Tout l’Aincrad était au courant, une plage atypique et merveilleuse avait fait son apparition. C’était inattendu et nouveau, et même pour quelqu’un d’aussi détaché que l’était Ethana en ce moment, c’était curieux. Cela avait donc poussé l’informatrice à aller y jeter un œil. Il y avait sans doute des choses intéressants à y découvrir, et elle voulait être sur le coup.
Ainsi, elle s’était rendue sans la moindre ombre d’hésitation à l’endroit en question. À peine arrivée sur la plage, elle remarqua rapidement le coin d’ombre le plus proche qui n’était autre qu’une boutique ayant comme particularité notable de n’avoir que des pastèques sur son présentoir. Intriguée, la jeune femme s’était approchée et avait été immédiatement alpaguée par la vendeuse.

"Vous là ! Ca vous dirait une petite partie de Piñata ?"

Ethana haussa les épaules ne sachant pas trop si elle en avait envie ou pas. Néanmoins, il y avait sans doute quelque chose à gagner, et elle s’avança donc un peu plus. Cela ne l’empêcha pas de remarquer avec quel dextérité la solide tenancière de l’endroit faisait tourner un des fruits sur son doigt.

"Je suis la seule à savoir ce que contiennent mes pastèques... Pas que du fruit, ça non ! Choisissez donc celle qui vous plaît, c'est gratuit aujourd'hui."

Cela suscita tout de suite beaucoup plus l’intérêt de l’informatrice qui eut un léger sourire. Parcourant l’étalage des yeux, elle se décida à utiliser tous les outils à sa disposition pour percer le mystère de ses pastèques. Sa vision accrue ne lui offrit rien, elle s’en doutait. Son odorat lui apporta juste l’odeur fraîche de la pastèque. Dans le doute, elle lança aussi une expertise qui elle non plus ne releva rien sur ce que pouvait contenir les fruits. En saisissant un au hasard elle adressa un regard interrogateur à la vendeuse.

"Vous permettez ?"

Activant cette fois son ouïe elle agita légèrement la pastèque pour tenter de percevoir un son qui pourrait trahir son contenu, mais soupira alors que cela ne se produisit pas.

"Où serait-il le plus judicieux de m’installer pour faire un sort à ce fruit ?"

Sans aucune hésitation, Ethana attrapa le bâton et s’en saisi comme elle l’aurait fait de sa fidèle compagne. Comparée à son épée à deux mains, la perche était tout de même plus légère, et d’un équilibre moins agréable, ce qui était assez normal vu que cela ne semblait pas être, à proprement parler, une arme taillée pour le combat. Mais peu importe, ce qui comptait maintenant, c’était de se défouler sur cette innocente pastèque qui avait le malheur d’intriguer l’informatrice.

Le premier coup frappa le fruit à la verticale avec tout la force que la jeune femme pouvait y mettre. Toutefois, la violence de l’impact eut comme seul effet de faire se balancer la pastèque au bout de sa corde. Continuant à se servir du bâton comme s’il s’agissait de son arme favorite, l’informatrice continua à donner des tailles, mais, bien qu’atteignant leur cible, cette dernière continuait à résister et à narguer la jeune femme et à osciller.

Le sourire de l’informatrice se crispa, et profita du bout du bâton, elle donna un coup d’estoc qui atteignant la pastèque en plein centre ne la fit toujours pas exploser. Alors, ramenant son bâton prêt de sa tête, préparant un coup à la verticale qui aurait plus fait penser à un tennisman qu’à un épéiste. Ses bras imprimèrent le mouvement au bâton avec force le faisant prendre de la vitesse pour venir percuter la pastèque.

"CASSSE-TOI !"

Le centre du bâton rencontra le fruit sans défense et cette fois, la force de la jeune femme suffit à le percer et la pastèque se divisa un plusieurs morceaux sous le regard satisfait d’Ethana. Qui se redit compte une demi seconde après qu’elle venait de hurler en portant son ultime assaut et qui laissa un regard un peu contrit à la tenancière du stand, espérant que le grabuge avait plus amusé qu’ennuyé cette dernière.

Des éclats de voix parviennent à mes oreilles, tandis qu’une odeur iodée titille légèrement mes narines. Je laisse mes sens m’orienter et je finis par dénicher l’entrée de l’immense banc de sable que je cherchais. Qui n’a pas entendu parler de la plage qui serait apparu de manière mystérieuse ? Depuis que j’ai appris son existence, je me suis lancé à sa recherche pour pouvoir profiter du décor. J’espérais être le premier à arriver, mais à ce que j’entends, ce n’est pas le cas. C’est dommage… En tout cas, d’après ce que je vois en balayant rapidement le paysage, il n’y a pas grand monde qui a fait le déplacement. Tant mieux pour moi !

- Bon, maintenant faut se mettre en condition !

Aussitôt dit, aussitôt fait. En moins de temps qu’il faut pour que je vous l’écrive, mes habits habituels disparaissent pour laisser place, à un short de bain sombre et une paire de tong. Et dans le même temps, je sens le soleil taper de plus en plus sur mon être. Il ne fait pas bon d’avoir du mal à supporter soleil et chaleur. Je remarque une petite cabane à proximité qui projette au sol une petite ombre. Voyant là un endroit où me poser le temps de chercher dans mon fourbi le parasol que l’on m’a offert, je me dirige vers mon oasis de fraicheur. En m’approchant, je m’aperçois que cette cabane abrite un petit étal de pastèque et que la dame qui le tient, semble fixer dans ma direction. Ça sent l’intervention d’un PNJ... Et ça ne loupe pas. J’ai à peine fait deux pas de plus que sa voix s’élève pour attirer mon attention.

