intérieurement. Ca faisait longtemps que je m’étais pas posée autant de questions, que je m’étais pas autant concentrée sur une chose en particulier. Mais même s’il s’avérait qu’il était mon double masculin ou juste une de mes hallucinations, qu’est-ce que je ferais de plus ? Je soupirai encore et toujours de façon inaudible, bien décidée à ne rien dire, à ne pas briser ce délicieux silence qu’on avait naturellement mis en place. Je détestais les gens qui racontaient leur vie. Mais j’avouais que la sienne m’intéressait énormément à ce moment précis. Comment s’appelait-il ? Où vivait-il en France ? Quel était son plat préféré ? Est-ce qu’il l’avait trouvé ici, et si oui, est-ce qu’il voudrait bien m’accompagner pour m’apprendre à le manger correctement ?! Ouais bon, t’as été assez dégueulasse avec lui au début, tu penses pas qu’il va se dire que t’es une méchante fille si tu lui balances toutes ces questions personnelles d’un coup ? C’tait pas faux… Mais je savais me présenter en frança… !

Son pseudo était vite sorti de mon esprit : il avait été balayé par la présence de mes grandes ennemies. Mon Marteau toujours dans la main, j’avais pas vraiment attendu, décidée à défendre mon nouveau protégé. Utilisant Sprint et Acrobatie, j’avais réussi à abattre en un coup vers le haut l’araignée du plafond avant de retomber sur le dos d’une de ses copines et d’écrabouiller les cellules pixélisées qui le composaient d’un même geste. Même si la dernière m’avait griffée au passage, je n’avais eu qu’à succinctement me retourner pour brutalement exploser sa patte de grognasse… Et voir son corps entier partir en poussière. Avant d’avoir pu dire ouf, j’avais pu constater que mon « partenaire » s’était lui aussi battu. Alors comme ça, il pouvait tranquillement détruire ces bêtes… ?

« Je m’appelle Rikka.* »

Bravo Rikka, t’as sorti la seule phrase que tu connais dans cette langue, bravo, bravo !! Aah, je m’étais pas améliorée avec le « j » et le « l ». Néanmoins, j’avais appris que les Français s’appelaient tous par leur prénom, contrairement à nous, et… Et… Et j’avais donné mon vrai prénom. Tu pouvais pas faire gaffe ?! Mais c’était pas de ma faute, j’avais appris et répétée la phrase comme ça moi ! Alors que je me filais un poing dans le front, un bruit horrible retentit et me fit sursauter. Après trois secondes sans mauvaise nouvelle, je me raisonnai.

« Sans doute un courant d’air. »

J’avais oublié que mes murmures étaient amplifiés et répétés en écho par ici…

« Pourquoi tu es venu ? »

Fallait en apprendre plus sur ce mec ! D’abord en douceur en parlant de lui dans ce monde fantastique. Pis, j’allais pouvoir avoir des détails sur sa vie réelle !

…
…
… Il a dit quoi là ? Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu !! D’après l’intonation, c’était une question ! Et d’après le « tu » que j’avais compris, et mon regard qui balayait les environs et prouvait qu’on était seuls, cette question était pour moi !! Oh le stress, oh le stress, j’devais répondre quoi là, quelle était la bonne réponse, que devais-je faire pour gagner des points ?! Le nouveau bruit lourd et bizarre ne réussit même pas à me faire perdre le fil de ce malaise horrible !! Je m’en fichais pas mal de ce qui pouvait bien y avoir d’effrayant en continuant à marcher, c’était ce mec Français qui me faisait hyper flipper là ! D’où il osait m’parler dans sa langue maternelle d’abord ?! Elle était vraiment hyper belle, bordel de… Aah, je me sens trop mal, il faut extériori… !

« CONCOMBRE !* »

Premier mot que j’avais appris en français. Parce qu’à chaque fois que je voulais pas répondre à une question embarrassante ou que je voulais changer mes idées, je le criais, dans ma tête ou sur le monde. Et pis, ce mot était hyper difficile à prononcer correctement pour une Japonaise pure souche, ce qui rendait l’exercice d’élocution vraiment amusant… Sauf là, étrangement. Mais pourquoi j’l’avais vraiment beuglé cette fois ?! La plupart du temps, j’arrivais à le garder pour moi !! Oh la honte, en plus, le mot anormalement dit était bien souligné par les échos des couloirs étroits ! Mes joues rouges comme des bonnes tomates trop mûres, je décidai de gommer leur teinte en dissipant mon malaise en parlant rapidement et n’importe comment : changer de sujet, juste, changer de sujet !

