Lacaion s'essuya le visage une fois sa toilette matinale terminée. Même s'il était épuisé des trois jours précédents, il ne pouvait plus dormir. Pas aujourd'hui. Regardant tristement son interface pour regarder la date et l'heure, il avait une boule au ventre en pensant aux valeureux guerriers qui partaient à la rencontre de Volcanos en ce moment même.

Il avait fait ce qu'il pouvait de son côté. Du moins, c'est ce qu'il se répétait sans cesse depuis hier soir. C'était ridicule, à peine digne d'être appelé une participation. Mais c'était la sienne. Se giflant des deux mains, il équipa son stuff et sortit d'un pas décidé pour aller vers le téléporteur.

Une fois au palier un, il se dirigea lentement vers le Château de Fer Noir. C'était le plus grand bâtiment de la Ville de Départ pourtant très grande en soi. Lacaion trouva le chemin facilement, car on en voyait la toiture noire depuis quasiment n'importe quel endroit de la ville.

Une fois arrivé devant les lourdes portes, Lacaion entra avec un air aussi sombre que la façade.
Cet endroit qui aurait dû être un lieu de frustration, de rire et de renouveau s'était transformé en lieu de deuil et d'angoisse. Dans la version normale du jeu, les joueurs morts auraient dû ressusciter ici-même, dans les murs austères de ce palais. Mais depuis que c'était devenu leur réalité, seul un énorme bloc de pierre, noir et lisse, avait sa place. Sur ce cube, les noms de tous les joueurs étaient inscrits. Dix mille. Ceux dont l'existence avait pris fin avaient leur pseudo barré, et déjà plus de 20% des inscriptions étaient dans cet état.

Contemplant la stèle en serrant les dents, l'alchimiste s'avança enfin vers elle. Ses pas claquèrent sur le sol, résonnant dans ce grand espace vide. Personne ne venait jamais ici, ou presque. Personne n'avait rien à y faire. Personne n'avait le courage de compter.

Arrivant au pied du monument, le jeune homme commença à lire les gravures, une à une. Lentement, tentant d'en graver un maximum dans son esprit, il répéta mentalement chacune d'elles, chaque mot représentant la vie d'un être humain. Il ressentit un pincement au cœur à chaque fois que ses yeux rencontraient un trait horizontal, signe qu'une personne n'était plus. Il avança vers la droite, parcourant lentement les dix mètres de long qui composaient chaque face.

Enfin, il le trouva. Le pseudo de son meilleur ami était là, sur le côté droit du cube, rayé. Les lèvres tremblantes d'émotions, l'informateur leva faiblement la main pour caresser la pierre froide, s'attardant sur la rainure qui parcourait le nom cliché qu'il avait tant tourné en dérision. C'était la première fois que Lacaion mettait les pieds ici, et la première fois qu'il était capable de raisonner de façon rationnelle en repensant à Kawasuki.

"Désolé pour le retard, je n'ai pas réussi à venir avant..." murmura-t-il d'une voix douce.

Il laissa les larmes couler silencieusement sur ses joues, la main sur la pierre tandis qu'il serrait sa tunique de l'autre au niveau du cœur. Le trou béant qui avait fait son apparition ce jour fatidique semblait grossir et devenir toujours plus glacial et oppressant.

Ravalant sa culpabilité, le joueur ouvrit son inventaire d'un geste brusque et en sortit un bouquet de fleurs. La demi-douzaine de chrysanthèmes blancs était d'une beauté à couper le souffle, et Lacaion la contempla un moment avant de la poser solennellement au pied du Monument de la Vie.

*Quel nom ironique...* pensa-t-il amèrement. Il sécha ses larmes, et se remit à parcourir les noms gravés. Il cherchait maintenant ceux des gens qu'il connaissait et auxquels il tenait. Yagi, Kirito et Sneaker.

Une fois les trois pseudos repérés, il fut soulagé de les voir intacts, même si c'était évident vu l'heure encore matinale. Il entreprit alors de faire des allers-retours entre les noms de ses amis, priant pour leur survie. Il ne voulait plus perdre personne, ni dans ce monde, ni dans l'autre.