-  Vous là ! Ca vous dirait une petite partie de Piñata ?

Une partie de Piñata ?.... C’est le jeu où l’on doit frapper une poupée accrochée à une corde non ?.... Mais où est-ce qu’elle veut faire ça ?.... Comme cela m’intrigue pas mal, que je n’ai pas grand-chose d’autre à faire et que je cherche quand même à me mettre à l’ombre, je continue de m’approcher de la dame bien en chair et de ses pastèques. C’est alors qu’elle me sourit et qu’elle se met à faire tourner un des fruits sur l’un de ses doigts, tel un basketteur le ferait avec son ballon.

-  Je suis la seule à savoir ce que contiennent mes pastèques... Pas que du fruit, ça non ! Choisissez donc celle qui vous plaît, c'est gratuit aujourd'hui.

- Avec les pastèques !!! Bien sûr ! Comment ai-je pu ne pas y penser avant… Et on peut gagner des choses…Intéressant… Très intéressant…

Au même instant j’entends un cri, suivi d’un craquement qui semblait indiquer que quelqu’un venait d’exploser une des pastèques. Cela mis court à mon hésitation. Si cette personne venait d’en exploser une, cela voulait dire que d’autre l’avait peut-être déjà fait et qu’il se pourrait qu’il y ait des choses moins intéressantes dans les restantes. Je regarde rapidement les différents fruits proposés avant de me jeter sur celle se trouvant à l’extrême gauche de l’étal.

- Je vais prendre celle là, c’est possible ?

Le sourire de la jeune femme me fait presque peur lorsque je le vois s'étirer jusqu'à ses oreilles. Elle me tend un bout de bois, ressemblant énormément à un Boken et qui était non-présent il y a encore quelques secondes. Je m'en saisi et elle enchaine immédiatement en souriant encore plus, ce qui me paraissait parfaitement impossible.

-Allez-y mon mignon! Frappez, frappez, Éclatez-vous, mais surtout éclatez-la ! "

Je me saisis de la pastèque choisie précédemment. Son poids est assez réaliste, mais même si elle contient des choses, elle ne semble faire aucun bruit. Après tout, ce n'est pas aberrant, il existe de nombreux jeux où le loot obtenu en exterminant quelque chose ne reflète pas nécessairement ce que vous venez de détruire. Pourtant, ce monde semblait respecter, plus ou moins, la règle du "drop is droped by". De fait, un monstre permettra de droper habituellement un élément qui lui est associé, du miel pour une abeille par exemple. Enfin bref, je tends mon choix à "Dame Tout Sourire". Elle pose main dessus et le fruit se dématérialise pour réapparaitre quelques pas plus loin, suspendu au dessus du sable par une corde....qui n'est fixé à rien ???

Je m'approche pour vérifier et essaye de regarder fixement le bout. Il semble vraiment ne pas être fixé. Je me pince le nez au niveau des yeux, puis souris en me rappelant des situations aussi incohérente dans les parties de jeu de rôles que je faisais avec certains de mes collègues.

- N'y pensons plus... "TGCM" comme on dit !

J’empoigne un peu plus sérieusement le sabre en bois, cherchant une bonne position de l’arme improvisée dans la paume de ma main. Une petite sensation, réminiscence du Kendo, semble parcourir mon bras depuis le bout de mes doigts. Je la laisse s’emparer du reste de mon corps, fermant les yeux et laissant ma deuxième main prendre position au dessus de la première. Une fois bien concentré, j’ouvre les yeux lentement pour fixer mon adversaire de l’instant. J’observe le fruit se balancer légèrement au gré de la brise qui s’est doucement levée. J’incline ma lame en bois vers ma gauche, me penche légèrement en avant et m’élance de toute ma vitesse sur la pastèque. Un flash de lumière ne se produit pas, le tonnerre ne retentit pas non plus et au moment où mon boken fend l’air, aucune tempête ne ravage la plage. Aucune téléportation n’a été faite et pourtant je me trouve derrière ma cible, un genou dans le sable, sabre à l’horizontale. Un bruit mat se fait entendre dans mon dos… La pastèque vient de tomber sur le sable…. Intact…

Je me redresse et soupir. Je viens de couper le filin qui la maintenait en l’air. Je me retourne pour faire face à nouveau à la pastèque et marche jusqu’à elle. Enfoncée comme elle est dans le sable, elle ne devrait pas bougée beaucoup plus. J’abats donc mon morceau de bois sur le sommet du fruit et cela a pour effet de l’enfoncer encore plus au lieu de l’exploser. Sans vraiment réfléchir,  je fais un coup  d’estoc vertical et vois le bois se planter dans le fruit pour devenir une grosse sucette à la pastèque… Je commence à sentir la frustration monter. La laissant exploser, j’agite mon bâton de bois dans tous les sens, cherchant à le débarrasser de la sphère fruitée. Ce qui finit par ce faire, et je vois le fruit filer dans la direction de la cabane avant de s’exploser contre l’un de ses murs.

Je reviens vers la dame, qui ne semble pas s’être départi de son sourire. Je passe une main dans mes cheveux, un sourire un peu contrit.

- Désolé pour ça, hein…