« Ah, d’accord, je vois, tu as raison, c’est bien d’être motivé pour ça ! Euh, hum… J’ai participé à la bataille du dernier boss d’ailleurs, je m’en suis sortie sans perdre un seul point de vie face à lui, pourtant je l’ai tapé, haha ! Je peux carrément t’aider pour ça, on peut même aller dans des étages supérieurs pour… euh… Enfin, je suis là pour me venger des Mygales Géantes et je me suis rappelée que c’était l’anniversaire de ma sœur aujourd’hui. Toi aussi, tu as laissé des frères ou sœurs dans la réalité ? Tu t’inquiètes pour eux, tu voudrais rentrer ? Tu aimes ce monde sinon et… ? Euh… ‘fin… Voilà. »

Voilà, c’était bien ça ! Un peu d’hésitation dans la voix, un petit contage de vie discret, pis on arrivait quand même à faire notre entrée dans le vif du sujet intéressant : combien de membres était composée sa fratrie de Français ?! S’il en avait tout plein, je pouvais carrément m’immiscer chez eux selon le principe « un de plus, un de moins, aucune différence » ! Ouais, tu te dis ça après coup mais t’as balancé tout ça d’un seul trait à cause du stress… Enfoiré d’cortisol. Mais avant que je puisse me frapper une nouvelle fois le front, le bruit se refit entendre et je pus comprendre que c’était des cris. Tout plein de cris répétés en échos jusqu’à devenir bizarres à l’oreille en ricochant sur les murs avant de réussir à nous parvenir. Je repris bien en main et sérieusement mon marteau. On pouvait même pas savoir s’ils se rapprochaient ou pas. Soit ils venaient de la bouche de gens totalement fous (ou qui répondaient à ma chanson d’anniversaire), soit c’était des mobs doués de parole.

Je ne mis pas longtemps avant de confirmer la deuxième hypothèse, analysant l’un des trois esprits Maya pas contents avant de proposer d’un geste de la tête au Français de les combattre ensemble et pas séparément cette fois. Ses réponses attendront, j’allais pas le lâcher comme ça… Il fallait juste qu’il me rappelle son pseudo !

Merci à ces esprits d’être intervenus ! La gêne avait pu fondre et me laisser sérieuse face à ces choses que j’avais vu qu’une fois, lors de ma deuxième venue en ce lieu. L’analyse faite, je m’étais demandée si mon partenaire allait bien tenir face à ces choses. Après tout, je connaissais pas ses statistiques mais dans ma tête, la chance qu’il fût Voleur avait un peu baissé. Enfin, il avait pas dû comprendre ce que j’avais vraiment voulu dire par mon signe de tête. Il s’était lancé comme ça dans la bataille de façon téméraire, avait donné et, par conséquent, s'était pris trois bons gros coups dans la tronche. Il avait pas compris que j’étais là pour encaisser à sa place ? Enfin, au moins, il m’avait laissé une petite place pour que j'achève le machin… Ce que j’allais pas faire.

Souvent, j’avais fini par aider les plus faibles à augmenter rapidement de niveau, les accueillant dans des étages supérieurs pour prendre les coups à leur place et leur permettre de détruire les puits à expérience. Evidemment, je les avais tous faits payer, empilant leurs cols donnés avec plus de joie avare que de fierté professionnelle. Celui-là allait faire de même, mais il allait s’acheter mes services avec ses souvenirs, avec sa propre vie, avec sa personnalité, ses rêves et sa langue maternelle si sensuelle... Miam. Je décidai donc d’y aller mollo avec ces vilains mobs, les laissant à l’article de la mort au lieu de les achever. Le premier fut accueilli par un super switch rapide qui dirigea l’agro de ses potes sur ma personne dès que mon marteau lui fracassa le crâne. Je devins rouge très vite, mais ma jauge n’en resta que pleine. Si elle avait pu réagir, elle aurait même ri et leur aurait lancé, comme moi, un sourire sadique effrayant.

« Détruis-les après moi. Je t’ai dit que je t’aiderai après tout… »

J’avais encore oublié que mes murmures voyaient leur volume augmenter dans cet endroit peu lumineux… Les deux autres Mayas, en tout cas, étaient totalement remontés. Aussi rouges au niveau de leurs joues que mes blessures écarlates (qui n’allaient sans doute pas tarder à s’estomper), ils criaient comme des femmes hystériques, sauvages et rigolos à la fois. D’un bond agile, je m’éloignai des monstres aux points de vie maximaux, prenant la tribu en sandwich grâce au Français. Si ces derniers m'avaient suivie, comme attirés par ma fabuleuse arme, le premier avait sans doute réfléchi et décidé de s'en prendre à mon collègues. De deux coups faibles, dans la tête et dans le torse, je fis saigner les deux jauges de vie ennemies en gardant un air blasé mais un sourire horrible.

Mais avant de pouvoir les voir disparaître grâce aux gestes, intéressants car nouveaux à mes yeux, du joueur à la peau terne, un autre bruit délicieux parvint à mes oreilles : des araignées n’étaient pas loin. Sans doute les cris de douleur physique et morale de ces tapettes Mayas les avaient interpellées. En tout cas, mon rictus n’avait cessé de s’allonger.