Récap':

Ne tenant plus en place, Lacaion fini par sortir prendre l'air. La brise matinale était douce et apaisante, éloignant ses sombres pensées pendant quelques instants. Il n'aurait probablement pas tenu le choc de voir un des noms qui lui étaient chers se briser devant ses yeux. Il préféra donc repartir en direction du marché, car il lui manquait toujours un élément essentiel pour ce soir : un cuisinier.

Il arriva dans l'allée, encore un peu déserte à cette heure, et alla placarder une annonce dans la taverne la plus proche.

"URGENT ! Cherche cuisinier pour préparer barbecue ce soir. Fête prévue pour la victoire sur le boss du trentième. Salaire négociable. Contact : Lacaion" relut-il à voix haute.

Satisfait, il entreprit d'aller placarder ça un peu partout dans la Ville de Départ, avant d'aller attendre sur la place du Téléporteur. C'était le cœur de la cité, et donc le lieu de rendez-vous le plus simple et efficace. Il patienta jusqu'à recevoir un message, se donnant pour limite midi. Après quoi, il faudra qu'il achète des plats tout fait à la taverne s'il ne voulait pas devenir célèbre en tant que "Pire hôte de l'Aincrad".

A 11h30, le clocher sonna une fois et l'alchimiste commença à désespérer. Certes, la cuisine était une compétence pratiquement tertiaire dans ce jeu mortel, mais de là à ce que personne ne réagisse... Puis une sonnerie retentit et la messagerie apparut devant lui. Il s'empressa de l'ouvrir pour lire le message suivant :
"Bonjour, je souhaiterais répondre à votre requête pour un cuisinier. Est-ce que l'offre tient toujours ?"

Le message venait d'un certain Hubert, un pseudonyme pour le moins original de ce côté du globe. Mais ne pouvant pas se permettre le luxe de faire la fine bouche, l'informateur répondit immédiatement par l'affirmative et donna rendez-vous au chef sur la place dès que possible.

Dix minutes plus tard à peine, un petit homme qui devait avoir entre vingt-cinq et trente ans se présenta devant lui. Il avait les cheveux noirs et courts, le regard sévère, et un léger embonpoint laissant deviner qu'il devait être un grand amateur gastronomique, à défaut d'être un grand cuisinier. Mais ce dernier le rassura rapidement en lui proposant de se joindre à lui pour le déjeuner afin que l'alchimiste puisse juger lui-même de ses compétences.

L'alchimiste profita de leur trajet pour faire des emplettes supplémentaires au marché. En effet, il ignorait combien étaient les conquérants exactement, mais mieux valait prévoir trop que pas assez.

Ce repas fut sûrement le meilleur que le trentenaire ait pu déguster depuis son arrivée ici. Il avait mangé une salade de tomates et de betteraves, accompagnée d'une sauce assez épaisse proche de la vinaigrette. L'entrée fut suivie d'un morceau de sanglier braisé, relevé avec une herbe que Lacaion ne connaissait même pas, et d'une purée de pommes de terres simple mais efficace.

Repu, il demanda au joueur quel était son prix pour s'occuper du repas de fête de ce soir, sachant que la plupart des ingrédients étaient fournis par ses soins. Le cuisinier, content d'avoir un nouveau fan apparemment, répondit que 1 200 cols feraient l'affaire, s'il pouvait participer aux festivités. Souriant, Lacaion tendit une main amicale afin d'officialiser le contrat, et laissa les ingrédients au chef qui venait probablement de sauver la soirée. Délesté de toute cette nourriture et d'une partie de son argent, l'alchimiste rentra au Lux Phiala après avoir laissé l'adresse à Hubert, afin de s'assurer que le reste de la soirée soit prêt en tant et en heure.

Récap':

Refermant la réponse de Sneaker en souriant, Lacaion se dit justement que manger était une chose, mais que proposer de l'eau du robinet à tous ses invités était pour le moins... déplacé. Il ouvrit donc son inventaire pour constater qu'il lui restait environ quatre mille cols. Il allait donc pouvoir prévoir des boissons un peu plus joyeuses et dignes d'une fête de cette envergure.

Il retourna à l'auberge principale de la Ville de Départ afin d'acheter quelques spiritueux au tavernier. A défaut d'en ressentir les effets, l'alcool conservait son goût ou du moins une variante proche. Il demanda au responsable un peu fort la liste des produits qu'il vendait, et sourit amèrement en constatant le prix qui n'avait rien à envié à la réalité.