« Me dis pas merci. Je l'ai fait parce que j'en avais envie, pas parce que tu me l'as demandé. Donc me dis pas merci, tu me dois rien. »

Et encore moins ce mot. ...
...
... Et merde. Je pouvais jamais m'empêcher, c'était plus fort que moi !! Pourquoi je m'énervais à chaque fois qu'on me sortait ces lettres accolées sans véritable raison de mon point de vue hein ? Le Français aurait pu se les faire sans moi, ces mobs, il avait pas perdu la moitié de sa vie sous leurs coups quoi ! Il aurait pu se passer de moi... Alors pourquoi il s'était senti obligé de dire ce mot dégueulasse hein ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ! Tu te demandes toujours pourquoi ! Quand tu trouveras pas de raison à l'agissement d'une personne, tu vas tomber de très haut, meuf ! Mais tous nos agissements avaient du sens, tout était explicable et compréhensible ! Et si une personne disait ne pas savoir pourquoi elle faisait telle chose, alors la raison de celle-ci devait juste être inconsciente ! Il suffisait d'un regard extérieur très observateur et perspicace pour tout mettre au clair ! Enfin... Bref, c'était ce en quoi je croyais.

Sinon, bien sûr que j'étais obligée de faire ça, c'était en les sauvant gratuitement que les gens arrivaient plus facilement à donner leur confiance et à parler ! Pis, j'avais pu voir des mouvements vraiment cool de faux, c'était génial. A part grâce à l'autre binoclard, j'avais pas pu en voir beaucoup et, je l'avouais, j'avais pas trop regardé les siens. Ce mec m'escagassait grave, à chaque fois qu'on se croisait, j'avais l'impression qu'il se moquait de moi. Mais bon, il fallait l'admettre, je parlais assez bien avec lui, il avait un côté drôle et intrigant pis... Son nom avait été le premier à s'infiltrer dans ma liste d'amis... Même si j'avais mis environ mille ans à m'en rendre compte, haha. Bref, ce n'était pas sur le pédobear à binocles qu'il fallait se concentrer mais sur les bruits de pas, furtifs et délicieux, que j'entendais ! Où qu'elles étaient les Mygales, où qu'elles m'attendaient ?!

« Euh, hum. On parlait famille. Tu en as une grande ? Tu t'entends bien avec ? »

Je décidai d'un coup de prendre la tête de notre petit groupe, Prudence m'engueulant silencieusement et le rouge montant de nouveau aux joues. Il fallait que j'oublie mon légume de tout à l'heure et il valait mieux faire attention à la vie du monsieur. Je savais pas du tout quels autres monstres habitaient ici et j'avais pas du tout envie de le voir mourir d'un coup. En tout cas, il semblait ne pas avoir fait la même erreur que moi et avait boosté sa résistance... Ou alors, il était déjà habillé. Et dire que j'étais venue ici toute nue la première fois...! Qu'est-ce que j'avais été pitoyable !! Enfin, il me fallait arrêter de penser à cette humiliation, car j'allais la détruire aujourd'hui, jour de la naissance de ma petite soeur, en dégommant toutes les Mygales sur mon passage, toute la journée et jusqu'à trouver la porte du donjon menant à l'étage constitué de deux chiffres impairs hyper dégueulasses.

Alors que je passais un virage serré à droite, je découvris trois portes... Comme par hasard. Ca me rappela ma mésaventure avec le prétentieux au très beau manteau. Enfin, était-ce vraiment une mésaventure maintenant que j'y repensais ? Dans mes souvenirs, ça ressemblait plutôt à une découverte géographique vraiment excitante. Il s'était passé tellement de choses cette journée... On avait visité le temple caché du treizième étage en ressortant indemne d'énormémement de pièges bizarres qui nécessitait l'entraide de classes différentes. Pour avancer et pour survivre. Combien de points j'avais gagnés en Crochetage grâce à tout ça ? Je me tournai vers le Français et faillis tenter de poser une main sur son épaule. Trop petite pour ça, ma grande !

« Je compte sur toi, TomTom. »

J'avais le permis de conduire et j'avais souvent utilisé le GPS de mes parents. Mais tout le temps, même avec lui, j'avais réussi à explorer des endroits jusqu'alors inconnus. Malheureusement, j'avais à chaque fois été si énervée de perdre du temps que j'avais pas vraiment pu les contempler. Et de toute façon, je me souvenais jamais du nom des villes sur lesquelles je tombais... En tout cas, les Mygales ne venaient pas, pourtant j'entendais encore et toujours les cliquetis répétés en écho de leur pas lourds. Est-ce qu'elles nous attendaient pour nous sauter dessus ? Bah, à fout, j'avais une chose plus importante à laquelle penser. C'est décidé meuf, on va visiter tout l'endroit aujourd'hui ! Si jamais on tombe sur une porte fermée, on pourra carrément l'ouvrir en plus ! Il faut garder le Français jusqu'à ce qu'il répète son prénom !! Mais comment faire pour qu'il le fasse de son plein gré...?

Donc, je le battais en terme de famille ?! Moi qui pensais que les Français étaient des adeptes de la famille nombreuse et qu'ils prônaient la copulation ! Justement, ils aimaient tellement ça qu'ils voulaient pas perdre leur temps d'accouplement en s'occupant des gosses ?! Dix cols si tu oses le lui demander sérieusement !... Hum, ces cols étaient les miens, ça n'en valait pas la peine. Mais, décidément, il démontait tous mes préjugés ce mec...! Pff... En même temps, arrête de faire des généralités, meuf ! C'tait pas faux. En tout cas, ça semblait très mal se passer avec ses vieux, encore mariés je supposais, puisqu'il avait insisté sur le fait qu'il avait encore les deux. J'avais envie d'en savoir plus mais il ne fit que répondre à ma dernière remarque avec une légèreté pire qu'absente... Moi qui comptais sur elle pour qu'il me répète son vrai prénom, il m'avait bien eue, le saligaud ! En plus, j'avais eu l'impression de le mettre de mauvaise humeur avec ma blagounette... Est-ce qu'il était hyper malpoli de pas se rappeler des prénoms pour lui ?! Argh, si j'avais su qu'il le dirait à ce moment-là, j'aurais été plus attentive aussi ! C'était de sa faute, il l'avait balancé alors qu'il y avait des vilains dans les parages ! Raah, je devenais comme ces mecs chiants qui arrivaient toujours à rejeter la faute sur les autres... Cet art était véritablement masculin.

"Eh, par là. Il y a l'air d'en avoir au moins deux, tu crois qu'il y a des nids dans ce labyrinthe ?"
"J'en suis persuadée ! Ça devrait faire partie des pièges. En tout cas, ça ne m'étonnerait pas."

Il n'empêchait que cette compétence nasale était plutôt pratique. Il pouvait savoir à peu près combien il y en avait et où elles étaient quoi ! Mais avant de pouvoir user de flatteries pour le mettre dans de meilleures conditions afin d'en apprendre plus sur sa vie Française, il me cria un truc incompréhensible avant de me dégager de son chemin de la main. Un coup d’œil en arrière et je compris pourquoi il s'était excité ainsi. Mais quand même, même si on faisait le chemin ensemble, j'avais bien envie de les buter ces Mygales ! Elles étaient à moi à la base, pas à lui. Enfin, je voulais bien lui laisser les drops, mais... Je n'eus pas le temps de penser plus à mes problèmes personnels avec les arachnides : ils étaient venus me trouver !

Accompagnée de mon sourire sadique, je ne pensai même pas à ma mission pour le Français et fit un arc de cercle si violent avec mon arme qu'elle envoya en enfer la première araignée et balader la deuxième contre le mur. Je fis un tour disgracieux sur moi-même mais bourré de bonne humeur pendant cette action. Le bruit que firent les trois pattes de gauche de la dernière en se cassant fut si grisant que j'avais laissé m'échapper un rire satisfait avant d'achever sa souffrance, écrasant brutalement sa tête, m'attendant joyeusement à voir sortir ses yeux de leur orbite. Vengeance, vengeance... Mais j'entendais toujours un cliquetis au loin et je me demandais quand j'allais enfin pouvoir trouver leur origine !! Poussée par l'impulsivité, je fis quelques pas précipités dans la direction que je supposais qu'elle était avant de me rappeler le Français. Et dire que j'avais failli me casser sans lui ! Revenant en gambadant gaiement, je fis une pirouette dans les airs avant de me positionner à sa droite en faisant tourner mon marteau entre mes doigts.

"Tu as visité quels étages pour l'instant ? Quel est ton préféré ? Ah, et quels monstres tu aimes bien ?"

Oh non... Arrête de parler, on dirait une psychopathe qui fantasme sur les mobs ! Ah, la ferme ! S'il était là, c'était parce qu'il était un passionné de jeux vidéo nan ? Le Japon était le paradis de ces derniers, et des mangas et la France adorait ceux-ci. C'était le deuxième pays qui était à fond dans nos bandes dessinées, si je me souvenais bien. C'était donc sûr qu'il était un gros geek otaku. Préjugés, généralités ! Arrête, tu vas encore être déçue ! Pff, dans tous les cas, il avait décidé de visiter un labyrinthe, il avait déjà dû rencontrer et combattre des monstres. Il en avait bien un préféré !! Avec sa tronche de dépressif quand il a parlé de sa famille, il doit pas trop aimer débattre pour faire un top 5 des monstres les plus mignons ou les plus faciles à battre ! ... Ok, ok... On va changer de sujet.

"Pourquoi tu es venu au Japon ? Nos deux pays sont assez loin, c'est normal que ta famille ait décidé de rester en France, non ? Et tes amis ?"

Tous des geeks otakus aussi, ou ça s'passe comment ? Heureusement que j'avais gardé ça pour moi. Marchant toujours, on finit par trouver devant nous, une obscurité profonde. Il n'y avait pas de torche au loin, ou alors quelqu'un ou quelque chose les avait éteintes, il était donc impossible de continuer pour des personnes saines d'esprit... Sauf si...

"J'ai pas vision nocturne, et toi ?"

J'avais déjà testé de circuler dans le noir total mais j'avais eu le gamin au beau manteau pour m'orienter... J'avais quand même décidé que "plus jamais". C'était trop chiant de marcher à l'aveuglette et en plus, ça faisait flipper ! S'il n'avait pas, on rebrousserait chemin et on prendrait une des deux portes restantes de toute façon...

Une… Une… Une pâtisserie… ? Oh mon Dieu, ce mec devait être un ange, un ange à la couleur de peau hyper terne qui venait de tomber du ciel, et cela, rien que pour moi ! J’en avais déjà l’eau à la bouche… Aah, c’était obligé, il avait Cuisine du coup ! Moi qui avais si longtemps pensé que c’était une compétence destinée aux pédales, je m’étais tellement trompée ! La bouffe était la meilleure chose en ce monde aussi sombre que les cheveux de cet ange ! Ah oui, il était pas du tout lumineux hein, mais les meilleures choses étaient cachées, mystérieuses, pas vrai ?