*Pourtant, on ne peut même pas s'enivrer ici, pourquoi vendre cet item si cher sans raisons ?* soupira-t-il intérieurement. Mais au moins le goût était retranscrit, et il imaginait sans peine le joaillier apprécier un bon saké - ou un bourbon - le soir au coin du feu. Lui-même appréciait les alcools forts, même si son éducation l'avait plutôt habitué à y résister pour ne pas commettre d'impairs lors d'un dîner d'affaires.

L'organisateur de la fête commanda donc un stock conséquent au NPC, sûrement plus que nécessaire, mais il pourrait toujours les offrir ou les garder s'il se décidait à s'acheter un frigo. Il avait déjà fait l'impasse sur ce meuble pour le Lux, jugeant suffisant de manger un petit pain sur la route ou dans une taverne occasionnellement. Ce n'est pas comme s'il disposait de la compétence [Cuisine] après tout.

Il acheta donc une vingtaine de bières, quatre bouteilles de vin rouge, quatre bouteilles de vin blanc et deux caisses de champagne. Il craqua également pour une bouteille de saké, apparemment assez luxueuse, en envisageant de la partager avec les tardifs qui resteraient. Il pensa notamment à Yagi, qui pouvait probablement tenir son quota d'alcool, même si techniquement dans ce monde, Kirito serait également en mesure de participer à un concours de boissons. Repensant à l'adolescent, il décida de prendre quelques softs tout de même, histoire d'en avoir pour tous les goûts. Il ajouta donc trois bouteilles de jus de fruit, et ses yeux s'illuminèrent soudainement.

"Mais oui ! Pourquoi je n'y ai pas pensé avant ? On a bien des fruits et des légumes ici aussi, on devrait pouvoir en fabriquer nous-mêmes !" s'exclama-t-il à voix haute. Les quelques clients tardifs encore en train de manger le regardèrent surpris, tandis que le NPC attendait toujours la validation des achats d'un air imperturbable.

Gêné, l'alchimiste et futur distilleur valida ses achats en grimaçant sous la facture, et se dirigea vers le téléporteur pour rentrer. Mais une pensée lui traversa soudainement l'esprit quant au fait qu'ils allaient probablement devoir faire la fête à l'extérieur du Lux Phiala, car il ne serait pas assez grand avec les vitrines à l'intérieur. Lâchant un soupir plaintif en posant la main sur le visage, il fit demi-tour et se dirigea vers un marchand de meubles. Il regarda rapidement le catalogue encore frais suite à ses achats pour meubler sa boutique, et demanda deux grandes tables rectangulaires en chêne ainsi qu'une demi-douzaine de banc en chêne. Comme il ne savait pas combien de personnes seraient présentes, autant partir sur une sorte de buffet dînatoire, l'organisation n'en serait que plus simple.

Aussi vidé que sa bourse, l'alchimiste soupira longuement avant de se diriger vers le téléporteur, cette fois pour de bon.

"Mère était vraiment surhumaine pour organiser autant de réceptions malgré ses obligations... Je ne pourrai jamais faire ça tous les jours." conclut-il encore plus fatigué par ses courses que par les événement de la veille.

Récap':

Nombre de ligne : 2/2
Qualité de la langue : 2/2
Avancement du RP : 1/1

Pseudo : Lacaion
Nombre de messages :3
Cols gagnés :+ 414
Cols dépensés : - 5 790
Objets utilisés : Viande de corbeau x2
Bouquet de fleur x1
Viande de sanglier x1
Viande de Faucon x1
Saumon x3
Carottes x11
Betteraves x3
Riz x5
Pommes de terres x5
Poireaux x5
Tomates x6
Objets obtenus : Table en chêne x2
Banc en chêne x6
Bouteille de saké x1
Bouteille de champagne x6
Bouteille de Vin blanc x4
Bouteille de Vin rouge x4
Bière x20
Compétences gagnant des points : /
Niveau début du rp :38
Niveau(x) gagné(s) : + 1
Réputation : + 4 (Finir un rp solo / Vendre ou offrir un objet d'artisanat)
Remarques : Je considère la fête comme un objet cette fois, car tu te plies en quatre pour les autres et tu fais ça de manière drôle et touchante. J'ai adoré le passage "visite à un ami" qui m'a transportée à ses côtés...
En bref, j'ai aimé alors les deux points de l'objet d'artisanat sont largement mérité.