En tout cas, mon estime de lui était bien remonté ! Enfin j’avais une preuve qu’il était bien Français !! Euh, et la langue, ça compte pas… ? Je me voyais déjà le kidnapper, l’emmener dans une cuisine, le regarder faire de la magie et manger, enfin, un bon pain, un vrai, un qui croustillait, avec une mie fondante, un tout doré, un… un… Bref, autre chose que ce truc pourri appelé « petit pain rond ». Sans crier gare, j’armai bruyamment ma bouche d’un gros mollard avant de me reprendre et de toute avaler d’un coup. Bordel, tu vas pas cracher de façon dédaigneuse ici et sans raison pour lui !!! … A force de vivre seule, je devenais vraiment crade…

Faisant comme si de rien n’était, j’esquissai un incroyable sourire forcé et entrepris un tour et demi sur moi-même lorsqu’il déclara ne pas avoir Vision Nocturne. C’était dommage quand même… J’étais sûre qu’il devait y avoir plein de pièges et donc, de vilains mobs, sur ce chemin… Enfin, j’aurais peut-être dû apprendre par cœur le nom de ce gosse au beau manteau… J’aurais pu l’appeler à chaque croisement un peu trop sombre. Même si je détestais circuler dans un endroit inconnu dans l’obscurité la plus complète, je détestais plus ne pas réussir à aller là où je le voulais, finalement.

« Hmm… J’ai toujours l’impression que tous les paysages se ressemblent. A quoi ça sert d’user des sous pour retrouver quasiment les mêmes arbres, les mêmes coins montagneux et les mêmes buildings ? Enfin, je sais qu’il peut y avoir des trucs vraiment impressionnants. Mais je peux les voir sur Ghougueul. Enfin, je pouvais. »

J’avais jamais vraiment eu envie de voyager dans la réalité, en vérité. J’avais fait plusieurs sorties scolaires, évidemment, mais ça m’avait pas plu plus que ça. Au final, on n’était pas vraiment dépaysé et comme l’avait dit une certaine personne « tant qu’il y a un mcdo, on n’est pas perdus ! ». A quoi ça servait de voyager de nos jours ? On avait déjà tout devant nous. La télévision, internet, le NerveGear maintenant. En quoi c’était utile maintenant, de partir à la conquête de cette Terre que nous avons déjà arpentée en long en large et en travers ? C’était les nouveaux mondes comme Sword Art Online qu’il fallait visiter à présent. Et, dans notre chemin du milieu, on était bien partis pour ça, et avec le sourire !

« En fait, tu as bien aimé ma blague. C'est dix cols le plagiat. Sinon, j’imagine que tu as la compétence Cuisine, tu sais faire des Paris-Brest ici ? »

Sans doute mon dessert préféré, peut-être parce que tout en lui était Français ?! Toujours en train de jouer avec mon arme, j’avais pris la tête et marchais la tête bien droite, mes pas lourds faisant toujours autant de bruit. Mais ceux des Mygales semblaient se faire plus intenses, ce qui m’excitait incroyablement, tension qui se vérifiait avec le nombre de tours de marteau par minute (tpm, pour les intimes… ça me faisait penser à bpm, je trouvais ça rigolo). Dans tous les cas, on allait avoir du mal à se battre ici. C’était carrément plus étroit niveau largeur, mais j’arrivais même pas à voir le plafond. Ça m’étonnerait même pas qu’il y ait un piège. Je m’arrêtai.

« Tu peux utiliser ton nez ? J’ai l’impression qu’y a un truc qui craint. »

Aah, il avait sniffé l’air si puissamment tout à l’heure qu’il m’avait rappelé la mini Ritcha naïve avec les culottes du magasin. Foutu film français qui montrait un mec qui reniflait des sous-vêtements ! J’avais vu cette scène quand j’avais six ou sept ans et m’étais dit que c’était ce qu’il fallait faire pour juger la qualité d’un string. La gifle que je m’étais ramassée ce jour-là… ! En tout cas, le Français allait me dire si mon intuition était juste. Est-ce qu’un paquet de Mygales allait tomber du plafond quand on avancerait encore, leur poids nous écrasant contre le sol ?

Je m’étais retournée d’un coup vers lui et avais encore failli l’attraper par les épaules pour le secouer dans tous les sens.

« Sérieux, tu me donnes dix cols si on trouve un trésor ?! Tu sais, je suis une vraie Voleuse, tu LES auras ! Par contre, j’ouvrirai les coffres pis je te passerai les items. J’aime trop ouvrir ces machins, c’trop mon kiff, j’t’assure ! Haha, tu vas finir pauvre mon gars avec dix cols par boîte ! Mais t’inquiète, je fais crédit. »

Mais arrête de t’emporter autant ! Ah, c’était pas ma faute ! Je m’étais rendue compte que quand j’appréciais vraiment vraiment quelqu’un, je m’excitais pour un rien. Seulement voir la personne me donnait envie de bouger, de bouger sans m’arrêter et de parler bruyamment de tout et de n’importe quoi. Sans doute toutes ces pensées débiles qui venaient et partaient toujours rapidement dans ma tête sortaient d’un coup quand j’étais dans cet état. En tout cas, il m’avait remontée le gars ! J’étais prête à tout donner là !! Et je le lui fis savoir en me mettant à sautiller lorsqu’il parla du possible nid d’araignées qui nous attendait. Aah, Aah, je voulais déjà les voir se tordre de douleur à cause de mes coups, aah, c’était décidé, j’allais y aller doucement pour ne pas les oneshooter, j’allais faire durer l’instant de bonheur !! Tu vas plutôt les laisser quasiment mortes à l’autre là, il est très utile ! … Même s’il avait l’air con avec son doigt qu’il tournait. Je le regardai pendant quelques secondes sans avoir une seule idée de quoi il voulait parler. Pis, pourquoi je m’envolerais… ? Si c’était une tentative d’humour, elle avait échoué en tout cas… A moins qu’il voulait parler de ma petite taille accompagnée de mes bras tout fins ? Mais pourquoi partirait-il du principe que les Mygales allaient pouvoir me frapper assez bien pour me propulser vers le haut… ? D’accord, on pouvait même pas deviner la hauteur du plafond mais…

« Mec. J’ai rien compris à c’que t’as dit. Ça veut dire quoi ce que tu fais avec ton doigt ? »

Ça pouvait toujours être une façon de désigner quelque chose à la française… ? Aah, les cultures du monde étaient vraiment différentes ! Mais le monsieur changea de sujet, sans doute pour dégager sa gêne. J’avais déjà eu à m’exprimer dans une autre langue et je savais à quel point c’était frustrant et embarrassant de pas réussir à se faire comprendre. Il n’empêchait que sa question avait failli me poser une colle. Qu’est-ce que je ferais une fois sortie d’ici ?

« De la rééducation. Comme toi je pense. »

Je voulais même pas imaginer l’état de mon corps en ce moment-même… Il devait être déjà tout maigre, avec des muscles inexistants et plein de poils partout… Je priai encore pour que les médecins ou infirmières aient la bonne idée de m’épile pendant que j’étais encore anesthésiée. Les cheveux longs que je devais avoir déjà… Ça faisait que sept mois et on était qu’au trentième étage quoi ! Ça voulait dire qu’on sortirait ici dans deux ans, peut-être carrément plus ! J’aurais même plus de voix, j’entendrais plus rien, j’aurais tous les membres engourdis et je pourrais sans doute pas marcher seule quand on en aurait fini… Si je tenais jusque-là en tout cas.

Je m’arrêtai d’un coup, prise par l’Illumination. Qu’est-ce que t’as pu être bête, tu vas l’avoir son nom avec ça ! J’ouvris mon menu et cherchai pendant mille ans avant de trouver les mots sur lesquels je désirais cliquer.

« C’est plus prudent de créer un groupe dans notre situation. Je pense que si on continue encore, on va être doublement pris en sandwich. Ça veut dire devant, derrière et sur les côtés. J’ai peur de pas réussir à bien t’aider. »

Surtout que nos armes étaient pas très appropriées à ce couloir en fait. On avait pas assez pensé stratégie en vérité. Enfin, j’m’en fichais, je savais qu’on allait pouvoir toutes les buter, j’voulais surtout qu’il accepte mon invitation dans le groupe !! Mais alors que je pensais à prendre le doigt qu’il avait fait tourner sans raison de mon point de vue pour l’obliger à appuyer sur le rond bleu, je vis quatre paires d’yeux aussi brillants que les miens derrière le Français.

« Y en a déjà derrière toi, gooo ! »

Motivée, j’avais fait briller mon arme et exploser la tronche de la première avec mon sourire sadique, passant entre les jambes du joueur pour l'atteindre. Sans m’arrêter, je pris son futur cadavre stoïque comme appui et sautai le plus haut que je pouvais. Ayant pris de l’élan pour, je tournai sur moi-même, mon bras armé à moitié tendu à cause de l’étroitesse du couloir. Je dus ainsi détruire quelques mygales sur mon chemin… Avant de me prendre de plein fouet le plafond. Hou !- si j’avais été dans la réalité, le centre de mon crâne serait cassé et je serais en train de crever. A cause du choc et de la surprise, je m’écrasai au sol et perdis plus de points de vie. Comment s’en sortait mon partenaire ?

Étalée de tout mon long sur le sol, je frottais nerveusement ma tête, me souvenant encore de la douleur que ce genre de coups pouvait provoquer. Ainsi, une anecdote me vint directement : la deuxième et dernière fois que j’avais fait le poirier ! Le grand événement s’était passé chez mon voisin de l’époque, je devais avoir sept ou huit ans, comme lui, et j’avais énormément d’assurance. J’avais grimpé sur sa grande balançoire sans effort, positionné mes jambes comme il le fallait sur la barre en bois et m’étais laissée tomber en arrière, mes bras courts à un mètre du sol. Et quand j’avais voulu frimer à donf’ en me balançant le plus possible comme une idiote, je m’étais écrasée sur le sol d’un coup, en ligne droite, en plein sur le sommet du crâne. J’avais jamais compris comme j’avais réussi à faire ça. Toujours est-il que la souffrance et l’humiliation avait été telles que j’étais plus retournée chez lui – alors que sa famille était riche par rapport à la mienne et qu’il possédait beaucoup de jouets super géniaux. Aussi, plus jamais je m’étais hissée sur une balançoire après ça. C’était sans doute à cette époque qu’avaient commencé mes mésaventures des deuxièmes fois…

Heureusement pour moi, mon partenaire du moment s’était vite débarrassé des Mygales restantes et je pus souffrir mentalement sans risquer un ou deux points de quitter ma jauge de vie. En reprenant bien en main mon marteau et mes esprits, je me levai et pris un air étonné quand l’autre me fit sa première remarque. Se prendre le plafond dans la tronche, ça faisait tant de bruit que ça ? Quoique, je m’étais pris le sol aussi, juste après mais…

« … tu vois, tu t'es carrément envolée ! …. »

… … … Je partis dans un énorme fou rire en repensant à ses propos d’il y avait quelques minutes. Comment avait-il pu prédire que je ferais ça ? C’était la première fois que je faisais ce mouvement totalement improvisé et associé au contexte. C’était une superbe coïncidence !! Sans cesser de pouffer, en tremblant et en me tenant par habitude le bide, je réussis à dire de façon audible :

« Tu dois avoir des dons de voyance, c’pas possible. »

Mais je me repris bien vite sans perdre mon sourire, voyant son pseudo apparaître avec une jauge de vie verte un peu entamée en haut à gauche de mon champ de vision. Koffee du coup, c’était Koffee. Il allait sans doute être un peu surpris de voir Ritcha à la place de Rikka mais bon ! Je repris la marche après lui en jouant toujours avec mon arme mais en faisant plus attention à l’endroit où je la faisais tourner. C’était plus difficile à cause de ce couloir étroit, pis je voulais pas risquer de taper le café. D’ailleurs…

« Pourq… »
« HÉLICOPTÈRE ! »

Je fis un bond en arrière et levai mon marteau par pur instinct de survie, associant les cris au danger imminent… Avant de comprendre petit à petit ce qu’il s’était passé dans la tête de mon coéquipier. J’effectuai alors une légère pression au niveau de son coude et le regardai droit dans les yeux, sérieuse.

« Je te comprends. J’oublie souvent mes mots aussi. »

… Sauf que toi, tu ES Japonaise !! En même temps, dans mes souvenirs, ce mot était écrit en Katakana, il venait donc d’une langue étrangère donc hein ! Pis, s’il m’arrivait souvent de bafouiller, c’était parce que j’avais pas l’habitude de m’exprimer. J’étais plus mentale comme fille, pas orale. Elle veut rien dire ton excuse là… Pff. Je le lâchai d’un coup pour passer devant lui, faire des tours sur moi-même pendant mes onomatopées et continuer à tracer en marchant à reculons.

« Cela dit, ça aurait été plus compréhensible si tu avais fait le bruit des hélices en même temps. Flap-flap flap-flap… Avec assez de force et de vitesse, je pourrai peut-être voler en faisant tourner mon marteau au-dessus de ma tête en fait, tu as pas tort, hum… »

C’était mon rêve de voler. Perdue dans mes pensées, je me demandais comment je pourrais le faire ici. Le coup du marteau était sans doute une connerie mais qui tentait rien n’avait rien. Il y avait bien les lianes de l’étage huit que j’avais déjà goûté avec le pédophile à lunettes aussi, mais c’était dangereux. Enfin, il existerait sans doute un étage où il y aurait des grosses tempêtes de vent qui me feraient m’envoler pour voir d’en haut ce monde magnifique ! Déjà en train de rêver, toujours à reculons, je me réveillai d’un coup quand mon talon se prit un obstacle dur qui me fit m’asseoir dessus. Un escalier. Sérieux… ?! Donc, soit les Mygales sont en-dessous, soit il faut encore faire demi-tour ? C’est quoi ce temple de mes deux ?!

« Qu’est-ce qu’on fait, TomTo… Attends, d’abord, pourquoi tu as choisi le pseudo Koffee ? »

A croire que j’étais vraiment tête en l’air à oublier mes questions importantes. Je savais que partout dans le monde, choisir un nom en anglais, ça puait soi-disant la classe mais… Mais pas lui, quand même ! Il devait y avoir quelque chose, une raison propre et cool, autre que « c’est parce que l’anglais c’est trop mon kiff » !!

Assise tranquillement sur la marche large, comme si j'avais prédit ma manoeuve, je fixais mon interlocuteur et je répondis à sa première question avec mon air sérieux.

"Parfois, je me le demande aussi. Mais j'ai que vingt ans, il en faut bien plus pour parfaitement maîtriser sa langue maternelle, tu ne penses pas ?"

Un sourire naturel vint alors déformer mes traits, l'action faciale fermant à moitié mes yeux si bridés qu'il devait en avoir un aperçu assez chelou. Voilà pourquoi il valait mieux pas mettre à l'aise les asiatiques ! Toujours avec cette expression qui me donnait l'air d'une droguée bourrée, je lui envoyai une demande d'ami. C'était la quatrième depuis que j'étais ici. J'aimais tellement les chiffres pairs...

"Avec ça, tu vas pouvoir retrouver l'HéliRi en pleine action et payer cher pour son spectacle fuh fuh fuh ! Je crirai flap-flap-flap pour que tu retiennes que c'est la bonne onomatopée ! Tu l'as jamais vue dans les mangas ou les BD ?"

J'avais beaucoup aimé son association avec l'hélicoptère et mon prénom, je m'étais même limite sentie flattée. Cela dit, le néologisme sonnait plus mignon avec le "r" roulé japonais : il allait y adhérer, c'était sûr ! Et voilà que j'avais déjà des délires de grandeur, me voyant planer des heures et des heures en faisant des acrobaties de fou dans le ciel, entendant les gens crier "HéliRi, HéliRi !" à s'en péter la mandibule et les voyant lancer le plus haut possible des bourses pleines de monnaie... Aah... Le paradis, s'il existait, ressemblait sûrement à ça.

"... om de mon chien qua..."

Non.
Non.
Non. Je veux pas le croire... Non...Pas lui... Bordel, il faisait partie du groupe des chouchouteurs de clebs, mais pourquoi, pourquoi lui ?! Ca voulait dire qu'à un moment, on aurait forcément cette discussion sur les meilleurs animaux de compagnie du monde. Et il était clair que pour moi, c'était les chats. La liberté et l'honnêteté incarnées, c'était ça que symbolisaient ces bêtes. Elles étaient l'égoïsme et la perfection physique, l'autonomie suprême et l'utilisation extrême des autres espèces dont elles se savaient souveraines. J'étais leur humble servante, j'étais là pour les bichonner et les divertir dès qu'elles le voulaient ! A l'inverse, les chiens n'étaient que des grosses boules de poils dégueulasses car jamais nettoyés. Des gros hypocrites de mes deux qui remuaient queues, têtes, ciel et terre seulement pour de la bouffe. Des gros flemmards profiteurs, des boulets prônant la dépendance qui se faisaient passer pour des animaux mignons et plein d'amour. Mon cul ! Comme tous les autres êtres vivants sur Terre, ils ne pensaient qu'à eux, qu'à leur survie et leur confort ! Pff !! L'amour, quelle conception débile et mensongère ! Cette notion n'était là que pour dissimuler le maître mot : égoisme !

Je réussis à vite digérer cette information capitale. Au moins, il aimait pas tant que ça l'anglais, c'était déjà ça... Je me demandai d'un coup si je détestais plus cette langue que les canidés mais heureusement, mon interlocuteur Français et sentimental me questionna de nouveau.

"Ah, en fait, Rikka est mon vrai prénom. J'ai pas cherché loin pour le convertir en Ritcha... En fait, j'ai appris la phrase en français avec Rikka donc... Voilà, je me suis emmêlée les pinceaux."

Bizarrement, ça m'avait fait trop du bien de déballer ça d'un coup. Relevée et souriante grâce à sa motivation, je m'étais mise sur le côté pour le laisser passer. Même si le couloir était étroit, nous étions deux bons et maigres geeks. Conclusion : j'eus pas à rentrer mon petit bidon. Je le suivis alors, descendant les escaliers toujours accompagnée de ma discrétion habituelle. Je me demandais vraiment comment je faisais pour faire autant de bruit en marchant.

"J'pense qu'on va s'prendre plein d'pièges dans la tronche ! J'ai déjà joué à un jeu de détective où il y a eu un moment dans un temple. C'était horrible... Y avait plein d'énigmes chronométrées. Je sais même pas combien de temps je suis restée à ce niveau mais c'était l'horreur. J'avais jamais autant peiné à ne pas zieuter la soluce..."

Alors que je repensais à tous les films de momie que j'avais osé regarder, l'escalier prit fin et on pénétra une salle immense qui comptait à son centre un immense flambeau. Des escaliers l'entouraient et j'imaginai qu'on devait les emprunter pour poursuivre notre route... Avec l'impression de tourner en rond car ceux-ci montaient. En plus de ça, des statues dégueulasses, cassées par endroit et parfois enveloppées dans des racines épaisses, projetaient leurs ombres dansantes un peu partout en laissant quelques zones dans les ténèbres.

"Si on tombe pas sur des guerriers Maya là..."

Persuadée que ma remarque allait vite être suivie par leur apparition, j'avais lancé un "pff" et m'étais tenue prête... Pour rien. Je fis alors prudemment le tour du flambeau, certaine qu'il y aurait sans doute un élément du sol piégé... Mais le Français me dit au dernier moment qu'une amie à lui avait des soucis. Sans y réfléchir plus, je lui proposai mon aide pour qu'il sorte rapidement, au cas où les mobs réapparaîtraient en route, comme il me semblait très pressé et paniqué. Nous sortîmes donc ensemble des lieux, et, supprimant le groupe que nous avions formé, je le regardai courir vers la ville principale de l'étage.